2-Une horrible demande

Lundi (je ne sais plus la date désolé)

Chère journal... Je devrais peut-être arrêter de dire chère journal, je trouve ça pitoyable. Déjà que je me suis rabaissée à seulement rédiger un journal intime, la poisse ! Mais s'il n'y a que ça pour m'occuper...

Je ne vais pas vous dire tout ce que j'ai dû faire pour me préparer ce matin, c'est un peu comme toutes les filles, on se maquille, on se met une tonne de peinture sur le visage pour ainsi séduire les beaux garçons... Mais bien sûr, il n'y a que moi qui puisse le faire, étant belle, populaire, plein aux as... Que demander de mieux ? Ah si, juste une villa et une décapotable que je n'ai pas encore.

Hier soir, l'appel de Pierre m'a travaillé l'esprit, que me voulait-il ? Une fois arrivée au lycée, j'hésite entre éviter mon "prince charmant" ou alors le laisser débiter tout ce qu'il devait me dire. Je ne suis pas très curieuse sur ce point là, surtout quand il s'agit des paroles de mon petit copain, rien n'avait plus d'importance que... Moi. Dit comme cela, on pourrait croire à un égocentrisme de ma part, mais ce n'est pas de ma faute si les autres n'ont d'yeux que pour moi et si je suis aimée de tout le monde.

Tiens, en parlant du loup, voici mon chéri, en train de courir comme une furie vers moi, les bras se balançant dans tous les sens. Le voyant se rapprocher, je fais mine de ne pas l'apercevoir mais c'est bien trop tard... Malheureusement, il est déjà à ma hauteur, ses deux mains posées sur chacun de ses genoux respectifs. Il est complètement essoufflé, à croire qu'il a couru le marathon.

Il met une main levée vers moi comme signe d'apaisement mais aussi pour me dire de me calmer... Si moi je dois me calmer, alors je suis un stroumpf. Enfin, il se lève, et plonge son regard dans le mien. C'est vraiment touchant. Mais.. Tout le monde s'en fiche.

-Nina..., à ce moment là, il commence à se mettre à genoux, en prenant soin d'agripper ma main avec ses deux mains. Il souffle un grand coup, puis soupir bruyamment avant de reprendre.

-J'ai jamais osé te dire ça mais...

Non, Pierre, fais moi plaisir, ne va pas plus loin. Je crois que je rougis légèrement. Je ne désire pas entendre la suite.

-J'espère qu'il y a au moins un mort ou presque pour que tu me demandes en mariage !

Sans m'en rendre compte, je pose mes deux mains sur ma bouche instinctivement. J'ai fais une grosse gaffe. Pourquoi avoir dit ça ? Je me sens toute honteuse à présent. Quelle horrible sensation ! Après ce passage là de la journée, je n'oserai plus jamais remettre les pieds au lycée. Ma vie est foutue ! (Et mon régime par la même occasion)

Sérieusement mais qu'est ce qu'il fait ? Je surveille les alentours pour voir si personne ne nous regarde...

Malheureusement, un groupe d'une vingtaine de personne nous dévisage. Non, je n'aime pas ça ! Bon, d'accord, j'adore normalement ce genre de situation, quand tout le monde t'admire parce que t'es une "star" mais là, c'est différent, je me sens gênée. Non ! Que Dieu me pardonne si je commets un meurtre !

Je sue, je sue ! Une gigantesque goutte de sueur perle sur mon front. J'ai l'impression que tout le monde me regarde, pourquoi moi ? Pourquoi aujourd'hui ?

Les autres élèves me toisent toujours du même regard accusateur et moqueur. Quant à Pierre, je n'ai pas l'impression qu'il sait dans quelle situation il est en train de me mettre là. Je le considère un instant : Il me soulage de ses mains grasses pour venir les mettre derrière son dos, dans une de ses poches arrières plus précisément.

Non, Pierre, évite de sortir ce que tu vas sortir, pitié. J'ai encore toute ma vie devant moi. Presque par réflexe, je ferme les yeux. Puis j'en ouvre un seul. Et, à ma grande surprise, ce n'est pas ce que je crois mais je me sens toujours aussi honteuse. J'écarquille les yeux, la bouche semi-ouverte. Je suis médusée par tous ces évènements.

-Et bien, voila, je suis vraiment dans la merde pour vendredi soir ! Tu me conseillerais quoi ?

Mon copain a deux cravates différentes dans chacune de ses mains. Mais c'est pas vrai ! A ce moment là, je sens comme un poids énorme s'en aller, mais je sens que ça va me rester sur la conscience. Je distingue même quelques "pff" ou des "trop de la merde" derrière moi, puis des pas qui s'éloignent. Ouff

Pierre se lève doucement et s'avance vers l'ascenseur le plus proche de nous pour admirer son reflet dans la glace. Un reflet déformé par les formes de l'ascenseur. Quelques grimaces ainsi que des sourires niais se dessinent sur son visage enfantin... Mais tellement sexy.

-Choisir entre un gnome poilu ou un marsupilami vert, je préfère me jeter d'un balcon de 4 étages

Mais bien sûr, je ne le ferais jamais, je suis bien trop importante aux yeux de beaucoup de personnes.

-D'accord, je prends la verte ! Merci, tu m'as été d'une grande utilité

-La verte ? oui, parfait. Tant que tu restes sexy