SWEET TWENTY ONE DRACO Disclaimer : tout appartient à JK Rowling. j'emprunte juste ses personnages le temps d'une fic. Réponse à un défi de Zoomalfoy sur Nawak City. Il fallait écrire un texte sur le thème de l'anniversaire de Draco en incluant les mots ou expressions suivantes : • Pierrade • Autant que faire ce peut • Diarrhée • fixe-chaussette • Pignouf • Carnage • Lentigo (selon hachette : Tache pigmentaire de la peau apparaissant notament chez les personne âgés)
******************************** Ne me demandez pas ce que je fais là, je ne suis pas certain de le savoir moi-même. Ça fait facilement dix minutes que je l’observe et que je n’en crois pas mes yeux. Je devrais être dans mon bureau à m’occuper de mes affaires en cours mais quelque chose m’a poussé ici aujourd’hui. Peut être parce que c’est son anniversaire et que j’ai pensé qu’en de telles circonstances, il allait se révéler tel qu’il est vraiment et montrer à tous ces gens que leur ange blond n’est en réalité qu’une vile ordure capricieuse. Je sais que ma nouvelle position ne m’autorise pas à avoir de préjugés cependant, quand il s’agit de Malfoy, je n’ai jamais été capable de rationalité. J’essaie, autant que faire se peut, de le voir avec les yeux des pensionnaires mais pour moi, il reste une énigme qui me met mal à l’aise. Je n’ai aucune raison d’être ici même si j’ai prétendu le contraire à la directrice. J’ai déjà fait mon inspection la semaine dernière et je n’avais pas besoin d’en savoir plus. Professionnellement parlant, en tant que Ministre de la Réintégration fraîchement débarqué, je n’avais pas besoin d’en savoir plus. Je m’assure que les sorciers qui ont, par le passé, un peu trop sympathisé avec Voldemort sans pour autant tuer en son nom, sont bien intégrés dans la société, qu’ils occupent des postes où ils peuvent aider leur prochain et surtout, qu’ils ne fassent pas de vagues. Malfoy, sous l’impulsion de ce pignouf de Severus Snape, s’est retrouvé ici sans même broncher et il n’a jamais changé de métier. Trois ans qu’il est là. Je suis venu le contrôler une fois. Il n’a pas eu l’air surpris de me voir. Il n’a eu l’air de rien de particulier et c’est en cela que c’est inquiétant. Le commun des sorciers sait que Draco Malfoy n’est pas le genre d’homme à vouloir se faire oublier. Il a à peine desserré les dents, à part pour esquisser un sourire satisfait quand les autres l’ont couvert d’éloges. Ils n’ont plus toute leur tête…Ceci explique cela… J’ai su ce que je devais savoir professionnellement parlant, donc…Cela dit, humainement parlant, il faut que j’en découvre un peu plus, c’est pourquoi je suis ici, à me dire que je ne veux pas vieillir et qu’on a déjà rêvé mieux pour fêter un anniversaire. Il déambule avec aisance dans le grand salon où les pensionnaires prennent le thé accompagné de biscuits, dans un bruit de piaillement qui va me donner la migraine, j’en suis certain. Je ne mange pas. Je ne peux pas. Mes membres tremblent beaucoup trop et je dois attendre qu’il daigne s’occuper de moi. Je fixe mes mains couvertes de lentigo. Elles sont là, je les vois, mais elles ne me servent à rien tant elles sont secouées de tremblements incontrôlables. Je compte mes dents avec ma langue pour passer le temps…Il m’en reste cinq, peut être six. Je tente d’ébouriffer mes cheveux comme je le fais fréquemment mais là aussi, le temps a accompli son carnage bien consciencieusement. Il doit me rester trois poils sur le sommet du crâne, et encore, je vois large. Ça me fend le cœur, honnêtement, de constater les ravages de la vieillesse. Les pensionnaires ne sont pas tous aussi atteints que William – le vieil homme dont j’ai pris l’apparence – et certains sont même plus en forme que moi mais aucun d’entre eux ne pourra plus jamais jouer au Quidditch même s’il le voulait. C’est vraiment triste de voir ses capacités diminuer sans pouvoir rien y faire. Voir ces petits vieux dans cette maison de retraite, avec pour seuls « amis » les membres du personnel, ça me fait mal. Je me sens coupable de ne jamais avoir prêté attention à eux. Et j’ai peur aussi, car ils me renvoient à ma future vieillesse. Malfoy, lui, a l’air à des kilomètres de ces considérations sur la dégradation physique. Le physique, il l’a encore pour de longues années et grand bien lui en fasse. J’admets que si l’intérieur est loin d’être comestible, l’extérieur est plutôt agréable, voire totalement baisable si vous voulez bien me passer l’expression. Oh je vous entends d’ici, crier au scandale parce que Harry Potter est gay. Détrompez vous. Je ne suis pas gay, je suis juste un esthète et Malfoy a beau être d’une laideur sans nom à l’intérieur, il n’en est pas moins sexy avec ses longs cheveux blonds maintenus par deux fines tresses qui se rejoignent au niveau de la nuque. J’ai soif. Je tente de prendre ma tasse mais tout le contenu se répand autour de moi. Putains de tremblements…Putain de vieillesse ! Un médicomage me regarde avec une indifférence teintée de mépris et je me fais la promesse que dès que j’aurai retrouvé mon corps d’homme jeune et influent, il m’entendra chanter la messe dans toutes les langues. Peut être même que je lui mettrai mon poing dans la gueule s’il est sage. « Draco ! Hèle-t-il sans plus m’accorder le moindre regard. William a encore tout renversé ! » Il aurait tout aussi bien pu le siffler, l’effet aurait été le même. Draco ne semble cependant pas atteint par la manière dont le médicomage lui parle. Il se tourne immédiatement vers moi et, en quelques enjambées, il se poste devant moi. Quelle beauté que la promptitude de la jeunesse ! J’en ai marre d’être vieux et ça ne fait que dix minutes. Il fait apparaître une serviette et il essuie délicatement mes mains et mes jambes. « Vous ne vous êtes pas brûlé au moins William ? Demande-t-il avec une lueur de sympathie au fond de ses yeux gris. Je vous avais dit de m’attendre pour manger. » Je suis stupéfait. Il n’y a pas une once de méchanceté dans le ton de sa voix traînante. Il est juste agacé par mon impatience mais ça s’arrête là. « J’avais faim, gamin, dis-je en remerciant mentalement William de m’avoir un peu briefé sur sa relation avec l’aide soignant. Tu en as pas marre d’être là à te faire donner des ordres ? - Faut-il toujours que vous me posiez cette question ? » Apparemment, je n’ai pas été assez briefé… « C’est l’âge. Ma mémoire me joue des tours. - A d’autres, répond-il avec un sourire qui me stupéfie par sa sincérité. Je veux bien vous concéder la tremblote et les diarrhées à répétition, mais mentalement, vous avez toutes vos facultés de vieux roublard. » Je ne peux m’empêcher de rire face à son insolente franchise mais, quand sa main s’approche de mon entrejambe pour l’essuyer, je me mets à prier pour que William ait perdu aussi « cette » faculté là…Je ferme les yeux, je compte jusqu’à trois et je maudis la vieillesse une fois de plus. Alors on est incapable de boire tout seul mais pour se mettre au garde à vous quand un jeune homme blond s’approche de votre entrejambe, là tout à coup, on a vingt ans ! William, je vous hais ! Draco ne semble pas gêné par cette manifestation pourtant gênante. Il n’a rien vu ou alors il l’a trop souvent vu pour y prêter la moindre attention. Il va chercher une autre tasse qu’il porte à mes lèvres. Par Merlin que ça fait du bien. Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais la gorge desséchée. Il coupe un biscuit en deux pour en glisser un morceau dans ma bouche et je me mets à mâcher autant que mes vieilles dents me le permettent. Draco m’observe attentivement et, une fois que j’ai avalé, il trempe l’autre morceau de biscuit dans le thé pour l’attendrir avant de me le donner. Je trouve cette attention tellement peu représentative de l’image que j’ai de Malfoy que j’en suis totalement déstabilisé. Je saisis son poignet et il n’a pas l’air contrarié de voir sa main tressauter au rythme de mes tremblements. « Joyeux anniversaire gamin, déclare-je avec un sourire. On fait la fête ce soir ? » William lui propose cela tous les ans, je ne pouvais pas passer à côté. « J’aimerais beaucoup mais je vais fêter ça avec des amis. On va faire une pierrade puis on sortira danser. - Le programme des réjouissances est alléchant. Tu m’emmènes avec toi ? - Hors de question, vous allez me piquer toutes les belles filles, » plaisante-t-il en essuyant les coins de mes lèvres avec une serviette. Son regard se pose sur un vieil homme assis sur le canapé. Il semble sur le point de pleurer et Draco se dirige rapidement vers lui. Il s’accroupit en face de lui, une main frottant son genou dans un geste réconfortant. « Stan, vous n’avez pas réussi à attacher votre fixe-chaussette n’est ce pas ? » Demande Draco aussi discrètement que possible. Stan secoue la tête et des larmes se mettent à rouler sur ses joues burinées par le temps. Il est révolté et je ne peux que le comprendre. C’est un homme tiré à quatre épingles, qui veut rester élégant mais dont le corps refuse d’accomplir une tâche aussi simple que d’attacher un fixe-chaussette. « Ce n’est rien Stan, poursuit Draco en levant la jambe du pantalon de l’homme. Vous êtes sans conteste le plus altier des hommes de votre âge et j’espère vous ressembler plus tard. » Comme un enfant à qui on aurait promis une friandise, Stan affiche un sourire dément sur son visage et Draco se relève. Il passe de table en table, échangeant des plaisanteries avec les hommes et complimentant les femmes qui en rougissent de plaisir. Il est doué dans son travail, c’est vrai. Il est totalement à l’aise avec le troisième âge et je dirais même – avec stupeur – qu’il aime la compagnie de ces hommes et de ces femmes. Il sait avec lesquels être ferme et avec lesquels se montrer légèrement paternaliste. Il y a en lui une grande douceur qui n’enlève rien à sa virilité. Au contraire même, ça ne le rend que plus fort. Je profite d’un moment où il part accompagner un ancien professeur de Poudlard aux toilettes pour m’éclipser et rendre sa place au vrai William. J’ai vu ce que je voulais et je ne sais plus quoi penser. Le Ministère lui avait donné cet emploi pour le punir d’avoir copiné avec Voldemort. Je pensais aussi que pour Draco Malfoy, nettoyer le vomi et l’urine de personnes âgées était au dessus de ses forces. Et pourtant il le fait avec une motivation qui me stupéfie littéralement. Lorsque je me réapproprie mon corps, je ne peux m’empêcher d’aller sprinter derrière la maison de retraite, juste pour le sentir en mouvement, en pleine possession de ses moyens, puis je retourne au Ministère afin de préparer une inspection sur le lieu de travail de Crabbe. J’ai énormément de mal à me concentrer. Je suis toujours sous le choc de cette heure passée à contempler Malfoy et ma curiosité maladive aidant, je me dis que je verrais bien, vite fait, à quoi ressemblent ses amis. Je sais, c’est idiot mais voilà, je m’appelle Harry Potter et je suis curieux (bonjour Harry.) C’est plus fort que moi, ce n’est pas un vice mais une maladie ! Je vais donc m’asseoir sur un banc en face de la maison de retraite et j’attends patiemment qu’il sorte. Oh je sais ce que vous allez dire. Un Ministre, aussi jeune soit-il, flanqué d’une cape d’invisibilité, ça ne donne pas confiance en ceux qui vous gouvernent et vous avez raison. Mais c’est une question de vie ou de mort parce que si ça se trouve, Malfoy est un ennemi de l’état et c’est cette nuit qu’il projette d’attaquer le Ministère…Avec une Pierrade…Je me hais d’être aussi prompt à inventer n’importe quelle excuse pour justifier le fait que j’aie envie d’en savoir plus et point. Quand il sort enfin – on se fait désirer Malfoy – je le suis jusqu’au chemin de Traverse qui se trouve à deux pas de son lieu de travail. Il s’assoit à la terrasse d’un café et commande un gin avec une tranche de citron. Tout en buvant, il observe les gens qui passent dans la rue. Le spectacle semble beaucoup l’intéresser pendant quelques minutes, puis il se lasse et affiche un profond ennui. Il allume une cigarette – dommage que je soies planqué sous ma cape sinon je l’alignais pour avoir fumé dans un lieu public – puis, une fois qu’il l’a terminée, il se lève. Il entre dans une épicerie où il achète une part de quiche à la tomate. Une seule part pour un anniversaire avec des amis, c’est léger. Il s’arrête devant une petite maison de ville. Sa maison. Il entre et claque la porte derrière lui. Personne ne viendra faire la fête ce soir. Je commence à errer sur le chemin de traverse en tentant de me raisonner vu que je suis à deux doigts de faire une erreur monumentale. En même temps, ça se saurait si je ne sautais pas toujours à pieds joints dans les problèmes. Je fais demi tour et, après avoir réalisé que je n’ai aucune excuse pour me trouver là, je sonne à la porte de Draco Malfoy. Je sonne pour qu’il ne soit pas seul le jour de son anniversaire. Je sonne pour moi aussi, me sentir moins seul. Je sonne car il est une énigme que je veux résoudre. Je sonne parce que ma main a mal de ne pas se perdre dans sa longue chevelure blonde. Fin. Merci d'avoir lu ce petit truc et à bientôt. |