Le claquement de porte et puis le silence. Un silence pesant. Il n’y a plus de ‘nous’ mais seulement moi. Il n’y a plus deux corps enlacés l’un contre l’autre, ta chaleur contre ma peau, mais moi cherchant désespérément ton odeur au travers de chaque plis du drap. Seulement mon corps étendu dans ce vaste lit, cherchant ta présence où elle n’est plus.

Je savais que j’en avais trop fait. J’en faisais toujours trop. J’en fais toujours trop avec toi comme avec n’importe qui.
Me pardonneras-tu, encore une fois, pour le manque de délicatesse à ton égard ?
Je ne voulais pas te blesser, je ne voulais pas te faire tout ce mal, je ne voulais pas te voir verser des larmes. Et je ne voulais pas que tu l’apprennes.

Si tu n’avais pas mis ton nez dans mes affaires tu n’aurais jamais su. Merde. C’est de ta faute, d’un côté. Car tout se passait bien quand tu ne savais rien. Chacun avait sa vie de son côté mais nous avions aussi notre vie. Nous.

Je te promets de ne plus recommencer si tu rentres. Je serai tendre, aimant, juste avec toi. Personne d’autre Harry, je te le jure. On peut le graver dans ma chair si tu veux y croire. Je veux y croire, moi. Je veux croire à nous. Moi sans toi je ne suis rien. Car toi et moi ça ne faisait qu’un, Harry.

Et puis, tu sais, ce n’était pas sérieux. Ce n’est qu’un collègue de travail et ça ne m’est arrivé que deux fois. L’autre fois c’était quand tu m’avais laissé pour traîner avec tes enfoirés d’amis. Ils ne m’aiment pas, je le sais. Tu pourras me dire ce que tu veux je le vois dans leurs regards, dans leurs faux sourires – oh combien ils mentent bien devant toi. Tu les crois, toi. Tu es trop gentil, trop aveugle. Trop con aussi. Remarque, je ne les aime pas non plus. Mais moi au moins je ne m’abaisse pas à le cacher, tu vois. Je ne suis pas hypocrite.

Rentre Harry. S’il te plaît.

Chaque pas que tu fais loin de moi, c’est un souffle d’air qui disparaît. Chaque pensée pour toi est un message de secours. Je veux que tu me reviennes. Je ne verrai que toi. Que toi. Toi.

Je caresse l’endroit du lit qui était le tien. Qui est le tien. Il le sera toujours, tu sais. C’est encore chaud. Ton odeur est encore là mais je sais qu’une fois partie ce sera des larmes qui seront répandues sur le linge. Les miennes.

Le lit est bien trop grand sans toi. Je n’arriverai jamais à trouver le sommeil dans ce lit tout seul, ton odeur pénétrant tout mon être, se déversant en flot continu dans mon cœur. Tu rentres dans mon esprit et y vagabonde. Tu as pris position dans mon cœur et tu crois t’en échapper aussi facilement ?
Je suis Draco Malfoy. Tu es à moi, Harry. Et tout ce que je veux se réalise, tu devrais le savoir non ?
Alors pourquoi mets-tu autant de temps à revenir à moi ?

Tu es entré dans ma vie et je n’arriverai jamais à t’en faire sortir comme une vulgaire goutte de pluie s’évaporant dans la terre. Je n’y arriverai pas comme ça en tout cas.

J’enlève le drap violemment et l’éloigne de mon visage.
Je ne sens plus l’odeur de ta peau contre le tissu et je sens le froid passer sur moi. J’ai froid. Et tu n’es pas là pour me prendre dans tes bras, pour me réchauffer avec tes douces caresses, pour jouer avec mes cheveux blonds à m’en faire des frissons partout dans le corps.


Tout est froid sans toi, Harry. Surtout mon cœur.

Une voix me parle à côté. Je sais que c’est à moi qu’elle s’adresse car je perçois son souffle tout près de mon visage. Et je sens à nouveau ton odeur pénétrer en moi. Et il y a une autre odeur aussi, et alors je sens la faim monter dans le creux de mon estomac.

J’ouvre un œil, la chambre est floue et bientôt je te vois. Je vois ton visage d’ange, tes joues légèrement rosies, tes lèvres d’un rouge pomme à me donner envie de les mordre, tes yeux verts me fixant tendrement. Tu es là, habillé seulement d’un bas de pyjama, avec un grand sourire et un plateau de nourriture sur les genoux.
Et je ne peux m’empêcher de sourire en te regardant.

Je lui souris encore une fois. Je ne rêve pas. Harry, tu n’es pas parti.
Alors, soulagé, je repose ma tête sur le coussin - ton coussin – toujours les yeux fixés sur toi :

Tu te lèves et me tend le plateau : « Allez mange mon chéri ! »

Mais je n’ai pas faim – pas de ça. Je prends le plateau et le pose sur la table de nuit derrière moi. Puis je me retourne et t’embarque sous les draps, en murmurant un « Pardonne-moi. »
Tu me souris mais je sais que tu ne me comprends pas.

Je t’ai retrouvé, Harry. J’ai failli te perdre. Que cela me serve de leçon, il n’y aura plus jamais un autre homme. Il n’y aura que toi et moi. Juste toi et moi.