POV Izaiah
Paris. 13e arrondissement. Quai d’Austerlitz.
La cigarette. Son seul exutoire. Sa seule porte de sortie. Quand la fumée âcre traverse ses poumons, quand elle le pénètre puis ressort… Il s’envole avec elle. Mais il ne pouvait pas fumer. La seule chose qu’il respirait actuellement était l’odeur douce et amère du chloroforme. Et ce corps, qui reposait contre le sien… Soulevant le gamin, il le portait, tel une princesse. Jetant de temps en temps un coup d’œil à cet agaçant enfant qui l’avait fait courir, avançant mécaniquement. Il était léger. Trop. Il avait seize ans d’après les documents qu’il avait eut en main… Et il ne pesait pas lourd. Machinalement, il pensait que ses parents devaient s’inquiéter un peu plus de ce poids anormalement faible pour quelqu’un de sa taille… Avant de réaliser que, toujours selon les documents, il vivait quasiment seul dans cette grande maison. Donc impossible pour ses parents de réaliser comment vivait leur enfant. D’ailleurs, que faisait-il à l’hôpital ? Il lui semblait bien avoir lu quelque chose de ce genre dans les papiers, mais quoi, il ne s’en souvenait plus.
Crissement de pneus, un moteur qui rugit. Il voit la voiture, grise, foncer vers eux. Pas de plaque d’immatriculation, des vitres teintées. Elle roulait vers eux, à une vitesse beaucoup trop élevée pour que ce soit un hasard. Et sans hésitation. Qui ? Pourquoi ? Aucune idée. La voiture se rapprochait. Vite. Trop. Se jetant sur le côté, l’asiatique sentit le corps du garçon glisser de ses bras. La voiture dérapa brusquement, tournant à l’angle et continuant sa course folle. Le cœur battant à tout rompre, il se pencha, posant les yeux ambrés masqués par les lunettes opaques sur le garçon. Du sang coulait de sa tête, et il était inconscient. Il était… Emouvant. Une beauté angélique. Mais il saignait. Trop. Mais les blessures à la tête saignent toujours beaucoup, non ? Se relevant, il reprit le garçon dans ses bras, avec infiniment plus de soin et d’attention. Marchant d’un pas rapide, jetant des regards autour de lui, il rejoignit rapidement sa voiture. Avec précaution, il installa le garçon sur le siège passager, bouclant la ceinture. Il démarra. Son bras le lançait. Un rapide regard lui apprit qu’il saignait, lui aussi.
Faisant un rapide arrêt à une pharmacie pour acheter désinfectant et gazes -la blessure à son bras droit, quand il avait percuté le sol et s’était entaillé sur une aspérité pouvait faire illusion quant à leur usage-, il ne s’arrêta ensuite qu’à son hôtel. Maintenant, la plus dur restait à venir… Soulevant une nouvelle fois le garçon, il monta les escaliers menant du parking au hall. Un, regard circulaire sur la salle l’informa qu’il n’y avait, par chance, personne.. Rapidement, il monta dans sa chambre, se délestant du garçon dans celle attenant à la sienne. Un dernier regard sur lui, puis il referme la porte. Soupirant d’un bien être non feint, il alluma sa cigarette, étendu sur le lit. Bonheur. Cigarette. La fumée âcre lui brûlait le corps de l’intérieur. Une sorte de jouissance psychique en fin de compte. Fermant les yeux, il s’accorda un temps de repos. Il y avait bien droit, non ? Le travail avait été exécuté.
Il se réveilla quelques heures après. D’abord désorienté, il se redressa, passant une main dans les cheveux noirs. Les yeux ambrés étaient un peu vagues, un peu perdus. Il devait aller voir comment allait le gosse. Si ça se trouve, il avait claqué. Tant pis… Tant mieux ? Il l’ignorait. Se levant, la démarche peu assurée, il se traina jusqu’à la porte de la chambre, qu’il ouvrit. Il avait lié les mains et les pieds du gamin, lui avait bandé les yeux. Aucun risque. Pourtant… Qui était la proie, au fond ? Le garçon ? Ou lui, pour se laisser prendre au piège de ce corps trop minces, de ces yeux trop verts… Oui, le garçon était émouvant. Et le regard ambré posé sur le corps prostré et tremblant au sol ne pouvaient démentir ce à quoi pensait l’asiatique. Attrapant une couverture de sa propre chambre, il s’avança, la posant sur le corps frissonnant au sol. Le forçant à se redresser, l’homme surnommé Izaiah l’installa contre lui, regardant la blessure serpentant sur la tête du garçon, écartant machinalement les cheveux roux. Le possesseur des cheveux se blottit contre lui. Et il se crispa. Il n’aimait pas les contacts de ce genre. Trop… Trop proches. Beaucoup trop. Mais sans vraiment savoir pourquoi, il le laissa faire. Se convaincant que ce n’était que pour pouvoir examiner la blessure. La bouteille de désinfectant et les gazes achetées plus tôt lui servirent enfin, sa propre blessure lui étant plus ou moins sortie de la tête. Il s’occupait de lui, occultant volontairement chacune des réactions qu’eut le garçon. Ce n’est que lorsque sa voix éraillée lui quémanda de l’eau qu’il se leva à nouveau, allant mécaniquement chercher un verre d’eau, qu’il l’aida à ingérer. La suite… Il préfère l’oublier. Il lui a demandé comment il se nommait, il avait répondu. Et il l’avait embrassé. Sur le front. Et… Non. Tout ceci n’avait pas eut lieu.
Le déni était toujours plus facile.
Sortant de la chambre, il claqua la porte, sortant dans le couloir. Seconde partie. Où ? Un bar. Sortant de l’hôtel, il prit la direction du bar où la « discussion » devait avoir lieu. Pas trop près de l’hôtel, pas trop loin non plus. Joshua ne risquait rien, l’asiatique ayant interdit à l’hôtesse d’accueil de donner le numéro de sa chambre à quiconque. Pénétrant enfin dans le bar, les mains dans les poches, il soupira. Il était là. S’asseyant en face de lui dans la salle déserte, l’homme entama directement la « conversation ». Dehors, la nuit tombait, insensible aux actes et aux paroles de ce jour.
- Vous êtes en retard. - Quelle importance, je suis là. - Vous l’avez eu. Je suis surpris… Et satisfait. - Doutez-vous de mes compétences ? - Un peu. C’est normal après tout. Nous ne savons rien de vous, ou presque… Et puis… - Toujours est-il que je l’ai. Où est mon argent ? - Votre argent… Avant de le récupérer, il y a une autre clause à exécuter…
Une sueur glacée qui parcourt son dos. Il n’avait jamais entendu parler de ça.
- … Ou plutôt, c’est Lui qu’il faut « exécuter ». - …
Il garda le silence. Avant de reprendre.
- Comment ? - Vous avez bien compris. Vous avez le devoir de le tuer… De la manière que vous voulez, ça n’a aucune importance. Tant que c’est fait. - C’est hors de question. Il n’a pas été fait mention de cette… Clause. - Oh si, vous allez le faire… Derrière les lunettes épaisses, le regard devint plus mauvais. Sinon, n’espérez pas voir votre dû… Ou autre chose…
La menace était à peine voilée. Se levant brutalement, l’asiatique sortit, la tête pleine d’interrogation. Allait-il le faire ? Oui. Non. Peut-être ? Il ne savait pas, il ne savait plus… Il était perdu. D’un pas rapide et rageur, il courrait presque, se dirigeant vers son hôtel. Fais-le. Non. Si. Que devait-il faire ? Devant l’hôtel. Il s’engouffra dedans, courant toujours. Se réfugiant dans la chambre, il alluma une cigarette, nerveux. Angoissé. Il ignorait. Il ne savait pas. Allumant la télé, il tenta de se concentrer sur les informations.
Fin POV Izaiah
_________________________________
Le dernier paragraphe du chapitre précédent a été modifié, j'avais pas posté la bonne version... Pardon pardon... >W< |