Note... Je tiens à remercier Nehe, Blanche, Yume et Tweet qui ont été les premières à lire ce texte et surtout... surtout Platonange qui a corrigé, correcturé reformulé, patiemment (ou pas) cette petite chose que je vous livre. Il s'agit simplement d'un gribouillage qui fait suite à une rencontre presque magique. Lutetia Lacrymea, ou comment passer d'un monde à l'autre... XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX Etreinte Une nuit sombre comme l’asphalte qui couvre la route sur laquelle je cours. L’appel est fort, une fois de trop, et la lune déserte ajoute à la pâleur de ma peau et de mes visions. Elle est pleine cette chienne, elle qui guide ma Vie à travers les vaisseaux qu’abrite mon corps. Elle sait que son butin ou son dû l’attendent patiemment, mais elle tend déjà ses longs bras comme autant de rayons doucereusement malsains touchant le moindre de mes traits. Et je cours, toujours plus vite. Si encore le souffle se faisait rauque ! Si encore le cœur s’emballait et sautait les obstacles de la pesanteur ! Mais rien. Rien qu’un vide immense que je supporte au creux de moi depuis l’accident, nuit après nuit. Et je sens la Bête qui m’appelle encore une fois. Elle m’appelle comme une main qui agrippe ma taille et me force à courir. Je garde les yeux bien ouverts ; il y a longtemps que je ne les ai pas fermés. Il y a longtemps que je n’ai pas cillé. Je te cherche du regard dans ma course effrénée, toi que la Bête a choisi, toi qui m’apporteras cette paix temporaire dont j’ai tant besoin. Ton être est propre à étancher ma soif et bien trop tôt, tu m’as reconnue. Mais la Bête est forte et la Bête gagne toujours. Alors ne fuis plus cette bataille que tu as d’avance perdue. Ne cherche plus le refuge dans ces coins sombres qui te voileraient presque. Mon regard est si perçant par mon Autre que je t’y verrais comme on voit sa propre main en plein jour. Ma soif renforce encore le pouvoir de la Bête sur mon Être. Je sens son essence envahir mon sein, sa soif accélérer ma course, sa rage envahir ma Vie… Et puis, cher Ange, tu m’as tellement supplié, tant et tant de tout ton Être que tu as ravivé ma soif en même temps que la sienne. Nous sommes. Et nous éprouvons cette dure soif de toi, de ton odeur. Me saouler à ta caresse serait tellement doux, mon Ange. Arrête de fuir… Ne le vois-tu pas ? Ne le sens-tu pas ? Ton Être m’appelle, appelle la Bête et ta stupide humanité te crie de me fuir. Pourtant cela serait si beau mon Ange ! Ma soif se renforce. Je sens que je m’approche plus près de toi. Bientôt je m’étancherais de toi et tu ne pourras plus résister. Plus près, chaque enjambée me rapproche. Et tu le sais puisque ta peur augmente à mesure que mes pas s’allongent et me font simplement effleurer le sol. Mon agilité me rend si légère ! Et déjà je sens la Bête frémir de plaisir, ce plaisir de te prendre mon Ange, ce plaisir de te guider dans un monde qui est le mien, dans un Enfer qui m’est quotidien. Alors fuis tant que tu voudras, bientôt tu seras à moi, mon Ange. Mes sens m’alertent, je te vois, je te sens. Je sens l’odeur enivrante de ce sang frais qui coule dans tes veines, de ma Vie guidée par tes vaisseaux. Je respire ton essence et je te touche presque si je tends la main. Tu tournes ton regard d’Angelot affolé vers moi et cet acte, aussi insignifiant soit-il, affirme la puissance de la Bête, assoit sa domination. Tu es mien, tu es Mon Ange. Je fonds enfin sur toi. Mes doigts longuement et finement sculptés dans un marbre nervé de bleu s’accrochent à ce poignet que dans ta fuite, tu as négligemment laissé en arrière. Et je l’enserre... Tu m’as tellement supplié, je ne pouvais décemment pas résister ! Je suis sur toi, mon Ange, et tu te débats encore, mais plus pour longtemps. Bientôt les couleurs de la vie quitteront ton visage déjà pâle d’effroi et tu connaîtras l’appel de la Chaleur, celle là même qui se dégage de toi et dont je me repais, celle là même dans laquelle je me blottis et me réfugie pour calmer le froid de ma presque non-vie. Tu ne te débats plus. Pour ta damnation, tu as plongé tes yeux dans les miens, que tu trouvais si beaux tout à l’heure, qui te semblaient briller à la lueur de la Lune. Tu ne rêves pas, mon Ange, mon regard est opalescent et mes pupilles sont dilatées par le plaisir prochain de te vider. Sans t’en rendre compte, tu m’offres à présent tout ce que j’attends de toi, tout ce que je veux de ton corps ou simplement de toi. Ta volonté t’a quitté et mes lèvres se posent délicatement sur la peau de ton cou, si juteuse, si délicate. Je te mordille si légèrement… Et enfin, ô Extase, enfin, je sens ton sang et ta vie envahir mon Être. Enfin je te bois. Je m’enivre de l’odeur de ta peau, je me saoule à la caresse duveteuse de ton épiderme, je me perds dans ta contemplation, je m’embrume à tes râles, je m’exalte de la saveur, de ton goût. J’assouvis enfin ma domination et celle de la Bête qui se nourrit de toi, par moi… Ne t’en fais pas mon Ange, le Requiem sera doux, tu n’auras plus à souffrir cet Enfer que sont les autres. Tu seras bien au chaud dans la caresse des plumes des mes ailes déchirées. Tu seras mon Compagnon, Être de la Nuit. Tu seras damné à mes côtés et à ton tour, tu assouviras cette soif de vie qui te rongera… Mon Infant, mon Ange ; tu es si beau agonisant… |