Ghorbak Untek La créature errait dans les champs. Les blés avaient poussé bien plus tôt que prévu cette année. Tant mieux pour le petit village, ils pourraient même en profiter pour revendre quelques boisseaux cette fois-ci. Histoire d’acheter le fer nécessaire aux outils agricoles. Garhal, le champion du village avec sa vitesse presque folle pour tracer les sillons, avait besoin d’un nouveau soc pour sa charrue. Et Harvek d’une nouvelle faux, la sienne avait péri suite au combat acharné dans son champ toujours aussi pierreux. Mais ce dernier était trop fier pour admettre qu’il aurait bien besoin de l’aide du village pour enlever la caillasse qui gênait ses travaux agraires. A la place, il préférait sacrifier de précieuses unités d’acier pour pouvoir satisfaire sa fierté. La créature ne comprenait pas pourquoi Bakelt, l’ancien du village, ne sermonnait jamais Harvek. Certes, c’était son neveu, mais si un jour il mettait le village en péril, il faudrait bien qu’il comprenne avant qu’il n’avait pas tous les droits. La créature approchait des ruelles de Ghorbak Untek. Un ensemble d’une douzaine de maisons, toutes basses, en terre. Les rues étaient en terre battue, mais les gens faisaient en sorte qu’elles restent propres. Certes, ce n’était pas dur quand il n’y en avait que quatre ou cinq. Mais elle se gardait bien de faire de telles remarques. Il tenait à l’unité du village, il tenait à y rester malgré son étrangeté aux yeux des habitants. Il aimait rendre service quand il venait de temps à autre. Oh, il ne se doutait pas que les villageois le prennent pour quelque chose d’étrange, de contraire à la nature. Mais il s’en fichait, et à vrai dire, quand il payait sa tournée, tous faisaient de même. Pourquoi aller chercher plus loin ? Et puis, les enfants aimaient bien le voir apparaître. Même s’il était bientôt proche de la maturité, il se souvenait que depuis qu’il avait choisi de vivre sur la colline Haute, il servait de balise aux enfants. Il était la menace qu’invoquaient les parents face à leur progéniture récalcitrante. « Si tu n’es pas sage, tu finiras comme lui ! ». Il n’en voulait pas aux parents, il avait même donné son accord pour cela. Mais il s’amusait surtout de voir que les anciens enfants devenus géniteurs menacent la chair de leur chair de devenir comme celui qu’ils allaient écouter pour ses récits d’aventures et de chasse dans les bois. Et surtout, les bambins aimaient le voir parce qu’il adorait venir écouter Bakelt raconter les légendes du Peuple. Le Peuple. Le nom que se donnaient les villageois. Ils en avaient un autre, connu de tous, mais que personne n’osait prononcer devant les autorités. A savoir le percepteur des impôts, qui prenait ses grands airs quand il venait voler une partie de ce que les paysans trimaient pour gagner, sachant que la milice massacrerait tout le monde s’ils bronchaient, les prêtres de Mithra, arrogants vantards qui prétendaient mieux connaître le monde et ses légendes que Bakelt. La créature les trouvait stupides. Le premier parce qu’il devait sans doute avoir plus peur de lui que lui de la troupe. Mais il savait qu’en cas de souci, ce serait le village qui souffrirait. Il s’abstenait donc de dépouiller les charrettes quand elles passaient à deux pas de sa cabane. Les seconds parce que malgré toute leur science, ils n’auraient jamais le millième du pouvoir magique qu’avait Bakelt. Ce dernier, dans sa jeunesse, avait tué un dragon. Un exploit qui aurait pu lui valoir du prestige. Mais le Peuple n’était pas aimé par Kian’Atis. Il aurait trouvé un prétexte pour les châtier d’avoir l’espoir de pouvoir devenir forts. Bakelt avait consumé le gigantesque saurien, le village avait encore plus de respect pour le doyen, et cela s’arrêtait là. Même Ghorbak Ashtur, à six lieues d’ici, n’en avait jamais rien su. Là-bas, ils faisaient aussi partie du peuple, mais quelques commerçants s’y arrêtaient. C’était là-bas qu’on vendait le blé. Or, si jamais un marchand apprenait pour le duel entre l’ancien et le dragon, c’en était fini du Peuple… Si, à la réflexion, il y avait une personne que la créature craignait vraiment. Atanir, l’humain. Il venait de la capitale, assez régulièrement, tous les trois ans. Il était toujours accompagné d’hommes en armures. La créature n’avait eu qu’à les sentir la première fois pour savoir qu’ils étaient forts. Bien plus que Garhal qui toisait pourtant à deux mètres dix de haut et dépasser les cent dix kilos de muscles. La créature savait qu’en cas de conflit, il ne faudrait pas plus de dix minutes pour que le village ait cessé d’exister. Atanir avait des pouvoirs magiques. Un des enfants du village, autrefois, avait percuté le cheval de l’homme. Il lui avait envoyé un sort qui avait fait fondre sa peau progressivement, sans chercher à apaiser la douleur et les tourments du jeune enfant. Atanir avait tenu à rester quatre jours, afin d’être certain que le Peuple n’achèverait pas le petit être agonisant. Même de sa cabane dans les bois, à trois lieues de la place, la créature avait entendu les hurlements de douleur de Valrek, l’enfant sacrifié. Bakelt avait calmé tant bien que mal la fureur des siens. Il lui avait raconté qu’à part eux deux, personne n’aurait tenu plus de trois secondes s’ils avaient bronché. Lui par ses pouvoirs magiques. La créature par son agilité. Cette dernière n’aimait pas croiser Atanir. Il lui adressait à chaque fois le regard qu’un être qui se croit supérieur lance à un être bien des classes plus inférieur que lui. Et c’était sans doute ce même regard qu’il avait dû lancer à Valrek quand il avait percuté son cheval. Mais la créature se contentait de le défier d’un regard apaisé. Atanir enrageait de savoir que le Peuple vivait en paix, il l’avait dit assez fort la première fois qu’il avait quitté Ghorbak Untek pour que tous l’entendent. Atanir était l’un des Dénombrateurs. Une fonction réservée aux jeunes nobles, bien payée, et qui leur offrait la première marche venait à une des seigneuries du Lashpeck, ce pays désertique dans sa grande majorité où vivait le Peuple. Quatre cents kilomètres de route depuis Orvanio, la capitale du Roi des Hommes. Kian’Atis régnait depuis vingt ans et cette période marquait un regain d’inquiétude pour le Peuple. Il n’aimait pas que des anciens esclaves soient libres de vivre. Il avait donc instauré plusieurs règles. D’abord, tous les membres du Peuple avaient été renvoyés dans le Lashpeck. Cet endroit passait sous le contrôle des jeunes aristocrates, qui s’essayaient à la gestion d’un territoire avant leur héritage. Evidemment, ils cherchaient plus à accumuler des richesses, à guerroyer qu’à protéger leurs sujets. Les premières années avaient été désastreuses et pour la première fois, on avait failli voir se lever une coalition du Peuple. Mais les dissensions entre les différents clans avaient fait échouer toute possibilité de changer leur sort. Kian’Atis avait ensuite estimé qu’en raison de la menace que constituait le Peuple, il fallait les recenser tous les deux ans. Ce fut la tâche des Dénombrateurs. Réservée aux tous jeunes adultes de la noblesse, elle semblait fastidieuse. Mais les titulaires de cette charge n’avaient aucun chiffre à respecter. Simplement à fournir la croissance du Peuple, pour adapter l’armée. Peu importait que les « ennemis » désignés n’aient pas mené de combat depuis quelques siècles. Un prétexte restait un prétexte. De même, les Dénombrateurs se permettaient bien des choses. Celui qui avait précédé Atanir avait même capturé une vingtaine de villageois pour s’offrir une chasse. La créature devait admettre que, même s’il les méprisait, Atanir ne tenait qu’à faire sa tâche et espérer passer la main assez vite. Il devait bientôt faire sa dernière visite. Atanir allait devenir un chef d’armée, pour partir loin au Sud, contre les ennemis de Varannan. Le Lashpeck était à l’extrême est du royaume, il ne connaissait rien du Varannan. On leur avait raconté qu’il s’agissait d’une terre d’ombres, où les hommes vivaient pour sacrifier tous ceux qu’ils capturaient. Kian’Atis affirmait protéger le Bien. Et il affirmait que le Peuple méritait son sort car il complotait avec le Varannan. Comme par le passé. Sauf que même Bakelt n’avait jamais entendu une telle chose dans les sagas que les précédents anciens lui avaient contées. La créature cessa de considérer tout cela. Il restait quelques semaines avant le retour d’Atanir. Il espérait simplement que cette fois-ci, l’homme ne cherche pas à le capturer comme la première fois que son prédécesseur l’avait vu. Il était sans doute le seul mâle de son genre, et ce serait bien le diable de se faire prendre par un fat quand on passait ses journées à courir les bois pour récolter les plantes et les champignons. Et puis, avec un arc, il serait sans doute pris pour quelque chose d’hostile. Sauf que la créature savait pertinemment que la seule chose hostile dans le coin était la meute de panthères arboricoles. Ces saletés avaient des canines longues comme le poing et plus perçantes que ce qu’utilisaient les femmes du village pour préparer leurs travaux de couture. Leurs pelages vert émeraude se fondaient que trop bien dans la masse des feuillages. Et quand on les sentait sur son dos, il était trop tard. Alors pourquoi Atanir et ses semblables ne les chassaient pas ? La créature pensait qu’ils agissaient ainsi par lâcheté. Il était beaucoup plus simple de traquer des paysans maladroits et qui ne savaient plus se défendre plutôt que des prédateurs redoutables. Il poussa une porte, pénétrant dans la Grande Salle. Le Peuple était simple. Sa conception du monde aussi : le Peuple désignait une ethnie, les choses devaient être appelées par leurs noms. Ils ne cherchaient pas à comprendre d’où venaient les noms plus complexes. Leur village, Gorbak Untek, avait un nom dans la langue originelle de ses habitants : le village rond, rappelant sa forme. Gorbak Ashtur signifiait le village de vente. La Grande Salle était le lieu où se rassemblaient les villageois les soirs où Bakelt avait la tâche de conter les légendes. La plupart étaient ténébreuses et difficiles à comprendre, mais ce soir-là, Bakelt avait choisi une saga d’Her-Van-Ket, un ancien chef de clan. Ceci pour célébrer les deux cents ans de sa naissance. La petite histoire racontait qu’il était mort comme il avait vécu, en taillant ses vignes. « Autrefois, le Créateur, que nous appelons Mundis, et que les humains appellent Mithra, avait créé ce monde. Pour autant, il le trouvait vide. Il prit alors tout ce qu’il trouva pour créer les êtres vivants. Les humains furent issus de limons fertiles, ce qui explique qu’ils ont différentes couleurs de peaux. Les panthères arboricoles furent créées à partir de lianes et de pierres. Quand tout son monde fut peuplé, Mundis se reposa. Mais il se trouva vite confronté à des soucis. Le Peuple, les Humains et les Elfes étaient en danger. Ils avaient été faits plus faibles, plus faciles à vaincre. Il leur donna l’intelligence. Le Peuple était fort, ils en eurent le moins, mais ceci leur convenait aisément. Les autres Humains en reçurent un peu plus. Leur science est impressionnante, leurs villes s’élèvent haut dans les cieux, mais leur savoir n’est rien en comparaison des Elfes. Ceux-ci, personne n’en a vu depuis longtemps. On prétend que les sombres cohortes de Varannan les ont anéantis. C’est du moins ce que l’on a appris des troupes revenant du Sud. Peut-être que le peuple elfe n’existe plus… Alors, vu que les hommes n’y pensent guère plus, c’est au Peuple d’honorer leur mémoire. Car, dotés de la réflexion, les êtres s’allièrent. Ils fondèrent le premier royaume : Akkabash. A sa tête, ils mirent une reine elfe aussi belle que le jour et aussi intelligente que les plus érudits des elfes ensemble. Alitiern était son nom. Elle installa sa capitale à Lisahorn, entourée de savants et de sages. Il régna alors une longue période de paix. Sa fille, Asherval, prit peu à peu de l’importance, aidant sa mère à diriger. Hélas, mille fois hélas, la paix n’était pas fait pour durer. Simoun, dieu malfaisant, opposé à Mundis, choisit pour champion un dénommé Aturak. Ce dernier sentit la jalousie pointer au fond de son cœur. Il se mit à haïr les elfes, les hommes qui les considéraient comme les plus sages et bien évidemment le Peuple. Il rassembla quelques hommes de sa maison et venus d’autres liées par le sang. Ils se promenaient avec arrogance, provoquant parfois rixes et disputes. Alitiern pardonna deux fois Aturak. La troisième fois, passant outre les gardes de la reine, il la tua. Banni d’Akkabash, il réunit autour de lui tous les humains qui désiraient le suivre. Le Peuple en fut aussi, parce que les nôtres voulaient connaître bien mieux ce monde qui nous entouraient. Au milieu de tout ce chaos, Asjkerk lança sa prophétie. Un jour, loin au Nord, nous serons libres et puissants. Toutefois, le Peuple pensait plus à se protéger en ces temps-là. Les elfes se défendirent bec et ongles, voulant venger la reine défunte. Et tous ceux qui avaient quitté Akkabash furent considérés comme des traîtres et des impies. Les Maîtres du Chaos apparurent alors, sans que l’on puisse savoir ce qu’ils étaient. Des ombres et des monstres commencèrent à faire gémir le sol. Les dragons, cette race maudite, volèrent dans les cieux, attisant les flammes de la guerre. Aturak menait aussi ses propres combats, y compris contre ses frères de sang. Les Humains se divisèrent, en six royaumes. Le Peuple s’installa en Kianis, loin des combats. Mais ils ne dédaignèrent pas se mêler aux luttes. Ainsi, certains des pères de notre village étaient partis avec l’armée d’Aturak quand il voulut conquérir Lisahorn. Sa défaite consomma la fin de sa puissance. Du moins celle que lui avait prêtée Simoun qui se désintéressa du premier grand roi humain. Ce dernier paya le tribut de sa soumission, incapable de se faire pardonner des Elfes, incapable d’unir les hommes. Couronné roi sous le nom de Kian’Urak, il mourut peu après, et fut le premier Champion du panthéon. Son fils fut plus sage. Il parvint à signer la paix avec les elfes. Leur vendetta n’avait plus lieu d’être, l’assassin était mort et Kian’Elfer paya le prix du sang, des monceaux d’or, pour racheter la faute de son père. Toutefois, il devait unir les humains. Asjkerk l’avait prophétisé : les hommes ne seraient puissants que le jour où un roi unique régnerait sur ce monde. Un roi pour les elfes, c’était impossible, les femmes seules sont assez sages pour exercer le pouvoir. Alors c’était pour les hommes. Les guerres commencèrent entre les royaumes. Le Peuple avait déjà détruit Moghan, encore en genèse. Lashpeck fut assiégé puis résista, pour un temps. Le second assaut piétina longtemps avant de ne laisser que des ruines et un immense désert. Unveld, la capitale était désormais teintée de la malédiction du Roi Noir, son dernier maître, qui rendit le terrain hostile à toute forme de vie. Il n’y a que les ombres qui y passent et encore même elles n’y restent pas longtemps. La peur est un puissant ferment… Plus tard, bien plus tard vint Uhm Kadan. Ses armées étaient les plus puissantes, son intelligence la plus vive. On disait qu’elle avait été forgée par les leçons des elfes. Mais je doute que les elfes soient passées au travers des armées de Kianis pour venir enseigner à la seule personne qui unifia les Sept Hordes. Toutefois, le clan d’Uhm Kadan était maudit pour s’être rendu à Unveld. Personne ne sait ce qu’ils y ont trouvé. Tout le monde connaît le sort de la Horde Unifiée. Terrorisant Kianis et Akkabash, elle entraîna l’alliance des deux puissances. La campagne fut longue, féroce. Jusqu’à la victoire d’Irgun. Jamais autant d’hommes ne combattirent ailleurs qu’en ce jour. Toutefois, les trois seigneurs périrent sur le champ de bataille. On prétend que tel ou tel clan n’avait pas suivi les ordres, et cela entraîne encore aujourd’hui les luttes intestines au Peuple. Cela empêche le retour de la Horde Unifiée. Mais nous vainquîmes, gagnant une réputation de terreur qu’aujourd’hui nous ne pouvons plus entretenir. Les clans se déchirèrent, oubliant l’intérêt de la victoire. Lorsque les Ténèbres se retirèrent, le Peuple décida d’accomplir la Prophétie. Mais le Kianis ne pouvait laisser autant de clan échapper à son contrôle, alors les divers seigneurs lancèrent une guerre contre nos ancêtres. Ils furent pris ou tués et commença le long temps de l’esclavage. De cette période, nous ne dirons jamais rien. Nous avons beaucoup oublié. Autrefois, nous étions les combattants les plus féroces. Après le temps des chaînes, seuls quelques chasseurs sont capables de combattre. Rien n’est plus comme avant. Moi-même, j’ai connu cet enfer. Résister était vain, il fallait attendre. La lumière vint de Kian’Ulvar. Ce dernier cherchait à expier la mort de la fille de la Reine immortelle des Elfes. Car Pasiförel avait enfanté une fille, Numihel, qui vint dans les terres humaines sans se faire connaître. Elle voulait en savoir plus sur la Guerre éternelle qui déchirait Kianis et le pseudo royaume d’Utannar, où les rois disparurent il y a longtemps, remplacés par des monarques élus. Elle croisa l’escorte de Kian’Ulvar, encore prince. Personne n’a jamais su qui avait commencé, mais une rixe éclata et un chevalier abattit la reine. Les elfes relancèrent la guerre contre les humains. Ce fut aussi à cette période qu’on entendit parler pour la première fois du royaume de Varannar. Aucun membre du Peuple n’a jamais su ce qu’était Varannar, ce royaume en guerre perpétuelle contre les hommes. On se souvient par contre de notre libération. Nous ne prîmes pas part aux guerres. Kianis nous avait fait trop souffrir. Et nous partîmes, la plupart pour le Lashpeck, où nous construisirent nos villes et villages. Quelques uns prirent la route du Nord, nous ne sûmes jamais ce qui leur arriva. Et puis, revinrent les temps sombres. Kian’Ulvar décéda. Son fils ne nous aimait pas. Il nous considérait comme des traîtres, des lâches. Sans doute avait-il oublié qu’il nous maltraita comme la plupart de ses amis. Mais il ne fit rien contre nous, même si certains humains se montrèrent hostiles. Kian’Atis, le second roi après notre bienfaiteur, fut élevé dans cette haine du Peuple. Il nous regroupa, nous parqua. Aujourd’hui, je suis vieux et il s’agit sans doute de mes derniers mots. L’ordre vient de tomber, c’est pour cela que j’ai écrit ce dernier et court paragraphe à mon humble saga. Nous sommes interdits de quitter Lashpeck, interdits de se rassembler à plus de neuf clans. Interdits de toute liberté hors celles qui nous régissent depuis notre arrivée à Lashpeck. Et les Dénombrateurs viendront nous compter pour voir si nous ne sommes pas trop nombreux. Le Nord… Nous aurions dû partir là-bas au moment de notre libération… » Bakelt referma le livre parcheminé qui comptait plusieurs sagas. Les gens semblaient tristes, même les enfants. Puis il se leva, attisa doucement la cheminée par un sort magique. Il n’y avait qu’en ce lieu et en ce moment qu’il utilisait librement et à la vue de tous ses pouvoirs. La créature savait que l’ancien en avait bien plus en réserve, mais qu’ils ne verraient sans doute jamais à quoi ils ressemblaient. Puis il fit signe aux plus jeunes, qui assistaient pour la première fois à la veillée de venir près de lui. - Jeunes du Peuple qui venez pour la première fois. J’ai choisi cette saga pour que vous compreniez ce qu’est le passé du Peuple. Mais il y a un dernier secret que vos aînés connaissent tous. Nous avons un autre nom, que nous n’avons pas le droit d’utiliser en dehors de cette pièce. Nous en faisons tous partie, même Al-Ker, notre chasseur émérite qui vit dans les bois. Nous sommes les Orks ! |