Je m’avance dans le brouillard, pas à pas. Une jambe après l’autre, doucement. Non pas que j’aie peur de tomber sur un quelconque caillou – j’ai une trop bonne vue pour ça – mais pour apprécier. Apprécier la vue brouillée par de minuscules petites gouttes imperceptibles pour le monde humain mais si belles quand on a la chance de les apercevoir. C’est ainsi que j’absorbe la vie : dans la brume d’un jour naissant. On nous nomme Vampire sans vraiment nous connaître. On nous nomme suceur de sang comme si nous ne savions faire que cela. Mais quelqu’un sait-il ce qu’il en est vraiment ? Notre vie ? Nos épreuves ? Nos sentiments ? Non, car tels des ordinateurs, on est programmé pour tuer. Ils l’ont décidé, alors nous obéissons. Je trouve les humains stupides. Tellement odieux, abjectes, dépourvus de fierté. Ils sont prêts à se rouler dans la boue si on les menace de les tuer. Ils aiment se sentir supérieurs et dès qu’ils ne le sont plus, ils prient leur foutu seigneur de bien vouloir les épargner. De vraies larves, de vraies marionnettes. Je me demande même pourquoi on leur a donné la vie. Bien entendu, il en est de même pour chaque être sur Terre. Tellement de défauts, d’imperfections et autres soucis qui font que rien n’est parfait ici. Les vampires en font partie, évidemment, et ce serait hautement me vanter de dire que nous sommes parfaits. C’est faux et tous le savent. Notre planète non plus n’est pas parfaite, loin de là. Elle a donné la vie à des personnes qui vont la détruire peu à peu, lentement, comme une mère mettant au monde un rejeton psychopathe qui n’hésitera pas à la brûler à petit feu pour parfaire tous ses besoins. Ici, rien n’est bon, rien n’est mauvais. Il n’existe que le gris. Un grisâtre espoir dans un monde où l’on n’hésite pas à tuer pour oublier l’ennui. Mère, l’immortalité n’était vraiment pas un cadeau… Si seulement je pouvais changer tout cela. Mais le sang coulera ici encore. |