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Courir sur les nuages
Par Koalamutant
Harry Potter  -  Romance/Général  -  fr
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    Chapitre 16     Les chapitres     18 Reviews    
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Avril Mai

Chapitre 16 :

Avril Mai

Bon j'ai longuement hésité pour ce chapitre, vu que j'ai changé la fin à la dernière minute. Je pense que certains ne seront pas très contents, après tout quand on lit une fiction on s'écrit la fin dans sa tête... Enfin, j'ai fais ce que j'ai pu, parce que j'ai commencé cette fiction il y a un moment et qu'entre temps on change.

Merci pour vos encouragements ! Vous êtes adorables.

Bonne lecture :)

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Dans le passé

Premiers au revoir

29 Août 1998, Londres Heathrow

Harry jeta un regard attentif à Draco qui se tenait bien droit, un sourire narquois aux lèvres. Il remarqua cependant la nuque un peu raide, les mains tremblantes. Draco avait toujours trompé tout le monde, sauf lui.

- Bisous, Dray ! S'exclama Gabriel en se jetant dans les bras du Serpentard.

- Ne m'appelle pas Dray, siffla aussitôt ce dernier.

Mais l'autre n'en avait cure et lui adressait son plus beau sourire.

- Tu vas me manquer même si t'es un putain d'emmerdeur, dit-il.

- Dois-je prendre ça pour un compliment ?

- Prends-le comme tu veux, mais surtout prends soin d'Harry.

- Toujours aussi fin à ce que je vois, fit Draco d'un ton froid.

Gabriel lui sourit de nouveau et se tourna vers un Harry qui avait déjà les larmes aux yeux - comme un putain de poufsoufle, songea Draco-.

- Allez Harry ! Sois pas triste ! Tout va bien se passer à Poudelor ! Fit-il en prenant le brun dans ses bras.

Draco frémit. Putain de moldu.

- Poudlard, Gaby, fit Harry en souriant.

- Bordel, que ces syllabes anglaises sont difficiles à prononcer !

- Ne nous joue pas la carte du mec exotique, ça fait 10 ans que tu vis ici, intervint Draco en haussant un sourcil.

Gabriel se tourna vers lui et tendit un doigt devant le nez du Serpentard.

- Toi, t'as intérêt à veiller sur lui à Poudlor, sinon ça va barder !

- Oui, comme si un moldu comme toi me faisait peur.

- Ça suffit, vous deux, soupira Harry, amusé malgré lui.

Bordel, ça allait lui manquer.

- Vous devez promettre de venir me voir au Vietnam, lança le russe, l'air sérieux.

- On viendra. C'est promis, répondit le Serpentard, surprenant ses deux interlocuteurs.

Harry lui lança un regard surpris mais Draco haussa les épaules, l'air de dire "C'est ton ami, non ?".

- Alors ce n'est qu'un au revoir ! S'exclama Gabriel, ravi. Da svidania, les amis !

Harry agita la main avec énergie en tentant de ravaler ses larmes tandis que Draco se contentait de sourire.

- Il va me manquer, murmura le brun.

- Dès qu'il te manque et que tu as envie de le revoir, Potter, pense à la fois où ils nous a traînés au pied de la mauvaise montagne, répliqua Draco avec un sourire crispé.

- Putain t'es con !

- Avoue que c'est efficace.

- C'est vrai, répondit le Gryffondor en enlaçant le blond.

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Dans le présent

Istanbul, 7 Avril

Auberge de Jeunesse près de la Tour Galatée

- Oh putain. Oh bordel de merde. Nom d'un hippogriffe transsexuel.

Blaise grimaça – Merlin, que les Gryffondors ont des expressions dégoûtantes – et Ron se laissa tomber sur le lit. Il avait envie de vomir. Ou de mourir. Ou les deux.

- Qui a fait ça ? Dit Blaise d'une voix tremblante. Est-ce que tu crois que... que c'est quelqu'un de ma maison ?

- Je ne sais pas... Bordel, Zabini, il faut être franchement taré pour faire ça. Je sais à quel point ce sortilège peut mal tourner... Les dégâts qu'il peut causer ! Je veux dire, tu as vu Lockhart... bordel, qui détesterait assez Harry pour lui faire un truc pareil ?

Il s'interrompit, écarquilla les yeux et poussa un cri plaintif.

- Oh Merlin ! Je suis tellement con ! Ils étaient ensembles, n'est-ce pas ? Ils étaient ensembles, avant... L'Oubliette, ou l'accident ? Oh bordel ! Attends, en fait, en y repensant, Harry n'était jamais disponible durant notre année sabbatique... Il avait toujours un prétexte pour ne pas venir au Terrier...

Blaise l'observa, se souvenant de sa propre réaction quand il avait compris. Quand il avait mis le doigt sur l'abominable vérité : Potter et Draco. Ensembles. L'un sur l'autre, et pas pour se donner des coups de poing.

- Toujours à traîner chez lui, à refuser nos invitation, mais Hermione me serinait pour que je le laisse tranquille...

Il fronça le nez et imita la voix de sa meilleure amie :

- "Harry a besoin de se retrouver, Ron ! Il doit faire le point !C'est bien qu'il passe du temps hors du monde magique, il a besoin de se reconstruire une identité. La mort de Tu-sais-qui marque la fin d'une partie de lui...

Blaise esquissa un sourire. Granger était redoutablement intelligente, mais elle n'avait visiblement pas encore trouvé le livre qui l'aiderait à obtenir un Optimal en relations humaines.

Ron sursauta soudain :

- Et il a refusé de venir à la Coupe du Monde de Quidditch...

Il fronça les sourcils et haussa le ton :

- Si ça, ce n'est pas louche !

Blaise éclata de rire.

- On doit faire quelque chose ! S'écria Ron, les poings sur les hanches.

Le Serpentard le toisa quelques secondes, puis soupira.

- Ecoute, Weasley... J'avais promis à Lovegood de rien dire, mais...

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Ron accepta le verre d'eau que lui tendait Zabini. S'il était certain de quelque chose, c'est qu'on ne s'ennuyait jamais avec Harry. Son meilleur ami avait fait de sa vie une aventure constante.

Mais Ron avait eu son quota d'excitation et de mystères pour une vie entière. Et Harry méritait d'être heureux – bordel, Ron tuerait de ses propres mains quiconque se mettrait en travers de son bonheur-.

Certes, Harry avait brisé le cœur de sa sœur – une nouvelle fois- et avait prouvé qu'il pouvait se comporter comme un parfait connard, parfois- mais Ron le savait déjà, après tout il dormait dans son dortoir-. Harry n'était pas un Saint. Et Ginny avait souffert. Tellement souffert.

Mais Ron aussi avait été un véritable salaud. Et Harry lui avait pardonné.

Il faisait partie de Ron, maintenant. C'était trop tard pour reculer. On ne s'arrache pas une jambe, ou un bras. Harry avait fait de Ron la personne qu'il était devenue. Et quand on s'en prenait à Harry, on s'en prenait à lui.

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- Où tu vas comme ça ? S'exclama Blaise en accélérant le pas.

- Je vais lui dire la vérité ! Répliqua Ron.

- T'es malade ? Il va disjoncter ! T'imagines la situation inverse ? Il se pointe et il te dit que t'es amoureux de Draco ?

Ron frissonna.

- Il va croire que tu te moques de lui, Weasley !

Le roux se tourna brusquement et dit :

- Non, tu sais pourquoi ? L'autre jour, Harry est venu me voir pour me dire qu'il était amoureux de Malfoy. Qu'il rêvait de lui tout le temps, qu'il fantasmait sur lui. Il pense même que le truc gris informe qu'il trimbale partout – tu sais, ce doudou ?- c'est un pull à Malfoy. Je crois qu'il pense que ton pote est un gros homophobe qui a compris que Harry est amoureux de lui – il l'a entendu dire son prénom dans son sommeil à l'infirmerie- et qu'il est dégoûté par la situation. Donc je vais lui dire la vérité. C'est mon meilleur pote. J'ai pas été capable de le protéger. Je lui dois bien ça.

Foutus Gryffondors !

- Attends, Weasley ! Et Draco ? Il voue une haine féroce à Potter depuis quelques mois – depuis le Nouvel An, en fait-. Il a dû se passer quelque chose entre eux. Est-ce que tu réalises que c'est peut-être Draco qui a lancé l'oubliette à Potter ?

Ron écarquilla les yeux :

- Il... Pourquoi est-ce qu'il ferait ça ? Je veux dire, c'est complètement fou !

- Et tu penses qu'un gars comme Draco ne peut pas devenir fou en amour ?

- Pour te dire la vérité, je ne pense pas que Malfoy soit physiquement capable d'aimer quelqu'un. Et à mon sens il est fou, et ce depuis des années. Pas besoin d'amour pour ça !

Blaise éclata de rire et Ron secoua la tête, dépité :

- Oh... je suis complètement perdu.

- Je visualise tellement Draco dire quelque chose comme "Si tu n'es pas à moi, tu ne seras à personne". Je l'ai toujours trouvé très intense dans ses amitiés, alors en amour... Marmonna Blaise, perdu dans ses pensées.

Ron fixa son camarade, attendant visiblement qu'il prenne une décision. Celui s'en aperçut et dit :

- Ecoute... il faut qu'on se pose et qu'on examine la situation !

- C'est tellement Serpentard comme réaction ! Ne risquons rien, observons ce qu'il se passe !

- Très bien ! Soupira Blaise, exaspéré. Va dire à Potter qu'en fait Draco et lui baisaient peut-être comme des lapins avant de se prendre un Oubliette qui a peut-être été lancé par on ne sait qui, peut-être alors qu'ils étaient d'accord ! Qu'est-ce que tu en sais qu'ils ne se sont pas séparés violemment et qu'ils n'ont pas demandé à quelqu'un d'effacer leurs souvenirs ? Ça ressemble tellement à Draco !

- Mais ça ne ressemble tellement pas à Harry !

- Parce que le Harry que tu connais pas cœur coucherait avec Draco, en premier lieu ? Sans te le dire ? A toi, son meilleur ami ?

Touché.

Ron s'assit sur un trottoir, dépité. Où était Hermione quand on avait besoin d'elle ?

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Malgré ses nombreux "Efforts Exceptionnels" dans cette matière, les potions ne semblaient pas être le point fort de Blaise.

- Non, Weasley, stop avec les potions, que ce soient de désinhibition, de désir, ou je ne sais quoi. C'est la deuxième fois que ça conduit à des catastrophes. Ecoute. On retourne à la soirée et on essaie chacun de notre côté de cerner ce qu'il se passe. On ne peut pas agir sans avoir tous les éléments en main, OK ?

Ron hocha la tête. C'était toujours Hermione qui prenait les décisions. C'était cool que Blaise soit là pour lui dire comment réagir.

Lui était incapable de penser en ce moment.

Ils marchèrent en silence et Ron pensa à toutes les fois où Harry avait croisé Malfoy et ne l'avait pas provoqué. À toutes les fois où il partait "faire un tour" avec sa cape d'invisibilité, après le couvre-feu. Toutes les fois où il ne dormait pas le dortoir, prétextant avoir envie d'être seul pour dormir dans la salle sur demande. Toutes les fois où Ron avait dit du mal de Malfoy et où Harry n'avait rien répondu. Toutes les fois où Hermione et lui s'étaient isolés pour avoir un moment d'intimité, et où Harry n'avait pas bronché.

Il pensa aux nouvelles lunettes que son meilleur ami avait un jour arborées. Aux chemises, pantalons, chaussures étonnamment chics qui se trouvaient dans son armoire. À son journal intime qui avait mystérieusement disparu. À ce putain de cognard qui avait dévié et avait foncé sur l'attrapeur de l'équipe, au lieu des poursuiveurs...

Merlin... Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Comment avait-il pu laisser son meilleur ami seul face à la découverte de sa sexualité ? De son amour pour -bordel- Malfoy ?

Il avait été gêné, c'est vrai. Il avait accepté direct ce nouvel aspect de Harry, mais il ne savait pas comment réagir. Harry était le premier gay que Ron rencontrait, et puis dans son esprit c'était étrange qu'Harry aime tout à coup les hommes, parce qu'il avait eu cet énorme béguin pour Cho, puis il y avait eu Ginny... et Ron s'était éloigné, imperceptiblement, sans même s'en rendre compte, parce qu'il ne savait pas quoi faire, quoi dire...

Parce que c'était nouveau et que Ron pensait qu'après la Guerre, sa vie serait paisible.

Parce que c'était Harry, son meilleur ami, et que jusqu'ici, Ron avait été le seul homme dans sa vie.

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Quand ils arrivèrent, les trois professeurs de Poudlard étaient sur place, et les étudiants étaient tous regroupés autour de quelque chose.

Bordel, ils n'allaient quand même pas les engueuler parce qu'ils buvaient de l'alcool quand même ?

Ron espérait que sa mère penserait qu'il n'avait pas prit part à la fête, qu'il était venu seulement pour escorter Harry jusqu'à l'auberge – quoi, ça pourrait marcher, sur un malentendu-.

- Blaise !

Ron se tourna vers Parkinson, dont la voix avait été étonnamment aiguë.

- Qu'est-ce qu'il se passe Pansy ? Dit-il en fronçant les sourcils.

- Oh... Je... Je ne sais pas exactement comment ça s'est passé, mais Potter et Draco ont commencé à s'insulter, puis à se battre, et Draco est tombé sur un rocher et s'est ouvert la tête... Il saignait tellement... Il a voulu se relever et donner une bonne raclée à Potter – selon ses dires- mais je crois qu'il a perdu connaissance et il est tombé dans l'eau... Je... Potter est allé le repêcher mais depuis il est inconscient... On a aussitôt écrit aux Professeurs via le parchemin de communication mais... Bordel, Blaise, j'ai eu tellement peur !

- Rentrez à l'auberge ! Fit la voix du Professeur Weasley. Nous allons ramener Monsieur Malfoy à Poudlard par transplanage d'escorte.

- Molly, il est trop faible, il...

- Il doit être soigné à St Mangouste ! Il ne peut pas être soigné par des moldus -c'est un sang pur, leurs médicaments le tueraient- et tu sais très bien que si nous l'emmenons à l'Hôpital des Sorciers Turque, ils vont nous interroger sur les causes de sa blessure et ils vont emprisonner Harry ! Tu connais la justice dans ce pays ! Et nous ne pouvons plus argumenter ! Le garçon a besoin de soins ! Nous n'avons pas de temps à perdre ! Faîtes un cercle autour de nous, je ne veux pas que quiconque puisse nous voir...

Les élèves se regroupèrent rapidement autour du corps inconscient de Draco Malfoy et Minerva McGonagall et le Serpentard disparurent.

Harry se tenait à côté, les yeux vides. Il se balançait d'avant en arrière.

On dirait un dément, songea Ron.

- Allez ! On retourne à l'auberge ! On fait nos bagages, on part ce soir ! Cria Molly Weasley au groupe d'élèves.

Ron s'avança pour parler à son meilleur ami – qui était encore plus amoché que lorsqu'il l'avait laissé en début de soirée- pour lui parler mais celui-ci lui lança un regard bizarre et accéléra le pas.

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Premiers au revoir

9 Mai – Un mois plus tard – St Mangouste

Quand Draco se réveilla ce jour-là, il se souvenait. C'était aussi simple que ça. Pas douloureux, pas atroce, pas terrible, comme il l'avait imaginé durant l'hiver. Aucune douleur physique, ni à la tête, ni aux yeux, ni nulle part. Hier il évoluait dans la brume et aujourd'hui, il se souvenait.

Il se souvenait d'Azkaban. Les murs froids et gris, les insomnies fréquentes, la peur qu'il ressentait en s'endormant, celle de rêver du Maître, encore et encore.

Il se souvenait des cernes grises sous les yeux de son père, sa bouche pincée lorsque Draco essayait de lui parler, de le faire réagir. Tout plutôt que les yeux bleus éteints, tout plutôt que le mutisme de Lucius, ce héros tombé de son piédestal, qui n'était maintenant plus qu'un fantôme.

Il se souvenait de sa mère, dans l'aile des femmes, la permission d'aller la voir au parloir, pour vingt minutes. Sa grâce, sa façon de garder la tête haute, comme s'ils étaient à une réception et non pas enfermés dans une prison. Sa peau pâle et délicate, son sourire fier lorsque Draco lui demandait comment elle allait, comment elle allait vraiment.

- Je suis une Black, Draco. Je suis une louve. Et toi aussi tu es un loup. Nous allons toujours bien, répondait-elle inlassablement.

Draco gardait les yeux fermés, laissant les souvenirs l'envahir. Il se souvenait. Les mains abîmées de sa mère, parce qu'elle faisait la vaisselle, le ménage, la lessive dans la prison.

Sa mère, qui ne savait même pas où se trouvait la buanderie au Manoir ! Sa mère, belle dans son habit de prisonnière, qui parlait avec indifférence aux Gardiennes qui la bousculaient, qui crachaient dans son repas.

Il se souvenait de sa petite chambre, celle où on l'avait transféré après le procès. Elle était beaucoup plus propre que celle qu'il occupait auparavant avec son Père.

Cette chambre qu'on lui avait donnée de crainte que Potter ne vienne un jour le voir et qu'il fasse un scandale en voyant comment était traité celui pour lequel il était venu témoigner non pas une, mais deux fois.

Il se souvenait de Harry assit sur son lit, à lui parler de Gabriel. Il se souvenait de leur pacte. Il se souvenait de son idée de génie, celle de devenir ami avec Potter, puis plus intime que ça encore...

Il se souvenait des prunelles émeraudes pleines de questions, pleines de désir aussi. Il se souvenait des mains de Potter sur son corps, dans son corps. Il se souvenait des petits matins d'été passés ensembles, il se souvenait ses réveils au côté de Harry. Il se souvenait du goût du bonheur.

Draco se souvenait. Il se souvenait être tombé dans son propre piège. Être tombé amoureux de Potter, ce petit connard qui avait juste eu de la chance, ce petit con avec ses cheveux mal coiffés et ses lunettes ridicules.

Ces cheveux ébouriffés où il aimait passer la main. Ces lunettes ridicules qu'il aimait enlever avant l'amour. Ce corps mal habillé qu'il aimait débarrasser de sa prison de tissu.

Draco se souvenait. Oui. Draco se souvenait.

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Potter ne se souvenait pas, lui.

Pourtant, il était assis à son chevet : Draco pouvait l'entendre respirer à côté de lui. C'était lui, il en était sûr : il pouvait sentir son odeur.

Il n'avait pas envie d'ouvrir les yeux, pas encore. Il profitait juste du fait d'avoir Harry à ses côtés, de le retrouver, enfin. Son odeur. Son souffle. Sa présence.

Ce Harry qu'il connaissait et non pas cette boule de haine et de tristesse qu'il avait vue ces derniers mois. Ce type qui l'avait laissé seul dans cette chambre du Square Grimmaurd.

Cet inconnu qui le croisait sans le reconnaître, parce qu'il ne se souvenait pas, lui.

- J'ai écopé d'un mois de retenue, fit la voix de Harry, et Draco la trouva faible et douce.

Ça faisait des mois qu'il ne lui avait pas parlé comme ça.

Il reprit :

- Un mois de retenue, c'est rien par rapport à ce que je t'ai fais. Bon... Les médicomages disent que tu vas finir par te réveiller. Quand ça arrivera, tu vas sûrement essayer de me faire taire à tout jamais, donc autant que je parle maintenant. J'ai pas pu venir avant, je suis désolé... j'ai été pris avec les ASPICs, tout ça... Et puis Ron est trop bizarre en ce moment, je crois qu'Hermione lui manque.

Il se tu un instant.

- Il passe tout son temps avec ton ami Zabini, tu y crois ça ? Mais c'est OK, je ne lui en veux pas. Je veux dire, il a le droit d'avoir de nouveaux amis... En plus je suis vraiment pas des plus agréables depuis quelques mois ! Ecoute... Il faut que je te dise quelque chose : Il paraît que l'accident du Cognard n'était pas vraiment un accident. Il paraît que quelqu'un veut s'en prendre à moi... Encore. Il paraît qu'on nous a lancé un Oubliette, que c'est pour ça que j'ai tout le temps mal au crâne. Il paraît que c'est pour ça que tu es dans le coma depuis tout ce temps. Que sinon, tu te serais réveillé au bout de deux-trois jours. Mais ton corps était à bout. Apparemment, l'Oubliette puise dans la magie de celui qui reçoit. En même temps, prendre les souvenirs de quelqu'un, c'est un peu comme prendre son âme, tu ne crois pas ?

Il reprit sa respiration et continua :

- Bon, ça fait qu'un mois, mais ça fait un mois que ça me hante, tu comprends ? Je veux dire... c'est de ma faute. Bon, on se bat tout le temps tous les deux, mais là t'as vraiment failli te noyer, tu le sais ? Bordel... j'ai eu la peur de ma vie. J'ai immédiatement plongé et heureusement que ton corps n'a pas été emporté par le courant... Tu crois que si j'avais fait "Accio Draco Malfoy" ça aurait marché ?

Il rit doucement.

- Ils ont ouvert une enquête. Le truc c'est que le cognard qui m'a foncé dessus a apparemment disparu... Ron a l'air de penser que c'est un Serpentard qui a fait ça, quelqu'un qui a perdu un proche pendant la Guerre... le soucis c'est que tout le monde a perdu quelqu'un pendant cette foutue guerre ! Ça pourrait être n'importe qui. Quelqu'un qui se serait déguisé en élève de Poudlard – je veux dire, polynecté en élève de Poudlard-, quelqu'un qui pense que j'aurais dû crever ce putain de 2 Mai 1998 !

Draco avait envie de bouger. Mais c'était la première fois qu'Harry se confiait à lui et ça lui avait tellement, tellement manqué.

- Et l'Oubliette a été lancé il y a tellement longtemps qu'aucune magie, aucun sortilège, ne peut déterminer qui me l'a lancé. Peut-être que toi et moi on s'est alliés pour savoir qui avait lancé un cognard à mes trousses et qu'on a trouvé cette personne et qu'elle nous a Oubliettés ? Je veux dire, pourquoi nous oublietter tous les deux ? Ça n'a aucun sens, tu ne crois pas ? Bordel, il me tarde que tu te réveilles. J'ai besoin de réponses. J'ai vécu pendant des mois en pensant que la mémoire ne me reviendrait pas, qu'il fallait que je vive avec, mais maintenant que je sais que ce n'est pas accidentel, j'ai besoin de savoir... je ne sais plus qui je suis. Je ne me reconnais plus. Réveille-toi, Malfoy, réveille-toi !

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Les Serpentards sont lâches, c'est bien connu. Mais Draco allait être courageux cette fois-ci. Il allait tout raconter à Harry. L'accident, leur histoire.

Et Harry le croirait. Parce qu'Harry l'avait toujours su au fond de lui. Parce que c'était Harry et qu'il avait confiance. Parce que c'était Harry et qu'il était Draco.

- Harry ? Luna m'a dit que tu serais ici. Je te dérange ?

Draco faillit sursauter mais il garda son apparence endormie. Il se félicita intérieurement : il était décidément un excellent acteur.

- Ginny ?

- Euh... Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Je... Je ne sais pas, j'ai l'impression que je dois être là quand il se réveillera.

- Je peux te parler ?

Draco commençait à s'impatienter. Casse toi Weaslaide, songea t-il. Casse-toi, et laisse moi avec lui.

- Ça ne va pas, Gin ? Tu as l'air anxieuse.

Draco souffla intérieurement. Manquait plus que Weasmoche prenne Harry pour son psychologue. Il n'allait pas devoir écouter l'autre se plaindre de ses anti-dépresseurs pendant vingt minutes, si ?

- Tu te souviens... La dernière fois ?

Le blond fulmina. La pétasse parlait-elle de l'épisode des vestiaires ?

- Quand on... Hésita Harry.

- Oui.

Le ton était sans appel. Silence gêné.

Draco rageait. Il allait lui faire bouffer des crottes de calamar géant, à cette salope !

Euh... Oui.

Silence gêné. Draco se demanda si dans son état, il pouvait lancer un impardonnable silencieux sans baguette.

- Je suis enceinte, Harry. Enceinte de toi.

Le cœur du Serpentard s'arrêta.

- Gin ?

Draco suffoquait intérieurement. Son cœur venait sûrement de la lâcher. Il allait mourir à cause d'une Gryffondor moche et pauvre.

- Ça fait un moment que je m'en doute, mais j'ai fais des tests ce matin. Tu sais, avec cette potion.. Enfin, bref. J'en suis sûre et certaine maintenant.

- Par Merlin...

- Ecoute... Je comprends que tu sois sous le choc. Je voulais juste te le dire pour être honnête. Je n'attends rien de toi.

- Mais...

- Je peux encore avorter, Harry.

- Gin'... C'est merveilleux ! Je vais être Papa !

Le cœur de Draco se serra.

- Je vais avoir un enfant ! Je vais avoir une famille !

Harry se leva brusquement. Draco entendit un froissement de tissu. Il avait envie de vomir. Ils étaient sûrement en train de se faire un câlin.

- Je ne me sentirai plus jamais... seul.

Et Draco se souvint. Il se souvint qu'il était un garçon, fils de Mangemort, Mangemort lui même. Il se souvint que lorsque Harry lui faisait l'amour, il s'évertuait à cacher cette marque qu'il détestait.

Il se souvint que Harry voulait des enfants en sortant de Poudlard. James si c'était un garçon. Lily si c'était une fille. Il se souvint qu'il n'avait été qu'un pauvre type incapable de faire les bons choix durant la Guerre.

Il se souvint qu'il s'était déjà fait la réflexion que Potter méritait mieux que lui. Il se souvint du soir où Harry avait pleuré la mort de Lupin et où Draco s'était tenu là, sans rien dire, gêné, droit comme un piquet.

Incapable de le prendre dans ses bras et de le consoler. Il se souvint qu'une fois Harry lui avait reproché d'être un handicapé des sentiments. Il se souvint qu'il n'avait rien à apporter à Potter. Il se souvint qu'il ne pouvait pas porter d'enfants.

Draco se souvenait. Et ça faisait mal. Mal à en crever.

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12 Mai, Poudlard

- Fais pas ça.

Harry regarda son meilleur ami, étonné.

- Pourquoi ? Souffla t-il.

- J'ai un mauvais pressentiment, vieux. Ne fais pas ça. Ne l'épouse pas.

- Mais Ron...

- C'est ma sœur, Harry. Je t'en prie, écoute moi. Tu vas lui briser le cœur. T'es pas amoureux d'elle.

- Elle est enceinte, Ron.

- T'es amoureux de Malfoy.

- Ginny est enceinte.

- Tant pis. On se débrouillera. Vous pourriez élever l'enfant sans vous marier ! Les moldus font bien ça, pas vrai ?

- Oui, mais chez les sorciers...

- On s'en fiche de ce que pensent les gens. Si tu ne l'aimes pas, ne l'épouse pas.

- Ron, je veux que mon enfant ait un père et une mère. Une vraie famille.

Harry ferma douloureusement les yeux et Ron lui jeta un regard alarmé.

- C'est ta vie, Harry. Tu t'es battu pour la vivre. Je sais que tu n'as pas connu ta famille, que tu en as souffert... Que tu souffres encore, mais ne laisse pas le passé te bouffer. Si tu épouses Ginny, tu vas finir seul, triste, et fatigué. Tu ne comprendras pas pourquoi tu es malheureux alors que tu as tout pour être heureux. Tu finiras pas détester ma sœur alors qu'elle t'aimera toujours aussi aveuglément. Tu vas gâcher ta vie. Et celle de Ginny. Et celle de ton enfant à naître.

Harry lui jeta un regard indéchiffrable et Ron reprit son souffle.

- Tu vas gâcher notre amitié, tu vas devenir un vieux connard, aigri et nostalgique, qui se demandera pourquoi il a laissé le poids des convenances influencer ses décisions. Harry, tu ne peux pas vivre comme ça.

- Elle est enceinte...

Harry répétait ça comme un putain de robot - enfin, c'était l'idée que Ron se faisait d'un robot, il n'en avait jamais vus, après tout-.

- Cet enfant... Il aura une famille, Harry. Peut-être pas une famille conventionnelle, mais regarde Malfoy... Il a bien un père et une mère qui s'aiment, et pourtant, tu trouves qu'il a l'air d'avoir eu une enfance heureuse ? Ton enfant aura un nombre hallucinant d'oncles et de tantes. Il grandira dans les rires et dans la joie, il sera aimé et choyé. Il aura peut-être même la chance d'avoir trois papas : toi, l'homme que tu choisiras, et le futur copain de Ginny - sûrement un abruti de joueur de Quidditch-. Et lui, je lui cassera vraiment les dents s'il fait de la peine à ma petite sœur !

Harry esquissa un sourire faible et Ron se pencha vers lui.

- Je voulais te dire... j'ai retrouvé l'adresse de ton moldu, tu sais, Gabriel ? Mon père a ce pote qui travaille au Département des Affaires Moldues. J'ai donné les renseignements que j'avais : son prénom, la photographie. Ça fait un mois qu'il est dessus, le pauvre. Il n'a jamais eu aussi peu d'informations. Bref. Voici son adresse. Vas le voir. Vas au moins le voir et si la rencontre ne t'apporte rien, hé bien...On en parlera, OK ?

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13 Mai, Baie d'Halong, Vietnam

"Gabriel Leonov-Maxwell

Auberge Buffalo Halong Bay

Halong Bay - Vietnam"

Transplaner sans savoir où on allait était dangereux. Ron lui avait indiqué les escales qu'il devait faire pour arriver jusqu'au Vietnam, mais Harry avait quand même été stressé jusqu'au moment où il avait senti le sable sous ses pieds.

Il était stressé, son cœur s'affolait dans sa cage thoracique et ses mains étaient moites. Il savait qu'il allait trouver des réponses à ses putain de questions mais il n'était pas sûr d'être prêt à les entendre...

C'était complètement stupide de faire ça. Pourquoi creuser le passé alors qu'il avait enfin une chance d'être heureux ? D'avoir une vie normale, comme ses parents avant leur mort ?

Il allait avoir un enfant, il avait une fille qui l'aimait et qu'il avait aimée – ses sentiments pour Gin' allaient finir par revenir, non ?-, il allait enfin faire vraiment partie de la famille Weasley, la seule famille qu'il ait jamais connue-.

Tout allait devenir enfin paisible.

Alors pourquoi était-il là ?

Harry le repéra tout de suite. Il avait une photo de lui dans sa chambre, mais il semblait au Gryffondor qu'il aurait pu repérer ce mec les yeux fermés. C'était sa présence, son aura, son rire. Harry savait qu'ils se connaissaient. En le voyant, il su que c'était lui.

Gabriel était assis dans un hamac, les pieds en éventail, un petit sourire aux lèvres. Il fumait tranquillement ce qui semblait être une cigarette "améliorée" et tournait paresseusement les pages d'un livre.

Harry prit une grande inspiration. Il savait que du moment où il parlerait au blond, il ne pourrait pas faire machine arrière. Il ne pourrait plus se leurrer. Faire semblant d'être heureux, de vivre la vie qu 'il lui fallait. Il savait que du moment où ses yeux croiseraient ceux du moldu, il ne pourrait plus se mentir.

Son petit monde allait s'effondrer. Il eut un mouvement de recul.

N'ai pas peur, vieux, fit la voix de Ron dans sa tête.

Ok. Il traversa la distance qui les séparait d'un pas mal assuré et s'éclaircit la gorge.

- Bonjour.

Le blond tourna la tête vers lui et l'observa pendant quelques secondes. Puis ses yeux s'écarquillèrent et il se jeta directement du hamac dans les bras de Harry.

- HARRY ! OH MON DIEU, MAIS QU'EST-CE QUE TU FAIS LA ?!

Le Gryffondor accueillit l'étreinte, gêné. Il ferma les yeux une fraction de seconde, respirant l'odeur du moldu, s'habituant à sa peau contre la sienne.

o

- Putain, soupira Gabriel en posant sa pinte de bière. C'est vache, quand même. Tout oublié ? En fait tu ne te souviens pas du tout de moi, c'est ça ?

- Non.

Harry avait oublié à quel point c'était lassant de raconter son accident "de voiture" et à quel point il était parfois frustré de ne pas se souvenir de pratiquement une année entière de sa vie.

Comme s'il était amputé d'une part de lui-même.

- Mais... Pour ton BAC, ça va ?

- Hermione m'a aidé, je m'en sors pas trop mal finalement.

- C'est cool ! Et Ron et Hermione sont encore ensembles ?

Harry le regarda, étonné. A quel point cet homme le connaissait-il ?

- Oui, dit-il avec un sourire.

- Ça ne m'étonne pas ! Et Dray, il t'a aidé avec tout ça ?

Harry fronça les sourcils et secoua la tête. Qui était Dray ? Un autre moldu dont il n'avait aucun souvenir ?

- Ça m'étonne de lui, commenta Gabriel.

- Mais qui est..

- Oh mais attends ! Le coupa le blond, un grand sourire aux lèvres. Je suis bête ! Tu sais, j'ai encore toutes les photos de nos escapades !

Et le blond couru vers sa chambre, qui était à l'étage au dessus, et revint quelques minutes plus tard, munit d'une petite boîte.

- C'est là où je mets mes polaroids, confia t-il à Harry.

Il versa le contenu de la boîte sur la table et s'évertua à commenter chaque photo à Harry : là c'est quand on était au salon de thé, tu adorais ce gâteau ! Tarte au citron ! La meilleure de tout Londres ! Là, on était dans cette boîte de nuit où j'ai vomi dans les plantes vertes, mais en même temps qu'est-ce qu'elles foutaient là ? Là il caillait et on s'était réfugiés dans un parking, mais j'étais bourré et tu as du me porter jusqu'à la maison.

Harry se souvint, soudainement, qu'il aimait ce côté de la personnalité de Gabriel. Ce don naturel qu'il avait à s'adapter à n'importe quelle situation, n'importe quel changement brusque dans sa vie.

Il était réapparut dans la vie du moldu après des mois de silence et l'autre l'accueillait à bras ouverts, lui proposant de rester dormir dans sa chambre, lui montrant des photos de leur passé commun comme s'ils n'avaient jamais coupé le contact.

Le brun prit une à une chaque photo que lui tendait le blond. Il tenait dans ses mains un bout de sa vie et adressa un sourire triste à ce lui qui était mort quand son crâne avait heurté le sol, le jour de l'entraînement de Quidditch à Poudlard.

- Et là, c'est l'anniversaire de Dray, mais comme d'habitude il joue le blasé alors qu'il a adoré ce bar ! Vous êtes encore ensembles, Harry ?

Mais Harry ne répondit pas. Une photo avait attiré son attention ; c'était comme s'il la connaissait déjà, comme un sentiment de déjà-vu.

- Ah ! Celle-là, c'est celle de ton anniversaire ! On l'a prise juste avant que tu arrives !

Gabriel se tenait, triomphant, dans une cuisine post-apocalyptique, un tablier ridicule autour du cou et une cuillère en bois dans la main droite. Son bras gauche était posé négligemment sur l'épaule d'un homme grand, blond, un sourire à la fois amusé et blasé aux lèvres. Il tenait un plat où se trouvait ce qui semblait être de la pâtée pour chiens avec des bougies d'anniversaire dessus. Ils avaient l'air heureux.

Le brun sentit son ventre se serrer et il sourit tendrement à l'homme de la photo. Sur la photo, Draco Malfoy lui rendait son sourire.

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- De quoi tu parles, Harry ?

- Je pourrais te retourner la question ! Tu connais cet homme ?

Gabriel se pencha et fixa la photo quelques secondes.

- Harry, c'est pas possible que tu aies oublié Dray, vous vous êtes rencontrés bien avant que je ne te connaisse, et tu m'as dis que ton amnésie a commencé un peu avant notre rencontre, dit-il lentement.

- Dray ?

- Ça lui faisait péter un plomb quand je tu l'appelais comme ça ! Répondit le blond en souriant avec nostalgie. Mais à l'expression à la fois abasourdie et dégoûtée de Harry, il lâcha dans un souffle :

Bordel... tu te souviens vraiment pas de lui ?

- Je me souviens de Draco Malfoy, un connard de ma promotion qui me pourrissait la vie et qui m'a tellement tabassé il y a deux mois que j'ai passé six jours dans un lit ! Je me souviens d'un mec qui s'est réveillé après un mois de coma -oui, bon, on s'était battus, ne me regarde pas comme ça- et qui n'a rien trouvé de mieux à faire que de me dire de sortir de sa chambre et d'insulter Ginny !

Gabriel le regarda, les yeux écarquillés.

- Ginny... ton ex ?

- Tu connais Ginny ?

- Harry, pendant des mois, on s'est vus tous les jours. Je connais Luna, Ginny, Ron, Hermione, Molly, tes parents... Enfin, je ne les connais pas, j'ai entendu parler d'eux. Il n'y a que Dray que je connaisse vraiment – on se voyait au moins trois fois par semaine tous les trois !-. Tu sais c'est normal que Dray insulte Ginny, il était un peu jaloux d'elle, je veux dire tu es resté longtemps avec elle, et Dray...

- Ça me perturbe tellement que tu l'appelles Dray, sérieusement... C'est une mauvaise blague c'est ça ? C'est lui qui t'a demandé de dire ça ?

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Gabriel, Malfoy et moi on se déteste. On pourrait jamais... se voir deux-trois fois par semaine comme tu dis !

- Ouais, tu m'as dis que c'était pas la super entente entre vous deux, avant. Mais après, vous vous êtes vraiment rapprochés. Tiens, regarde, c'est vous en Ecosse, tu vois bien que vous vous embrass... Harry... ça va ? On dirait que tu vas vomir.

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POV Ron

"Gabriel Leonov-Maxwell

Auberge Buffalo Halong Bay

Halong Bay - Vietnam"

15 Mai

Je me suis sérieusement fait remonter les bretelles par Blaise car j'ai envoyé Harry se confronter à Gabriel seul. Il était tellement énervé que ça m'a rappelé Hermione...

Mais il a raison. On est Dimanche, Harry est parti vendredi soir et il n'est pas encore revenu. Je fixe le petit bout de papier et Blaise hausse les sourcils.

- Tu te décides, Weasley ? Je vais pas y passer la nuit !

Je sursaute et lui lance un regard noir - mais il en faut visiblement plus pour impressionner un Serpentard-.

- Allez, va sauver Potter ! T'es né pour ça, non ?

Je lui fais un superbe doigt d'honneur et il éclate de rire.

Dix minutes et cinq escales plus tard, je respire l'air saturé d'humidité du Vietnam. C'est la première fois que je vais aussi loin de chez moi, mais l'ambiance est douce et apaisante, malgré un putain de moustique qui a apparemment décidé de me prendre pour cible. Ces bestioles là ne sont-elles pas supposées sortir seulement au coucher de soleil ?

o

Gabriel ne semble pas surpris de me voir ; en fait, Harry m'avait un jour dit que ce type n'est jamais surpris dans la vie. Est-ce qu'il est du genre à partager la philosophie de Luna : Si c'est arrivé c'est que ça devait se passer ainsi ?

Ça me fait bizarre de le rencontrer enfin, même si j'aurais aimé que ça se passe autrement. Harry est mon meilleur ami, mon frère de cœur et pourtant il nous a soigneusement tenus éloignés cette partie de sa vie. J'essaie de ne pas y penser mais, comme toujours, la jalousie me submerge. Ça a toujours été Harry, Hermione et moi. Même si Ginny, Luna, Dean, Neville, gravitaient autour de nous, ça a toujours été nous trois et les autres. J'ai peur que ça change, je ne me sens pas prêt.

Je ne sais pas si je serai prêt, même dans dix ans.

Il sent mon regard sur sa nuque et se retourne pour m'adresser un sourire rassurant. Ses yeux bleus plongent dans les miens ; il ressemble tellement à Malfoy que s'en est choquant. En fait, non, il lui ressemble sans lui ressembler. Il a les cheveux blonds, la peau pâle et les yeux clairs, mais il lui manque ce petit sourire en coin, cette dureté dans le regard, et j'imagine qu'Harry - qui doit avoir de la bouse de dragon dans les yeux- dirait qu'il lui manque cette classe inhérente à Malfoy.

Et puis Gabriel a l'air gentil. Chose qui manque cruellement à Malfoy.

Il me guide à travers l'auberge et on finit devant une petite porte verte. Je la pousse doucement et Harry lève les yeux vers moi. Il est assis par terre, entouré de photographies moldues. Ses mains tremblent un peu et son regard me brise le cœur. Je me penche un peu et reconnais cet abruti de Malfoy sur l'un des cliché. Il sourit, c'est étrange, je ne pensais pas qu'il en était physiquement capable.

- Allez, Harry, on rentre à la maison.

Il se fige et je l'aide à se lever. Ses jambes tremblent, je le porte pratiquement, il est lourd mais je ne lâcherai pas.

Je ne le lâcherai plus jamais.

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POV Draco

20 Mai, Poudlard

Je dois rester à l'infirmerie et prendre une quantité scandaleuse de potions par jour, mais je suis à Poudlard et non pas à St Mangouste, ce qui est un point positif. Ici, je peux voir Blaise, Théo et Pansy. Et je pourrais bientôt retourner en cours – Blaise a doublé tous ses parchemins et me les amène tous les soirs, heureusement qu'il existe- et rattraper mon retard.

En fait j'avais tellement pris d'avance en Septembre-Octobre que je n'ai pas vraiment eu de difficultés à reprendre. Bon, je bosse comme un fou depuis mon réveil, mais disons que c'est faisable... Si je dors quatre heures par nuit.

Je me dis que ce sera quand même miraculeux si j'obtiens mes ASPICs avec de bonnes notes, parce que c'est la deuxième fois que je rate des mois de cours – entre l'accident et St Mangouste, merci Potter avec tes conneries-.

C'est au tour de Harry d'être à St Mangouste. Franchement j'espère qu'il va y rester un moment.

Cet homme m'a quand même brisé le cœur deux fois cette année. Heureusement je prends des potions pour ne plus ressentir la douleur. Je reste conscient du fait que je l'aime, mais c'est un fait, comme je suis conscient que mon père est en prison. Je n'ai plus ce manque dans la poitrine. Je ne me sens pas défoncé, juste... je ne sens rien. Ça me va très bien comme ça.

J'ai dû demander à mon vieil elfe Nono d'aller en chercher dans ma chambre, au Manoir. J'en prenais parfois, en septième année... Quand le Maître vivait chez nous. Moi je ne suis pas en état de transplaner et de toute façon depuis que l'enquête a été ouverte je suis tout le temps surveillé par Slughorn – qui aurait pu bouger son cul bien avant, mais bon-.

J'ai entendu Weasley et Blaise parler de Harry tout à l'heure. Ces deux là sont inséparables, décidément rien ne va cette année.

Weasley a retrouvé l'adresse de Gabriel – en fait il n'avait qu'à me demander, je me souviens très bien où cet idiot de moldu avait décidé de faire son année sabbatique-. Ah oui, c'est vrai que Weasley ne sait pas que j'ai fais partie de la vie de son meilleur pote pendant des mois. J'aimerais bien le lui annoncer juste pour voir sa tête.

Apparemment Harry voulait demander sa pute en mariage – avec l'histoire du bébé, tout ça tout ça. Harry est un vrai Gryffondor, chevaleresque au possible-.

J'ai vu cette salope l'autre jour, alors que je regardais par la fenêtre et qu'elle marchait dans le parc. Elle est toujours aussi rousse. Je me demande combien de temps les gens mettraient à capter qu'elle a disparu si je me décidais à faire quelque chose pour sauver mon putain de cœur. Mais je sais que je ne ferais rien. Parce qu'elle porte l'enfant d'Harry.

Après qu'Harry ait dit à son pote Ronron qu'il voulait demander sa sœur en mariage, l'autre a sortit l'adresse de Gabriel et Harry y est allé. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé là-bas – même si j'ai ma petite idée- mais en tout cas Harry était tellement traumatisé qu'il a été incapable de rentrer en Angleterre.

Au bout de deux jours, Weasley s'est inquiété et a dû aller le chercher. Depuis, Harry ne dit rien, il a les yeux un peu fous – enfin, c'est ce que dit Weasley, moi je ne l'ai pas vu-.

Il est à St Mangouste à l'étage des chocs. Peut-être que la personne qu'il est devenu a été tellement dégoûté à l'idée d'avoir été avec moi qu'il a fait une crise, ou un blocage.

Je ne sais pas si Weasley a interrogé Gabriel sur ce qu'il a pu lui dire pour le mettre dans cet état. En fait, ce serait logique que Weasley sache pour Harry et moi. C'est sûrement pour ça que lui et Blaise me regardent si bizarrement.

o

POV Ron

Farces et Attrapes pour sorcier facétieux, Chemin de Traverse, 21 Mai

- Tu as l'air épuisé.

Georges pose une bouteille de bière au beurre sur la table et je lui adresse un sourire de remerciement.

- Comment va Harry ?

- Il est toujours à St Mangouste. Il ne dit rien. Les médicomages disent que physiquement, il peut parler, mais qu'il n'en a pas envie.

- Il a dû découvrir quelque chose de sacrément perturbant, là-bas. Le moldu n'a rien voulu te dire ?

- On a un peu discuté, oui. Mais... C'est privé, Georges. Je pense qu'Harry préférerait t'en parler lui-même.

Il hoche la tête et nous discutons d'autres choses. Les affaires, le projet d'ouvrir une troisième boutique à Bristol, en plus de celle du chemin de Traverse et celle de Pré-au-lard. Mes putain d'ASPICs. Hermione. Ginny.

- Je vais venir à Poudlard la semaine prochaine, pour livrer quelques élèves. Je préfère le faire moi-même et laisser la boutique à Angelina. Comme ça j'en profite pour vous voir, toi et Gin' ! Et puis la vieille McGo ne dit plus rien quand elle me voit, je crois qu'elle a abdiqué.

Je m'autorise un petit sourire. Mon frère se balade dans Poudlard depuis la rentrée, comme s'il était toujours étudiant là-bas. Toujours en train de vendre des choses, ou de plaisanter avec Harry et Hermione. Mais je sais qu'il vient pour surveiller Ginny. Ils ont toujours été très proches, tous les deux. Surtout depuis la mort de Fred.

- Je vais aux toilettes, je fais en me levant.

Je monte l'escalier et me dirige au fond du couloir. C'est la troisième porte à droite. La porte de la chambre de Fred est ouverte et je frissonne quand je passe devant. C'est trop bizarre de garder cette chambre intacte, comme si Fred était parti en voyage ou quelque chose comme ça. Ma mère veut que Georges la vide, mais il insiste pour la garder comme ça, juste encore un petit peu... Au final ça fait deux ans et les affaires de mon frère sont telles qu'il les as laissées le jour de sa mort.

Je pousse la porte pour entrer et retiens mon souffle. Avec le temps, l'odeur de poussière a pris le dessus sur l'odeur de mon frère, qui avait déjà commencé à s'atténuer quelques mois après sa mort. Il y a de la poussière sur les étagères, signe que Georges ne vient pas si souvent que ça. Pourquoi la laisse t-il ouverte dans ce cas ?

Je souris en regardant les photographies accrochés au mur. Bordel, on avait vraiment des coupes de cheveux à la con, cette année là... Et ce pull... Faut vraiment qu'on aime Maman pour porter ces horreurs. Harry est présent sur la plupart des photographies, je ne me souviens même pas d'avoir posé pour l'objectif. Bien sûr, Papa a eu sa période 'appareil photo moldu' mais il a vite laissé tomber - il ne prenait des photos qu'avec ses doigts dans un coin et ma mère en avait vraiment ras le bol-. Je pense que ces photographies sont des cadeaux de Colin, je sais qu'ils s'étaient parlés quelques fois, Fred et lui, à l'époque de l'AD. Il y a Angelina, aussi, souriante et fière dans son costume de Quidditch. Et Lee aussi, avec Fred et Georges ils étaient un sacré Trio - comme Harry, Hermione et moi-.

Ça ne fait que deux ans mais Georges a tellement changé. Fred serait surpris de le voir, parce qu'il ne se reconnaîtrait pas du tout dans ce visage marqué par la Guerre.

Bordel, mais qu'est-ce que je raconte ? Fred ne le verra jamais. Ses yeux se sont fermés pour toujours.

Les larmes montent et je décide de partir d'ici. Ce n'est pas sain. Je m'en suis presque sorti, j'ai presque réussi à recommencer à vivre normalement, je ne peux pas replonger aussi bêtement.

Je trébuche et m'étale de tout mon long sur le sol - faut croire Neville n'est pas le plus maladroit de tous les Gryffondors-. Je me retrouve le nez dans la poussière, la tête sous le lit. Je m'apprête à me relever quand quelque chose attire mon regard.

C'est un objet rond, marron, que je connais trop bien.

Un cognard.

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(4) Hôpital de la guérison. J'ai traduit avec Google Translate donc désolée à ceux qui parlent turc... Haha.

Alors personne ne m'a posé les questions, mais on peut se demander pourquoi Blaise et Ron ne demandent aucune aide aux "adultes" pour résoudre le soucis. De plus, aucun professeur ne semble se rendre compte qu'il y a un soucis avec Harry et Draco, qu'ils ont des migraines, etc.

En fait je trouve que souvent, dans les tomes, les adultes ne gèrent pas et on ne peut pas compter sur eux : au final, les adolescents sont obligés de tout régler tout seuls : Le trio dans le un est obligé d'affronter Quirrell parce que Dumbledore est au "Ministère", l'affreux Lockart dans le deux se met hors d'état d'agir tout seul dans le tome deux, Harry est obligé de repousser les détraqueurs tout seul dans le tome 3, et ainsi de suite.

En somme, Harry, Ron et Hermione sont souvent obligés de se comporter comme des adultes et c'est pour ça que ni Ron, ni Blaise, ni Luna ne demandent l'aide de McGonagall quand ils comprennent qu'il y a un soucis.

En plus ils sont eux-mêmes des adultes maintenant, ils sont majeurs, ils ont fait la Guerre. C'est pour ça que j'ai un peu ridiculisé Blaise avec ses plans "infaillibles" dans le chapitre du Bal de Noël : Blaise est encore un élève, il n'a pas fait la Guerre, il est intelligent et calculateur mais il s'est fait massacrer par un type qui a fait la Guerre.

Bon, je ne vais pas mentir, j'éprouve énormément de difficultés à finir cette putain de fan fiction. Mais je m'accroche... Promis. Je suis loin d'être fière de ce chapitre, mais je crois que je ne peux pas faire mieux. Désolée.

Merci d'avance aux amours qui me laisseront des reviews.

A la prochaine !

 
 
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