POV Joshua

C’est si… Dur. Tellement compliqué. Je suis censé le détester. Et puis, remettons les choses dans l’ordre, IL m’a enlevé. Et même s’il s’est montré tour à tour gentil et amical… Il m’en demande trop. Refuser de faire cette promesse équivalait à condamner mon père. Et même si lui et ma mère ont rarement été là quand j’en avais besoin… Ils sont mes parents ! J’ai beau me persuader que je ne reçois rien pour eux, qu’ils m’ont juste mis au monde et rien d’autre… J’ai encore en tête les rares gestes de tendresse de ma mère… Les sourires de mon père, parfois… Alors je vais juste faire en sorte qu’il ne soit pas accuser de tout ça. Mais pas plus… Je ne peux pas pardonner la solitude dans laquelle j’ai grandit, même si j’ai su l’apprivoiser. Ca m’est impossible… Et ce deal me pèse… Je commence à peine à le connaître… C’est tellement douloureux. Ne peut-il pas me laisser une minuscule chance ? Je ne veux pas que tout se finisse avant d’avoir commencé. Peut être que c’est une forme du syndrome de Stockholm, mais… Je ne peux tout simplement pas rester de glace avec lui… Il a passé ces quelques derniers jours à tout faire pour me frôler, recherchant un infime contact… Et ce face à face à tout remis en cause. Je ne peux plus faire semblant. Je veux rester ici, sentir le regard doré sur moi. Je veux partir, tenter de faire éclater la vérité sur cette histoire. C’était vraiment stupide. Je ne peux rien faire….

Assis contre le mur, j’essuie rageusement les larmes qui ont coulées le long de mes joues. Pourquoi devrais-je pleurer pour un garçon comme lui ? Pourtant, c’est ainsi, les larmes refusent de s’arrêter. Il m’a kidnappé. Il m’a embrassé contre ma volonté, et pourtant… je suis irrésistiblement attiré par lui. Il a ce charme magnétique et sauvage, et je ne peux pas y résister… Mes larmes redoublent encore, silencieusement, alors que la pièce commence à trembler et à tourner autour de moi, ma respiration s’accélérant à une vitesse folle. Je tremble doucement, enfouissant la tête entre mes mains, la respiration sifflante. Je me sens mal. Commençant à paniquer, tout tourne autour de moi, j’ai besoin d’aller m’allonger… Je me relève, les yeux brouillés par les larmes et la salle tournant tout autour de moi, mes mains tremblantes s’accrochant à ce qu’elles peuvent pour me permettre de rester debout, de ne pas tomber. Sans le vouloir, je renverse quelque chose qui tombe au sol avec un bruit sourd, avant de glisser au sol, mes jambes tremblant trop pour continuer à me supporter ainsi. Les larmes continuent de couler alors que ma respiration refuse de devenir normale. Je sens deux bras m’enlacer et me soulever, alors qu’une voix paniquée me provient à travers la brume dans laquelle je me sens, me demandant si ça va. Puis des mots qui se bousculent, me disant que tout va bien, qu’il est là, que je dois me calmer… Des choses dans ce genre là. Je ne comprends pas tellement, mais le ton de la voix est rassurant et me calme doucement, apaisant ma respiration. Sa voix, et peut être autant ses bras qui me serrent contre lui… Calmé, la respiration encore un peu sifflante mais paisible, ma tête nichée dans son cou.

Je réalise que je suis foutu.

Il m’a suffit de peu de temps pour comprendre au final. Quelques heures… Que devrais-je faire ? Profiter de ces instants ? Ou au contraire, le repousser loin… Ce serait insupportable de savoir que je l’ai aimé, et qu’au sortir de tout ça, il n’y reste plus rien. Je ne peux l’aimer sans que cette pensée ne vienne m’effleurer, cruelle et douceâtre. C’est haïssable, je trouve. Mais… Mon regard se perdit dans ses yeux dorés qui me fixent, cette couleur tellement étrange et inhabituelle, semblable à du miel liquide et brillant… Lui aussi me fixe, l’air inquiet quittant lentement son visage.

-Tu vas mieux ?

Je ne réponds pas. Je ne sais pas si c’est utile… J’ai envie de l’embrasser. Même si ça signifie que je vais le perdre après, que mes sentiments ne seront jamais réciproques et qu’il m‘oubliera dès que je sortirais de sa vie. Je veux pourtant laisser en lui une marque comme celle qu’il m’a apposé, inconsciemment. Je veux qu’il se rappelle de moi, l’adolescent qu’il a enlevé. Ses mains serrées autour de ma taille et la mine inquiète qu’il avait peu avant me soufflent qu’il n’est pas si insensible que ça. Mais c’est peut-être parce que je suis sa seule chance de s’en sortir…

- Izaiah, ce n’est pas ton vrai nom.

Il lève un sourcil surpris, semblant étonné et légèrement agacé par la question.

- Oui. Mais réponds à ma question.
- Je vais mieux, oui…

Et puis je cède. Je ne peux pas résister, même si je l’aime et que ça ne nous mènera nulle part. Oui, je l’aime… Certains diront qu’à mon âge, on ne peut pas aimer. Parce que l’on est juste guidé par nos pulsions sexuelles, nos hormones et tout le reste. Pourtant, je me sens bien dans ses bras. Je me sens protégé, même si ce n’est pas normal. Je pose doucement mes lèvres sur les siennes, et je le sens se crisper. Il se détend progressivement, ses mains se resserrant plus doucement sur ma taille tandis qu’il me soulève. Puis son visage recule.

-  On ne devrait pas.
-  On aurait jamais du.

Il n’ajouta rien, ses yeux dorés posés sur moi. Il me garde dans ses bras, me transportant jusqu’à la chambre. Il me posa ensuite sur le lit, cherchant à se défaire de mon étreinte. Je résiste et lutte, je ne veux pas qu’il s’éloigne ! Je suis tellement bien comme ça !  Quand il me tient dans ses bras, quand il est là. Comme ça. Il finit par soupirer, s’allongeant à mes côtés. Satisfait, je me laisse aller contre lui, les yeux clos. Puis je m’endors, lentement, bercé par ses battements de cœur. J’ignore de quoi demain sera fait, mais pour l’instant, seul ce moment compte. Lui ici… Moi dans ses bras. Et c’est décidé. Je n’abandonnerais pas.  Je n'en ai pas envie. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que c'est important... Qu'il est important.

Fin POV Joshua