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Genre: (Fantasie) — Humour — Angoisse — Parodie — Surnaturel — Fantastique — "Horreur" — Mystère — Poésie — Suspence — Tragédie ? A l’Inconstance
De toutes les couleurs °*~o.O~*° ——————————oOo—————————— °*~O.o~*°
C’était par une nuit VERTE …
Une poupée plastique et chiffons courait à toute allure quand soudain elle rentra dans une coquille — et tomba par terre. « - Bonjour, comment t’appelles-tu ? » Elle leva le nez. C’était un drôle de personnage figé au milieu du chemin. Son corps était un œuf gros, sur deux jambes courtes. Il portait un costume chic, à la mode des salons anglais du XIXème siècle. D’une main il tenait une canne, de l’autre il semblait tenir un chapeau. Mais ce chapeau était au sommet de son crâne. Quand sa tête eut cessé de tourner, Alice répondit ; l’homme-oeuf reprit ses esprits. « - Quel âge as-tu ? - Cinq. - …Deux fois cinq… - Dix. » L’œuf se plongea dans une brève méditation. « - Et où vas-tu ? - Je ne sais pas, hasarda Alice. - Est-ce que l’on sait où l’on va ? » Un silence suivit cette réflexion… jusqu’à ce que la poupée s’angoisse et tente : « - Ailleurs ? - D’où viens-tu ? » La petite fille eut l’air terrifié. Puis elle sentit une douce chaleur, comme une bise, qui se glissait sous ses cheveux, dans son oreille. « - Du lieu le plus prochain. » L’œuf acquiesça par oscillations. Il tourna les talons, et s’éloigna. Alice relâcha son souffle, puis se remit debout, lissant les froissures de ses jupons. Elle regarda à droite et à gauche, mais ne trouva pas la voix qui l’avait aidée. Pourtant, elle avait l’impression que quelqu’un était derrière elle. Elle se dit que c’était sans doute une fée timide et qu’elle reviendrait peut-être plus tard. Alors elle repartit en courant.
… Je t’envoyais chercher mon stabilo ORANGE Et tu as trouvé le moyen de te faire des BLEUS en suivant un petit poucet …
« - Noncle ! appela la fée en apercevant son ami. » Elle vola jusqu’à l’arbre où il s’était juché, un livre relié entre les mains. Il fit des grands gestes avec la gauche sans lever les yeux. « - Dans un paysage vide — blanc, dirait-on — dont nous saurons… autant dire : rien, deux personnages sont là — figurines plates, silhouettes de bande dessinée, ombres projetées — venus de nulle part, « - Noncle, j’ai vu… « - surgis dans notre champ de vision avec leur manipulateur (notre manipulateur, aussi bien, car nous sommes convoqués dans le texte, représentés, avec nos incertitudes et nos humeurs supposées). « - Noncle…, répéta la fée en croisant les bras. « - D’emblée, la voix qui nous sollicite refuse de nous répondre ; nous prête la parole, pour nous la reprendre et nous bousculer. L’auteur serait-il le bourru bienfaisant, ou le bourreau bienfaiteur — à double tranchant, agaçant, décevant, frustrant notre attente… ? « - NAY !! explosa la fée en changeant de couleur et projetant de la poudre d’elle-même. » Edgar Lear faillit échapper son livre et tomber en omelette. Il se rattrapa de justesse. « - Oh Morgane, bonjour, comment t’appelles-tu ? » Les joues de la fée prirent la teinte du marbre. L’espace de quelques secondes, on n’entendit plus que le bourdonnement de ses ailes. L’œuf se frappa la main sur la figure et inspira profondément. « - Excuse-moi, je me suis laissé prendre par l’ambiance tu sais… - Je vois. - Laisse-moi deviner, se reprit Edgar en rangeant le Pocket Classique de Jacques le Fataliste dans son chapeau, tu viens me parler de la petite à qui tu as soufflé la réponse. - C’est toi qui m’as appris que souffler c’est jouer, répliqua-t-elle. - C’est vrai… Et je n’ai toujours pas appris à me taire. - Pour le me— non, on ne va pas commencer avec tes formules ! La fée s’assit en tailleur dans les airs et se fit verte. Une fois calmée elle reprit : - Je disais. Je l’ai suivie… - Qui donc ? - Le lap— - …psus, fit l’œuf en se fendant d’un immense agaçant sourire. /Kick - On va faire un jeu, ça s’appelle le roi du silence : tu m’écoutes et je te donnerai deux couronnes. Edgar abdiqua et se tut, car il aimait bien Shakespeare. - … - … - J’ai vu que tu lui parlais, alors je l’ai suivie pour voir ce qu’elle faisait… Elle est rigolote : elle court, elle court, et d’un coup elle tombe par terre, à plat ventre, et elle ne bouge plus. Un peu après elle se relève, et elle s’assoit, sans un mot. Puis elle repart en courant. Elle a fait ça pendant sept lieues au moins ! Au bout d’un moment je l’ai perdue. Je crois qu’elle allait vers la plage. - … - Ce qui me turlupine c’est : pourquoi tu lui as parlé ? - … - … - … - Laisse tomber je ne veux pas savoir. Comme la fée nuit noire s’en allait, Edgar s’exclama : - Mes couronnes ! - Va t’faire cuire un Shakespeare, tête de pioche ! » Elle se volatilisa. Edgar ôta son chapeau et en scruta les profondeurs. « - Nuncle, give me an egg and I’ll give thee two crowns, marmonna-t-il. (Il sursauta) LEAR : What two crowns shall they be ? (Il écarta les bras) FOOL : Why, after I have cut the egg in the middle and eat up the meat, the two crowns of the egg… » (…) Le bonhomme vexé remit son chapeau sur le crâne et se dit qu’elle n’était même pas drôle.
… A une heure tous les chats sont D’OR Le marchand de sable met sous tes pas des épines de ROSE comme ça …
Elle courait, hors du sentier, elle courait, elle danse Les arbres lui déroulent le couloir au tapis rouge Le vent frémit, les ombres s’inclinent, elle bouge Les trous de ses jupons font des étoiles pâles Au sol, des toiles d’araignées, de la dentelle qui tombe Elle tourne, fait bruisser un éclat de rire, ride L’eau du ciel, brûle tous les sens et tisse un poème Avec la fumée, entre les mots, des mots, des mots Pour… ‘Elle’. Sa plume, entre deux phalanges ; elle la sent C’est une fleur cueillie à la nuit qui a fané dans sa main Tailler le bout, tremper dans l’encrier, dessiner Les volutes qui viennent sans jamais s’arrêter Mourir au point, respirer à la virgule ; naître entre les deux Rien qu’une danse. La pointe de ses pieds nus effleure l’air et l’électrolyse. Ses ballerines à la main, comme des gouttes d’encre au bout des doigts, rosée prête à se détacher. L’automne virevolte dans son sillage, et les pétales de papier feuillolent comme des ongles. — Alcools Grisée, elle se laissa tomber en arrière dans un tapis de feuilles.
… A la fenêtre givre un rire JAUNE La chenille à l’opium s’est fait VIOLET Elle était belle …
« - Pssst. Alice ouvrit les yeux. Une fée voletait au-dessus d’elle. Ses ailes battaient si vite qu’elles étaient invisibles, émettant seulement un bruit de poussière dans un rayon de soleil. « - C’est toi qui m’a soufflé à l’oreille ? - Hm, oui… La fée tourna autour de la poupée, de haut en bas sous toutes les coutures, touchant certains endroits dont elle prenait la couleur. - Qu’est-ce que tu fais ? La fée se posta brusquement entre ses deux yeux ; elle était à peine aussi grande que son visage. - Je sais où tu vas. » Elle partit d’un rire cristallin. Alice trottina pour la rattraper. « - Attends-moi ! - Tu n’es pas obligée de me suivre, tu sais. - Pourquoi ? » La fée se mit à décrire des mouvements de pendule en avançant entre les ombres des arbres. « Pas la peine de se retourner Sur le tableau décroché la craie s’efface Y’a plus de traces » Il faisait sombre, le décor ne baignait que dans la lueur qui émanait des deux créatures, les hêtres s’alignaient en semi-colonnes exactement semblables. La fée semait la petite fille, qui courait alors comme dans un rêve, guidée par le chant dont elle n’entendait que la mélodie. La voix fusa dans son dos sur un ton espiègle. « - C’est lui que tu cherches, n’est-ce pas ? le beau… La poupée pivota et la fée entraîna son mouvement en lui tirant le bout des cheveux. « - Ouh la menteuse, elle est amoureuse ! » Elle reprit son envol et avait disparu avant l’écho de sa chanson. « Je te perdrai dans une forêt De symboles défaits, de sens qui se cachent Thé dans ma tasse »
… Chaque fois que tu ouvres la bouche d’OMBRE Tu gobes les fées EMERAUDE Ça donne toujours un goût étrange …
« …On comprend l’horreur de Jacques pour les portraits, qui figent le personnage et lui ôtent toute chance de pouvoir être confronté à un autre, dans une de ces scènes où le réel et le fictif s’éclairent réciproquement. Il est vrai : Diderot nous mène par le bout du nez là où il n’y a rien à voir… » « - Tu n’en sors plus. » Edgar ne baissa le livre que quelques secondes plus tard et s’adressa au vide devant lui. « - C’était le dernier paragraphe. - Je suis là-haut. - Parfait, parfait. » Il y eut un long silence. Blasée, Morgane attendit, assise dans le creux du chapeau mou, le menton dans la main. « - Tu sais que tu es cruelle, ma chère amie ? - Mais oui je t’aime. - Bien bien. » Elle soupira. Puis tout à coup souleva le chapeau et saut’saut’saut’saut’saute sur le crâne d’œuf qui vira bouteille, bonbon, citron, cinabre, safran, amarante, aubergine, grenadine, ultramarine, opaline, arlequine,… « - De-bout-là-d’dans ! Chauve-souris dans le beffroi ! - Je suis à toi, fit la coquille tout estourbie. » Elle jeta le chapeau sur le somment bombé, y enfonça une ultime fois les talons et se posa sur la branche, à côté de son cher ami. « - Alors voilà : qu’est-ce qu’on fait ? - C’est l’évidence même. » Il ôta son chapeau pour en sortir sa canne, et le remit pour le rajuster du bout de celle-ci. « - On l’attrape et on la met dans un pochon. - Qu’on ferme avec un ruban. - Un petit nœud. - En soie. - Avec une boucle. - Ou deux. - Avec un ruban. - Voilà. » La fée tendit la jambe et regarda son pied. L’homme-œuf hochait la tête. Silence. Puis ils sautèrent dans le vide.
… Tu cours après le matin BLANC Pour composer ton Oeuvre au NOIR Au pied de l’arc-en-ciel le chaudron dort …
1 2 trois Nous irons au bois
4 5 six Cueillir des sottises
7 8 neuf Ou colorier un œuf
10 11 douze Chantons une anacrouse 13 14 quinze Pour embrasser le Prince 16 17 dix-huit Son ombre passa si vite 19 20 — Nous ne vîmes rien
… Je te rature avec un feutre en ROUGE ! et je te jette des bouts de fleur INDIGO qui te passent à côté …
« - Certes. » Edgar fit halte et posa les deux mains sur le sommet de sa canne qui lui arrivait sous le nez. Morgane décolla du sol et rejoignit ce qu’ils venaient de trouver au beau milieu de la clairière. « - ‘Il était une fois… presque un conte’, cita l’œuf tandis que son amie inspectait la chose. » C’était une boîte parfaitement rectangulaire, accompagnée d’un petit mot écrit au stabilo bleu. « - Etsafen, lut Morgane à haute. » Elle laissa tomber l’étiquette et atterrit sur le dessus de la boîte. « - Je ne sais même pas si je suis très déçue. - C’est signé ? - Non. - …, il opina du chef. - C’est Lucas. - Bien sûr. » Il ferma les yeux pour se recueillir. Il y avait un vague parfum de chocolats. « - Tu vois, tu es trop lent. - C’était écrit là-haut. » Morgane leva les yeux au ciel. « - My sweet bee, au moins on a eu l’autre. - Oui… d’ailleurs sors-moi ça. » Edgar Lear coinça la canne sous son bras, et excipit de son chapeau un bocal à Cloe qu’il secoua fernememt ‘presd esoOoOn reliloe
… Au pied de la lettre le chaudron d’or est VIDE ? Je t’envoie de toutes mes couleurs —
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Par Cloe Lockless le 29 Mars. 08 - 19:43 :
Ceci est une RAR ? T_T
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http://www.manyfics.net/fiction-ficid-780.htm?openTab=picture |
Par Cloe Lockless le 29 Mars. 08 - 19:42 :
Alecto
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Je t'avais tapé une Rar mais elle est portée disparue.
Allez on en refait une^-^
Je suis... *O* de ta review!
"la fuite d'Alice (si j'ai bien compris)"
-->chacun comprend ce qu'il veut, c'est tout ce qui m'intéresse dans ce texte^-^ Chaque fois que je me relis je "comprends" des choses différentes, pour le meilleur ou pour le pire XD
Recette de l'absurde:
découper une vingtaine d'oeuvres en petits dés,
les mélanger à votre sauce,
fourrer trois ou quatre graines de sens dans chaque morceau,
remélanger en secouant près de son oreille,
déguster (dans les deux sens du terme T_T)
Le plus dur c'est de ne pas faire d'auto-commentaire, je n'ai jamais autant jeté de texte de ma vie! (Comme la très longue liste des auteurs plagiés >.<)
Bref, merci ma promise ^-^ |
Par Elwyn le 16 Mars. 08 - 18:25 :
Ceci est une review_
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http://www.manyfics.net/fiction-ficid-792.htm |
Par Alecto le 15 Mars. 08 - 12:17 :
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...
Et Jacques rencontra Lear dans le décor du songe d'une nuit d'été...Alice s'était perdue.
*O*O*O*
C'est un rêve. C'est magnifiquement absurde. C'est peut-être ce que je préfère de tout ce que tu as écrit.
Esthétique du décalage féérique.
Je n'ai probablement pas tout compris, il faudra que je relise. Mais on se laisse simplement porter par les phrases, c'est comme un voyage dans un pays que l'on pourrait visiter infiniment.
Il y a le passage central que je trouve superbe, celui de la fuite d'Alice (si j'ai bien compris). La tonalité tranche avec le reste, on a le pressentiment de quelque chose de plus sombre, c'est comme un vertige...
Tes mots sont *O* (manque de vocabulaire)
Et puis il y en contrepoint les moments presque drôle entre la fée et l'Å“uf qui manque de "tomber en omelette", la comptine et les couleurs
Le tout dessine une harmonie délicate comme des ailes de papillon.
Je t'aime en prose <33333
Alecto
p.s: j'étudie Lear à partir de la semaine prochaine=)
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