Encore un matin comme les autres. Se lever à 5h30 pour se préparer. Non pas pour aller à l'hôpital Princeton-Plainsboro, mais pour aller jouer du piano. House était un excellent musicien, mais même s'il excellait dans tous les autres instruments, le piano était de loin son préféré. Il pouvait en jouer des heures et des heures sans jamais s'arrêter. Cela lui permettait, comme d'autres choses telles que sa PSP ou sa Maxi Balle de tennis, de se concentrer sur les patients et leurs problèmes, sur l'énigme à résoudre. Il voyait ses doigts courir sur le piano ; batifolant dans tous les sens. Il se sentait pris par la musique qu'il jouait. Ses doigts qui avaient touché beaucoup de patients, beaucoup de maladies en allant d'un simple rhinovirus à la mort par ulcères en passant par les hémorragies. Il jouait ses musiques sans partition. Il jouait juste à l'oreille et donc, à l'esprit. Cet esprit si développé et assidu qui jamais, ne rate une faute ou une anomalie. Cet esprit, sans quoi, il ne serait rien, ni au piano, ni en médecine. Le diagnostique différentiel entraîne des risques et des contre-indications qui, si l'on ne les prévoit pas ou que si l'on n’agit pas à temps, conduit a la mort du patient. L'esprit est fait pour éviter cela. Il est la clef de voûte de tout médecin. En jouant ce qu'il pense être juste, il joue avec tout son coeur, tout son amour. Cet amour qu'il cache, qu’il dissimule derrière des sarcasmes et des phrases qui font barrière entre lui est le reste du monde. Il ne veut plus souffrir comme il a souffert. Il ne veut plus connaître l'amour. Aussi, il préfère être seul et mal plutôt que de s'assumer lui-même. Tout ce qu'il trouve à faire c'est envoyer paître ses collègues au lieu de les féliciter et les aider. Il les fait souffrir sans s'en rendre compte mais, quand il y réfléchis, il le regrette plus que tout. Mais il ne le montre pas, ne dit rien et préfère que la justice des coeurs s'en mêle : c’est-à-dire, que tout le monde le déteste vraiment. Il s'arrêta de jouer pour essuyer une larme qui coulait. Certes la musique qu'il jouait était très triste, surtout cette chanson qu'il écoutait en permanence, Hurt de Christina Aguilera, mais surtout car jamais auparavant il n'avait vu à quel point il avait pu être méchant, manipulateur, salaud et cruel. Il se dit que jamais plus il ne recommencerait. Seulement au plus profond de lui-même, il savait qu'il ne pourrait s'empêcher de mentir, de vouloir se faire bien voir et surtout, de se faire plaindre. Vous me direz que c'est déjà le cas depuis sa douleur à la cuisse, mais là, il ne s'agit plus de le plaindre dans le sens physique, mais moral. Il aime montrer qu'il est malheureux dans sa vie. Il aime que les autres compatissent. Il aime, sans s'en rendre compte, faire souffrir les autres à travers lui. Il regarda la pendule. Elle affichait 9h30. Il avait joué du piano pendant trois heures. Trois heures où il avait pensé à ses actes, ses faits, ses dires. Trois heures où il s'était rendu compte qu'il considérait que le monde tournait autour de lui. Non pas cela. Plutôt qu'il aurait voulu que l'on s'intéresse à lui comme on s'intéresse à ses amis. Tous ses amis préférés , très souvent, le Dr Wilson, son meilleur ami. House était d’une jalousie phénoménale. Il pouvait, en un quart de seconde, passer de l'homme le plus drôle à l'homme le plus énervé du monde. Voilà ce qui était son pire défaut. Il avait perdu deux soeurs et une amie comme cela. Il le regrettait amèrement et payait le prix fort chaque jour et le paierait jusqu'à la fin de sa vie. Il recommença à jouer du piano lorsqu'il entendit que l'on frappait à sa porte. Il s'arrêta de jouer et perçut une voix, qu'il ne connaissait que trop bien. Il se leva, essuya les quelques larmes qu'il avait versées et alla ouvrir la porte. |