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En veux-tu, en voilà !
Par Tak-chan
1er Avril '08  -  Humour  -  fr
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    Chapitre 1     4 Reviews    
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Chapitre 1

En veux-tu en voilà 

 

April    

 

 

 

Avril.

Ouais, c’est mon prénom.

Vous vous dites peut-être que j’ai pas de chance dans la vie. Et je vous assure que vous n’êtes pas tout à fait en tort : être née un 1er Avril n’est vraiment pas de tout repos.

Si vous pensez à la seule autre personne sur cette Terre, à ma connaissance, qui porte ce prénom, je vous flingue. Faites pas genre vous saviez pas, oui, elle, l’autre là. Faut croire que mes parents n’étaient pas beaucoup plus futés. Encore que, vous me direz : « Mais t’es bête ou quoi ? C’est un nom de scène ! » Pour ceux qui avaient toujours pas compris, je précise, on sait jamais, ça vaut mieux si vous voulez tenter de comprendre quelque chose à ce que je raconte. Avril Lavigne.

Encore une fois, on banni ce nom. Faites comme si elle avait jamais existé, c’est pas comme si ça changeait grand-chose à votre vie.  

 

J’aime mon prénom.

C’est pas comme s’il était facile à porter, pourtant. Ni très joli ou très significatif. Mais c’est le mien, et il est unique.

Je vous vois venir : « Uniquement moche aussi » et bien vous savez quoi ? Je me fiche de ce que vous pensez. C’est pour ça que le prénom « Avril » me va si bien.

Quoi que je fasse, que je dise, que je pense, personne ne saura jamais ce qu’il en est vraiment. Il m’arrive même pas parfois de l’oublier moi-même.

Peut-être que c’est facile, de se cacher derrière un prénom, mais c’est surtout encore plus facile de le faire lorsqu’on s’appelle Marie, dans le genre : regardez-moi-je-suis-belle-je-suis-bonne-je-suis-vierge-et-j’ai-toutes-mes-dents je demande la junior. Non, rassurez-vous, j’ai rien contre les filles qui s’appellent Marie, c’est juste que, plus bateau, tu fais pas. Enfin, peut-être que ça leur plaît. Alors que moi, ça fait juste : mes-parents-sont-cons-et-je-vous-emmerde-et-bien-profond. Et ça, ça me plaît.

Avant même de me connaître vous pensez déjà que je suis une pauvre cruche. C’est bien les gens, vous avez retenu la leçon. Allez dormir, maintenant, il est tard. 

 

Mais je dévie du sujet. Le sujet, c’est moi, pas vous. 

N’empêche que, parfois, j’aurais bien aimé m’appeler Marie. J’aurais peut-être évité de faire la bourde de ma vie.

Parlons-en justement de ma bourde. Pour ceux qui sauraient pas, une bourde, c’est une gaffe, tu sais, quand tu mets les pieds dans le plat (au sens figuré hein), quand tu te prends le poteau de devant chez toi tous les matins, quand tu marches dans une crotte de chien, quand tu ouvres ta gueule pour dire : Ma mère est là, mais elle veut pas vous parler. Quand tu glisses sur une peau de banane. Quand le mec le plus canon de ta promo te propose de sortir et que tu toi tu dis : Fumer ? (ou encore pire, pisser, c’est si charmant) Si vous vous êtes reconnus, je vous dis : bienvenue au club des losers, les amis ! N’empêche que moi, j’ai fait pire que tout ça réunit et ohmygod je peux vous assurer que ça fait mal. Pas au sens physique aie-mes-fesses-j’me-suis-rétamée mais dans le sens ah-mon-orgueil-est-blessé-bon-Dieu-je-veux-mourir-ma-vie-est-fichue.

Bon d’accord, j’en viens aux faits, mais avant ça, je tenais encore à clarifier une chose. Si vous lisez ça, c’est pas parce que j’ai envie d’écrire ou que j’en aie besoin, mais c’est l’autre cloche qui m’a conseillé d’écrire tout ce que « tu as sur le cœur ma pauvre chérie ».

Je déteste qu’on m’appelle ma chérie.

Déjà, parce que ça me rappelle que les seuls à m’appeler comme ça, ont été les trois pauvres glands baveux qui ont osé s’approcher de moi me promettant monts et merveilles, alors qu’ils étaient même pas capables de rester deux secondes sans baver et sans loucher vers mon décolleté plongeant. Car oui, je suis une fille et donc, logiquement, quand t’as pas un chromosome Y en plus, t’as des seins, et donc oui, j’ai un décolleté (bon d’accord le plongeant c’est peut-être le mot en trop, j’éviterais, dorénavant).

Et non, j’ai pas de problème avec ceux qui ont dans leur caryotype un chromosome X et Y, c’est seulement que, comme on dit si bien, j’ai pas encore trouvé chaussure à mon pied. Et c’est pas près de changer.

Soit dit, en passant, elle est tellement romantique cette expression, c’est pour ça que ça doit être la seule que j’utilise. (Ironie, quand tu nous tiens) 

Deuxièmement, ma chérie, ça fait pauvre petite fille. Pauvre Avril, t’as le prénom d’un mois de l’année oh on devait se payer ta gueule au lycée oh ma chérie t’as pas de petit copain ? Et ma chérie, ta meilleure amie Leila, elle est devenue quoi ? Et ma chérie juste tu peux me rendre un service ? Tu peux aller sortir les poubelles mon canard en sucre ?Mon dieu.

Oui parce que, au cas où vous, vous auriez pas encore remarqué, quand on t’appelles ma chérie, c’est que y’a forcément un truc qu’on veut que tu fasses, que tu dises. On peut te demander de décrocher la lune, de chanter « c’est la chenille qui redémarre » ou encore d’aller changer la couche de ton petit frère, c’est du pareil au même. Par contre, quand t’as merdé, que Madame mon-mari-est-un-haut-pdg-alors-attention-à-ton-language-jeune-fille est allée se plaindre de toi à ta mère, que t’as encore raté tes partiels, que t’as dépensé tout ton argent pour ce dernier jeu de Zelda (oui parce que moi j’aime Zelda et j’m’en fous, vous me ferez pas changer d’avis) et que t’es obligée d’aller mendier chez maman et papa pour pouvoir manger le lendemain, là, comme par miracle t’as plus le droit au « ma chérie ».

Non.

Là, tu redeviens Avril, la fille insignifiante. Avril, qui ne sait même pas faire plaisir à ses pauvres parents, qui s’arrachent les cheveux de la tête pour lui payer ses études, qui ont pourtant tant fait pour elle. Mon dieu, Avril, mais qu’es-tu devenue ? 

Et là, je vous réponds : je suis moi-même, enfin.

Les sourire colgate aux PDG, les décolletés plongeants pour plaire à la haute société, les bijoux qui brillent de partout, les réponses genre : je me fiance demain avec Brandon, c’est mon ami d’enfance, oh oui (rire cristallin pour faire encore mieux) vous savez, on était toujours ensemble… FINI tout ça.

Oui parce que Avril, c’est pas ça.

Avril, c’est la fille qui gaffe tout le temps. Qui emmerde les autres et ne se fiancera jamais avec Brandon l’homme de sa vie (un surfeur blond de surcroît).  

Voilà, en somme, l’autre cloche (elle s’appelle Madame Dubois en vrai, mais tout sonne creux chez elle, de son sourire aux 32 dents blanches émail parfait à ses cheveux blonds platine et ses talons aiguilles, et je passe sous silence ses autres nombreux et magnifiques atouts féminins), m’appelle ma chérie, et c’est ma psychologue. 

Ma mère a finalement décidé que comme je vivais seule depuis si longtemps, et que je m’était faite renvoyer, (pour seulement une demi-journée et en plus c’est la première fois, mais nan il faut qu’elle en fasse tout un plat, c’est même pas comme si c’était la fin du monde pourtant …) je devais aller « voir quelqu’un ».

Ma mère est une fan des euphémismes.

Ma chérie, ton grand-père s’est endormi pour toujours. Maman, réveille-toi, la belle aux bois dormants, elle existe pas, le prince il est vieux et moche, et puis papi, c’était un garçon.

Ma chérie, ton père et moi avons décidé de faire une pause. Maman, ta pause ça fait 10 ans qu’elle dure.

Ma chérie, j’aimerais que tu ailles voir quelqu’un. Maman, ça s’appelle un psy. Non mais vas-y dis-moi tout de suite que je suis folle, c’est pas comme si c’était nouveau. 

Donc voilà, c’est le nouveau scoop de la semaine, Avril voit quelqu’un. 

Et Madame Dubois (qui s’est faite refaire tout le corps parce que tu vois ma chérie, si tu veux plaire aux hommes, il faut que tu mettes en avant ce que tu as de plus précieux) veut donc que je tienne ce qu’elle appelle si romantiquement « ton journal intime ». Moi, je préfère dire, mon bavoir. Parce que c’est tout à fait ça, j’y écris ce que je pense, et la cloche, elle peut toujours courir pour le voir.  

Donc, je reprends.

 

Je m’appelle Avril, je suis mentalement perturbée, je suis vierge, ma meilleure amie Leila m’a trahie en partant avec mon futur fiancé pur BG (beau gosse) alors que je lui cuisinait un gâteau dans mon bac à sable à l’âge de 2 ans, mes parents sont en « stand by » enfin, si vous voulez la traduction, ils sont en plein divorce et autres scènes de ménage, mon grand-père est décédé il y a six ans, le seul qui m’ait jamais comprise, il avait un sens de l’humour incroyable, c’est bien le seul qui riait à toutes mes blagues, même quand j’avais fait sécher de la boue pour imiter les crottes du chien et la lui avait mise dans le salon, même quand je lui ai volé son dentier alors qu’il avait rendez-vous avec le notaire … il paraît qu’en fait, il comprenait pas vraiment ce que je disais, il avait des problèmes auditifs.

Et aujourd’hui, j’ai un problème existentiel de la plus haute importance : comment faire comprendre à Dubois en veux-tu en voilà, qu’elle aille vanter l’avenir de la chirurgie esthétique dans la rue, dans un bordel, sur un trottoir, partout, où qu’elle veut, mais pas à moi. Et puis tant qu’on y est, si elle comprenait que m’appeler ma chérie, ca va plus me faire retomber en dépression qu’autre chose, ca serait aussi un pas en avant. 

Trêve de plaisanterie, j’en viens aux choses sérieuses : ma bourde. Alors non, j’écris pas pour vous dire que je me suis étalée dans une flaque d’eau ce matin, ni que j’ai encore raté le rendez-vous de ma vie. Non, loin de là.

En fait, tout à commencé avec un pari (Dieu que je me sens conne en disant cela, pour changer). Mais pas n’importe quel pari attention. Disons qu’en fait, je suis plutôt du genre à faire des blagues n’importe où, n’importe quand, à propos de tout et de rien. Oui, je vous l’avais dit, je porte bien mon prénom, inutile de vous dire qu’en fait, les apparences ne sont même pas trompeuses. Je suis bel et bien insouciante, mais peut-être pas une pauvre cruche, enfin, ca je vous laisse en juger par vous-mêmes, c’est plus drôle. (Oui, j’ai un sens de l’humour… spécial disons)  

 

 

­_______________________________________________________________________    

 

 

Mercredi, 1er Avril. 9h37 

 

 

Un jour comme tous les autres. Un jour de fac pas pire qu’un autre. Ce que j’étudie on s’en fout, il est pas là le problème.

Le problème, c’est que je suis incorrigible. Et que j’ai gardé mes cinq ans d’âge mental.

Vous savez, quand les autres ils évoluent à l’adolescence, quand ils commencent à se préoccuper du sexe opposé (ou du même, ca dépend des goûts), quand ils commencent à se poser des questions existentielles du genre : où vais-je, qui suis-je, suis-je libre ? Suis-je inconscient ou conscient ? L’homme est-il maître de lui-même ? Dieu existe-t-il et j’en passe.

Quand les autres commencent à se rebeller, à n’être plus aussi insouciants, oui, on vieillit, oui on meurt, on est nés pour mourir de toute façon, fais pas comme si tu savais pas.

Quand les autres commencent à se préoccuper de leur avenir, à avoir des rapports sexuels, quand ils ne rient plus quand on prononce le mot « Caca », ou quand un de leur camarade a une flatulence en plein amphi juste au moment où le prof reprend son inspiration et que tous les étudiants sont pendus à ses lèvres… 

Quand l’enfance, puis l’adolescence quittent vos veines, que vous mettez à vieillir, à devenir encore plus con, encore plus moche, encore plus gros.

Quand l’argent commence à ne plus couler de source, les emmerdes qui se succèdent jour après jour. Le café noir du matin, le journal, t’aurais pas dû faire la fête hier soir, t’aurais pas dû casser avec ton copain, ca t’aurait permis de te défouler… 

 

Alors que tous les autres ont changé, moi, Avril, je suis restée en arrière. 

Physiquement, je suis plutôt bien je crois, enfin du moins, si j’en crois les chuchotements, les multiples tentatives d’abordages foireux, le nombre de verres qu’on m’a payé, le nombre de pattes malencontreusement égarées (mon cul ouais). Grande, cheveux noirs, yeux verts. Mince. Tout ce dont vous avez toujours rêvé.

Et pourtant je m’en fous comme de ma première petite culotte (mon premier soutif, c’était l’évènement, je vous raconte, parce que c’est drôle. Il était noir, et transparent. Sauf que comme une conne c’est celui que j’ai mis le jour de la visite médicale, tu sais le jour où faut que tu te déshabilles devant tes petits camarades de classe, qu’ils puissent se rincer l’œil… Bref ça devrait ne pas être drôle pour moi, mais ça l’est, que voulez-vous, je vous avais dit que j’étai pas normale.)

Par contre, mon caractère… Je crois que mentalement, je dois avoir des années lumières de retard. Ou alors, peut être que mon dernier neurone avait tout simplement eu envie d’aller prendre des vacances au Pérou quand je suis née, qui sait. (Pas moi, à ce qu’il paraît) 

Ce jour-là, qui aurait dû être banal, j’ai eu la splendide idée (débile mais splendide quand même) et, comme c’était le premier Avril, et de surcroît le jour de mes 20 ans, ca se fête, ouvre le champagne, chéri, de montrer à tout le monde de quoi j’était capable. 

Avant, quand la fille qui met des chaussettes à 140 euros et qui écrit sur des feuilles à 2 euros le millimètre carré avec un stylo Mont-blanc, elle trouvait une souris morte dans ses nouvelles ballerines Gucci (je sais pas si ca existe, mais on s’en fout), elle savait à qui s’en prendre.

Je trouve ca mortel, les entendre couiner dès le matin, y’a que ca de vrai pour me mettre de bonne humeur.

Quand les BG avec leurs mèches blondes et leurs slims fashions que quand ils veulent courir et attraper le métro on voit la raie de leur … ils retrouvaient leur ballon de foot chéri, pour lequel ils avaient quitté leurs beaux pantalons serrés, crevé, c’était aussi moi. Ouais je sais, ce genre d’humour, pas très fin, ca peut sembler vite lourd.

Mais moi, ca m’éclate. Ca me transporte, alors je m’en lasse pas. 

Ce jour-là, j’avais préparé une vanne spéciale, et pour une fois, un peu plus fine, même si elle était toujours encore de très mauvais goût. En plus des petits panneaux collés sur les dos des gens comme, je ne vais pas en citer, c’est vraiment trop bas, trop facile, mais que voulez-vous, je m’appelle Avril, je vois une psy, je suis folle, c’est drôle, c’est débile, c’est génial, j’ai eu cette idée de défi.

Et si tu mangeais une limace pour voir ? Riez pas, ma mère l’a fait, elle a même gagné de l’argent pour. Je vous passe les détails, on sait jamais, peut-être que vous aviez envie de Nutella, je voudrais pas vous gâcher le moment.

Non, mais moi, je suis pas tombée aussi bas. Sauf que voilà, ce jour-là, j’ai entendu 10 filles couiner, et il était même pas midi. Alors que moi, j’avais même pas commencé à distribuer mes petits cadeaux spéciaux. Je les ai pas prises au sérieux, y’a que moi ou alors lorsque les baveux viennent laisser traîner leurs papattes, qui les fait couiner comme ca.

Hé ben j’aurais dû.    

 

 

 

 

 

 

10h23  

 

Mais que vois-je ? De la bave sur mon schéma d’anatomie ? SACRILÈGE !

J’ai envie de m’écrier, de courir dans l’amphi, de me venger de celui-ci qui a osé faire ca. Parce que c’est vrai quoi, on a pas à me faire ca, à moi.

Pas à Avril. Pas le jour de ses 20 ans, allez un peu de galanterie que diable !

J’ai soudoyé mon voisin, enfin, disons que je lui ai signalé gentiment, qu’il avait un panneau dans le dos, où y’avait écrit : Je me suis fait Cendrine hier soir.

P-i-t-o-y-a-b-l-e.

C’est même pas digne de moi, et c’est dire. Bref, contre ce petit service (je m’en fous c’est même pas moi qui lui ai collé ca) il m’a dit qui avait bavé sur ma feuille. Et parce que ce petit con l’a laissé faire, je me suis vengée, j’ai recollé le panneau, version améliorée : Cendrillon.

Ouais je sais, c’est pas beaucoup mieux, mais vous allez finir par vous y habituer ou pas, de toutes façons, ca revient au même. 

J’ai le nom du coupable : c’est Emmanuel, sa carcasse. C’est bizarre, je le connais pas. Enfin bizarre, c’est pas comme si j’avais déjà fait attention à ce qui végète autour de moi, mais bon, quand même. Mon voisin dit qu’il est nouveau, et que les filles qui couinaient, c’était lui. Je lui ai demandé s’il était baveux, il m’a regardé bizarrement et s’est retenu de rire.

Oui, c’est bien connu, on ne rit pas aux blagues d’Avril, on grogne, on fronce les sourcils, on fait genre on a pas compris. Ils veulent tous êtres des adultes vous savez, ils sont bien élevés ces petits. Ils suivent en cours, ils prennent leurs schémas, ils assurent la prochaine génération par leurs exploits post-minuit ou aussi post pause pipi, selon les cas. 

Emmanuel n’est pas baveux, il est juste nouveau. Il vient d’arriver des USA, ca doit être pour ca, il ne sait pas encore que la fac, c’est mon royaume, et que c’est moi seule qui ai le droit de faire couiner les filles.

Emmanuel est un BG. Un puuuur comme disent les filles qui couinent, mais plus pour les mêmes raisons, on dirait. Enfin ca, c’est eux qui le disent, moi j’ai pas encore vérifié. Et puis même, ca change quoi ? Il a empiété sur mon territoire et puis en plus, ses blagues craignent encore plus que les miennes…

Non mais, il se prend pour qui, le morveux ?   

 

 

 

 

 

13h45  

 

Au moins, il est pas baveux.

Ca veut dire que je vais pouvoir aller régler deux trois petits trucs avec lui. Lui dire par exemple que s’il veut me faire chier, c’est pas le meilleur moyen. Et que pour draguer les midinettes aux chaussettes dorées, il va lui falloir faire mieux que de leur offrir des souris vertes et d’avoir une belle gueule, ca moi aussi je peux le faire. Avec le chromosome Y en moins, bien entendu. 

Je tiens à mettre les points sur les « i » : Je n’ai pas raté une marche et je ne suis pas tombée dans les bras du pur bg comme aiment à l’appeler les couineuses. Je n’ai pas remarqué qu’il avait le même pendentif que Brandon, le surfeur blond. Je n’ai pas fait exprès de raconter des conneries. 

Je suis perturbée, c’est pour ca que je vois un psy, je vous l’avais dit. 

Il se ressert des lentilles au comptoir.

Oh joie, j’ai toujours rêvé de parler à quelqu’un qui vient de manger des lentilles. Génial, parce qu’en plus, il va puer de la gueule, pour me faciliter encore plus la tâche. Je lève les yeux de ma feuille. Il fait chier.

Oui, vous savez y’a des gens, ils font qu’exister, mais ca vous suffit bien plus que de raison. Je finis par me bouger, même si je n’en ai vraiment pas envie. Pourquoi je m’énerve comme ca ? On s’en fout de ce mec. Ouais… mais il a quand même réussi à en faire couiner 10, et j’ai pu me venger sur mon voisin, il était bien le panneau, en fait. Enfin, tout ca pour dire qu’il doit quand même avoir quelque chose de plus que les autres, ce nouveau, parce que comme dit, d’habitude elles couinent, mais que en mon honneur (ou en celui des baveux, mais c’est un autre registre). 

Alors voilà, c’est à ca que ca ressemble un pur bg qui mange des lentilles, laissez-moi rire. Même Quasimodo est plus sexy quand il mange.

Je le fixe. Il se touche le front, fait voler une mèche de cheveux bruns en arrière.

Je vous vois venir, vous croyez connaître la suite : Et Avril tomba folle amoureuse du bg qui mange ses lentilles et ils proliférèrent et leur descendance fit du 1er Avril un culte tout particulier.

Mais non, que je sache, c’est encore moi qui écris ces lignes, alors on se tait, on réfléchit pas, on observe bien gentiment et on attends que ca passe.

 

Il finit par hausser un sourcil, avale (beurk), et ouvre grand sa bouche pour parler (re beurk). Mais je ne lui en laisse pas le temps.

« - D’où tu me voles mes proies ?

Et d’où je suis aussi pathétique ? C’est pas vrai ! Pourquoi je lui dis ca moi ?

- Et depuis quand ces filles t’appartiennent ?

 - Depuis que le 1er Avril est …

Avril putain lui raconte pas ta vie, c’est quoi ton problème ?

- Mais encore ?

- …

- Écoute c’est pas que tu me fais chier, mais je mange là, alors soit tu dégages soit tu me dis ce que c’est, ton problème.

Mais de quel droit il ose lui ? Et qu’il ferme sa bouche, je vois les restes de ses lentilles dégueu…

- Tu connais Lavigne ?

- Avril ? Hmpf. Pourquoi je devrais ?

- Bon, c’est déjà ca.

- Tu veux quoi à la fin ?

- Cendrillon, c’est mieux.

- Hein ?

Ouais c’est ca, fais comme si tu savais pas, mais c’est moi la meilleure c’est bon, c’est même pas la peine de le nier.

- Non, rien.

- Ah … ca. Peut-être bien. Mais j’avais envie de mettre Cendrine, alors je l’ai fait. Autre chose ?

Pourquoi je parles à ce gars moi déjà ?

- Pourquoi t’es là toi déjà, tu me rappelles ?

- Euh attends, on se connaît ? C’est quoi ton problème à la fin ?

Il. Fait. Chier.

- Ben, toi.

Il a eu l’air un peu choqué, sa bouche s’est ouverte un cran plus grand, dieu c’est écoeurant. Comment elles font, les autres ? Bon, d’accord elles couinent, elles doivent avoir des billets à la place des neurones, parce qu’elles sont encore plus connes que moi, moi, au moins, je vois ce qui est, même si j’en ai plus, de neurone (enfin, c’est pas prouvé, mais c’est fort probable).

- Je peux savoir pourquoi t’es venue me parler alors ?

Quelle bonne question, chéri. Et pourquoi je l’appelle comme ca moi ? Ah oui, j’aime pas ca, c’est vrai, je lui fais goûter à la spécialité de Madame Dubois, je suis gentille hein, j’en fais profiter les gentils garçons.

- Tu me veux quoi, je peux savoir ? - reprend le bg aux lentilles

- Que t’arrêtes tes blagues pathétiques, c’est lourd.

- Ah parce que toi, peut-être, tu fais mieux ?

Oh le ….

- Bien sûr ! Je fais toujours mieux, saches-le. Je te domine largement dans ce domaine, et dans tous les autres, d’ailleurs.

- Vraiment ? Je peux vérifier ?

Mais je rêve ! Quel pervers !

- Bas les pattes monsieur j’ai-des-lentilles-dans-les-dents-je-suis-un-pur-bg !

- …

Il rit. Je rêve.Pincez-moi (pince-mi pince-moi).

Dites-moi que je rêve ! Et je vois ses dents pleines de vert une fois de plus, oh miam.

N’empêche qu’il est vraiment différent le nouveau, il rit aux blagues d’Avril. Toute l’attention est à présent tournée vers nous. Pour la première fois de ma vie, je suis mal à l’aise. Même quand j’était en soutif noir transparent devant tous les énergumènes de mon collège, j’était explosée, mais là, je suis même incapable de rire à ma propre teinte d’humour. Que m’arrive-t-il ?

- Bon quand t’auras fini d’exhiber tes dents vertes, tu reconnaîtras que je suis le maître et que j’ai les pleins pouvoirs, et on en parle plus.

Le voila qui reprend son rire strident de plus belle. Ah c’qu’il m’éneeeeeeeeeerve. Ca suffit, je m’en vais.

- Tu me feras signe quand t’auras fini de t’étouffer, je reviendrais. »

Ouais ben non, il a pas envie d’arrêter, on dirait, si ca continue, il va régurgiter toutes ses belles lentilles, ca serait dommage. Et sur ces mots, moi, je me tire vite fait bien fait.    

 

 

 

 

 

 

17h52 

 

 

 Un truc m’agrippe par la manche. Et c’est même pas la poignée de la porte, pour une fois.

Je me retourne.

« - Tiens, t’as fini de t’étouffer toi ?

- Décidemment, t’as de la verve … Avril.

Comment il sait ? Oh mais quels crétins, ils vont payer demain.

- C’est Cendrillon qui a fait passer le message. Paraît que t’as pas aimé mon petit cadeau ? C’est dommage.

- Je trouve aussi. J’attends.

- Quoi ?

- Que tu pondes un œuf ! Non mais t’es con ou quoi ?

- …

Le v’là qui recommence. Sans lentilles cette fois, c’est déjà ca de gagné. Mais … merde j’ai dit ca à voix haute ? Ioups.

- Écoute, je te propose un truc… dit le morveux en reprenant son souffle. On fait un pari. Enfin un défi, prends ca comme tu veux. Et celui qui le perd, devra reconnaître l’autre comme son maître suprême…

C’est quoi cette idée de …

- Ok. Et il consiste en quoi, ton pari ?

Hey ! Depuis quand ma langue mène-t-elle une vie indépendante de celle d’Avril, qui va voir son psy tous les 2 mois ?

- T’as jusqu’à ce soir pour pondre la meilleure blague du siècle. Pareil pour moi. Ca peut être tout ca que tu veux. Et à minuit pile, on jugera du gagnant.

- C’est pas un peu …

- Court ? T’es la meilleure ou pas ?

J’aurais pu y voir une insulte, je préfère y voir de l’ironie si flagrante que c’en est navrant.

- Je te laisse vérifier par toi-même. Et maintenant, tu dégages.

- Vos désirs sont des ordres… chérie.

JE RÊVE ! Ca y est, je divague complètement. Monsieur bg aux lentilles m’a appelée attendez, c’était comment déjà ? Ah oui, la greffe de Dubois. « Chérie ».

J’ha-llu-cine.

Réponds-lui Avril. Réponds-lui. Réponds-lui. Voilà la seule idée cohérente qui martèle ma tête.

- T’as pris des cours chez Dubois toi ?

- Tu la connais ?

Et voila que ca recommence. Bon, j’aurais du faire signer mon testament plus tôt bon sang, je suis trop jeune pour mourir. Stop. C’est plus moi ca. Avril elle a un peu plus de verve que ca. Mais Avril, elle laisse pas non plus sa langue se délier comme ca…M’énerve- 

- Ca te regarde ? Et je croyais t’avoir dit de dégager, je me trompe ? C’était un ordre, « chéri ».

J’ai mis du venin dans ce mot, autant que je suis capable d’en cracher, toute ma haine, et l’énervement que j’ai accumulé durant toute la journée.

- Ah attends encore, en fait. Je suis pas d’accord avec tes conditions. Celui qui fait couiner le plus de filles d’ici minuit. Et faut que t’aies des témoins. Et interdiction d’utiliser tes chromosomes comme atout, ca comptes pas, je sais faire aussi en plus, enfin si j’engage les baveux de la cafet’…

- Avril, t’es vraiment extra dans ton genre !

Qu’il s’esclaffe le petit Emmanuel, il rira moins bientôt, très bientôt. Parce que c’est moi qui vais gagner, et alors, il devra reconnaître que j’ai raison, et je lui ferais manger une limace, il aura les dents jaunes après, mais c’est pas comme si c’était dommage… Ca aura au moins le mérite de m’épargner les multiples « Kyah, c’qu’il est beau Emm’, c’est un pur BG ! Pas comme… » et patati et patata.

Mon dieu, ca s’arrête jamais les couinements ? Pourquoi, dieu pourquoi j’ai les mêmes chromosomes sexuels que ces trucs là ?

- Allez, c’est d’accord, toppes-là !

Et, en disant ca, il me tend sa main. Crasseuse ? Je la contemple un instant, méfiante, puis, alors que je conçois que sa main puisse être propre, et que je pourrais peut-être commencer à tendre la mienne, il s’y agrippe, à la mienne, de main.

Je m’étonne. Il y va fort, lui. Voila que le bg est en train de me serrer la main. Je suis vraiment retardée. Pourquoi je le laisse faire ? Pourquoi je le laisse me prendre la main ? Pourquoi il la regarde comme ca ? C’est qu’une main, pas besoin de fantasmer dessus …

- Bas les papattes. J’aime pas me répéter, Emmanuel.

- Ah tiens, tu m’appelles par mon prénom, maintenant, c’est nouveau.

Il peut pas se la fermer deux secondes non ? Toujours obligé de se la ramener lui, je le préfère même quand il mange, au moins, il se tait, et il ne retient pas ma main.

- C’est aussi nouveau que tu kidnappes ma main...»

On a pas fait les présentations : main, voici Emmanuel, oui, c’est bien celui dont tu as pu voir les magnifiques dents pleines de lentilles ce midi, hein ? Ah oui je sais il était fabuleux. Emmanuel, voici ma main. 

Je vous l’ai déjà dit. Mon neurone m’a quittée, j’ai pas encore eu le temps de faire mon deuil (depuis le temps). Enfin, il paraît qu’en parler, c’est déjà un pas vers la guérison.  

L’autre, a lâché ma main. Pourquoi il me fait autant penser à Madame Dubois ? Elle aurait pas un fils par hasard ? Oh mon dieu, je suis poursuivie par les bûcherons. En plus, ils m’appellent tous ma chérie, je vais mourir.

Non, rectification, si je perds, je suis morte.

Et enterrée.    

 

 

 

 

19h10  

 

Ca fait deux heures qu’il m’a pas lâché les semelles. D’accord, j’ai dit qu’il devait emmener des témoins, mais pas moi !

J’ai dit « des témoins », moi je suis seule, et en plus, j’ai des filles à faire couiner. Dit comme ca, ca peut avoir une connotation, mais je vous rassure (ou peut-être pas) : si j’était attirée par un truc, ca serait les amis d’enfance.

Sauf que j’ai pas eu cette chance, moi. Mon bac à sable, il était privé. Ma balançoire aussi. Y’a que Leila qui avait le droit de s’y balancer. C’est triste, mais j’ai vécu dans un palais en sucre, comme ce dont vous rêvez tant.

Mais vos rêves, vous les entretenez parce qu’ils sont inaccessibles. Moi, je l’ai réalisé et je peux vous dire que ce rêve, c’est pire qu’un cauchemar. On s’en réveille jamais.

Le pire, c’est que quand vos parents sont riches, ils ont de quoi vous payer le psy. Alors, c’est pas que je l’aime pas l’autre cloche, enfin si c’est ca, mais bon, j’essaye de l’épargner un peu, la pauvre, si je me trompe pas, elle doit supporter un fils pareil, enfin quoique c’est sa faute, pourquoi elle s’est amusée à procréer aussi ? Donc, c’est que je l’aime pas, mais je lui ai rien demandé moi, et surtout pas qu’elle s’occupe de mon neurone parti en voyage sur une planète lointaine (oui, le Pérou, c’était il y a 20 ans, il a évolué depuis, vous savez…) 

 

Entre temps, ca fait deux heures qu’on mijote chacun une stratégie dans notre coin, enfin rectification : je mijote, lui, il s’éclate. C’est injuste, lui, il a pas besoin de se concerter avec son neurone et d’entrer en télépathie pour trouver des blagues pathétiques, il fait sans. C’est miraculeux oh mon dieu, un élu des dieux ! (Je suis ironique monsieur, mesdames)

Donc, lui, tout ce qu’il fait c’est faire couiner des filles. Et, le pire c’est que, je suis bien obligée de le reconnaître, vu que je lui sers de témoin, et même en y mettant la pire mauvaise foi, je suis pas arrivée à le nier, il y arrive bien, le bougre. Et sans utiliser ses charmants atouts. Ouais bon ca va hein, j’avoue, quand il mange pas de lentille, il est pas mal. Et quand il se tait aussi. M’énerve-

« - Miranda, regarde un boulet, pire que toi !

- Hiiiiii ! T’es méchant, Emm’ ! » 

 

Quand je vous disais que c’était pathétique.

Moi aussi, je commence à devenir une pro en euphémismes, que voulez-vous, l’influence de ma mère, sans doute, ou alors, un héritage un peu tardif… Le pire, c’est qu’il s’amuse l’autre. M’énerve-

Il va finir par me battre si ca continue. Je peux pas perdre, pourtant, c’est pas possible que moi, Avril, le jour de mes 20 ans, je perde ce défi stupide ! Si je perds, c’est la fin de tout. De ma réputation. De mes blagues. De mon ironie. De Mme Dubois et du « ma chérie ». Je peux pas perdre tout ca quand même ! Je ne perdrais pas. 

« - Alice, t’aurais pas vu ton amie Marta ? Elle devait me dire comment ca s’est passé avec Vincent, hier soir…

- Hyaaaaaaaaah quelle… »   

« - Un point de plus pour toi, Avril.

- Mouais. Il était facile celui-là.

- …

- Je préfère tes cris.

- HEIN ?

Je rêve, il a tellement trop l’esprit mal tourné… comme quoi, c’est pas parce que c’est un gentil garçon qui a bien appris sa leçon, qu’il est pas un pervers fini.

- Je parle des couinements que t’arraches aux étudiantes. Pas de je ne sais quel exploit que tu réalises au lit ou contre un mur…

- Ah heu ouais.

- C’est tout ce que t’as à dire ?

- Tu veux que j’ajoute quoi ? « Moi je préfère les tiens » ?

- Merci pour la teinte d’ironie flagrante. Tu pourrais être plus fin.

-         Non mais vas-y fais-moi des reproches ! Avril, c’est quoi ton problème ? Je t’ai pas demandé de me dire que tu préférais mes cris, alors soit tu le dis, et t’assumes et tu t’attends pas à ce que je rampes à tes pieds, soit, tu dis rien et t’assumes aussi.» 

J’ai déjà dit qu’il m’énervait ? Oui, moi aussi, je croyais que je n’aimais pas me répéter. Ca devait être avant de le rencontrer.

Il le fait exprès, j’vous jure.        

 

 

 

 

 

 

23h48      

 

Il va m’achever. Plus que 10 minutes.

Et le verdict va tomber. J’ai même plus envie de compter, même plus envie de réfléchir à toutes les « blagues » qu’on a faites en six heures… toutes plus nulles les unes que les autres. Je crois que toutes les filles y sont passées. 

En plus, depuis 22h, y’a presque plus personne à la fac. Juste quelques âmes en peine qui errent à la cafet’ dans l’espoir de trouver du réconfort à parler avec un distributeur… Oui, y’a des gens pires que moi, vous saviez pas hein ? 

Hormis ces gens là, y’a nous deux, Emmanuel et moi, vautrés dans un coin de la cafétéria, sur les canapés. Des épaves de nos multiples et diverses blagues et autres vannes étalées un peu partout.

On a fini par se lasser. Je n’aurais pas cru cela possible. Il a fallu qu’il se la ramène et me prouve le contraire.

On a fini par poser des pièges un peu partout, des seaux d’eau sur la porte des toilettes, mais une seule fille a été douchée, par contre, son cri fut absolument délicieux, un des meilleurs en six heures, et c’est le mien, je domine, je suis puissante, je suis la meilleure, et il va bien le voir dans … 8 minutes. 

En fait, c’est tout le contraire. On a tellement tenté, et c’est pas allé en s’améliorant. Déjà que d’habitude, mon humour ne tient pas trop la route, mais alors là, c’est pire que tout. Lui, il est pas très en forme non plus, mais il réussit encore mieux que moi .Vous pouvez me rappeler pourquoi il s’appelle Emmanuel, lui déjà ? Il a pas des parents cohérents, pas préventifs, le pauvre. Enfin bon, je vais pas commencer à le plaindre, j’ai pas fini sinon hein. 

Le pauvre chéri vous savez, il a eu la varicelle à 16 ans, et du coup, il a pas pu aller en cours, et après en revenant, il était seul et sans amis, il a du se créer une carapace, l’ironie et la verve ont été son arme pour s’en sortir… et bla et bla.

Il m’a raconté sa vie. C’est toujours plus passionnant que de parler avec un distributeur, ou avec l’autre baveux là-bas… 

J’ai peut-être fait pareil, je m’en souviens pas.

J’ai même pas eu besoin de boire, je raconte des conneries sans ca aussi, c’est ca, avoir la classe, c’est inné (et chez moi, selon Mme Dubois ding dong, c’est maladif).    

 

 

 

 

 

 

 

 00h00   

 

C’est fini. Il a gagné. On est le 2 Avril. Et Avril a 20 ans et un jour. 

Avril, elle dort.    

 

 

 

 

 

 

 

 

10h23  

 

 

  Oui, je sais je crains, il restait 3 minutes à tenir, mais j’ai réussi à m’endormir sur le canapé de la cafétéria.

Je sais pas ce que l’autre, il a fait pendant mon sommeil, j’ose même pas imaginer, il a l’esprit mal tourné, on sait jamais…

J’ouvre les yeux, j’ai son pull sur le haut de mon corps. Mes ballerines gisent à terre.

Et lui, il est où ? Je me lève.

Je frissonne, alors je décide de mettre le pull. Il a encore son odeur, mais tant pis. (Ca sent même pas les lentilles)

Mon dieu, j’ai vraiment foutu la merde hier soir non ? Qu’est ce que j’ai bien pu raconter…

Je me prends un café noir. Pas de journal. Je suis pas assez vieille, pas assez conne pour ca, même si vous en doutez (toujours). 

« - Emmanuel ? »

Wow, ma voix est vraiment horrible. Je ferais fuir n’importe qui avec … J’en ferais même couiner certaines, mais je crois que j’ai eu ma dose… 

Comment il fait ? On se demande.

A peine levée, j’arrive déjà à m’énerver contre lui, enfin après, tout dépend du point de vue, c’est de sa faute, ou de la mienne…

Et merde.

On est le 2.

J’ai rendez-vous chez ma psy aujourd’hui. Pas question que je lui montre ces notes. Elle verra rien.

Pourquoi Dubois, elle vient toujours tout casser hein ? J’suis bien là moi, avec mon café noir, un pull chaud qui sent… Hum qui sent quoi au juste ?

Je refuse de croire que quelqu’un d’autre que moi avait raison.

Et puis d’abord, il est parti, l’autre… Emm… 

J’y crois pas ! Depuis quand je l’appelle comme ces couineuses ? Enfin, ca peut toujours être parce que j’aime bien me moquer de lui mais bon, j’ai jamais été douée pour me mentir à moi-même, ca doit être parce que je ne me suis jamais posée la question de savoir si j’avais un inconscient qui me cachait des choses …

Alors quoi ? Il a gagné.

Oh mon dieu, Avril a perdu le 1er Avril. Bah, de toute façon, j’ai vingt ans, plus cinq. Il était temps que je commence à faire mon âge, sinon, ma pauvre maman, n’est pas prête de me marier (J’aime l’ironie).

Quoi qu’il en soit, tant pis pour lui, je garde son pull, et je vais voir Dubois, je vais peut-être réussir à la faire couiner …      

 

 

 

 

________________________________________________________________________________  

­­­­­­­­­­  

 

 

Je vous avais dit un jour, que c’était moi qui écrivait l’histoire et pas vous.

J’ai bien failli croire que je m’étai trompée. Si Emmanuel avait été le fils de Mme Dubois, j’aurais peut-être été autre chose que pucelle à l’heure actuelle.

Mais je vous l’ai dit dès le début.

Je m’appelle Avril. J’avais 20 ans un jour, vierge, ma meilleure amie Leila m’a volé Brandon pendant que je lui faisais un gâteau.

Je crois que ce jour là, ma bonne étoile m’a abandonnée. Ou le dernier lien avec mon neurone s’est brisé …Qui sait ? Pas moi.

Mais ca, c’est pas nouveau. Non.

Mais, en revanche, ce qui l’est, c’est que Mme Dubois et moi, c’est de l’histoire ancienne.

On m’a dit que j’était « guérie » (elle a ajouté un ma chérie c’est génial, quand elle me l’a annoncé). Peut-être que ca vous intéresse, si j’ai réussi à la faire couiner (pour ceux qui comme moi, délirent dans ces eaux là, je vous conseille de parler aux distributeurs, ca vous fait planer), mais c’est pas ce que je voudrais encore communiquer avant d’achever mon « bavoir ».

On m’a dit que j’étai guérie. Comme si je sortais d’une convalescence.

Comme si avoir un humour un peu spécial, être vierge à 20 ans, ne pas aimer les mecs baveux, délirer sur Cendrillon et ses souris couineuses, c’était un crime, c’était pathologique.

C’est plus facile pour eux de croire ca.

Non, bien sûr, penser que Avril, la fille qui a hérité des euphémismes de sa mère est juste « critique » et pas « conforme », ca leur viendrait jamais à l’esprit.

Oui, parce que moi, j’ai beau avoir perdu des neurones, je suis quand même encore plus clairvoyante que vous.  

Je me vois dans l’obligation de préciser, parce qu’il paraît que parfois, je suis difficile à comprendre, ça doit être parce que j’oublie que même si vous savez tout de ma vie, vous êtes pas dans ma tête (ah mais quel soulagement de te l’entendre dire, chérie).

Sachez que, tout d’abord, Mme Dubois a dit le 2 Avril, après avoir bataillé pour pouvoir lire mes notes (nan elles les as pas eues cette…) et s’être prise seulement une petite vanne de rien du tout, que j’était en bonne voie de guérison.

Que voulez-vous, en parler c’est un pas vers la guérison (hé oui c’était même pas de la rigolade au début, comme quoi, faut vraiment analyser tout ce que je dis, on sait jamais, il pourrait s’y trouver le code secret de mon compte en banque, le numéro gagnant du tiercé, le nom de la maîtresse de ton patron… toutes les choses que je dis (enfin j’écris, on se comprend (ou pas d’ailleurs)) (ça c’est ce que j’appelle de la parenthèse !) ne sont pas forcément telles quelles dans la vraie vie, j’ai tendance à ironiser, dramatiser, inventer, prenez-le comme vous le sentez) Mme Dubois (et autres) n’ont pas menti (au moins sur ce point-là !).

En revanche, le point noir (non, pas celui de ton nez (je sais c’est pourri, que voulez-vous, je m’améliore pas)) de cette histoire, c’est l’autre là, qui a disparu.

Il était bien parti, pourtant le nouveau… dire que je porte son pull (oh mon dieu je retire ça, me croyez pas pitié, j’ai rien dit).

Encore une fois, je ne m’améliore pas, toujours aussi naze pour me mentir à moi-même… et dire que j’ai fait une dissertation sur le sujet « Peut-on se mentir à soi-même »… mais qu’en est-il resté ? On se le demande. 

Et puis d’ailleurs, tant que vous y êtes, vous pouvez vous demander s’il reste vraiment quelque chose chez moi … ça vous aidera peut-être à vous endormir, qui sait ?

 

 En ce qui concerne un éventuel Brandon, vous êtes « baisés » si j’ose dire. J’aime pas les surfeurs.

Même si j’en porte le pull et la dent de requin, non ce n’est pas ce que vous croyez, c’est… juste un souvenir. (Et, une fois de plus, je suis nulle pour mentir)

Ce qu’il est advenu de mon lentille man ? Il paraît que j’ai fait des hallucinations. (Il paraît aussi que c’est moi qui dit ça, mais qu’en vrai, il est juste reparti j’n’sais où. N’empêche que ce petit con, il viens fiche la pagaille dans ma vie, et après, il s’en va, comme ça, comme si y’avait jamais rien eu (bon d’accord, y’a jamais rien eu, mais quand même !!))

Que j’était pas bien ce 1er Avril. (Ah ça, si c’était seulement le 1er Avril…)

Vous croyez qui vous ? Moi-même, je ne sais pas, je ne sais plus… (qui croire, j’entends, parce que moi… vu ce que je me raconte à moi-même et ce que j’essaye de vous faire gober (avec succès, pour certain(e)s, je sais)) 

 

 

Je m’appelle Avril, quels sont les mots que je dois croire ?

Je m’appelle Avril, je suis incorrigible.

Je m’appelle Avril, et « l’hallucination » a été la plus belle soirée de ma vie.

Je m’appelle Avril, j’aime pas les surfeurs, mais j’aime son pull.

Je m’appelle Avril, et l’ironie est mon arme.

Je m’appelle Avril, et j’emmerde Mme Dubois et ses 3 cheveux gris (hé oui ma chérie tu vieillis, et même la chirurgie esthétique ne te sauveras pas, cherchez pas, j’ai toujours rêvé de lui dire ca, je l’ai fait, le rêve est devenu réalité).  

Je vous ai dit : FINI tout ça. (Ca, c’était les soirées vulgaires pleines de gens que je n’aimais pas, que je ne pouvais pas voir. Ca, c’était toutes les fois où je me la fermais, parce que bon, l’ouvrir tout le temps, ça a pas que des côtés positifs…)

Avril, ce n’est pas ca.

Non, Avril, c’est moi.

Et rien que ca.

 

 

En veux-tu ? En voilà.     

 

 

 

 

 

Avril, 1er Avril.   

 
     
     
 
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