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Chapitre IV

Hermione s’était toujours targuée d’être une personne franche, quitte à blesser quelqu’un. Hermione n’aimait pas mentir, d’ailleurs elle ne le savait même pas. Elle ne l’avait fait qu’une seule fois et Harry lui en voulait.

Cependant, elle était sûre d’une chose. Harry ne lui en voulait pas totalement d’avoir menti, non il lui en voulait d’avoir menti sur Malfoy…Cela changeait tout.

Elle ne se sentait pas particulièrement fautive. Elle avait respecté le choix de son camarade de reprendre sa vie à zéro, et dire à Harry qu’il était dans la même université n’aurait pas aidé Drago, de cela aussi elle en était sûre.

Comme chaque fois qu’elle était dans une impasse, Hermione s’en remettait à sa meilleure amie, même si le sujet ‘Harry’ restait sensible avec Ginny.

« Salut Gin’, merci d’être venue. » La remercia Hermione faisant signe au serveur de venir prendre leur commande.

« Ca avait l’air urgent. » Répondit la rousse en haussant les épaules. « Alors que se passe-t-il ? Tu t’es rendu compte que Blaise n’est pas l’homme qu’il te faut ? » Plaisanta à moitié la rouquine.

« Gin’… » Soupira Hermione. « Je t’ai déjà dit que je ne ressentais plus rien pour Ron… »

Tout compte fait, elle aurait dû donner rendez-vous à Luna.

« Soit, alors que se passe-t-il ? » Demanda Ginny.

Parler de Ron était déjà délicat alors parler d’Harry…

« Je voulais juste déjeuner avec toi. » Eluda Hermione.

Ginny acquiesça faiblement, pas du tout convaincu par le détournement de conversation maladroit d’Hermione.

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Par moment Harry se disait qu’il était un homme faible. Faible. Il n’aimait pas ce mot. Il l’avait tellement entendu. Dans la bouche de Voldemort, dans celle de Severus, même dans celle de Drago. Non décidément, il n’aimait pas ce mot.

Il n’aimait pas être fâché avec Hermione, encore moins avec elle qu’avec Ron. Peut-être parce qu’avec son ami, il avait fallu du temps avant qu’ils ne se reparlent.

Après tout, il avait brisé le cœur de sa sœur, il avait le droit de lui en vouloir. Quand il avait trompé Ginny, il avait eu peur. Lâche et faible. Ce n’était pas prémédité. Loin de là. Cela faisait déjà un moment qu’il ne s’entendait plus avec la rouquine.

Après une énième dispute, il était parti en claquant la porte. Après des heures passées à errer dans les rues, il avait pris une décision. Enfin savoir si les hommes ne le laissaient pas indifférent. En se disant cela, il n’avait pas pensé que sa vie changerait à jamais.

Et puis, il s’était retrouvé dans le quartier de Soho. Côté moldu. Là où il savait qu’on le laisserait en paix.

Un sourire se forma sur ses lèvres en repensant à cela. Il pouvait presque imaginer les gros titres de la Gazette si ce soir là on l’avait surpris.

Mais on ne l’avait pas surpris. Peut-être aurait-il mieux valu. Assis dans un pub, Harry s’était commandé un verre de vin. Il aimait le vin depuis ses années d’études en France, et confortablement installé dans le fond de la salle, il avait pu observer les hommes. Son regard n’était pas déplacé. Il était dans un pub gay après tout. Avant de se rendre compte qu’il pouvait être séduit par certains hommes, il avait eu des préjugés sur cette communauté. Les vestiges de son éducation rigide. Mais cet homme s’était installé à ces côtés et ce soir là…

Il était réellement beau cet homme.  Christian… C’était un souvenir qu’il chérissait. Grand, charismatique. Il avait été envoûté par son charme. L’arrière salle était faiblement éclairée ce soir là, au tout début, il n’avait découvert de lui que des yeux bleus et une main douce. Ils avaient conversé. Harry était très clair. Il doutait de son orientation sexuelle. Le doute s’était vite estompé quand Christian avait posé sa main sur sa cuisse. Mal à l’aise, Harry avait voulu fuir. Et puis le blond, parce que Christian était blond, de ces blonds tirant sur le châtain clair, s’était penché pour l’embrasser, il avait cessé de se combattre. Ce que Christian lui faisait ressentir jamais Ginny n’avait réussi à le faire, devenir dur en un seul baiser.

Ils avaient passé la nuit ensemble. Chez Christian. Timide et anxieux, Harry avait eu peur que le blond ne le force à quoi que ce soit mais ils avaient parlé une bonne partie de la nuit. De la famille de Christian. De l’échec de son mariage parce qu’il avait eu peur d’admettre la vérité. De ses amis qui lui avaient tourné le dos. Mis en confiance, Harry avait fini par parler de Ginny. De sa vie, de ses craintes.

Le reste de la nuit et la journée suivante n’avait été faite que de caresses. Quand il était rentré deux jours plus tard, il avait trouvé Ron et Hermione dans son salon, réconfortant Ginny. Hermione avait été la seule à être réellement heureuse de le voir. Et puis il avait avoué sa traîtrise. Il avait trompé Ginny avec un homme. La jeune femme avait hurlé et pleuré. Ron n’avait pas desserré les lèvres et quand Ginny avait fini par se retirer dans sa chambre, son ami l’avait frappé, lui hurlant des insultes au visage.

Hermione les avait séparés. Hermione avait hurlé. Hermione avait pleuré aussi. Ron était parti, Hermione était restée…

Sortant de ces pensées, Harry se laissa tomber sur la chaise du bureau d’Hermione attendant le retour de son amie. Oui vraiment, il n’aimait pas se disputer avec elle, pas après tout ce qu’ils avaient traversé ensemble. Elle l’avait tellement soutenu quand il avait révélé son homosexualité. Il n’avait pas le droit de lui en vouloir à cause de Malfoy même si maintenant, il comprenait pourquoi elle connaissait Blaise depuis plus longtemps qu’elle n’avait jamais voulu l’admettre.

S’ennuyant légèrement, le brun s’empara du livre posé sur le bureau d’Hermione.  L’ombre noire d’Alan Prince. Il ne l’avait jamais lu mais Hermione elle, le lisait régulièrement. Si son amie aimait autant cet ouvrage pourquoi ne pas commencer à le lire en attendant qu’elle rentre ? Ouvrant le livre, Harry se mit à lire.

Tout avait commencé par une illusion. Celle de ne plus être seul, celle qui lui donnait l’impression d’être entouré. Mais au final, il avait perdu. Oh pas grand-chose, juste une personne, la seule qui l’avait réellement comprise. Sur le coup, il n’y avait pas prêté attention, allant même jusqu’à rejeter la faute sur elle, mais après…il avait compris. Il était seul. Perfide illusion, elle lui avait tout pris.

Que lui restait-il après ce constat ? Rien…

Il avait voulu en finir. Oui, il avait souhaité et tout fait pour que cela cesse. Il avait échoué…lamentablement échoué…La mort elle-même s’opposait à son salut. Alors il avait survécu, donner le change, donner une illusion lui aussi. Le mal était devenu sa nouvelle raison, son épouse dévouée et fidèle. Il ne rendait de compte à personne, pas même à lui. L’humain n’existait plus. Il était devenu une ombre aux yeux de tous, à commencer par les siens. Il était l’ombre noire…

Sursautant légèrement en entendant la voix de Drago dans le bureau d’Hermione, Harry baissa le livre étonné de trouver le blond dans le bureau de son amie et en Angleterre. Il l’avait cherché de partout !

Se figeant en apercevant Harry, Drago incendia le brun du regard avant de poser ses yeux sur le livre qu’Harry tenait toujours en main. Un éclair de surprise mélangé à de la gêne traversa les iris gris du blond. Alors qu’Harry allait parler, le blond alla s’allonger sur le canapé du bureau d’Hermione, l’ignorant royalement.

Résigné, Harry regarda Drago quelques secondes avant de se replonger dans le livre.

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« Harry ! Drago ! » S’exclama Hermione en retirant son manteau. « Vous ne vous êtes pas entretués j’espère ? » Demanda la jeune femme, une pointe de suspicion dans la voix.

Harry se mit à rire tandis que Drago levait les yeux au ciel. Ces maudits gryffondors. S’entretuer avec Potter ? Il avait passé l’âge mais Hermione semblait croire qu’il était incapable de pouvoir se contrôler quand le brun était dans les parages. Bon il était vrai qu’il avait eu envie de frapper le héros en le voyant et ensuite de lui faire avaler les pages de son propre livre, mais tout de même, il savait se tenir !

« Bien que puis-je faire pour vous ? »

« Et bien je… »

« Je ne peux pas rester trop longtemps. » Coupa Drago. « J’ai déjà trop tardé. Dis-moi juste à quelle heure lundi. »

« Alors tu acceptes ?! » S’exclama Hermione soudain excitée comme une puce. « Merci Malfoy ! Tu verras ça va être génial ! »

« Ouais ben tâche de tenir ta bande d’adolescents, c’est tout ce que je te demande. » Grommela Drago se dirigeant déjà vers la porte. « Et donc l’heure ? » Lui rappela Drago

« Disons 9H mais tu n’es venu que pour cela ? » S’étonna Hermione. « Tu as traversé tout…enfin tu voulais autre chose ? » Se reprit la brunette en voyant le regard noir du blond.

« C’est privé, je t’appelle plus tard. » Lui apprit Drago avant de quitter définitivement la maison.

Encore sous le choc de la conversation surréaliste dont il venait d’être le témoin, Harry mit plusieurs minutes avant de comprendre qu’Hermione lui parlait.

« Tu fais quoi lundi avec Malfoy ? » Demanda finalement Harry.

« Heu…c’est personnel… » Bafouilla Hermione mal à l’aise.

Bien qu’irrité, Harry hocha les épaules avant de présenter ses excuses à Hermione. La jeune femme ne lui en voulait pas, c’était tout ce qui comptait.

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