NDA: ceci devait être au départ un one shot mais j'ai eu envie, après un an je crois, de prolonger le récit...en espérant que celui-ci vous plaira, bien à vous, Mae. Cela allait faire trois mois que sa vie se consumait, l’intérieur son domicile n’était devenu qu’un amoncellement de choses et d’autres, le courrier formait presque un tapis dans l’entrée, divers vêtements jonchaient le sol dans le reste de la maison. Une maison qui lui paraissait désormais insipide et tellement vide. Trois mois que sa vie s’était arrêtée. Sophie était partie, sans un seul mot. Le pire était qu’il ne se doutait même pas que leur couple allait si mal. Ils étaient mariés depuis deux ans, il pensait être devenu un tant soit peu un homme accompli. Il n’avait que 26 ans lorsqu’ils s’étaient promis l’un à l’autre et voilà que deux ans après il se retrouvait seul dans une maison familiale. Ça s’était passé il y a quelques mois, il rentrait d’une journée de travail. La rue était calme, seul le vent frais se faisait entendre. Il essayait tant bien que mal de s’emmitoufler dans ses vêtements. Arrivé devant la dite maison, l’impression étrange que quelque chose n’allait pas ne l’avait même pas effleuré. La nuit était tombée depuis une heure et pourtant il n’y avait aucune lueur provenant de leur domicile. Il avançait d’un pas lent dans l’allée menant à la porte d’entrée, il chercha ses clés dans les poches de son manteau et ouvrit la porte.Depuis deux ans il s’était installé dans une certaine uniformité. Les gestes qu’il effectuait étaient devenus des rituels. Ce soir là il dut allumer la lumière, et, machinalement, il enleva ses chaussures dans l’entrée, se dévêtit de son manteau et de son écharpe, avant de rejoindre le salon. Il déposa ses affaires sur son bureau et s’arrêta net. Il eut un moment de réflexion et tendit l’oreille : rien, pas un bruit. Ne s’affolant pas plus que de raison, il monta les marches de l’escalier jusqu’à leur chambre. À son étonnement il ne trouva personne. Il essaya de l’appeler mais en vain, il ouvrit alors les portes de la penderie de sa femme et n’y trouva rien d’autre que des cintres vides, son cœur fit un bond et l’espace d’une seconde l’affolement pu se lire dans ses yeux.Il laissa ses bras tomber le long de son corps et s’assit sur le lit qui trônait au milieu de la pièce. Il n’eut pas la force de pleurer ce soir là. Il quitta la demeure et erra toute la soirée à la recherche d’une once d’explication à ce qui lui arrivait. Trois mois qu’il avait sombré dans une étrange dépression dont il n’arrivait pas à se défaire. Sa vie n’en était plus vraiment une, il avait quitté son emploi et vivait des économies qu’il avait réalisées. Ses cheveux bruns avaient atteint ses épaules, il ne se rasait et se changeait que dans de rares occasions. Son corps semblait vide de toute âme et l’éclat de ses yeux avait disparu. Il avait même oublié que cette nuit-là, une inconnue aurait pu tout donner pour qu’il s’accroche à la vie qui s’offrait à lui. Mais en cette matinée de printemps, un visage allait lui faire revivre cette nuit. Il suffit de trois petits coups à la porte pour que sa vie bascule. Ces coups à la porte eurent pour effet de le sortir de sa torpeur, il n’attendait plus personne, à vrai dire depuis quelques temps personne ne lui rendait visite. À quoi bon rendre visite à ce qui s’apparente plus à un cadavre qu’à un être animé ? Il leva alors la tête, croyant avoir rêvé. Les coups se firent alors entendre de nouveau. Il se leva du canapé où il était avachi depuis un moment déjà et se dirigea lentement vers la porte d’entrée. Il l’ouvrit et s’appuya sur l’encadrement de la porte. - « Monsieur Desfresne ? Jules Desfresne ? » Jules resta interloqué, son cœur manqua un battement. Il regardait son interlocutrice avec des yeux ronds. Devant lui se tenait une jeune femme au teint hâlé, des cheveux d’ébènes, longs, tressés et ramenés au dessus de sa tête. Elle était assez grande et d’une beauté métissée. Ce qui retint l’attention de Jules fut ses yeux, la jeune femme avait les yeux gris. Les larmes se mirent à couler sur les joues du jeune homme. Le temps sembla se figer pour lui. Plus rien n’existait autour de lui mis à part cette fille aux yeux argentés. Il repensa alors au sourire auquel il avait eu droit cette nuit là, il repensait à ces yeux gris pleins d’amour qui s’étaient posés sur lui. Il revoyait cette beauté incommensurable qu’il avait connue l’espace d’un instant. Il lui sembla un moment qu’il l’attendait alors qu’il ne savait même pas si elle était toujours en vie. L’apparition de cette demoiselle sur le pas de sa porte sonnait comme la délivrance du cœur de Jules, il lui sembla trouver dans ses yeux une nouvelle raison de vivre. Il ne savait pas réellement ce qui l’attendait, ni ce qu’elle venait chercher mais il savait qu’il pouvait de nouveau vivre. Peut-être chercherait-il à retrouver la sensation de bien-être que lui avait procuré sa rencontre d’un soir en cette jeune femme qui se tenait devant lui. Il ne l’avait jamais vue mais il savait qui se tenait devant lui. - « N’Heria…souffla-t-il. » |