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Beyond the story
Par Fannymjv
Harry Potter  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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« Draco dormiens nunquam titillandus » - Partie 2

Après l'épisode de la gare, Harry avait aussitôt pensé que la vision presque rêvée de Malfoy allait le hanter jusqu'à la fin de ses jours. Il avait imaginé que cette simple rencontre entre leurs deux regards allait remettre en question l'ensemble de sa vie. Son mariage surtout, mais également tout ce qui lui avait suivi.

La fin de la journée avait été éprouvante. Ginny semblait avoir plus parlé que d'habitude, ou peut-être avait-il eu plus de mal à l'écouter, perdu dans ses pensées. Comme à son habitude, Lily avait filé dans sa chambre dès qu'ils avaient été de retour dans leur maison du douze Square Grimmault. Harry l'en avait remerciée silencieusement. Bien entendu, il n'avait pas pu repousser Ginny. Ginny… Elle avait été comme à des années lumières de lui ce jour-là.

Mais malgré tout ce qu'il avait imaginé, Malfoy était sortit de son esprit aussi vite qu'il y était rentré. Le lendemain il ne garda de la vision de Malfoy sur le bord du quai qu'une image floue se superposant largement au souvenir du jeune-homme qu'il avait été des années plus tôt. Ainsi, il ne pouvait même plus dire à quoi ressemblait ce Malfoy adulte qu'il avait entraperçu l'espace d'un instant. Et ce constat l'avait si peu terrifié, si peu marqué… C'était comme s'il l'avait seulement constaté puis avait oublié. La vie reprit donc rapidement son cours normal pendant les trois semaines qui suivirent.

La lettre de son fils cadet lui annonçant sa répartition à Serpentard l'avait laissé pensif. Il n'en avait pas vraiment été surpris, au contraire il s'y était en quelque sorte attendu. Le ton de la lettre était légèrement accusateur à certains moments. Harry avait compris qu'Albus n'était pas allé à Serpentard de son plein gré, que le Choixpeau ne lui avait pas laissé le choix à lui. Même s'il ne le disait pas, ses mots le trahissaient. Il expliquait également que Rose avait été « super cool » avec lui, et ne lui en avait pas voulu d'être dans la maison rivale de la sienne. Rose semblait décidemment plus tenir d'Hermione que de Ron. Apparemment, il n'en était pas de même pour James qui commençait déjà à en faire baver à son frère. Cependant, Harry n'était pas aussi véhément qu'Albus et savait parfaitement que James profitait juste du statut de son frère – être à Serpentard – pour aller le titiller dès que possible. La première fois qu'il avait vu ses deux garçons se chamailler plutôt violemment quelques années plus tôt, Harry en avait été très inquiet. Il s'était toujours imaginé la relation entre frères sans accroche et il s'était très vite rendu compte qu'il l'avait en fait énormément idéalisée. Ginny lui avait expliqué que c'était normal, que chez elle cela c'était passé de la même manière lorsqu'elle était enfant et que c'était une bonne chose. On pouvait s'aimer et se battre constamment, lui avait-elle dit, et il avait finit par s'en convaincre.

Dans sa lettre, Albus annonçait aussi qu'il s'était déjà fait un ami, sans beaucoup plus de détail, mais c'était déjà une très bonne nouvelle. Dans un post-scriptum digne d'une lettre entière, il s'adressait cette fois à sa mère et lui demandait pourquoi Hagrid avait tenu à la féliciter quand il l'avait vu en descendant du train. « Il était gêné, je suis sûr que tu nous cache quelque chose. » écrivait Albus. Harry pouvait parfaitement imaginer le regard accusateur de son fils en disant cela. Bien entendu, dans leur réponse, ni Ginny, ni Harry ne firent allusion à cela. Albus saurait bien assez tôt. Et même sûrement bien avant James.

Les trois semaines qui suivirent le départ à Poudlard de ses deux fils se déroulèrent ainsi de manière on ne peut plus normale. Les dossiers continuaient de se succéder au bureau – être chef du département des Aurors n'était certes pas de tout repos, mais au moins le boulot avait l'avantage d'être intéressant et certainement pas routinier.

A la suite de la chute de Voldemort, plusieurs années avaient été nécessaires pour retrouver, juger et condamner les dernières Mangemorts. Les procès avaient été à rallonge, et en arrivant au département de la Justice magique après quelques années passées au département de Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques, Hermione fut totalement assaillie de dossier. Les preuves s'accumulaient, mais ne suffisaient souvent pas parce qu'elles prenaient pour la plupart la forme de témoignages, et non de preuves matérielles. Il fallut une dizaine d'année pour clore le dossier Voldemort. Pendant ces dix années, Harry ne s'était pas donné le temps de souffler. Il avait souvent voyagé, parcourant le monde sur les traces des derniers Mangemorts en cavale, avait fait plusieurs séjours à Sainte-Mangouste suite à des blessures et avait également enterré quelques collègues. La guerre contre Voldemort ne prit fin qu'à partir du moment où il ne fut plus, directement comme indirectement, la cause d'événements tragiques. Il fallut aussi guérir les maux que la guerre avait provoqués. Enterrer les morts, reconstruire ce qui avait pu être détruit, mais surtout redonner à ceux qui étaient morts en héros le respect et l'honneur qu'ils méritaient.

Un jour particulièrement froid de décembre, douze ans plus tôt, un portrait officiel de Severus Rogue fut accroché dans le bureau directorial de Poudlard, juste à coté de celui d'Albus Dumbledore. Et afin que ces deux hommes soient à jamais réunis, une tombe fut creusée pour Rogue juste à coté de celle de son mentor. Harry y fit graver sur une partie dissimulée du marbre la figure d'une biche aux contours argentés. Après la chute de Voldemort, il ne put cependant jamais se résoudre à faire disparaitre les souvenirs que Rogue lui avait confiés avant de mourir. Il les conserva dans la petite flasque qu'Hermione avait conjurée dans la Cabane Hurlante, et cacha cette dernière dans le trou derrière le portrait de Dumbledore – où s'était trouvée l'épée de Gryffondor pendant un moment. Il était facile de faire honneur au passé, mais le laisser derrière soi était bien différent. A la suite de la réhabilitation de Rogue, Rita Skeeter publia un article qui ne fut pas sans rappeler à Harry celui qu'elle avait écrit sur Dumbledore après sa mort. « Severus : saint homme ou scélérat ? » fut vendu à des milliers d'exemplaire en Angleterre. Quelques mois plus tard, Ginny mit au monde un second garçon, qu'Harry la convainquit à appeler Albus Severus. A travers son enfant, les deux hommes seraient une fois de plus réunis.

Ce fut un choix qu'ils prirent très vite et peut-être fut-il une erreur, mais Ginny et Harry, tout comme Hermione et Ron, décidèrent de ne pas parler à leurs enfants des parties les plus sensibles de leur passé commun. Les manuels d'histoire citaient bien entendu le nom d'Harry Potter à plusieurs reprises, mais les faits qui y étaient relatés n'étaient pas assez précis pour trop attirer l'attention de leurs enfants. En outre, si la naissance de James fut quelque peu médiatisée, Albus naquit un an plus tard dans un calme relatif. Ses deux fils grandirent ainsi sans jamais comprendre que leur père était le héros d'un monde sorcier en pleine reconstruction, et que leur mère et la majeure partie de leur famille avaient contribué à faire de leur monde un monde meilleur. Harry se flatta pendant longtemps de cela. Puis vint le temps du doute.

Quelques années après la chute de Voldemort, et notamment après la naissance de son premier enfant, de nombreux journalistes s'intéressèrent à nouveau au héros national qu'il était. Ce fut le moment où une nouvelle collection de cartes dans les Chocogrenouilles parût, avec notamment la création de trois cartes à l'effigie d'Harry, de Ron et d'Hermione. Si Ron déclara par la suite que ce moment-là fut sa plus belle heure de gloire, Harry eut peur que cette médiatisation finissent par porter atteinte à l'innocence de ses trois enfants. Si ce fut le cas, James n'en parla cependant jamais, et mis à part quelques questions évasives de la part d'Albus, Harry ne fit jamais face à un quelque conque acharnement de leur part.

La maison du Square Grimmault fut bien entendu réhabilitée, et Ginny et Harry y élurent domicile peu après leur mariage, quinze ans plus tôt. Kreattur ne voulut jamais quitter la maison et son maître, malgré les injonctions d'Harry, et il le servit jusqu'à sa mort l'hiver dernier. Pendant les quelques mois qui précédèrent la mort de Kreattur, Harry eut de longues discussions avec lui à propos de Sirius. Il essaya d'obtenir la moindre information, le moindre détail lui permettant d'avoir une image la plus fidèle possible de son parrain dans son adolescence. Il avait appris à vivre avec l'image négative que lui renvoyait son père adolescent, il apprit à faire de même avec Sirius. Comme lui avait dit Dumbledore une fois, les années à Azkaban de Sirius ne lui avait pas profité, et il fallait comprendre les démons d'un homme qui s'était sentit trahit pendant tant d'années, et que la quête de vengeance n'avait pu épargner.

En grandissant, Harry commit à son tour de nombreuses erreurs, et il comprit peu à peu ce qui avait pu pousser les adultes qui l'avaient entouré dans son adolescence à agir comme ils l'avaient fait. Il comprit le besoin de vengeance de Sirius dont l'injustice avait bouleversé sa vie. Il comprit également les erreurs de Rogue, qui avait vu dans Voldemort la possibilité de devenir ce qu'il n'aurait jamais pu être. Et malgré toutes leurs erreurs il semblait qu'à chaque fois c'était l'amour qui les avait sauvés. L'amour que Sirius lui avait porté, tout comme l'amour de Rogue pour Lily.

Mais si les années lui avaient permis de mieux comprendre et de mieux accepter son passé, il y a certaines choses qu'il ne parvint jamais à accepter totalement et qu'il apprit très vite à oublier. Draco Malfoy faisait partit de ces choses là.

« Harry, mon chéri ! lui parvint la voix de Ginny depuis le rez-de-chaussée. Je vais faire des courses puis j'irai chercher Lily à l'école. Tu restes à la maison ?

- Oui, je reste ici. J'ai encore quelques dossiers à traiter, dit-il d'une voix forte en massant ses tempes douloureuses.

- A tout à l'heure alors ! »

La porte d'entrée claqua et le son raisonna dans tous les escaliers. Harry réprima une grimace de douleur. Et voilà que ces migraines recommençaient !

Depuis la chute de Voldemort, il avait définitivement compris l'intérêt de posséder une Pensine. Ces artefacts magiques n'étaient pas seulement destinés aux vieux sorciers. Mais quand l'esprit était trop lourd, la tête trop pleine, la Pensine permettait de faire le ménage.

Cependant, il y avait aussi des souvenirs qu'il avait cru bon de laisser mourir loin de son esprit, non pas parce qu'ils l'embrouillaient, mais pour des raisons plus complexes. C'était plutôt des souvenirs dont il préférait ne plus avoir à se rappeler. Néanmoins, lorsqu'on mettait un souvenir dans un réceptacle ou une Pensine, l'esprit ne l'oubliait pas soudainement. En fait, il n'oubliait jamais son existence. Mais avec le temps, le souvenir devenait de plus en plus flou, jusqu'à ce que les visages deviennent imperceptibles et les mots incohérents.C'était même un processus plutôt rapide. C'était aussi un processus très utile à connaitre...

Harry se leva de son fauteuil et se dirigea vers l'armoire située derrière lui qu'il ouvrit d'un geste rapide. Il plissa les yeux devant la lumière argentée éblouissante que dégageait une bassine en pierre peu profonde posée sur une étagère devant lui. Il attrapa l'objet et s'apprêtait à l'emmener jusqu'à son bureau quand ses yeux se posèrent sur une petite fiole jusqu'alors dissimulée par la Pensine. Un liquide étrange à l'aspect argenté tournoyait à l'intérieur. Harry alla poser la Pensine sur son bureau, puis retourna à son armoire. Il fixa plusieurs secondes la fiole avant de la prendre d'un geste hésitant. Il soupira en la serrant avec force dans son poing.

Après l'épisode du quai, Harry avait longuement hésité. Il n'avait pas tout de suite pensé à enfermer ce nouveau souvenir dans la fiole. Il avait cru bon de le garder en lui, et d'essayer pour une fois de vivre avec. Mais le regard interrogateur de Ginny, qui s'était inquiétée toute la journée de son état pensif, l'avait convaincu d'agir comme il l'avait déjà fait auparavant. Le souvenir avait ainsi rejoint la fiole dès la fin de la journée, un lieu sûr depuis lequel il était sûr qu'il ne pouvait bouleverser sa petite vie paisible.

Mais ces trois semaines avaient été difficiles et surtout, ses nuits très longues. Il s'était sans cesse torturé à essayer de mieux se souvenir du visage adulte de Malfoy. Chaque nuit, l'insomnie le gagnait alors qu'il tentait de retourner la scène mainte et mainte fois dans sa tête. Avait-il vraiment bien interprété le regard de Malfoy ? Mais d'ailleurs, est-ce que Malfoy l'avait vraiment regardé ou bien l'avait-il simplement imaginé ? Les questions se bousculaient dans son esprit, et il savait parfaitement où trouver les réponses. Mais à quel prix… ?

Et déjà, pourquoi avait-il fallu que ce connard soit sur le quai ce jour-là ?

« Foutu Draco Malfoy. »

Il était officiellement devenu l'élément perturbateur de sa vie.

Salopard.

De retour devant son bureau, Harry versa dans la Pensine les souvenirs contenus dans la fiole. Il observa avec tristesse les filaments argentés s'étendre et se déverser lentement dans la bassine de pierre. Le geste qu'il s'apprêtait à faire allait sûrement bousiller sa vie et pourtant, il ne se sentait pas capable de faire marche arrière à présent. Avec un pincement au cœur, il referma la fiole, fixa pendant un instant la photo de Ginny posée dans un cadre sur son bureau, puis plongea dans un passé qu'il s'était efforcé d'oublier depuis son mariage avec Ginny.

Il se sentit tomber et ses pieds atterrirent sur le sol froid d'un couloir de Poudlard. Il tourna son regard sur la droite et ses yeux s'arrêtèrent sur la figure frêle et le visage lice d'un adolescent de seize ans : lui-même. Il marchait dans le couloir, le regard perdu dans la carte du Maraudeur. Harry se vit froncer les sourcils puis marcher tout droit dans une armure qui tomba dans un bruit fracassant. Il suivit son homologue adolescent courir à travers les escaliers de marbre et se précipiter dans le couloir à l'étage inférieur, où il s'arrêta devant la porte des toilettes de Mimi Geignarde. L'adolescent colla son oreille contre la porte puis, ne semblant rien entendre, l'ouvrit discrètement.

Harry n'hésita pas une seconde et il marcha d'un pas rapide jusqu'à la porte et pénétra dans les toilettes, devançant l'adolescent qui lui resta au pas de la porte. A l'intérieur, un Draco Malfoy de seize ans était penché au-dessus d'un lavabo, ses cheveux tombant sur son visage. Son corps tremblait de sanglots non-retenus. Des larmes glissaient sur son visage pâle et allait s'écraser dans le lavabo. Dans la plus proche cabine de toilette, Mimi Geignarde l'observait les yeux emplis de larmes.

« Arrête, dit-elle d'une voix suppliante. Ne pleure pas… dis-moi ce qui ne va pas… je peux t'aider…

- Personne ne peut m'aider, dit Malfoy. Je ne peux pas le faire… je ne peux pas… ça ne marchera pas… et si je ne le fais pas très vite… il a dit qu'il allait me tuer… »

Harry sentit son cœur se pincer. Ca avait été la première fois qu'il avait considéré Draco Malfoy comme un humain et non simplement comme un ennemi sans cœur. Le voir pleurer et le voir si faible et vulnérable lui apparaissait toujours aussi incroyable vingt ans plus tard.

Puis il observa attentivement Malfoy lever les yeux et le corps entier du Serpentard frissonna. Il venait d'apercevoir dans le miroir brisé au-dessus du lavabo le reflet du jeune Harry qui le fixait depuis le pas de la porte. Malfoy fit volte face d'un geste rapide, dégaina sa baguette et lança un sort qui rata de peu le Gryffondor et alla briser la lampe accrochée au mur derrière lui. Mais l'adolescent avait déjà dégainé sa baguette et il lança un sort que Malfoy bloqua rapidement.

« Non ! Non ! Arrêtez-ça ! cria Mimi Geignarde toujours dans la cabine derrière Harry, sa voix raisonnant bruyamment dans l'étroite pièce. Arrêtez ! ARRETEZ ! »

Elle hurla de plus belle quand un sort du Gryffondor passa à quelques millimètres de l'oreille de Malfoy, rebondit sur le mur derrière lui et alla faire exploser le réservoir de la chasse-d'eau de la cabine dans laquelle elle était. Quand Harry vit le visage de Malfoy se contorsionner et ses lèvres bouger à nouveau pour former un sort, il sut que le moment était venu de fermer les yeux. Ses paupières se fermèrent violemment et il retint son souffle.

« SECTUMSEMPRA ! » entendit-il hurler.

Il essaya d'ignorer le bruit qui suivit le sort, puis il entendit le corps de Malfoy s'écraser au sol. Ses yeux étaient fermés, mais il pouvait imaginer le sang et le visage de Malfoy se faire lacérer par les lames invisibles du sort inventé par le Prince-au-Sang-Mêlé.

« Non… » Son gémissement fit écho à celui du Harry de son souvenir.

Il se laissa glisser au sol, les yeux toujours puissamment clos, et il retint les larmes qui commençaient à lui piquer le nez. Même vingt ans plus tard, il s'en voulait tellement d'avoir été si stupide ce jour-là.

« MEUTRE ! MEURTRE DANS LES TOILETTES ! MEURTRE ! » hurla Mimi Geignarde.

Harry retint un frisson avant d'ouvrir courageusement les yeux. Il vit la porte des toilettes s'ouvrir violemment sur un Rogue au visage livide. Rogue poussa sans douceur le jeune Gryffondor et s'agenouilla aux cotés de Malfoy ses genoux baignant dans le sang et l'eau qui maculaient le sol. Harry sentit son estomac se retourner quand il posa ses yeux sur le garçon encore conscient étendu sur le carrelage. Rogue murmurait des incantations tout en passant avec sa baguette au-dessus des profondes entailles qui avaient totalement défiguré et tailladé le corps de Malfoy. Il répéta trois fois l'incantation devant le visage horrifié de l'adolescent à coté de lui, qui n'arrivait toujours pas à croire ce qu'il avait fait. A quelques pas de lui, son ainé affichait le même regard, même vingt ans plus tard.

Les blessures de Malfoy s'étaient finalement refermées et Rogue l'aida à se mettre debout.

« Vous avez besoin de soins. Il restera sûrement quelques cicatrices, mais si vous prenez une potion maintenant nous devriez même arriver à éviter ça… venez… »

Il supporta Malfoy à travers les toilettes puis se retourna à la porte et sa voix sonna d'une colère froide.

« Quant à vous, Potter… »

La voix puissante de Rogue parvenait encore à faire frissonner Harry.

« …vous m'attendez ici. »

Harry fixa son homologue dont les yeux étaient toujours baignés d'horreur, puis la scène devint floue et le décor changea. Il leva les yeux et aperçut la marque des Ténèbres flottant sinistrement au-dessus de sa tête. Il comprit qu'il se trouvait à présent sur la tour d'Astronomie la nuit de la mort d'Albus Dumbledore.

Harry baissa son regard et aperçut le même Malfoy de seize ans qui venait de quitter les toilettes de Mimi Geignarde supporté par Rogue. Mais son visage n'était pas baigné de sang et ses vêtements étaient parfaitement secs. Sa baguette levée, il tenait en joue Dumbledore. Le vieil homme semblait calme, mais sa position, le corps appuyé contre les remparts, montrait son épuisement. C'était comme si ses jambes ne pouvaient plus le soutenir. Draco, bien qu'en position évidente de dominant puisque Dumbledore n'était plus armé, affichait néanmoins un visage anxieux.

Il y eut soudainement des explosions et des cris dans les profondeurs du château, et Harry comprit que les Mangemorts qui s'étaient aventuré dans Poudlard ce soir-là allaient arriver d'ici peu.

« Il nous reste encore un peu de temps, d'une manière ou d'une autre, dit Dumbledore d'un air calme en fixant Malfoy. Discutons donc de tes options, Draco.

-Mes options ?! Je suis ici avec ma baguette – je suis sur le point de vous tuer et…

- Mon cher garçon, arrêtons les faux-semblants à ce propos, le coupa Dumbleodre. Si tu désirais me tuer, tu l'aurais fais après m'avoir désarmé, tu ne te serais pas arrêté pour discuter cordialement avec moi.

- Je ne possède aucune option ! Je dois le faire ! Il va me tuer ! Il va tuer toute ma famille ! »

En disant cela, Malfoy était devenu aussi pâle que Dumbledore. Il semblait perdu, et sa main tremblait violemment.

« J'apprécie la difficulté de ta position, dit Dumbledore, toujours aussi calme. Pourquoi crois-tu que je ne t'ai pas affronté avant ce soir ? Parce que je savais parfaitement que tu serais tué si Lord Voldemort réalisait que je te suspectais. Je n'osais pas te parler de la mission qu'il t'avait confiée, au cas où il utiliserait la Légilimancie sur toi. Mais à présent au moins nous pouvons parler… aucun mal n'a été fait et tu n'as blessé personne - même si tu es très chanceux que tes victimes non-intentionnelles aient survécu. »

Les yeux bleus de Dumbledore pétillaient avec force.

« Je peux t'aider Draco.

- Non, vous ne pouvez pas. »

Harry regarda avec tristesse la main de Malfoy trembler un peu plus encore.

« Personne ne le peut, dit Malfoy. Il m'a dit que je devais le faire ou il me tuerait. Je n'ai pas le choix.

- Reviens du bon coté, Draco, et je pourrais te cacher mieux que tu ne peux l'imaginer. Je peux aussi envoyer des membres de l'Ordre du Phénix chercher ta mère et la cacher également. Ton père est pour le moment en sécurité à Azkaban… quand le temps sera venu je pourrais le protéger aussi… reviens du bon coté, Draco… tu n'es pas un tueur… »

Malfoy fixa Dumbledore. Harry sentait son hésitation. L'offre de Dumbledore était alléchante, bien entendu, mais Malfoy n'avait pas entièrement confiance. Il avait malheureusement appris à se méfier de tout et de tout le monde, comme la plupart des gens à cette époque.

« Mais je suis allé trop loin à présent, n'est-ce pas ? dit Draco d'une voix faible. Ils pensaient que je mourrais en essayant de vous tuer, mais je suis ici… et vous êtes sous mon contrôle… et je suis le seul à avoir une baguette… vous êtes à ma merci…

- Non, Draco, dit Dumbledore calmement. C'est ma merci - ma pitié - et non la tienne, qui importe à présent. »

Malfoy ne dit rien. Sa bouche était grande ouverte et sa main tremblait toujours. Mais des pas résonnèrent soudainement dans les escaliers et avant qu'Harry ne puisse apercevoir les Mangemorts pénétrer au sommet de la tour, la scène se brouilla et le décor changea à nouveau.

Il sursauta en s'apercevant qu'il était à présent en train de flotter au-dessus d'une salle, son mouvement suivant celui du Harry Potter de dix-sept ans à cheval sur un balai à ses cotés. Il regarda avec horreur les flammes qui dévastaient la Salle sur Demande qu'il était en train de survoler. Il était à présent à Poudlard, la nuit de la chute de Voldemort.

Son cœur manqua un battement lorsqu'il aperçut Malfoy au milieu des flammes. Le Serpentard essayait de hisser un Goyle inconscient au sommet d'une pile de vieux bureaux.

A coté d'Harry, son homologue adolescent l'avait également vu et il amorça une descente. Quand il le vit arriver, Malfoy leva son bras pour tenter d'attraper le balai du Gryffondor au passage, mais sa main était trop glissante et il n'y parvint pas.

« SI ON MEURT POUR LUI, JE TE TUERAI, HARRY ! » retentit la voix de Ron, qui arrivait juste derrière eux perché sur un balai, Hermione accrochée derrière lui.

Hermione et Ron eurent juste le temps d'hisser Goyle sur leur balai et le jeune Harry aida Malfoy à monter derrière lui, avant qu'une nouvelle flamme magique créée par la magie noire de Crabbe n'embrase le reste des bureaux sur lesquels se trouvaient les deux Serpentards quelques secondes auparavant.

« La porte, va jusqu'à la porte, la porte ! » hurla Malfoy dans l'oreille du jeune Harry, qui suivait Ron, Hermione et Goyle à travers la fumée noire qui s'épaississait de plus en plus. Il suffoquait, en ayant de plus en plus de mal à respirer.

Soudainement, le jeune Gryffondor fit dériver son balai et il se précipita vers les flammes en contrebas.

« Qu'est-ce que tu fais, qu'est-ce que tu fais ? La porte se trouve là-bas ! » hurla Malfoy, mais le jeune homme ne semblait pas l'écouter.

Il attrapa quelque chose que son ainé reconnut comme étant le diadème de Rowena Serdaigle – un Horcruxe. Derrière lui, Malfoy semblait être en pleine crise de panique, et il serrait la taille du Gryffondor avec force. Les deux adolescents parvinrent enfin à sortir de la Salle sur Demande et ils percutèrent violemment le mur du couloir après avoir passé la porte.

Malfoy tomba du balai et, couché sur le sol, il haletait, toussait et semblait au bord de la nausée.

« Crabbe… s'étrangla-t-il comme s'il ne pouvait pas parler, des sanglots bloquant sa gorge. Crabbe…

- Il est mort » dit Ron d'un ton rude.

Le décor changea à nouveau. Harry se trouvait à présent dans la Grande Salle, juste après la chute de Voldemort. Il leva les yeux vers le fond de la salle, près des portes, où il savait parfaitement qui il allait y trouver. Draco, Lucius et Narcissa Malfoy étaient assis à une table parmi les autres familles, mais personne ne semblait faire attention à eux. Ils étaient serrés l'un contre l'autre d'une manière touchante. Pressé ainsi entre ses deux parents, Malfoy paraissait plus vulnérable que jamais.

Ce fut une des dernières visions qu'Harry eut du Serpentard avant que cela n'arrive. Ce fut un souvenir parmi les autres qui changea sa vision de Draco Malfoy, et qui fut finalement la cause de… certains événements.

La scène se brouilla une nouvelle fois, et il sut aussitôt quel était le prochain souvenir qu'il s'apprêtait à revivre...

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J'espère que vous avez aimé cette replongée dans les tomes 6 et 7. Ce chapitre m'aura quand même donné du fil à retordre : Pas facile de conjuguer authenticité des scènes écrites par JKR – je me suis appuyée sur les scènes écrites en anglais et non sur la traduction de Ménard à ce propos - et changement de point-de-vue... En tout cas, n'oubliez pas de me donner votre avis ;) Dans le prochain chapitre, la suite de l'épisode de la Pensine avec des événements cette fois non-écrits par JKR – heureusement pour elle XD

 
 
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