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La lutte des pierres
Par Twilight
Originales  -  Action/Aventure/S-F  -  fr
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Le départ
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Devant son écran, Adrain s’ennuie. Son devoir d’Astronomie n’avance plus, quel besoin a-t-il de savoir combien de planètes appartiennent à l’Empire terrien, en quelle année la dernière planète vierge a été colonisée ? Il se demande encore pourquoi les jeunes terriens doivent connaître tous ces détails alors qu’ils ne quitteront certainement jamais la Terre. Enfin, la sonnerie le délivre de son calvaire, il sauve son devoir pour le professeur, ne se faisant aucune illusion sur la note qu’il aura et quitte la salle d’examen. Il est dans un des bâtiments de l’université terrienne, une seule école pour tous les étudiants terriens, un bloc de béton et d’acier, uniforme comme tout sur la planète.

Soudain, une sirène se déclenche, un appareil non identifié vient d’entrer dans le système solaire. Les satellites ne l’avaient pas détecté avant, il a sans doute utilisé un couloir spatio-temporel non surveillé. Les habitants de ce vaisseau ne doivent pas connaître la supériorité militaire de l’Empire… Adrain rejoint la base de transport, il n’a plus qu’à rentrer chez lui et attendre les résultats de ses examens, s’ils sont bons il pourra intégrer la classe supérieure.

Adrain est un jeune garçon de 15 ans, il est de la taille moyenne des adolescents nés de manière naturelle. Il a les cheveux noirs, ses yeux bleu vif mettent son visage en valeur. Dans l’Empire les hommes aux cheveux noirs sont très rares. Ils sont, en général, membres des castes les plus importantes. Mais, Adrain ne commandera jamais l’Empire. En effet, il n’a pas été désiré par les Autorités de l’Empire. Chaque année, les Autorités, un groupe de terriens qui arrive à maintenir la cohésion de toutes les planètes colonisées sans que personne ne les voie jamais, décide de combien d’enfants l’Empire a besoin. Les futurs parents sont choisis par des techniques de génétique avancée, et, en général, ne se connaissent pas.

Adrain, comme tous les enfants nés de manière naturelle, n’a jamais connu ses parents. Mais il est certain qu’ils devaient s’aimer beaucoup pour oser avoir un enfant non commandé par l’Empire. Il aimerait quitter la Terre où tout est uniforme, pour partir dans l’espace et étudier les cultures des autres espèces intelligentes. Mais il ne se fait pas d’illusion, il n’est pas nécessaire à l’Empire, donc l’Empire ne fera rien pour lui. Il sait que son rôle consistera à éventuellement remplacer un enfant demandé mais qui ne répond plus aux attentes des Autorités.

Soudain il est tiré de sa rêverie par une autre sonnerie, l’appareil est identifié et il va se poser sur l’aire d’atterrissage la plus proche de chez lui. Enfin un peu d’animation !

 

Esther ouvre les yeux après une période de stase. Elle ne supporte pas d’emprunter les couloirs spatio-temporels. Enfin, elle voit la Terre, planète dont les habitants ont conquis la majeure partie de la galaxie. Mais, venant de Caaren, elle ne dépend pas de l’Empire. Caaren est une planète de type 3, ce qui signifie qu’un an sur Caaren ne représente qu’une semaine pour une planète de type 1. Cependant sur toutes les planètes, quel que soit leur type, les simiens vivent environ 120 ans type 1.

Esther ne ressemble pas aux terriens, elle est caaréni. Sa peau est très pâle et ses yeux d’un mauve si pâle qu’on les croirait blancs. Esther à 785 ans type 3 (soit environ 15 ans type 1). Elle a appris à contrôler son Pouvoir pendant 100 ans avant de le dominer parfaitement. Les enfants caarénis étudient le Pouvoir dès leur plus jeune âge pour ne pas risquer de blesser leurs proches ou de se blesser eux-mêmes. En plus de sa peau très pâle Esther possède  comme tous les caarénis une marque sur le front. Ce symbole prouve sa parfaite connaissance des secrets du Pouvoir. Les tatouages caarénis sont tous différents, celui d’Esther a une forme complexe qui change de couleur selon son inclinaison, elle en est très fière. Le Pouvoir dirige tout sur Caaren, c’est une force psychique que les habitants possèdent naturellement. Leur vaisseau lui-même est contrôlé par cette force au moyen d’amplificateurs.

Caaren est une planète semblable à la Terre, qui tourne autour d’un soleil unique très pâle et possédant un seul satellite naturel. Esther va à présent découvrir la Terre, qui la fascine depuis longtemps, car elle se demande comment une planète, sans Pouvoir aussi important que le leur, a pu conquérir la majeure partie de la galaxie. Leur expédition, si loin de chez eux et pour si longtemps, a un but précis : sonder les terriens pour déterminer s’il existe chez eux des traces de Pouvoir. Et dans ce cas emmener les plus jeunes sur Caaren pour les former.

Cette mission vient d’être décidée par les Ducs des sept cités et par l’empereur de Caaren. En effet, un groupe de chercheurs vient de comprendre une des nombreuses légendes de Caaren. Caaren qui, bien que hautement technologique, possède des centaines de légendes. Pour un caaréni, une légende est en fait un rappel du passé et une prévision de l’avenir. Parmi toutes ces légendes seules certaines ont pu être déchiffrées et elles se sont toutes avérées exactes. Car, en plus de leur valeur de prévision et de rappel, elles sont toujours accompagnées de phrases apparemment sans aucune signification qu’il faut déchiffrer pour connaître le sens exact de la légende. Celle qui les a conduit dans l’Empire est connue depuis des générations, elle parle de Pouvoir supérieur venant de loin. Le groupe qui l’a déchiffré a compris : « Le Pouvoir venant de l’Empire fera le bien dans l’univers et sur Caaren » Il reste à savoir s’ils ont bien décrypté l’énigme !

Le vaisseau se pose enfin, la jeune fille soupire en songeant que les terriens refuseront de leur confier des élèves, qui risquent de devenir des esclaves s’ils ne dominent pas leur Pouvoir. En effet, le coût du voyage est trop important pour les reconduire sur Terre, et sur Caaren, les jeunes qui ne peuvent contrôler leur Pouvoir sont extrêmement dangereux car ils émettent en permanence des ondes néfastes à la concentration des autres. Leur Pouvoir est donc diminué pour éviter les accidents et ils deviennent esclaves des autre caarénis… Mais elle fera son travail jusqu’au bout, personne ne pourra échapper à ses sondages…

 

Le vaisseau est plutôt petit pour emprunter les couloirs spatio-temporels. La Terre en possède de bien plus imposants. Malgré cela Adrain est joyeux, la monotonie de sa vie est brisée, les voyageurs viennent d’une planète de type 3. Il songe souvent qu’il aimerait partir sur une de ces planètes, il aurait ainsi une vie plus longue et plus intéressante. Certes, les voyageurs ne parlent pas en terran, la langue universelle, mais les autotraducteurs existent et il n’aura aucune difficulté à les comprendre. La conférence va commencer ; comme tous les passagers des vaisseaux extra-terrestres, les voyageurs vont devoir explique leur venue sur la planète mère de l’Empire.

Le jeune garçon prête toute son attention aux paroles qui retentissent bientôt : « Nous venons de Caaren », la voix de l’autotraducteur se fait entendre « notre planète étudie les manifestations psychiques et aimerait savoir si les terriens possèdent un esprit ouvert à la kinésie »

Adrain n’en revient pas ; ils ont fait un voyage si long pour s’occuper de phénomènes qui n’existent même pas ! Le jeune garçon, déçu, fait demi-tour et manque de se cogner contre un voyageur qui lui paraît avoir 30 ans. Le voyageur le regarde d’une manière étrange, les yeux fixés sur son front. « On croirait qu’il cherche à voir à travers moi » se dit Adrain. Et, soudain, il appelle ses camarades, leur dit quelques mots et se tourne à nouveau vers le garçon.

« Comment t’appelles-tu ? », Adrain vient d’entendre cette phrase mais l’étranger n’a pas ouvert la bouche ! Il répond néanmoins. « As-tu de la famille ou des amis sur Terre ? » Encore cette voix qui semble intérieure, mais le jeune terrien répond qu’il n’a personne de cher sur Terre. Aussitôt il sent une pression sur son crâne et, peu après, un son aigu et puissant l’envahit. Il se bouche les oreilles en vain, le son est maintenant insupportable ; il crie et demande aux visiteurs d’arrêter. La torture stoppe enfin, mais Adrain ne parvient pas encore à maîtriser ses tremblements devant ce son terrible. L’étranger tend alors la main vers lui et Adrain perd conscience.

 

Esther a presque fini de sonder toutes les personnes qui se disent kinésistes. Elle n’a trouvé personne avec qui elle puisse entrer en contact par la pensée. Tous ces terriens sont des esprits fermés et elle se demande pourquoi Caaren les a envoyés là. Pourtant son père, An’dra, vient vers elle et lui annonce qu’ils ont trouvé un jeune terrien réceptif et que leurs équipes  pensent en trouver au maximum une dizaine. Elle n’en est pas moins découragée, pour dix personnes les maîtres caarénis ne feront pas l’effort d’une instruction.

Ils vont devoir rentrer chez eux avec leurs nouveaux esclaves, son père en aura d’ailleurs certainement un. Esther monte dans le vaisseau et contacte mentalement le navigateur pour qu’il la mette en stase. Elle n’a plus rien à faire ici.

Les caarénis, après de longues discussions avec les dirigeants terriens, ont obtenu cinq personnes réceptives. Ils ont expliqué aux représentants de l’Empire qu’une personne ayant des dons de kinésie non contrôlés est un danger pour lui et pour son environnement. Les cinq jeunes terriens, trois garçons et deux filles, seront donc conduits sur Caaren en état de stase. Ensuite ces enfants seront testés et deviendront, selon leur potentiel, des esclaves ou des serviteurs. Si les terriens ne refusent pas de donner ces enfants, c’est qu’ils ne sont pour la plupart pas utiles. Même le système d’esclavage qui règne sur Caaren ne choque personne, la Terre s’en est affranchie, mais bien d’autres planètes sous contrôle impérial connaissent encore l’esclavage.

Le vaisseau décolle après une semaine, type 1, passée sur Terre. D’ici quelques heures il arrivera sur Caaren, et les membres de l’expédition les plus gradés posséderont un ou deux esclaves de plus.

 

Adrain se sent étrangement léger, il ne peut pas ouvrir les yeux. Sa tête le brûle, il se remet difficilement de la stase. Il entend près de lui des bruits de respiration, mais pas de paroles. Il parvient enfin à ouvrir les yeux, mais à vrai dire cela ne change pas grand-chose car la pièce où il se trouve est plongée dans l’obscurité. Il tente de se lever mais ses pieds sont attachés. Il est en fait lié par une sorte de chaîne, conçue dans une matière étrange. Les maillons sont mous mais extraordinairement solides, il ne peut faire un geste.

« Cesse de bouger et je te libérerai ! » Adrain sursaute en entendant cette voix comme à l’intérieur de sa tête. Mais, sans qu’il puisse l’expliquer, il lui fait confiance. Dès qu’il cesse de bouger, la chaîne, qu’il avait pourtant essayé de casser, se brise. Il se lève mais titube, sa tête lui fait encore mal. Il ne sait pas où il est, mais, à cause de cette impression de légèreté,  il est sûr de ne plus être sur la Terre.

« Fait attention à tes camarades » lui dit encore la voix.

« Qui êtes vous ? Adrain a parlé fort et le son de sa voix lui fait mal à la tête.

- Je préfère que tu ne le saches pas, mais écoute-moi. Tu es en danger, les dirigeants de ma planète veulent que tu sois un de nos esclaves. Non, ne dis rien. Je pense pouvoir insister pour que tu sois, avec un autre prisonnier, un serviteur plus libre. Mais attention, ne dis pas un mot, les gardiens ne te comprenant pas, ils pourraient croire que tu les insultes et leur punition est terrible. Maintenant repose-toi, l’épreuve qui t’attend est longue. »

Le jeune terrien s’étire, il se sent mieux depuis les propos de la voix. Il entend un gémissement, un de ses camarades s’éveille à son tour.

« Où sommes-nous ?

-   Je n’en sais pas plus que toi, mais je crois que nous sommes prisonniers des caarénis. Ils t’ont fait passer des tests pour savoir si tu es kinésiste ?

-   Non je ne crois pas mais je me souviens avoir entendu un son très aigu et désagréable. Ensuite, je ne sais plus.

-   Qui es-tu ?

-   Je m’appelle Thibault, je suis un terrien et j’ai 13 ans. Et toi ?

-   Je m’appelle Adrain, j’ai 15 ans et je suis aussi terrien. Mais je pense que nous sommes tous des terriens.

-   Tous ?

-   Oui, d’après ce que je sais nous sommes quelques-uns, emmenés par les caarénis pour leur servir d’esclaves. Le ton d’Adrain est grave, il n’a pas envie de devenir esclave mais il ne veut pas effrayer Thibault d’avantage.

-   Quoi ? crie Thibault.

-   Ne hurle pas comme ça. S’ils t’entendent, tu es bon pour une autre séance de ce « son » et nous avec, alors calme-toi ! rétorque Adrain d’un ton sec. Cherchons plutôt à savoir combien nous sommes. Lève-toi !

-   Je suis attaché, je ne peux pas !

-   Attends un instant sans bouger. Vous êtes toujours là ? lance-t-il à son mystérieux interlocuteur.

-   A qui tu parles ? s’étonne Thibault.

-   Chut ! Attends ! J’écoute ! Vous m’entendez ? »

Mais cette fois la voix ne répondant pas, Adrain doit entreprendre seul d’explorer leur prison. Après quelques minutes de recherche Adrain et Thibault savent qu’ils sont cinq dans la pièce, tous attachés sauf le garçon aux cheveux noirs.

Encore des bruits et des gémissements, le réveil est dur pour chacun. Tous se demandent où ils sont et Adrain doit les renseigner sans dévoiler la provenance de ses informations. Au bout d’une attente pénible les cinq terriens, Adrain et Thibault, les deux plus jeunes, et les trois plus âgés Ysa, Mathias et Laura, entendent des pas s’approcher de la pièce.

La porte s’ouvre, les jeunes gens plissent les yeux sous l’effet de la lumière, deux silhouettes se découpent dans l’encadrement. « Ne bougez pas sinon nous serions obligés de vous punir… » La voix cette fois-ci est bien réelle, se dit Adrain. Les captifs ne bougent plus. Les chaînes des quatre autres sont bientôt brisées, mais une des silhouettes entre et se dirige directement vers Adrain.

« Comment t’es-tu libéré Terran' ?

-   J’ai entendu une voix me dire de ne plus bouger et ma chaîne s’est brisée, comme les autres à l’instant.

-   Cesse de mentir, personne n’a pu te parler, réplique sèchement l’homme A moins que… Cette voix t’a-t-elle donné son nom ?

-   Non, elle a dit que je ne devais pas savoir son nom. »

Après avoir prononcé ces mots Adrain se souvient du conseil de la voix, - ne pas parler aux gardiens - et se mord les lèvres. Mais le garde se retourne et se contente de leur ordonner de le suivre sans tenter de s’échapper.

Ils sortent un par un de la pièce ; à leur grande surprise, elle donne sur une place assez vaste. Les gardes sont bien caarénis, leur peau blanche le montre. Adrain lève les yeux sur le soleil, il est presque blanc mais bizarrement pas froid. Les gardes les entourent alors pour traverser la place, ils arrivent devant un bâtiment étrange. Il est de forme octogonale et est constitué entièrement d’une matière bleue transparente. En arrivant près de la construction, ils cherchent en vain une porte, s’arrêtent et attendent. Le garde va vers un des côtés et pose sa main sur la structure. Aussitôt une ouverture se forme et les captifs l’empruntent. Ils arrivent dans une pièce entièrement bleue. Devant eux dix caarénis attendent. Cinq d’entre eux sont habillés d’un vêtement bleu de la même couleur que la pièce, les cinq autres sont vêtus d’une veste rouge et d’un pantalon mauve. La tenue des caarénis lors de mon enlèvement, pense Adrain.

« Ne bougez pas, les contrôleurs vont mesurer vos pouvoirs psychiques », la voix cassante du garde les décourage de bouger. Thibault pousse un cri, et se tient la tête en gémissant. Adrain se tourne vers son camarade et tend les bras pour le soutenir. Mais il n’a pas le temps de le faire, une douleur sourde s’empare de son corps, il est immobilisé. La douleur remonte dans tout son être avant de stopper dans sa tête : il ne sent rien d’autre que la douleur. Puis plus rien, comme un vide, seulement le souvenir du mal-être. Les autres subissent mieux l’épreuve.

« Adrain, Thibault, approchez » c’est un des hommes en tenue bleue qui a parlé, sans pour autant bouger les lèvres. Les jeunes garçons se regardent et sans parler se comprennent, comment connaît-il notre nom ? Néanmoins ils s’approchent. « Maintenant ne bougez plus, l’examen devrait être moins douloureux » Le garçon aux cheveux noirs se tend en prévision de l’assaut de douleur, mais il ne ressent qu’un petit picotement au niveau des mains.

« Le test est terminé, seuls quatre maîtres vont être désignés, les deux plus jeunes terriens, moins de 800 ans, seront ensemble avec An’dra. Ysa, avance toi et va vers la gauche. Mathias vers la droite. Laura au centre. EXECUTION » Les jeunes garçons ne bougent pas, mais les plus vieux de leur groupe se mettent à courir vers la sortie. « Les fous, ils n’ont aucune chance » pense Adrain. « Tu as raison Adrain, ils sont maintenant morts dans la traversée du bouclier », l’homme situé au centre a parlé d’une voix grave. Adrain n’en revient pas, ses camarades sont morts en quelques secondes. « Ne faîtes pas la même erreur ». Adrain se rend compte qu’il n’a pas parlé en terran mais en caaran’ et qu’il l’a compris.

Un caaréni s’avance vers eux. « Je suis An’dra, suivez-moi ! » Les jeunes gens suivent l’homme, ils cherchent machinalement à voir leurs anciens camarades mais rien n’est visible. Ils arrivent devant un appareil étrange, une sorte d’aile volante, munie de sièges. « Asseyez-vous et ne bougez pas, vous ne craignez rien, cela fait plus de 2000 ans que je sais conduire une Avi de Pouvoir » L’aile étrange se sépare sans difficulté apparente du sol, les terriens se calent au plus profond de leur siège, en proie à la peur de l’inconnu. L’homme près d’eux fixe une pierre pourpre, et semble perdu dans ses pensées. Les enfants osent à peine respirer et l’épuisement les fait s’évanouir…

 

Esther espère que personne n’a intercepté sa communication avec le terrien. Elle à beau être la fille du Zeral, le chef militaire de la cité, son immunité ne suffirait pas pour lui pardonner un contact avec un prisonnier, futur esclave. Son père An’dra est parti depuis près de trois heures, pourvu qu’il puisse prendre ce jeune homme, Adrain. Quel nom étrange ! Sur Caaren, les garçons portent comme nom, la première syllabe du nom de leur mère et le nom du clan. Le terrien n’aurait donc ni mère, ni clan ? Elle trouve ça impensable, mais elle devra essayer de ne pas lui en faire part si elle le contacte à nouveau, il est déjà assez effrayé.

Caaren est une planète hautement technologique grâce au Pouvoir, mais elle garde ses traditions bien ancrées. Les garçons doivent toujours succéder à leur père et les filles sont mariées à des hommes d’un rang égal. Les parents d’Esther ont eu la chance de s’aimer avant leur mariage, mais beaucoup d’autres n’ont pas cette chance. Esther connaît son père et pense qu’il ne la forcera pas à épouser un inconnu. Elle aimerait que les traditions soient moins strictes, et en cela elle est très proche de la ligne de conduite de sa cité.

Enfin elle sent le contact familier de sa mère Lara, elle a des nouvelles !

« Alors, transmet la jeune fille excitée, il en a un ?

-   Même deux ma fille, les trois autres ont été tués par le bouclier. Mais je pense que ton préféré est avec ton père, répond sa mère, amusée…

-   Comment as-tu su ? » La transmission de pensée ne reflète pas les émotions mais elle est terrifiée à l’idée que quelqu’un l’ai entendue transmettre au jeune terrien.

«  Je te connais bien ma fille, tu ne peux rien me cacher bien longtemps.

-   Mais qui d’autre est au courant ? la jeune fille est un peu angoissée

-   Si tu veux parler de ton contact avec le terrien je suis la seule, mais si tu veux parler de ta réticence à les laisser devenir esclaves, ton père est d’accord avec toi. »

Au bout d’une heure environ l’Avi de son père se pose enfin dans la cour de la demeure familiale. Les terriens sont réveillés et étonnés. Elle aimerait les rassurer mais pas question de parler à l’un d’eux avant que son père ne l’y ait autorisée. Ils sont conduits vers l’aile des esclaves. La jeune fille plaint  les terriens qui vont devoir apprendre en quelques heures ce qu’elle a mis plusieurs semaines à apprendre : comment transmettre par la pensée. Elle espère secrètement avoir le droit de les voir d’ici la fin de la journée. Mais son père l’appelle et s’emploie à lui dicter de strictes consignes.

« Tu ne devras sous aucun prétexte contacter les terriens… Pas de contact télépathique non plus ! Je préférerais également qu’ils ne te voient pas, ni toi ni ton frère La’dra. Enfin je vais aller contacter M. le Duc pour lui demander une dérogation au sujet de leur marquage.

-   Pourquoi ?

-   Ils devraient être marqués à la manière des esclaves, c’est à dire par un tatouage commun. Mais j’aimerais mieux qu’ils aient un tatouage reflétant leur personnalité.

-   Et tu crois qu’il va accepter ?

-   Je l’espère ma fille, cela signifierait qu’ils ne sont pas des esclaves mais des serviteurs. »

Songeant au discours de son père, Esther se dirige vers la chambre de son frère pour le prévenir qu’aucun contact ne doit être pris avec les deux terriens. Arrivée devant la porte  de cristal bleu, elle s’arrête un instant. Comment lui cacher qu’elle est entrée en contact avec les jeunes garçons ? Son frère bien que plus jeune possède un Pouvoir nettement plus développé que le sien au même âge. Il peut sans même s’en rendre compte lire les pensées de sa sœur.

Encore hésitante elle touche la porte. Sans un bruit la porte glisse sur un rail. La chambre est vide, son frère est absent. « Il doit être en cours pour exercer son Pouvoir » pense Esther. Elle se dirige donc aussitôt vers la salle où l’instructeur enseigne à son jeune frère. Elle n’est pas retournée dans la salle d’instruction de sa maison depuis plus de 100 ans. La pièce est octogonale, entièrement de cristal bleu. L’instructeur de la famille est un des plus vieux membres de sa caste. Il est sévère mais juste. La douleur qu’il inflige dans ses punitions fait encore frissonner Esther.

 

La’dra se retient de pleurer. Il n’a que 405 ans, 7 ans type 1. Pourquoi son père l’a-t-il forcé à apprendre le Pourvoir, pourquoi avec cet homme ? Le jeune garçon sait bien qu’il possède un Pouvoir très puissant, un Pouvoir suffisant pour tuer un des dirigeants de ce monde. Et pour le tuer lui même… Mais la charge de l’apprentissage ne lui en apparaît pas moins lourde.

« Cesse de rêver et tente de me toucher avec ton Pouvoir ! ». L’ordre du maître instructeur a claqué comme un fouet. La’dra se concentre, fixe son maître et tente une fois de plus de le toucher. Les barrières du maître sont très hautes, il tente de les franchir… La douleur qui l’assaille est brusque et soudaine, son maître hausse encore ses barrières mentales, il ne peut plus se concentrer, il pousse un crie et tombe, évanoui…

 

Esther a entendu son frère crier, elle sait que le maître peut se montrer parfois dur. Dans sa hâte elle ne pense pas que son frère ne peut la contacter que par la télépathie. Elle touche la porte qui refuse de s’ouvrir. Elle attend, le maître doit avoir bloqué l’entrée pour ne pas être dérangé et la dernière chose à faire serait de le perturber dans son travail. Mais comment a-t-elle pu entendre son frère ? La salle est totalement isolée au sein de la maison, personne ne peut entendre ce qui s’y passe. Puis soudain elle réalise que le cri était mental, elle tente de joindre son frère, mais son esprit est clos. Encore le maître qui bloque les transmissions.

Enfin la porte s’ouvre, le maître est devant, il dévisage Esther de la manière qui lui fait si peur. Ses yeux sont presque rouges à cause de la manipulation des pierres-relais. Il ne bouge pas et Esther sent son esprit s’ouvrir comme lorsqu’elle étudiait encore.

« Ton frère n’est qu’un imbécile, il tente de forcer mes barrières alors qu’il faut les contourner ! Je ne sais pas si on pourra en faire quelque chose ! » La phrase du maître paraît être une menace dans sa bouche. Il ne plaisante jamais ! Elle sait que son frère est très jeune pour l’apprentissage, elle-même pourtant puissante kinésiste a commencé à 500 ans. Son frère, lui,  n’en avait que 360 lorsqu’il a commencé.

« Tu veux lui transmettre les ordres de ton père, je le ferai à ta place. Maintenant pars et ne tente plus de le distraire, il n’attend que ça ! » Alors que la jeune fille dépitée se retourne, elle sent le contact familier d’un kinésiste, elle s’ouvre pour entendre ce qu’il ou elle a à dire. Mais le message est flou, la personne ne sait pas lui parler, elle ne peut avoir qu’une impression de peur et de douleur. Elle croit tout d’abord que son frère lui parle encore mais le contact se poursuit trop longuement. Elle regarde à nouveau son maître qui se concentre, elle tente de le repousser pour protéger l’intrus, mais elle n’est pas assez concentrée. Le visage pourtant impassible en général se tend, il tente de remonter la source de la transmission au travers d’Esther, la jeune fille n’est plus qu’un pont entre les deux esprits. Elle ne peut se retirer sous peine de devoir subir une punition de la part du maître kinésiste.

Enfin le contact s’arrête, elle regarde son ancien professeur. Il est à nouveau calme. Il ne prononce pas un mot, mais elle sait qu’il a trouvé l’intrus et qu’il va faire un rapport à son père. Qui cela pouvait-il être ? Qui est assez doué pour la contacter sans qu’elle s’en rende compte mais pas assez pour transmettre ?

 

Adrain sent encore la douleur, il ne sait toujours pas ce qu’il a fait. Il pensait à la voix mystérieuse quand soudain une présence immense a envahi son esprit. Puis la douleur qu’il croyait partie est revenue, plus sournoise et plus forte qu’avant. Et enfin la présence est partie ne lui laissant qu’une sensation de vide et de souffrance.

Il est arrivé a demi-conscient dans cette pièce avec Thibault. Il pense a tout ce qui lui est arrivé depuis qu’il a quitté la Terre. Il est sur Caaren, pour devenir un esclave. Lui qui ne se trouvait pas assez libre sur Terre ! Mais maintenant dans cette pièce, que faire ? D’autant qu’il commence à avoir faim et soif. Thibault est plus sonné que lui par le voyage, il est encore presque inconscient.

Les jeunes terriens ne sont pas encore remis de leurs émotions quand la porte de leur cellule s’ouvre et que deux personnages entrent. Les nouveaux venus sont suivis d’un caaréni. Les étranges individus sont des félins, une autre race d’extra terrestres, ils ressemblent à des lions mais ont un pelage blanc. « Voilà votre repas » le caaréni fait un signe et les félins déposent un plat contenant un met ressemblant à du riz avec des légumes et une viande indéterminée.

« Ne vous étonnez pas si vous comprenez ce que je dis, les contrôleurs vous ont appris la langue caaran et vous l’employez maintenant de manière aussi naturelle que votre langue d’origine. La pièce située en face vous permettra de vous rafraîchir et de vous changer. Ne cherchez pas à quitter ces deux lieux, le bouclier vous tuerait »

Après avoir prononcé ces mots il quitte la pièce suivi par les félins et les deux garçons sont laissés seuls. Adrain est le premier à goûter à leur repas, qui s’avère plutôt bon, et il fait signe à Thibault que c’est comestible.

« Mangeons, s’ils nous l’ont donné, c’est que ça nous convient !

-   J’espère ! Ce sont les premiers mots que Thibault prononce depuis qu’ils ont quitté leur cellule.

-   Après on ira voir ce qu’ils nous ont réservé pour nous habiller.

-   Tu crois que nous allons devoir les servir durant toute notre vie ? demande Thibault

-   Je ne sais pas, mais j’espère que non ! »

Après avoir mangé et bu ils se dirigent vers la salle de bains. Les appareils qui la composent parlent d’eux-mêmes mais ils ne comprennent pas leur fonctionnement. Mais, Thibault remarque une pierre rouge comme celle de l’Avi. Ils la regardent et aussitôt de l’eau se met à couler dans la douche. Cet évènement bien qu’étrange ne les étonne pas outre mesure, en effet ils pense que la pierre est réglée pour agir toujours de la sorte. Dans l’Empire il existe des appareils capables d’effectuer une suite d’instruction grâce à une caméra et un ordinateur.

« Je peux sortir si tu veux être tranquille pour te laver, glisse Adrain, soucieux de respecter l’intimité de son ami.

-   Non, reste s’il te plait. J’aime mieux que tu sois là ! Thibault a visiblement peur de rester seul dans cet endroit inconnu.

-    Pas de problème. »

Le plus jeune des deux esclaves entre sous la douche dont l’eau coule encore. Puis, Thibault sort de la douche et cherche comment se sécher tandis qu’Adrain va se laver. Thibault ne trouve aucune serviette et retourne voir la pierre. Cette fois un placard s’ouvre et contient un tissu pour s’essuyer, il se sèche donc, puis trouve des vêtements. Ils sont bleus et ont la forme d’une toge romaine. Les jeunes garçons, après s’être lavés et changés, retournent dans la première pièce. Ils n’ont rien à faire mais n’ont pas le courage de parler.

 

An’dra entre dans le salon du Duc. Ce dernier étant le dirigeant de la cité, il est toujours vêtu entièrement d’une tunique blanche et son visage est couvert par un masque ; personne ne sait qui il est, sauf l’empereur de Caaren. An’dra est à chaque fois impressionné quand il entre dans ce salon, le Duc est toujours assis à la même place, on a la sensation qu’il sait déjà ce qui vous amène. Mais An’dra n’a pas peur, le Duc est juste et a la même conception de la vie que lui. Il s’avance donc et expose le sujet de sa visite.

 « Monsieur le Duc, je suis navré de devoir vous déranger, mais j’ai deux nouveaux esclaves et j’aimerais les initier à la transmission de pensées.

-   D’où viennent-ils ?

-   De la Terre. Ils ont un Pouvoir important.

-   An’dra ton fils étudie en ce moment le Pouvoir ?

-   Oui, pourquoi cette question ?

-   Les deux terriens sont-ils de la même puissance ?

-   Non, l’un des deux est au moins aussi puissant que ma fille Esther et l’autre nettement moins.

-   Bon, tu enseigneras la transmission au plus faible, et si le plus fort accepte le défi, il pourra apprendre à contrôler son Pouvoir. Mais ils devront être marqués individuellement et leur symbole sera unique. De plus leur marquage sera fait par le Pouvoir et ils devront mourir s’ils l’utilisent contre moi ou un des tiens. Es-ce bien clair ?

-   Parfaitement, merci M. le Duc. »

Sur une dernière révérence complexe, An’dra quitte la salle, heureux mais inquiet. Pourvu que le jeune esclave soit assez fort pour supporter l’enseignement du Pouvoir en seulement 50 ans ! C’est sur ces considérations qu’il rentre chez lui.

Le Duc de Kanora est heureux que les terriens aient été confiés à An’dra, en tant que Zeral, chef de la garde, il va pouvoir les protéger des autres caarénis qui apprécient l’esclavage un peu trop à son goût.

Mais il est inquiet pour l’avenir des terriens. En effet le Duc de Kermal, la cité guerrière de Caaren est âgé, il risque de mourir bientôt et son succésseur pourrait bien détruire le fragile équilibre qui maintient Caaren en vie. Il y a des années déjà, Caaren avait failli être totalement détruite par des guerres de Pouvoir. Les pierres-relais semaient la destruction partout. Mais, un homme s’est imposé comme Empereur et a institué les huit cités. Chaque cité est gouvernée par un Duc qui détient un grand Pouvoir. Mais très rapidement les guerres ont repris. L’Empereur a donc décidé de créer les Zeral, ce sont les chefs de la garde. Ils ont toute autorité sur les troupes. La paix a donc été instaurée, mais de nombreux points de désaccord subsistent entre les cités.

Chaque cité a sa spécialité, Kanora : la culture, Kermal : la guerre, Kitras : la mer et la navigation, Kiboral : la nature, Kolores : les technologies du Pouvoir, Komerca : les échanges, Kurnic : l’art, en enfin Karekiruc : l’étude des légendes. Il y a également la cité impériale qui rassemble un ambassadeur de chaque cité.

 

En arrivant, An’dra reçoit la visite du maître de son fils.

« An’dra, je dois vous parler

-   Je vous écoute.

-   Un jeune garçon a tenté de contacter votre fille, mais son Pouvoir n’est pas contrôlé et je peux seulement dire qu’il est dans la maison.

-   Les seuls jeunes garçons de la maison sont les deux esclaves terriens, et La’dra, mon fils.

-   Ce n’était pas votre fils, j’en suis sûr, quant aux terriens…

-   Ne sous-estimez pas ces jeunes garçons, ils ont un Pouvoir puissant.

-   Puis-je dans ce cas les voir, pour confirmer ma pensée ?

-   Bien entendu, l’un des deux sera même votre élève au même titre que mon fils.

-   Bien, An’dra. »

Arrivés devant la porte des esclaves, l’instructeur sait déjà que c’est d’ici que le message est parti. Ils entrent, les jeunes terriens sont habillés de la tenue des esclaves. An’dra les observe puis prend la parole.

« Je suis An’dra, le chef de cette maison, je suis également un Zeral, le chef militaire de toute la cité de Kanora. Adrain, viens me voir. » Le jeune terrien s’approche, anxieux.

« N’aie aucune crainte, l’homme que tu vois va t’apprendre à contrôler ton Pouvoir. Il te faudra être patient. Le Pouvoir ne s’apprend pas en un jour, mais si tu le contrôles bien, tu pourras certainement vivre librement. Je ne te propose pas de retourner dans l’Empire, mais tu pourrais être un de mes conseillers puis un des conseillers de mon fils. Je te préviens, tu n’as pas le droit à l’erreur. » Adrain peine à croire ce qu’il vient d’entendre, libre, c’est inespéré. Mais Thibault ? Il n’ose pas poser de question, c’est alors que l’homme étrange le regarde. Il ne dit pas un mot, mais il le fixe. Et soudain…

 

Esther est seule dans sa chambre ; elle repense à tout ce que lui a dit son père. Comment faire pour éviter toujours les terriens, ils sont esclaves de son père, il va bien falloir qu’ils sortent du quartier des esclaves pour travailler… De plus, qui a bien pu la contacter ? Elle repense aux sensations qu’elle a éprouvées. La peur, la douleur, comme elle la première fois qu’elle a été sondée, la première fois qu’on l’a placée en stase. Et si c’était le terrien ? Mais non c’est impossible, il ne peut pas lui transmettre ses émotions. Cependant…

Un coup léger l’avertit de la présence de son frère à la porte. Il entre, l’air exténué, et fond en larmes devant sa sœur.

« Pourquoi m’a-t-il puni ainsi ? Pourquoi je ne peux pas réussir ?

-   Ne pleure plus. C’est fini. Tu réussiras. Je me souviens quand j’ai appris à forcer ses barrières la première fois, j’ai eu si mal que j’aurais préféré mourir. Mais maintenant je contrôle parfaitement mes capacités et je m’améliore tous les jours.

-   Mais pourquoi est-il si méchant avec moi ? Je suis un bon à rien. Il me le dit toujours.

-   C’est faux, crie Esther. Tu n’y arrives pas encore mais tu n’es certainement pas bon à rien. Tu peux me contacter, tu peux faire voler un petit Avi, tu lis les pensées dans les cristaux. Que veux-tu de plus à ton âge, pouvoir contrôler les gens, les faire entrer en stase ? »

Sans transition, le jeune garçon change de sujet.

« Esther, qui c’est Adrain ?

-   De quoi parles-tu ?

-   Tu connais un garçon qui s’appelle Adrain, qui est-ce ?

-   Je ne sais pas, comment sais-tu ça ? Esther viens de se rendre compte qu’elle a volontairement abaissé ses barrières, son frère a donc pu accéder à ses souvenirs et au nom du terrien.

-   Je suis désolé Esther, je n’aurais pas dû ?

-   Non mais ce n’est pas grave, je vais te sonder pour vérifier que tu ne le révèleras à personne. »

Esther fixe son frère et prend son cristal, elle sent maintenant les pensées de son frère. Elle sent sa peur, et enfin, elle sent la pensée d’Adrain. Elle envoie un peu de son Pouvoir pour placer une barrière supplémentaire, une barrière qui ne laissera passer que si elle le désire, et elle se retire épuisée. Son frère l’a regardé faire. Elle ne lui a pas fait mal, il est heureux, son lien avec sa sœur est encore renforcé.

 

Adrain a l’impression que tout le bâtiment vient de s’écrouler, il a mal partout. Comment cette douleur insupportable peut-elle le laisser en vie ? Il ne tient plus debout, son esprit est fixé sur la torture, il ne pense plus qu’à ça. Et aussi soudainement qu’elle est apparue le supplice disparaît. Plus rien, pas même un point douloureux, il est en sueur, il tremble. Il tente de se lever mais il ne peut pas.

« Maintenant terran’ tu sais ce qu’est le Pouvoir, je te l’offre si tu le veux, tu pourras le contrôler. Alors ? » Adrain aimerait répondre qu’il accepte, mais il ne peut pas le dire, il ne peut pas parler, il tremble trop. Mais le caaréni semble satisfait et lui fait signe de se reposer. Thibault est resté comme pétrifié devant la torture qu’a subie son ami. Il se place devant lui, tentant de le protéger.

« Très bien, jeune homme. Toi tu ne peux pas apprendre le Pouvoir, tu n’en a pas assez naturellement. Mais tu peux transmettre. Suis-moi » An’dra a parlé sans élever la voix, mais Thibault ne peut résister, il quitte son ami et suis le caaréni. Adrain, lui, finit par se relever, l’instructeur le regarde et lui fait signe de le suivre. Il obéit et arrive devant une pièce octogonale. Ils entrent, Adrain tremble encore. L’instructeur lui fait signe de s’asseoir et va chercher une pierre rouge. Il n’a pas prononcé un mot et commence à regarder la pierre. Adrain sent une force qui s’approche de lui, il ne veut pas avoir mal, il tente donc de la repousser. Sans s’en rendre compte, il pense voir la force. Il cherche la source de celle-ci. Il voit comme une onde qui part de la pierre et qui vient vers lui. Il se concentre et essaie d’envoyer aussi une onde vers la pierre. Mais il est touché et la force lui fait mal à la tête, comme s’il pouvait sentir tous les atomes de son corps aller et venir en une douleur lancinante.

« Je savais que tu était doué, mais à ce point ! Bien, mais tu dois te concentrer plus rapidement sur mon Pouvoir et sur celui de la pierre. Le cristal ne sert qu’à traduire en énergie tes pensées. Comme celui que tu a vu sur l’Avi et dans la salle de bains. Ce que tu veux il te l’obtient. » Le maître est très impressionné, un kinésiste non entraîné est un danger potentiel, mais celui-là a localisé la source du Pouvoir et a presque réussi à la toucher mentalement ! Il va falloir le surveiller de près pour éviter qu’il contacte à nouveau une personne de la famille.

« Maintenant, repose-toi ! » Adrain obéit aussitôt, tout plutôt que la douleur. Il se retourne pour sortir, mais l’instructeur le contacte mentalement et lui  explique qu’il va changer de chambre, elle sera située près de la salle et demain, il aura un camarade pour étudier.

 

La’dra arrive dans la salle d’étude un peu anxieux, son père lui a ordonné de ne pas parler de sa famille, de rester le moins possible avec le jeune terrien si le maître ne le demande pas. Il touche la porte qui s’ouvre aussitôt, il entend courir derrière lui, le terrien est là. Il a l’air d’avoir aussi peur que le caaréni.

« Alors, allez-vous entrer ! » La voix du maître est cinglante, ils ne peuvent faire autrement que de lui obéir. « Adrain, prend cette pierre et ne la perds pas sinon tu en seras à jamais privé et tu ne pourras plus te servir de ton Pouvoir » La pierre rouge que le maître vient de lui donner est plus brillante que toutes celles qu’il a vues jusqu’à présent. Il la regarde et sent son esprit partir, il n’est plus Adrain mais un esprit qui se mêle aux autres. Le maître est là, ainsi que le jeune caaréni, ils sont un seul et même esprit pour plusieurs corps. La leçon vient de commencer, le terrien vient sans le savoir de fusionner les esprits pour quelques heures. La manipulation du Pouvoir est complexe et demande un long et fastidieux apprentissage, qui dure en général plusieurs dizaines d’années…

 

Pendant son apprentissage, Adrain ne va pas voir souvent son jeune ami Thibault qui peut, maintenant, transmettre ses pensées, des messages et même servir de relais pour son maître An’dra. Celui-ci est très juste avec le terrien, il le traite avec gentillesse, le punit rarement et lui a confié une pierre. Mais Thibault aimerait pouvoir parler avec Adrain. Etre seul sur une planète étrangère est une épreuve difficile même pour un jeune garçon habitué à la solitude. La’dra et Adrain ne sont pas vraiment amis, le père de ce dernier refusant tout contact en dehors des leçons. De plus, le caaréni est encore un enfant, Adrain ne cherche donc pas tellement à se lier avec lui.

Les leçons pour apprendre le Pouvoir sont les plus éprouvantes qu’Adrain ait jamais faites. Il est puni durant pratiquement chacune d’entre elles. Le maître semble heureux de lui faire du mal. Mais ses progrès sont rapides. Il doit aujourd’hui toucher La’dra par le Pouvoir et le maintenir immobile le plus longtemps possible. La’dra, quant à lui, doit repousser Adrain et si possible le placer en stase.

Adrain fixe sa pierre, puis sans prévenir cesse de la regarder et ferme les yeux. Il voit encore les lignes de Pouvoir de sa pierre-relais, il les envoie maintenant vers le petit garçon, son Pouvoir est important. Il voit les ondes de défense faire tout le tour du corps de La’dra, mais il passe par dessus, il immobilise le caaréni, et le maintient sans problème. Soudain, il sent une attaque de Pouvoir, le caaréni s’est concentré, il utilise le Pouvoir de la pierre-relais pour contrer l’attaque d’Adrain. Mais cette utilisation est trop dangereuse, le maître se concentre et sépare les deux esprits. Il touche ensuite avec son Pouvoir les deux garçons désemparés, ils ne comprennent pas leur erreur. La douleur est intenable, Adrain tombe à genou et La’dra font en larmes. Ils ne sont plus qu’un jouet entre les mains du maître. Adrain n’en peux plus, il envoie tout le Pouvoir qu’il peut utiliser vers le maître, la douleur s’arrête. Le maître est pâle, il se ressaisit et fixe Adrain. Félicitations, je ne m’attendais pas à ce que tu me touches. Bien. Adrain est surpris, c’est la première fois que le maître le félicite, il espère ne pas devoir faire plus d’efforts les prochaines fois. Mais après une année, il n’est plus puni, La’dra domine peu à peu sa peur et les leçons se passent de mieux en mieux.

 

La formation dure pendant environ quarante ans, les progrès des jeunes garçons sont de plus en plus visibles et pendant tout ce temps, La’dra parle beaucoup avec Esther, il lui confie ses angoisses, sa peur du maître. Il lui parle également d’Adrain, mais sans entrer dans les détails. L’instructeur, conformément aux consignes d’An’dra, scelle son esprit à la fin de chaque séance pour l’empêcher de parler du terrien. Adrain ne connaît quand à lui presque personne, il passe ses journées dans la salle d’instruction et ses nuits seul dans sa chambre. Il apprécie La’dra, mais le petit garçon reste distant. Adrain ignore les consignes du père du caaréni. Il commence néanmoins à connaître un peu mieux les relations entre les caarénis, elles sont plus figées encore que dans l’Empire. Les enfants doivent respect et obéissance à leurs parents. Ils ne doivent jamais protester et ne pas parler en présence d’adulte si on ne les y a pas invités. Il sait maintenant d’où viennent les noms étranges des caarénis, et quel est le rôle de chaque personne dans la société.

Il apprend en fait comme les jeunes caarénis, en utilisant son Pouvoir et en lisant les pensées des gens qui lui sont proches. Il sait maintenant qu’il n’y a pas d’école sur Caaren, elles sont inutiles. Pour apprendre quoi de mieux que d’utiliser le Pouvoir. Il a également compris comment fonctionnent les pierres rouges de l’Avi et de la salle de bain. Ce sont des pierres-relais particulières. Elles lisent les pensées et accèdent à la demande si possible. Le Pouvoir pour les manipuler peut être faible.

Il apprend également les légendes de Caaren, il en existe beaucoup. Adrain les trouves extravagantes et tout aussi farfelues que les anciennes légendes terriennes, mais il sait que tous les caarénis y croient et il respecte ce choix ! Il aime bien les chercher dans l’esprit de La’dra, cela fait travailler son Pouvoir. Sa légende préférée est la légende incomplète qui parle des pierres-relais et des visiteurs étranges. Il ne sait pas si elle est réelle mais elle lui paraît plus réaliste que les autres.

Enfin, Adrain et La’dra sont au même niveau, ils peuvent transmettre, lire les pensées à l’aide de leurs pierres, placer une personne en stase et même attaquer avec leur Pouvoir. La cérémonie des tatouages va clore leur formation et leur donner l’autorisation d’utiliser le Pouvoir en dehors du cadre des leçons.

 

Le grand jour arrive enfin : La’dra est avec sa sœur, il est inquiet et tente d’avoir des réponses à ses interrogations.

« S’il te plait, comment ça se passe ? On a mal ? Comment notre tatouage est-il choisi ?

-   Patience, mon jeune frère, il te reste une heure avant le début des festivités. Mais toi, réponds à ma question : les terriens recevront-ils eux aussi un tatouage ?

-   Bien entendu, Adrain est même plus puissant que moi, il est vraiment doué ! »

 

Adrain, lui n’a personne pour le calmer, il n’a pas peur, cela fait au moins vingt ans qu’il n’a plus ressenti une douleur vive comme aux premier jours de son enseignement, il est heureux que la cérémonie lui offre également un tatouage unique, il n’aurait pas voulu être tatoué par le symbole des esclaves, ça non ! Mais quel va être son symbole ? Le peu qu’il sait sur la cérémonie, c’est ce qu’a bien voulu en dire l’instructeur. Le symbole est déterminé par le Pouvoir dont on dispose, il ne peut-être changé et personne ne le connaît avant que l’Ostratis l’ai tatoué. Mais qui est cette Ostratis, comment fait-elle le tatouage ? Mystère !

 

Une sonnerie retentit, les deux jeunes garçons sont prêts, ils portent une tunique blanche et leurs cheveux longs sont liés en une tresse complexe fixée par une boucle rouge. Leur pierre ressort sur la tunique, ils l’ont fixée eux-mêmes. Adrain avance vers le centre d’une salle qu’il ne connaît pas, elle est très vaste et octogonale, comme la salle d’étude, mais en beaucoup plus somptueux et impressionnant. Il voit enfin Thibault, le jeune terrien ne porte pas une tunique blanche, mais bleue, et ses cheveux sont courts. Les trois garçons sont situés au milieu de la salle, ils attendent l’Ostratis chargée de faire leurs tatouages.

Le Duc de Kanora fait alors son entrée, il est vêtu d’une tunique bleue très foncée, sur laquelle deux symboles rouges sont brodés : l’un des deux représente l’octogone, le symbole du Pouvoir, l’autre est plus complexe, il s’agit en fait de huit octogones mêlés et d’un cercle entourant l’un d’entre eux, c’est le symbole de la cité de Kanora. Il porte également un masque lui couvrant entièrement le visage, même ses yeux sont cachés par des cristaux bleus. A sa suite un personnage vêtu entièrement de rouge fait son entrée.

La voix du Duc résonne :

« Amis, la cérémonie du Pouvoir peut commencer, si une des personnes présente est contre cette cérémonie qu’il le fasse savoir ! Annonce-t-il en ménageant une courte pause. Bien, maintenant je vous prie de respecter le silence de l’Amkal, la cérémonie du Pouvoir et des tatouages. »

Puis l’Ostratis poursuit :

« Je suis l’Ostratis chargée de réaliser les tatouages des jeunes qui me sont présentés, Le premier  sera le jeune Thibault, son tatouage sera bleu ! » Sur ces paroles l’Ostratis prend sa pierre et se concentre, les spectateurs en font autant et voient le tatouage se dessiner sur le front du terrien. Le symbole est simple, un cercle entourant un triangle et entouré d’un hexagone. Thibault ne sent rien ; il sait que son symbole est tatoué mais il ne peut le voir. Il lui faudra attendre de se regarder dans une glace ! Sa pierre, de la taille d’une pièce de monnaie brille sur sa poitrine, il sait maintenant que c’est fini, les autres vont recevoir leur tatouage.

« La’dra sera le second, son tatouage sera violet et vert ! » La cérémonie se reproduit, mais le jeune caaréni semble souffrir davantage, un motif d’octogones se dessine, un octogone vert dans lequel s’imbriquent 5 octogones violets. La’dra souffre, la douleur est forte, mais il a entendu l’Ostratis lui dire que plus son Pouvoir est grand plus la souffrance est grande… Il aimerait à cet instant en avoir moins. La douleur s’arrête d’un coup, le tatouage est terminé.

« Adrain sera le troisième, son tatouage sera tricolore, violet, orange et rouge ! » Cette fois, la souffrance du jeune garçon est visible, le tatouage est complexe, un octogone avec en son centre une rosace et un hexagone. Adrain n’a pas ressenti une douleur pareille depuis longtemps, et malgré les encouragements mentaux de l’Ostratis, il a du mal à ne pas crier, il commence à trembler, mais la douleur cesse d’un seul coup. Enfin c’est terminé : son tatouage vaut désormais serment envers la famille d’An’dra et envers les responsables de Kanora. La fête qui suit est somptueuse, les trois jeunes garçons sont entourés. Même les terriens sont fêtés. Aucun n’est oublié, ils ont le droit de faire ce qui leur plaît jusqu’au soir et ils ne s’en privent pas. Adrain, Thibault et La’dra parlent sans arrêt, de ce qu’ils ont ressenti, de ce qu’ils savent les uns des autres, et même de la vie sur leur planètes respectives.

An’dra cherche son fils des yeux, il le trouve avec les terriens, ce qui n’est pas très grave, mais il aurait préféré le voir avec sa sœur. La semaine prochaine, il présentera les terriens à sa femme et à sa fille. Le Duc de Kanora lui fait un signe et lui transmet une question « Les jeunes vont-ils pouvoir venir me voir demain matin dès la deuxième heure du jour ? » An’dra ne peut bien entendu pas refuser, le lendemain, ils iront tous au palais.

 

Adrain se remet de sa soirée de la veille, la fête a duré tard, il n’est pas habitué. En plus le Duc les a convoqués au palais. Il a hâte de voir ce palais avec ses jardins, il n’a pas vu de verdure depuis son arrivée : même la Terre avec ses paysages structurés est plus verte ; il se force à penser à autre chose, il ne doit pas repenser à la Terre : cela le rend malheureux. Il doute de la revoir un jour ! La’dra frappe un coup discret à sa porte, chose inhabituelle, avant en tant qu’esclave personne ne se souciait de lui. Maintenant il est kinésiste et il a passé l’Amkal !

La’dra entre dans la chambre de son ami terrien, il a été envoyé pour chercher le jeune garçon, il sait bien que son père aurait pu le contacter par la pensée, mais il a préféré l’envoyer, et il est ravi ! « Adrain, nous devons partir » Le jeune terrien a les yeux dans le vague, il pense encore à la Terre, mais il se force à sourire et demande si Thibault est prévenu. La réponse vient par la pensée, Thibault tente de lui parler, il attend que ses deux camarades viennent le chercher. Très bien, ils iront tous ensemble vers le palais.

 

An’dra est heureux de la bonne entente des terriens et de son fils. Les terriens sont, il le sent bien, un peu tristes de ne pas pouvoir retourner sur Terre. Il a donc décidé de leur faire deux cadeaux. Le premier est de les reconnaître comme ses fils. En effet l’Amkal se déroule à la demande du père de l’étudiant ou par dérogation ducale. Il aurait donc pu laisser le Duc de Kanora faire la demande à l’Ostratis, mais il a préféré reconnaître les terriens. Il est maintenant certain que personne ne pourra remettre leur statut en cause. La’dra prendra néanmoins la suite de son père. Les terriens ne sont que des fils adoptifs. Il aime bien les terriens mais il ne pouvait décider de les placer avant son propre fils, de plus il ne connaît pas réellement Adrain et il aimerait en savoir plus sur lui.

En guise de second cadeau, il a fait construire trois Avis de deux places, les jeunes garçons en auront ainsi un chacun. Esther elle aussi va aller chez le Duc, elle prendra sa propre Avi. Les cinq appareils sont disposés dans la cour, prêts au départ.

Adrain arrive dans la cour, il est étonné de voir des Avis qu’il n’avait jamais aperçus avant. La’dra, lui, a déjà compris et il court vers son père, pour le remercier. Les terriens comprennent à leur tour : ils ne savent quoi dire, mais ils sont ravis et An’dra perçoit leur joie. Esther arrive à son tour, c’est la première fois qu’elle peut observer les terriens depuis leur arrivée 50 ans plus tôt, elle les dévisage un instant puis prend place dans son appareil. Les autres montent et les Avis décollent rapidement, puis se dirigent vers le centre de la cité…

 
 
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