Il devait être trois heures du matin, tout Poudlard s’était endormi. Le parc était silencieux. Et il n’y avait qu’un bruit que l’on pouvait entendre, si on faisait attention, celui des larmes qui touchaient le sol. Dans la tour d’astronomie, Harry pleurait. Les cauchemars l’avaient saisi. La sensation d’étouffer était devenue si forte… Et ses sanglots étaient depuis si longtemps refouler. Il craquait. Ses nerfs ne tenaient plus. Il se savait faiblir et ne devait le montrer à personne… pour ne pas les inquiéter. Et ses meilleurs amis étaient si heureux… qu’il n’avait pas le droit de tout gâcher. Alors, il prenait sur lui, il souffrait. C’était si dur par moment, si angoissant. La vie de milliers de personnes dépendait de lui, de ses actions, de sa force… Dans ces moments là, il pensait qu’aucune de ses qualités n’était sienne. Et encore ses images, ses enfants décapités, ses cris de douleur, et tout ce sang… trop de sang. Il n’arrivait pas encore à croire que ses propres mains en étaient tâchées. Alors il pleurait pour ses vies perdues, ses avenirs souillés, ses innocences bafouées. Il pleurait pour effacer ses peurs, se ressaisir, être plus fort, être celui que tous attendait. Car il n’avait pas le choix, il devait le devenir, être ce sauveur le célèbre Harry Potter et non plus Harry, un adolescent, un élève. Il n’avait pas le droit au répit, aux baisers, à l’amour, juste aux tortures, aux cris… à la Mort. Il dansait un ballet avec elle depuis tant d’année qu’il se demandait pourquoi elle ne l’avait pas embrassé depuis, que son souffle froid glace son cœur, et qu’il gagne le repos. A quoi bon rester en vie ? Son existence… se résumait à Voldemort. Le tuer, oui, mais après ? Il n’y avait jamais pensé et il ne pouvait pas l’imaginer. Depuis toujours, il n’avait qu’un but, mettre fin à la vie de ce monstre. C’était son unique but. Il n’avait jamais pris le temps pour faire autre chose, pour penser à lui. Il y avait le Quidditch, mais… il aimait bien voler, c’était tout. Il ne voulait plus être le centre d’attention de tous, et lorsqu’il attrapait le Vif d’or, il le devenait. Cela le gênait, le blessait presque… Il n’y avait qu’une raison pour laquelle il n’avait pas arrêté : Drago Malfoy. Lorsqu’il se saisissait du vif d’or, les yeux orages se posaient sur lui, le fixaient, le détaillaient, le fusillaient. Peut-être étaient-ils chargés de colère, de haine, mais au moins, pour le jeune homme aux cheveux blonds , il redevenait visible. C’était dans ces moments-là qu’il se sentait exister… Surtout depuis que le Prince des Serpentards l’avait surpris dans le parc, il s’était mis à l’ignorer. Il ne répondait plus ni aux piques, ni aux coups. Il ne le regardait même plus. C’était absurde de se mettre dans un état aussi pitoyable pour cela, surtout après les visions qu’il recevait de Voldemort, mais c’était tellement… normal comme sentiment. Il avait l’impression d’être monsieur tout le monde. C’était sûrement une des raisons d’ailleurs pour laquelle il s’accrochait aussi désespérément à cet amour.

Il ferma les yeux, une nouvelle image. Une enfant de dix ans… Encore un an, et elle aurait gagné Poudlard et sa sécurité. Son regard, si vide, et les quelques larmes sur ses joues. La culpabilité le rongeait de nouveau. Et cette voix dans sa tête qui lui ordonnait d’arrêter de pleurer, de s’entraîner, car sinon, il y aurait toujours plus de morts, et qu’il n’avait pas à s’accrocher à un sentiment pour être normal, qu’il ne l’était pas, qu’il ne le serait jamais. Que cette faiblesse était responsable de nouvelles pertes… Il se détruisait, il le savait bien, mais ne cherchait plus à lutter contre ses idées noires. Il se disait que cette petite voix avait raison et que le futur mangemort arrivait à le tuer à petit feu, que si cela continuait Tu-Sais-Qui allait vaincre…

Il se releva, vacillant. Ses jambes tremblaient. Il était si fatigué… et il ne mangeait presque plus, par dépit amoureux ou par culpabilité… parfois les deux. Il avait l’impression que chaque instant ne devait lui servir qu’à s’améliorer, s’entraîner. Il devait sauver les autres tant qu’il le pouvait encore, car lui, c’était peine perdue. Harry Potter disparaîtrait avec Lord Voldemort, que ce soit par un Avada Kedavra, ou par la fuite dans le monde moldu. Personne ne le retrouvait.

<< Potter, qu’est-ce que tu fais là ? >>, demanda un préfet en chef d’une voix lasse et traînante.

<< Au moins, tu n’es plus dehors, tu ne risques pas de tomber malade. >>

Un peu d’espoir. La flamme s’éteint bien vite.

<< Ce serait dommage non ? Alors que tous comptent sur toi.

<< Mais… c’est qu’il pleure ! Alors Potty, ta maman te manque ? Oh ! Qu’il est mignon le petit.>>

Il ne répondit pas, baissa la tête. Le voilà à rougir à cause du mot " mignon " et pourtant, le ton était moqueur… Il dépassa son ennemi et avant de sortir, il murmura :

<< En temps que Mangemort, tu devrais le savoir non ?

Il ne répondit pas. Beaucoup trop d’espoir… Un sourire goguenard gagna son opposant.

<< Vois-tu Potty, tu ne sais rien…

Pourquoi es-tu venu ?, le coupa-t-il durement

Pour te parler, voyons, comme des gens civilisés.

La dernière fois tu as retiré 20 points aux Gryffondors.

J’aurai pu en retirer plus, preuve de ma bonne volonté. Et puis, je t’ai laissé plutôt tranquille non ? Je n’ai même pas insulté ta chère belette et ta bien-aimée Sang-de-Bourbe.

Tais-toi.

Vois-tu… >>

Il n’en pouvait plus de l’entendre. Et pourquoi voulait-il lui parler ? Pourquoi ? Trop d’espoir, beaucoup trop ! Et ses images, ses flashs ! Il n’en pouvait plus ! Il avait besoin de calme, de respirer ! Il se sentait de nouveau étouffer ! Et pourquoi Malfoy continuait de parler ? Pourquoi ce regard moqueur ? Son cœur battait si vite ! Il avait besoin de s’échapper !

<< Voldemort. >>

Il avait dit cela doucement, pour ne pas montrer son trouble. Cela avait suffi à imposer de nouveau un silence, lourd et pesant… mais sans interrogation, sans ce chaos qui régnait en maître l’instant d’avant dans son esprit. L’autre tressaillit et le fixa, les pupilles dilatées par l’effroi.

<< La prochaine fois, tais-toi quand je te l’ordonne. >>

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Honte à moi, j'ai oublié de préciser (même si tout le monde le sait mais je devais le faire) : l'univers de Harry Potter n'est pas à moi et ne le sera jamais, il appartient à J.K.Rowling. Excusez moi pour cet oubli.