10-Agent zéro

Je ne sais vraiment plus quoi faire ! Je suis désespérée à tel point que je me sens toute... Toute déboussolée ! Je vais finir par me tailler les veines... Je sens mon heure arrivée ! Non c'est pas vrai, vous en faites pas pour moi, tout va bien. Mais je ne sais vraiment plus quoi faire pour attirer l'attention de cet incroyable apollon ! Je ne sais exactement plus quoi ni comment faire pour qu'il m'invite à ce bal alors que justement la date avance à une allure fulgurante ! C'est demain soir, J'en ai les mains moites tellement je stresse ! C'est tout mon avenir qui est en jeu !

Je me frotte le front sèchement en direction de mes deux fidèles compatriotes. Je soupir bruyamment pour attirer leur regard vers moi, mais apparemment, elles n'ont pas l'air d'avoir remarqué ma présence. Alors je soupir de nouveau en prenant une mine triste. Je me retourne vers elle, puis me détourne, me retrouvant ensuite dos à elle, et je commence à tousser fortement, puis à soupirer une nouvelle fois. C'est à ce moment là que Léna me demande clairement :

-Qu'est-ce qui va pas ?

Je pose mon regard sur elle, puis soupir encore une fois, la tête baissée et les bras ballants.

-Bon, laisse la dans son cafard... Oui donc je disais...

Mais qu'est-ce qu'elle fait Marjolaine ? C'est la première fois qu'elle me fait ça ! Bon, je croise enfin les bras, attendant une nouvelle attention de leur part mais en vain.

--hé oh ! Je suis là ! Je souffre atrocement ! Je suis dans une mauvaise posture en ce moment !

Mais au lieu de me rassurer, les deux filles me regardent avec un air d'ahuri. Marjolaine hausse un de ses sourcils, quant-à Léna, elle écarquille les yeux, consciente que si elles ne font rien, elles risquent de me contrarier sérieusement. A ma grande surprise, tout ce que Marjolaine réussit à me dire c'est :

-Quoi ? Dans une mauvaise posture ? Et avec Pierre alors ? T'étais aussi dans une mauvais posture ? hein ? Oh je suis terriblement navrée mais je crois bien que je me suis mal positionnée, j'ai une crampe à la jambe et j'ai le doigt coincé dans le...

-Suffit ! Je m'emporte assez facilement sur ce coup-là. Non mais où vont-elles chercher tout ça ? Et au fait, comment tu sais ça toi ?

-Tu sais, on est au courant de tout ! On te surveille 24h/24, 7j/7, on est des agents secrets et qui sait, on est peut-être même cachée dans ton placard ! S'exclame Léna tout sourire.

-Euh, oui ça non mais tu veux ton Léo ?

Je commence à peine à lever un bras et à ouvrir la bouche que Marjolaine me coupe brutalement.

-Non, pas la peine de répondre ! Et tu sais ce qu'on va faire ?

-Euh... non quoi ?

-Rien justement ! Parce qu'on a pas de plan... Mais on va trouver.

Après ces derniers mots, elles se mirent à pouffer et s'en vont je ne sais où. Je n'ai absolument rien compris mais je veux ne plus y penser tellement exacerbée par tous ces mauvais moments passés. D'ailleurs, je préfère aller me rafraichir un peu en buvant l'eau de la fontaine.



Point de vue externe :



Léna et Marjolaine regardent à chaque recoin du couloir, voir si quelqu'un les observe. Mais cela semble évidemment vu que ce couloir est bombé ! Les deux adolescentes se précipitent aux casiers les plus proches, enfin elles s'adossent à un casier en particulier, comme si elles ne voulaient pas qu'on sache lequel. Marjolaine se retourne alors, et sort un bout de papier de sa poche. Elle jette un dernier regard à cette feuille jaunie avant de le glisser par le trou du casier. Mais avant même qu'elle ait atteint le casier, Léna l'arrête subitement et lui crie presque aux oreilles :

-Attends ! t'as oublié de mettre le cœur !

-La ferme ! Gueule moins fort ! Et puis c'est pas moi qui l'ait faite cette lettre !

-Ah bon ? Ah bah ça doit être moi alors, attends, passe, je vais le faire.

A cet instant, Léo s'approche dangereusement des casiers. Quand Marjolaine s'en aperçoit, elle arrache vélocement la lettre que tenait Léna pour ensuite la faire glisser du bout des doigts dans le casier. Puis elles s'empressent de disparaitre de la vue de Léo. Tout en espérant qu'il n'ait rien remarqué, enfin si à part la lettre. Les deux filles le surveille du coin de l'œil, cachées derrière un groupe d'élèves. Léo ouvre son casier, mais fait tomber la lettre. Il a pas l'air de l'avoir aperçu. Léna et Marjolaine sont exaspérées, si bien que Léna souffle un bon coup avant que Marjolaine la tire vers elle. Toutes deux suivent d'un regard minutieux chaque pas de Léo, jusqu'à ce qu'il s'arrête près de trois élèves, qui lui disent bonjour. Il finit ensuite par discuter longuement avec eux et pose enfin son sac à terre. Léna se tourne vers Marjolaine :

-Bon, très bien, passons maintenant au plan B !

-On a pas de plan A, comment veux-tu qu'on ait un plan B ?

-Bah, je sais pas, ça fait toujours classe de dire ça...

Marjolaine lève les yeux au ciel, puis s'avance tout doucement vers la personne désirée. Enfin, plutôt vers le sac de celle-ci. Les mains derrière le dos, elle cache à nouveau la lettre que Léna avait récupéré tantôt. Puis elle la dispose discrètement dans le sac, en essayant de faire le moins de bruit possible. Mais c'est déjà très tard : Tous les regards sont posés sur elle, alors celle-ci tente désespérément de se faire bien voir par la bande de garçon ici, présents :

-Euh... Non non je ne fouille pas dans tes affaires Léo, c'est juste que t'avais oublié ceci, et lui montre la lettre qu'elle tient dans ses mains.

-Mais... C'est pas mon sac ça ! C'est celui de Chris. Mon sac, il est là.

En effet, il était juste à ses pieds. Elle s'aperçoit qu'elle s'était trompée de personne. En même temps, en restant accroupie, elle ne pouvait pas distinguer très nettement la personne en face du sac. Mais juste à ce moment là, alors que Marjolaine était restée figée sur place, il reprend d'une voix qui se voulait douce :

-Bon, et bien, merci !

Il s'empare de la lettre, et se met à la lire à voix basse (ouf, se dit Marjolaine). Tout ce que Léo trouve à dire, c'est son fameux "hein hein" dont personne ne sait à quoi il pense, surtout à ce moment.

-Mais si Nina voulait sortir avec moi, elle n'avait qu'à le dire plutôt ! Faites lui passer ce message : Demain soir, je veux qu'elle porte ses fringues les plus sexy d'accord ?

A la fin de ses dires, il fait un clin d'œil aux deux amies de Nina puis reprend fièrement sa conversation avec ses potes.