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au 31 Mai 21 :
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pour 4075 fics écrites
contenant 15226 chapitres
qui ont générés 24443 reviews
 
     

     
 
Twinkle twinkle little star
Par Jaiga
Originales  -  Romance/Fantaisie  -  fr
One Shot - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     8 Reviews    
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Notes :

- Cette fic aurait pu s’appeler « comment je pourrai un jour être publié chez Harlequin ». Elle contient donc énormément de romance, de guimauve, de sucre qui dégouline et de petits cœurs qui font pouic. :D Et une bonne couche de lyrisme gratuit, aussi.

- Elle a été écrite pour un concours, dont le thème était « nuit étoilée », avec une limite de trois pages (que j’ai pour le coup un peu dépassée). Cette limite m’a énormément gênée, et je trouve que cela s’en ressent sur le texte, parce que du coup, je n’ai pas pu le mener exactement de la manière dont je le voulais… Mais bref. J’espère que vous prendrez malgré tout autant de plaisir à lire cette histoire que j’en ai pris en l’écrivant.

- Pour finir, un disclaimer : Bien que cette fiction ait été écrite dans l’optique d’un concours, les personnages et l’univers dépeint dans cette fiction m’appartiennent intégralement. Merci de ne pas emprunter cette histoire ou l’un de ses composants sans m’en avoir parlé au préalable.

Twinkle twinkle little star

Rigel s’avança jusqu’au bout de la terrasse et s’assis sur le rebord, laissant ses jambes pendre dans le vide. Comme d’habitude, il était le premier arrivé, présent dès les dernières lueurs du jour. La lune, aussi ronde et blanche que la plus pure des perles était déjà là depuis longtemps, traînant derrière elle comme dans longue traîne ses milliers d’enfants étoiles. Sous ses pieds ballants, et tout autour de lui jusqu’à l’horizon, une gigantesque forêt verdoyante étendait ses ramures, comme un écho à l’immensité bleue du ciel nocturne.

On appelait cet endroit la Mer d’Arbres, un véritable océan de verdure qui se mouvait au rythme du vent, et grouillait de vie jusque dans ses plus profondes racines. Il n’y avait en son sein ni royaume, ni village, ni même route pour y circuler. La seule autorité que reconnaissait cette terre était celle du père Arbre, le plus grand et le plus haut de la forêt, celui dont les solides branches et les fleurs délicates avaient enfantés tous les autres végétaux de la contrée. Une vielle cabane branlante était construire sur son faîte, entre les branches les plus larges et les plus dures, et la terrasse au sommet de la cabane offrait une vue plongeante sur l’ensemble de la mer d’Arbres.

Rigel inspira profondément l’air de la nuit, la bise lui caressant doucement le visage. Juché au sommet de ce perchoir, il avait une impression de liberté absolue, de détachement total par rapport à sa vie d’avant. Au dessus, en dessous, sur les côtés, le monde n’avait aucune limite, aucune frontière, et sous la blanche lumière de la lune, les arbres cotonneux de l’horizon semblaient épouser les étoiles les plus lointaines.

Juché au sommet de ce perchoir, Rigel n’appartenait plus ni à la terre, ni au ciel : il était le mélange des deux, leur enfant, le fruit de leurs amours. C’était le père Arbre lui-même qui avait bâti cette cabane, offert ce refuge secret au plus haut de sa cime, en utilisant certaines de ses plus belles branches. C’était la lune elle-même qui lui avait permit d’être ici, en éclairant de ses rayons argentés le chemin vers cette terrasse.

Juché au sommet de ce perchoir, Rigel n’avait plus qu’à attendre, le cœur battant, surplombant la forêt comme du haut du mat d’un immense navire, dont la forêt serait la coque et le ciel, la voile.

Il entendit alors des pas feutrés, légers et graciles, se répercuter contre le sol. Gravissant les marches menant à la plate forme, une silhouette émergea bientôt de la cabane, resplendissant dans la lumière nocturne.

Epicéa avait les cheveux longs, noirs comme l’ébène, fins et lisses comme des aiguilles. Sa peau avait la couleur dorée de la sève des arbres, et ses yeux étaient d’un vert si profond, qu’on les aurait dits aussi beaux que le feuillage du père Arbre lui même.
Se redressant, Rigel alla à sa rencontre avec un sourire aux lèvres, et lui tendit la main. Epicéa posa sa paume sur la sienne, sa douce main aux doigts longs qu’il serra doucement, alors qu’il menait son visiteur vers le bord de la terrasse.

Le nouveau venu se laissa lentement conduire, tenant de sa main libre le bas de son kimono rouge, afin de se mouvoir plus aisément. En dépits de leurs riches vêtements, ils allaient tous deux pieds nus, et la caresse du bois sur leur peau était aussi agréable que celle d’une plume.

Les deux compagnons s’assirent sur le bord, l’un contre l’autre, les jambes pendant dans le vide, sans n’échanger d’autre mot que des sourires. Epicéa, fin et fragile, appuya sa tête contre l’épaule nue de son camarade, et ferma ses paupières sur ses beaux yeux verts.

-Tu m’as manqué, dit-il dans un souffle, d’une voix qui évoquait le murmure du vent entre les feuilles d’un arbre. Ce matin, il y avait des nuages dans le ciel, et j’ai eu peur que tu ne puisses pas venir, comme le mois dernier…

Rigel passa son bras autour de la taille gracile de son compagnon, pour mieux le serrer contre lui. Il déposa un chaste baiser sur son front, se gorgeant de la fraîche saveur de sa peau.

- Même s’il avait fait orage, je serais venu quand même, lui assura-t-il doucement. Deux mois sans te voir, c’est bien trop long…

Comme piqué par une aiguille invisible, Epicéa sursauta à ces mots, et s’agrippa à l’ample gilet d’homme que portait Rigel.

- Ne dis pas ça ! Le mauvais temps pourrait t’empêcher de trouver ton chemin, ou pire, t’égarer dans un endroit dont tu ne pourrais plus repartir !

Ses grands yeux verts étaient anxieux, ses traits de poupée portaient la marque de l’angoisse. Rigel, surpris par une réaction aussi vive, posa sa main blanche sur la peau dorée de son visage, et lui caressa doucement la joue.

- Ne t’en fais pas… le rassura-t-il en le serrant contre lui. Pour te revoir, je serais prêt à parcourir le monde entier à pied, s’il le fallait…

Sans mot dire, le jeune homme se blottit dans son giron, profitant de sa douce étreinte.

Ils paraissaient le même âge, et pourtant ils étaient les parfaits opposés. Epicéa était aussi frêle et délicat qu’une fleur exotique, et dans cette robe que son compagnon lui avait un jour offerte, il ressemblait à une jeune femme à la beauté calme et assurée. Rigel, lui, était un jeune homme grand et à la musculature appuyée, au teint de craie et aux cheveux de nacre. Dans ses vêtements amples, couleur d’un profond bleu de nuit, il ressemblait à un pirate des mers du sud ou à un guerrier du désert, ces hommes puissants et forts que l’on disait les princes du monde libre. Pourtant, Rigel ne portait nulle arme, nulle cicatrice, et l’unique trésor qu’il convoitait se trouvait dans ses bras, contre lui, l’aimant autant qu’il était aimé en retour.

- Je suis heureux de te revoir, murmura Epicéa, le visage blottit dans son cou. Je t’aime tellement…

Cette déclaration réchauffa le cœur de Rigel, et il n’en serra que plus son aimé contre lui. Il passa doucement une main dans ses soyeux cheveux noirs, avide de le sentir, de le toucher, de s’emplir de sa présence toute entière. Ils ne pouvaient se voir qu’une fois par mois, lors de la nuit de la pleine lune. Et lorsque pour une raison ou une autre, un évènement imprévu venait troubler cette nuit en particulier, il leur était impossible de se rejoindre avant la fin du prochain cycle lunaire. C’était très long, d’autant plus que leur rencontre ne durait qu’une seule nuit, et qu’ils devaient se séparer à l’aube, en même temps que les étoiles mettaient fin à leur communion parfaite avec les arbres de la forêt.

-Je t’aime aussi, chuchota tendrement Rigel contre l’oreille de son amant, avant de doucement lui redresser le menton.

Pendant une poignée de secondes, leurs lèvres se frôlèrent, puis se joignirent, passionnées, éperdument amoureuses, plus unies que ne le seraient jamais quiconque. Ils échangèrent un baiser long, chargé de tous les mots, tous les sentiments qu’ils n’avaient pas pu exprimer loin de l’autre. Un baiser à la fois tendre et fougueux, qu’ils rompirent tout en douceur, le souffle mêlé et le regard vague, comme un fruit si bon que l’on n’osait le goûter trop longtemps. Sous l’éclatante lumière de la lune, au dessus le l’immensité duveteuse de la mer d’Arbres, les deux amoureux étaient comme une perle dans son écrin, unis par leur amour au point de ne faire qu’un, alors que leurs deux âmes étaient contraintes de vivre séparées.

Le cœur de Rigel, si léger un instant plus tôt, se serra amèrement à cette pensée. Ils étaient tous les deux prisonniers de leur condition, enfermé dans un monde qui dès l’aube les arracherait l’un à l’autre, condamné à ne jamais pouvoir vivre plus d’une nuit en compagnie de l’être aimé.

- Et si l’on partait ? Lança-t-il soudain. Tout les deux, loin d’ici, là où personne ne pourrait plus avoir d’emprise sur nous…

Il saisit les mains du brun avec empressement et lui lança un regard déchirant. Il mourrait d’envie de partager avec lui chaque moment de son existence, de s’enivrer de sa présence à chaque instant qui passait, comme un vin capiteux dont l’amphore ne serait jamais vide. Même s’il savait pertinemment à quel point cela leur était impossible.

Son amant était celui qui, des deux, avait le plus conscience de leur situation ; il secoua doucement la tête, de gauche à droite, un doux sourire résigné meurtrissant son lumineux visage.

-Tu es l’un des plus brillants, souffla Epicéa du bout des lèvres. Moi, je ne suis qu’un parmi des milliers, on trouverait aisément quelqu’un pour me remplacer ; mais toi ? Des gens pourraient souffrir de ton absence…

Sur ces mots, Epicéa noua ses bras autour du cou de Rigel, et commença à défaire le bandeau d’étoffe bleue qui ceignait le front de son compagnon, libérant chacune de ses belles mèches nacrées.

- Et puis, tu sais bien que tu ne penses ça que parce que tu es frustré que nous n’ayons pas pu nous voir la fois dernière.

Ils échangèrent un regard complice, et le sourire de son amant chassa toute la peine du cœur de Rigel. C’était vrai, son âme désirait la sienne avec une ardeur inhabituelle, et le manque l’avait tenaillé tout le mois dernier, tant la présence de son amant lui avait manqué. C’était un besoin autant moral que physique, même si aucun des deux amants n’avait jamais été porté sur les choses charnelles. Cependant, lorsque leur dernière étreinte remontait à trop longtemps, ils n’en ressentaient pas moins de frustration. Ils ne passaient pas non plus toutes leurs rencontres à ceci ; bien souvent, ils se contentaient de rester tous deux enlacés sur le rebord de la terrasse, à contempler le ciel et le doux remous que le vent créait en agitant les branches des arbres. Ils se racontaient alors tout et n’importe quoi, ou bien restaient simplement blottit sans rien ce dire, insensibles à la fraicheur de la nuit et au cours du temps qui passait. Seul le timide chant de l’alouette les ramenait au monde extérieur, car dans la mer d’arbre, la musique des animaux nocturnes était aussi discrète que fragile, et s’éteignait bien vite au lever du soleil, pour laisser place à l’entraînante cacophonie des créatures diurnes.

Mais cette nuit là, pourtant, Rigel et Epicéa savaient qu’ils avaient besoin de plus que la simple présence de l’autre. Leur rendez-vous manqué du mois dernier les avait tous deux plongés dans un profond désarroi, et ce soir ils sentaient qu’ils avaient besoin de bien plus que d’un simple contact pour se rassurer, effacer de leurs mémoires les mauvais souvenirs du mois passé.

Doucement, Epicéa se redressa, prenant les mains de Rigel dans les siennes pour l’entrainer avec lui. Ce dernier suivit sans discuter et le sourire aux lèvres, ils descendirent les quelques marches, avant de refermer derrière eux la porte de la cabane.
A l’intérieur, il n’y avait plus ni vent, ni voûte céleste, ni terre ferme. Il n’y avait plus qu’eux deux, cachés de la vue du monde, du regard indiscret des étoiles et des oreilles invisibles des arbres. Ils étaient libres de s’aimer en toute intimité, de se laisser emporter par leur passion et de s’enivrer de l’autre, plus vivants, plus amoureux qu’ils ne l’avaient jamais été.

Et la nuit pouvait filer, comme le cours d’un ruisseau, l’ardeur de leurs deux corps entremêlés leur faisait tout oublier, et l’espace de quelques heures, ils ne pensaient plus à la cruelle séparation qui surviendrait inévitablement. Ils ne pensaient plus qu’aux caresses, aux baisers, à la redécouverte de l’autre, aux doigts enlacés et aux gouttes de sueurs salées, à la beauté d’un regard ou du frisson d’une épaule. Le sommeil ne les atteignait pas et l’espace d’une nuit durant, ils pouvaient enfin s’échanger tous les sentiments, toutes les sensations qu’ils partageaient, se dire à quel point l’amour pour l’autre les consumait.

--

Le chant des premiers oiseaux retentissait doucement, alors qu’Epicéa poussa la porte de la cabane, et remonta doucement sur la terrasse. Il terminait à peine de nouer la ceinture de son kimono pourpre, brodé de motifs orangés. Ce dernier émergea à son tour de l’obscurité de la masure, et vint enlacer la taille frêle de son amant, pour goûter une dernière fois à sa chaleur et au parfum de sa peau. L’horizon rougeoyait de plus en plus, et les étoiles perdaient peu à peu de leur éclat, comme des diamants sur un coussin de velours que l’on recouvrirait de tulle léger.
Rigel poussa un soupir, et après avoir chuchoté une dernière fois des mots d’amour à l’oreille de son amant, déposa un chaste baiser sur ses lèvres.

- Le soleil va bientôt se lever, il est temps que je m’en aille… constata-t-il avec un pâle sourire. Je te promets que je veillerais sur toi, de là haut. Repose-toi bien…

Epicéa hocha doucement la tête, et se blottit une dernière fois contre lui.

- Ne t’en fais pas, gros bêta, je suis bien plus solide que toi, se moqua-t-il gentiment. Je t’attendrais, ne t’inquiète pas… Mais maintenant, file ! Le soleil va se lever, et tu vas rester coincer ici.

A regret, Rigel serra ses mains dans les siennes et fit un pas en arrière, une moue contrite sur le visage. Ses lèvres formèrent silencieusement le mot « je t’aime », et dans un dernier sourire, il lâcha les mains d’Epicéa et donna un coup de talon sur le plancher de la terrasse. Il fila dans les airs avec la vivacité d’une étoile filante, et son amant le regarda longuement s’éloigner, un véritable rai de lumière vive dans le bleu pâlissant du ciel nocturne. Enfin, l’étoile filante fini par disparaître complètement dans l’immensité du ciel, jusqu’à ce que, quelques instants plus tard, un petit point n’éclate sur la voûte céleste. Rigel, l’étoile la plus brillante au pied de la constellation d’Orion, venait de se rallumer après toute une nuit d’absence.

Epicéa sourit, et ramassa doucement les pans de son kimono. La fatigue commençait à le peser, et à vrai dire, il avait hâte de planter ses racines dans la terre fraîche, pour y puiser son énergie. La nuit prochaine, il sentirait le regard brillant de Rigel posé sur sa futaie, et cette seule perspective lui donnait le cœur léger, en même temps qu’elle lui permettrait d’attendre sans aucune peine le mois suivant.

Après tout, les arbres et les étoiles n’avaient pas la même conception du temps que les humains. Et finalement, au fond de leur cœur, ils savaient que pour vivre cet amour que n’importe qui d’autre aurait jugé impossible, une seule nuit par mois sous le regard bienveillant de la lune et du père Arbre, cela suffisait amplement pour les combler.

oOo

Voilà, merci beaucoup d'avoir lu jusqu'ici. N'hésitez pas à me laisser une review pour me faire parvenir la moindre de vos remarques, qu'elle soit positive comme négative. =D

 
     
     
 
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