J’ai encore tué aujourd’hui. Mais à quoi bon le mentionner dans ce journal ? Tout le monde sait qu’un vampire tue. C’est écrit dans tous les ouvrages. Alors pourquoi je tache ce cahier de l’encre rouge qui coule du cou de ma victime d’un soir ? Je regrette, peut-être ? Je regrette même sûrement de l’avoir fait souffrir, de l’avoir regardé agoniser pendant des heures sur le parquet de mon appartement, d’avoir salivé d’envie alors que cette merveille vermeille s’écouler de ce corps qui ne méritait pas d’avoir si bon goût. Que Neni ! J’ai adoré chaque instant. Depuis la sortie de mes crocs au dernier souffle de ma proie. En passant par le délicieux fumet qui me caressait les papilles à la manière d’une tendre compagne, la douceur gracile de cet voluptueuse veine que je sentais battre sous mes doigts et ce goût… Un Humain lisant ces quelques lignes ne pourrait pas comprendre le bonheur que c’est pour nous, les vampires. Il nous prendrait pour des fous, des psychopathes, que dis-je ? Des sanguinaires ! Et Oui, nous le sommes. Du moins, nous le serions de son point de vue. Du nôtre, il aurait compris dès les premières lignes que c’est tout à fait normal. Normal que nous nous délectons dans la douleur de nos victimes, que nous suçons leur dernier souffle de vie et que nous en redemandons toujours. C’est une des seules raisons de vivre que nous avons. Chacune de ses aventures est unique et nous ne demandons que cela. L’originalité de chaque meurtre, c’est cela. Oui, c’est bien cela qui nous fait avancer ! Imaginez un peu dans quel terrible dilemme nous nous trouvons. Oh, l’immortalité doit avoir bon goût, n’est-ce pas ? Bien meilleure qu’une quelconque boisson chaude et rouge palpitante sous la langue d’un vampire ! Et pourtant, pauvre petit avorton qui lit ces lignes, tu te trompes lourdement ! L’immortalité est bien morne quand nous sommes condamnés à la passer seuls. Les vampires sont solitaires, comme toutes bêtes sanguinaires. Et je suis l’un d’eux, alors écartez-vous de mon chemin ! A moins que vous ne vouliez goûter à mes crocs ? Dans ce cas, vous pouvez passer quand vous voulez… |