« And If I fall… » , ou les anges d’une nuit… Harry bailla ouvertement en s’étirant longuement sur sa chaise. Une main se posa sur son épaule le tirant de ses réflexions troubles. Le visage souriant de son meilleur ami apparut devant lui, sa tignasse rousse. Le cœur du garçon blond s’arrêta de battre. Encore ce satané Weasley qui venait perturber son observation de Potter. Il pesta silencieusement en sortant de la bibliothèque. Mais se réjouit que le balafré n’aie pas encore atteint son but. Evidemment sans son aide, il ne pourrait jamais trouver la solution à son problème, et il comptait bien se servir et abuser de ses faiblesses. Draco poussa la porte de la bibliothèque, et la laissa claquer dans un bruit sec derrière lui et savoura les cris de colère de Madame Pince alors qu’il s’enfuyait aussi vite qu’il pouvait en ricanant. « -Salut Harry !! -Oh Ron… ça va ? -C’est à toi qu’il faudrait poser la question. Tu es resté presque toute la matinée là… Je te rappelle qu’on a un jour de repos aujourd’hui !! -C’est cette histoire qui m’inquiète… marmonna le brun. -Arrête, tu vas devenir pire qu’Hermione à force, insista Ron. -Je croyais que tu ne voulais plus en entendre parler, d’Hermione, rétorqua l’autre, las. -ça va… C’était pour la comparaison. » Le roux s’assit en faisant balancer la chaise sous l’effet de son poids. Il faillit tomber en arrière, lorsque Harry retint le dos de sa chaise et le remit en place, avant de se replonger dans le livre qu’il lisait. « -Tu n’es pas très drôle… se plaignit Ron. » Harry se tourna vers lui sans mot dire et le fixa un long instant. Son ami continuait de se balancer sur sa chaise avec des yeux nonchalants qui paraissaient ne pas faire attention à lui, mais qui glissaient ostensiblement de son côté de temps à autre. « -Tu veux me demander quelque chose ? -Bof non… répondit-il dans un soupir. -Allez, je te connais assez pour savoir ce que tu veux. Qu’est-ce que tu as ? -Eh bien… » Ron fit mine de réfléchir en levant la tête, puis se mit à fixer Harry à son tour, d’un air sérieux. Le brun détourna la tête et reposa ses yeux sur le manuel ouvert sur la table. « -Eh bien… tu sais… hésita-t-il longuement en se rasseyant correctement. Il y a une question que je me suis posée récemment, mais surtout le prend pas pour toi, c’est pas personnel et… -Vas-y, accouche, lança Harry en soupirant sur son livre et en se redressant pour l’écouter. -Tu crois que c’est mal d’aimer quelqu’un… du même sexe que soi ? » Harry le considéra longuement. Il n’avait pas l’air de plaisanter, et il savait qu’il n’avait pas reçu d’objet lourd sur la tête depuis un bout de temps, depuis le dernier match de Quidditch précisément, qui avait eu lieu il y a déjà trois mois. Et ce n’était pas les divers objets lancés par Hermione en cours de Sortilèges qui pouvaient avoir provoqué cela. « -ça va Harry ? J’aurais pas dû te poser cette question… ajouta Ron, rouge pivoine. -Non non, je veux dire, ça va ! assura le garçon. C’est juste que c’est… -Etonnant ? termina Ron. Oui sans doute… Mes sentiments sont étranges. -Tu pourrais me dire… hésita Harry à son tour. Qui ? » Son ami le regarda longuement, puis se leva de sa chaise et s’enfuit de la bibliothèque en courant provoquant à nouveau les cris de rage de Madame Pince. Les yeux arrondis par la stupeur de sa réaction, Harry resta bouche bée pendant quelques instants, hésitant sur l’attitude à tenir : Soit le poursuivre et recevoir une déclaration d’amour et devoir rejeter son, certes meilleur ami, mais pas petit ami ! Soit rester là et en parler à Hermione… et recevoir sa colère dans toute sa grandeur. Il resta donc planté sur sa chaise et remit son nez dans le livre qu’il n’arrivait déjà plus à lire depuis une quinzaine de minutes. Mais qu’allait-il faire bon sang ?!
Ron avait couru jusqu’au dortoir des garçons en hurlant presque le mot de passe à la Grosse Dame. Il s’étala sur son lit, et laissa là échapper le cours des larmes qu’il retenait depuis qu’il avait couru dans les couloirs sans s’arrêter, sans même regarder ceux qui se demandaient à voix basse ce qu’il avait à courir comme ça. Il pleurait comme un enfant. Il aurait dû en avoir honte, mais il éprouvait seulement un étau se resserrer autour de son cœur. Cette douleur lui en faisait oublier tout ce qu’il aurait pu ressentir en temps normal. Il aurait voulu lancer tout ce qui se trouvait autour de lui, mais n’en avait ni la force, ni le courage. Il voulait simplement qu’on le laisse pleurer tout son saoul. Une chouette entra par la fenêtre. Elle déposa une enveloppe sur le lit vide de Harry. Ron se redressa immédiatement et vit la chouette repartir de là où elle était venue. Il regarda l’enveloppe… Une écriture à l’encre verte… Le sceau de… Il décacheta l’enveloppe et vit une écriture qu’il reconnu de suite. Une écriture qu’il avait tant et tant cherchée, attendue. Une écriture incomparable qu’il avait cherché à voler parfois, en sollicitant l’aide de polynectar pour se déguiser en… Serpentard. « Potter, Je sais ce que tu cherches. J’ai le livre qu’il te faut, et je peux même te communiquer l’information si tu le désires. Simplement viens ce soir dans la salle de cours de sortilèges, au deuxième étage, et je te le dirai en échange de certaines petites tâches que je voudrais te confier. Draco Malefoy » Ron leva la tête au plafond, un sourire béat en murmurant son nom sans le prononcer. Il laissa la lettre et la recacheta magiquement avant de s’étendre sur son lit en attendant d’arracher un cheveu de Harry. Le soir venu alors que son meilleur ami dormait paisiblement après avoir regardé la lettre, l’avoir montré à Ron dont le cœur s’était à nouveau arrêté en voyant l’écriture émeraude, puis avoir bien ri de Draco ; il lui tira un cheveu provoquant une grimace sur son visage. Puis lui empruntant sa cape d’invisibilité il sortit dans le couloir sans tenir compte de l’indignement de la Grosse Dame, et s’enfuit vers le septième étage pour aller dans la Salle sur Commande où il avait caché son polynectar. Mais… après tout pourquoi ne pourrait-il pas y aller lui même ? Il n’avait pas honte de ce qu’il était, et… Il hésita. Le reconnaîtrait-il s’il jetait un sort d’obscurité ? S’il mettait des lunettes et s’il déguisait sa voix… Quel intérêt ? Il se dévoilerait tout de suite, il n’avait rien à craindre de celui qu’il aimait, du moins, il l’espérait…
It seems so far to go Ron descendit les escaliers en courant du plus vite qu’il pouvait, hors d’haleine. Il restait bien cent mètres encore avant cette fameuse salle fatidique et plus il avançait, plus il doutait de lui même… Plus il aurait voulu reculer, et plus il se mettait dans la tête qu’il n’y avait plus de voie pour reculer. It took so long to get here Il s’arrêta devant la porte fermée, le souffle court, des gouttelettes de sueur perlant sur son visage rouge d’effort et d’angoisse. Désormais il était au pied du mur et ne pouvait plus que marcher vers le destin qu’il avait choisi, la décision qu’il avait prise seul. Il avait déjà tant réfléchi, tant misé pour arriver ici. Il ne reculerait pas. Il ne reculerait plus, tant cela avait déjà dévasté son âme. Il appuya doucement sur la poignée de la porte et la laissa tourner seule sur ses gonds. Now I'm saying things I swore I'd never say « -Bonsoir… Draco… murmura le jeune homme pétrifié face à une vision de la beauté incarnée. » Le blond tourna la tête vers lui, assis sur le rebord de fenêtre au clair de lune. Il était réellement magnifique… Il eut une moue de dépit. « -Weasley… tu n’étais pas vraiment … celui que j’attendais, fit-il avec dédain. » And I'm afraid again « -Harry ne voulait pas venir. -C’était son problème. Ne me dis pas que tu as voulu faire quelque chose pour lui, Weasley. Tu ne sais même pas quel est son problème pas vrai ? Il ne t’en a pas parlé, hein ? » Ron serra les poings, la peur au ventre, une sorte de stress qui lui nouait l’estomac alors qu’il parlait. « -Je ne l’ai pas écouté quand il me parlait, déclara-t-il simplement. -Ah ? Evidemment, encore en train de penser à cette … horreur avec ses breloques qui font du bruit. N’est-ce pas ? -Non. » Une horreur à breloques. Ron rit intérieurement. Si seulement il savait que Padma lui était sortie de l’esprit depuis bien longtemps. Le bal remontait à déjà deux ans. Si seulement il savait une seule de ses pensées à ce moment, serait-il resté là, fier, debout maintenant en lui faisant face avec une mine de condescendance ? « -Ecoute Weasley, je ne dirais ça à personne, mais ce n’est pas toi que j’ai demandé. » I thought I had it in me Ron ferma les yeux avec douleur, en empêchant ses larmes de couler. Il savait qu’il aurait ce genre d’attitude. Il ne pouvait pas s’attendre à mieux et pourtant c’était cela qu’il aimait chez lui. C’était ses paroles pleines de mépris, ses yeux qui le regardaient avec hauteur, ses lèvres charnues qui prononçaient ces mots avec un sourire narquois en coin. I used to be so sure « -Je te permet de disposer, as tu entendu, Weasley ? » Ron aurait voulu se retourner et courir pour tout oublier. Il aurait voulu se cacher dans la cape d’invisibilité jusqu’à mourir de sa douleur. En temps normal, il aurait avancé au devant de Malefoy, la tête levée, les yeux fiers, et la baguette brandie pour lui lancer n’importe quel sort qui lui passait par la tête. Mais il resta sur place, immobile. « -Dégage, WEASLEY ! Je ne veux pas de toi ici ! hurla soudain l’autre en faisant jaillir un rayon rouge de sa baguette. » There I was stronger than ever « -PROTEGO ! répliqua Ron en faisant reculer le blond vers la fenêtre où il s’était assis. » Il allait lui dire, et qu’importe la réponse, il aurait libéré ce poids sur son cœur. Il serait enfin libre de tous ses démons. Plongé dans ses pensées, il ne vit pas un nouveau rayon rouge le frapper en pleine épaule. Il tituba en arrière, et releva les yeux vers Malefoy qui le fixait maintenant avec un mélange de colère, de peur et de… pouvait-il en croire ses yeux ? d’inquiétude. Sa baguette levée tremblait dans sa main blanche. « -Ne m’approche pas ! s’exclama-t-il à l’approche de Ron. » Le roux se mit à avancer, pas à pas, tandis que Draco se recroquevillait sur le rebord de fenêtre. « -Je t’interdis de m’approcher ! cria-t-il d’une voix suraiguë. » Ron était arrivé près de lui, il pouvait sentir la baguette pointée dans son ventre. Et celui qu’il aimait incapable de bouger. « -S’il te plaît… Ne me fais pas de mal… Ne t’approche pas… geignit-il. » Here I am blaming the hurt « -Non… Je ne veux pas te faire de mal. » Il le serra contre lui et sentit Draco blottir sa tête malgré lui au creux de son cou, sanglotant dans le silence de la nuit. Ron sentait ses larmes couler sur son épaule, et resserrant ses bras autour de lui, il sentit ses mains fébriles, pâles, chercher à s’agripper à sa robe. « -C’est fini… je suis là, Draco… Arrête de pleurer… arrête de me faire du mal, si tu ne veux pas que je t’en fasse, murmura Ron. » Les pleurs redoublèrent. Il avait l’air terrorisé. Pourquoi ? And if I fall I will find a way back to my hands I'm the only one who can help me find my feet « -Ron… Ronald… -Appelle moi Ron… appelle moi ce que tu veux, mais pas de cérémonie. -Ron… Si je ne voulais pas que tu t’en mêles, murmura Malefoy, le souffle court. C’est parce que je ne voulais pas que tu sois touché par… mes affaires malsaines. -Tu aurais préféré Harry alors ? rétorqua Ron en relâchant son étreinte. » Draco baissa les yeux, et détourna la tête. « -Il ne vaut mieux pas que tu t’approches de moi. Si je t’ai insulté tout ce temps là, c’était pour éviter que tu sois trop proche de moi. Je suis trop dangereux… pour toi. Je voudrais m’en sortir seul. Me sortir seul de là où je suis tombé… -Que veux-tu dire ? demanda le roux d’un air qui se voulait désintéressé, mais teinté d’une curiosité protectrice. » Again Sweet little fighter Sweet little scar Sweet little fire in my heart « -Tu me ne croirais pas, si je t’en parlais. -Draco… Ce soir je suis venu te voir. Je t’ai pris dans mes bras. Je ne t’ai pas blâmé pour ce coup, souffla Ron en montrant son épaule, où à travers le tissu déchiré on pouvait voir une petite plaie saignant pourtant abondamment. Tu ne veux toujours pas m’en parler ? » Ron doutait des réactions de Draco. Il l’avait tant surpris en acceptant son étreinte. Il l’avait tant surpris à pleurer. La plaie guérit sous la magie de la baguette de Draco, et Ron crut que son cœur allait exploser quand il croisa son regard couleur océan. Ses grands yeux qui le regardaient comme s’il l’avait blessé à mort, comme si une blessure qui refusait de cicatriser avait déchiré son corps immaculé parfait. It seems so easy now « -Draco… Je t’aime. » C’était vrai. Maintenant qu’il laissait glisser son regard sur lui, maintenant qu’il le voyait dans sa vraie nature, cela paraissait si simple. Si simple de lui dire, et même d’en accepter le douloureux rejet, après ce qu’il venait de voir. Il recula. Un pas en arrière simplement, pour lui signifier que jamais il ne lui ferait de mal. Draco lâcha sa baguette. Elle tomba sur le sol dans un bruit sourd, tandis qu’il attirait Ron par le col à lui pour coller ses lèvres contre les siennes. Everything I dreamed about when I was a child A ce moment précis il n’y avait rien qui comptait plus. Depuis une demi-heure qu’il avait perdu la raison en venant jusqu’ici, il n’y avait rien qui importait plus que lui, que l’ange blond qu’il avait jusqu’alors admiré en secret. Depuis ce fameux jour, dans le train. Depuis qu’il l’avait vu. Depuis qu’il l’avait insulté avec mépris et qu’il l’avait rejeté pour l’éloigner de lui. Depuis qu’il avait ressenti une colère qui s’était muée en passion depuis qu’il avait saisi quelques bribes de son secret. Ce secret dont il n’avait pas encore saisi toutes les subtilités, mais dont il savait assez de choses d’après les rumeurs qui couraient chez les Serpentards. Diverses attaques d’élèves qui avaient eu lieu. Jamais annoncées par les professeurs, jamais dévoilées par le Directeur. Ron s’était douté que les cycles de la santé changeante de son ange avaient rapport avec cela. Il effaça toutes ces idées d’un geste imaginaire devant ses yeux. Et tandis que Draco tirait sur sa robe, il passa ses bras autour de lui, comme dans ce rêve qu’il faisait chaque soir. It looks like a good place here « -Moi aussi… Je t’aime Ron… C’est pour ça qu’il faut que tu t’éloignes… de moi, murmura Draco en rompant leur baiser. » Mais il garda ses bras autour de lui. « -Je suis bien, là, auprès de toi, répliqua simplement l’autre. » Il prit enfin conscience du fait que la salle plongée dans le noir n’était éclairée que par cette fenêtre. Un ange au clair de lune, ses mains posées sur son visage. C’était son paradis, et si c’était un rêve, qu’il reste aussi réel pour quelques temps ne le dérangeait pas. So I think I'll stay for awhile Ron l’embrassa à nouveau, ignorant les plaintes de celui qui avait enfin répondu à ses sentiments. « -Non… -Et pourquoi pas ? Je pense que tu ne m’en voudras pas de vouloir en savoir un peu plus sur tes problèmes… Alors je reste là. Près de toi. » And if I fall I will find a way back to my hands I'm the only one who can help me find my feet Draco s’appuya sur Ron pour se relever. Il se laissa doucement choir sur lui, sans pouvoir tenir sur ses jambes. Il murmura son nom, puis comme ayant un brusque éclair de lucidité, il le repoussa et se tint debout dans un équilibre précaire. Le garçon roux recula sans plus lui proposer d’aide. « -Tu ne comprends pas. Mes mains. Ma peau. Mon corps. J’ai été marqué par le Seigneur des Ténèbres. Et bien que je t’aime, ajouta-t-il d’une voix tremblante, je ne peux pas te permettre d’être avec moi. C’est trop dangereux. » Il marqua une courte pause. « -Pour toi, termina-t-il. » Ron s’éloigna, s’assit sur une table, un léger sourire de satisfaction aux lèvres tandis qu’il voyait Draco grimacer de douleur au fur et à mesure qu’il reculait pas à pas. « -Alors explique-moi. Si tu m’expliques ce que tu voulais faire avec Harry, si tu m’expliques pourquoi tu es marqué, alors je t’oublierai. Pour que tu puisses m’oublier. Sinon, je ne te lâcherai… pas. » Again Sweet little fighter Sweet little scar Sweet little fire in my heart Draco évita son regard qui brillait dans la nuit, qui le dévorait, presque, visuellement. Il se connaissait assez pour savoir qu’il ne résistait pas à l’envie de se réfugier dans ses bras lorsqu’il ressentait la douleur et l’envie qui s’exprimaient par ces yeux-là. Il ferma les yeux pour l’oublier et tenta de parler d’une voix monocorde pour ne pas lui montrer sa souffrance de ne pas pouvoir l’étreindre, à cause d’une malédiction qu’il maudissait lui même. Il tira la manche de sa robe et lui montra son bras. Une marque des ténèbres vermeille y avait été apposée, sur l’avant bras, juste après le pli du coude. La marque s’enflamma au contact de l’air nocturne et Draco réprima un cri. Il relâcha la manche sur sa peau et se racla la gorge pour parler. « -La marque de couleur rouge est le symbole… non pas des mangemorts, mais des exécutants du Seigneur des Ténèbres. Mon père… tu sais qu’il est entré en prison. Pour ses échecs, j’ai été pris en échange. Et j’ai été condamné à servir le Seigneur des Ténèbres contre mon gré. J’ai subi la punition qu’aurait dû recevoir mon père… ces… blessures… partout, gémit-il en repensant au traitement qu’il avait subi. -Tu n’es pas obligé de le servir… murmura Ron sans pour autant s’approcher pour tenter de le rassurer. -Il… il a des moyens de se faire obéir. Il a fait de moi un vampire. A cause de cela, je ne pourrais jamais me lier à une autre personne que lui. Je suis trop dangereux pour m’attacher à toi. » Draco s’arrêta de parler et le silence s’installa alors que Ron ne le regardait plus. Ses yeux ronds d’étonnement fixaient un point imaginaire. « -Tu vois… reprit le blond. Tu vois que tu ne pourras plus me supporter après ça. » Ron le considéra longuement. Il le fixa dans les yeux. Et il revint vers lui. Il lui passa la main dans les cheveux avec un sourire franc, peut être… compréhensif. « -Arrête, bafouilla Draco désarçonné. Je t’en supplie, si tu m’aimes, je ne veux pas te … -Alors, le coupa brusquement l’autre en continuant à caresser affectueusement sa tête, tu avais simplement peur de me faire du mal ? Je ne peux pas le croire… toi qui m’as tant insulté durant ces cinq années. Toi qui m’as toujours méprisé. Tu ne peux pas… devenir si faible ? -Si… » Ron éclata simplement de rire, l’autre en resta bouche bée. Comment pouvait-il prendre une chose tellement sérieuse avec tant de légèreté ? Pourquoi riait-il ? « -Ecoute moi bien Draco, fit le roux en souriant à l’oreille de son aimé, le serrant contre lui ; ce n’est pas un foutu sorcier qui joue avec les autres comme si c’était des pions qui va m’empêcher de t’aimer. Tu avais besoin du sang de Harry, c’est bien ça ? Tu es à bout de forces ce soir ? » You came here screaming And never stopped to listen to your one and only prayer A place for you somewhere « -Bien sûr ! s’écria Draco le visage baigné de larmes. Je ne pourrais jamais te faire de mal physiquement, je ne VEUX PAS ! Alors si Potter n’est pas venu, je suis prêt à tout sauf à te sacrifier pour servir le Seigneur des Ténèbres ! Eloigne toi de moi pendant qu’il est encore temps, sinon je vais bientôt retourner à des instincts beaucoup moins humains ! Je me fiche du reste ! Tant que tu resteras en vie… Tant que tu penseras à moi, tant que tu garderas ce regard affectueux que j’aime tant pour moi, ça me suffira ! Je pourrais souffrir la torture, ou la mort ! Et … -Draco, il est hors de question que… -Ecarte toi ! hurla-t-il, semblant basculer dans la folie. -Ecoute moi, Draco, je t’en prie ! Ecoute ! -C’est toi qui dois écouter ! Tu dois partir ! » Ron se tut, voyant qu’il était inutile de continuer la dispute et prit les mains de Draco entre les siennes pour l’empêcher de se débattre ou de lui répliquer quelque chose. « -C’est près de toi que je dois être, et toi, c’est près de moi. Un peu de sang en échange de ça, ce n’est rien. -Tu ne veux pas entendre raison ? Si le Seigneur des Ténèbres apprend que nous sommes … que je… balbutia Malefoy. Il va … s’en prendre à toi ! Puisque… -Tu comptes ne pas mener ta mission à bien par ma faute ? -Mener ma mission à bien signifie tuer… l’entourage de Potter… dit-il dans un souffle en enfouissant sa tête près du torse de Ron. -Dans les deux cas, je dois mourir, remarqua celui-ci en haussant un sourcil. -Si tu t’éloignais simplement de moi, je pourrais prétendre que je l’ai fait et personne ne se douterait de rien, lui rétorqua-t-il sur un ton amer. Nous sommes si proches là… je n’arrive pas à imaginer si… nous devions rester ensemble. Il se douterait de quelque chose… Il te traquerait avec ses fidèles… » Sweet little fighter Sweet little scar Sweet little fire in my heart Ron l’embrassa dans le cou, et il ferma les yeux en se retenant de lui montrer qu’il était tout à fait d’accord. Il tenta de le repousser. Et lorsqu’il mordilla sa peau fine, il ne put empêcher des larmes de couler sur son visage, sa main serrée sur sa bouche pour se garder de son désir. « -Arrête ça, Ron ! -J’arrête si tu arrives à me repousser, susurra le roux. Et pour me repousser, il faut que tu prennes des forces. Et les forces, elles sont là, termina-t-il en montrant une artère bien visible sur le côté de son cou. » Le blond se mordit la lèvre inférieure en sentant malgré ses yeux fermés et sa volonté de plus en plus faible de résister, les baisers brûlants de Ron qui descendaient sur sa poitrine, et ses mains qui tentaient de retirer maladroitement le tissu qui le gênait. Il usa enfin de ses dernières forces, et attrapant Ron par le poignet, il le força à arrêter. Il avait penché la tête sur le côté, comme impatient. Pourtant ce genre d’opération n’avait rien d’une promenade de santé. Draco soupira et finalement se décida. C’était vrai. Etre avec lui était simplement le plus grand bonheur qu’il aurait pu avoir au monde après tout ce qu’il avait enduré. Alors s’ils devaient souffrir, ils souffriraient ensemble, ils fuiraient le Seigneur des Ténèbres tous les deux. Mais ils seraient ensemble, et après tout, c’était la seule chose qui comptait pour lui, si Ron voulait lui donner ce dont il avait besoin. S’il pouvait sacrifier cela pour l’aimer, Draco pouvait bien oublier pour quelques moments cette inquiétude qui lui rongeait les sangs en permanence. And if I fall I will find a way back to my hands I'm the only one who can help me find my feet Il planta ses canines dans l’artère indiquée plus tôt, comme obéissant docilement alors qu’il était celui qui le faisait souffrir. Il aurait dû se sentir coupable, mais il se sentait simplement transporté par la passion alors qu’il goûtait doucement à son sang doux et chaud. Il avait décidé de s’arrêter avant de ne plus pouvoir se contrôler et de céder à l’instinct de tueur. Après tout, s’il n’en prenait pas trop, il ne mourrait pas. Et s’il ne le mordait pas à la mort, il ne deviendrait pas comme lui, un vampire. Ron avait passé ses bras autour de son cou, et gémissait de douleur. Lorsqu’il commença à sentir que la tête lui tournait, il retira ses crocs en laissant ses lèvres contre la plaie. « -Je suis pas habitué à … recevoir tant d’énergie en même temps, commença Draco. -Embrasse moi, imbécile… » Il sourit enfin et se laissa aller à une douce rêverie entre les bras de son amant. Oui, ça faisait bien trop longtemps qu’il attendait cela pour y renoncer parce qu’il avait été « marqué ». Again Sweet little fighter Sweet little scar Sweet little fire in my heart Et se laissa partager la passion qu’il rejetait depuis si longtemps. Un amour auquel il avait renoncé, une idée qu’il avait abandonnée après avoir durement lutté. Il s’était toujours imaginé qu’il n’aurait jamais pu. Qu’il était condamné à un amour secret qui plus est à sens unique. Alors si c’était juste l’illusion d’une nuit, il pouvait bien se laisser simplement bercer, entre les bras sûrs de Ronald, sous son regard qui n’appartenait qu’à lui. A cette idée, il pleura. Il pleura de joie, en resserrant son étreinte autour de lui, lui griffant presque le dos. « -Je veux rester… avec toi pour toujours… gémit Draco. -Je ferai ce que je pourrais pour réaliser ton vœu… Vraiment tout ce que je pourrais. -Je t’aime… Je t’aime, Ronald. -Je sais que tu m’aimes, idiot… Je t’aime aussi, Draco… » Ces derniers mots presque comme une confidence… Il attrapa la nuque de Ron. « -On se répète. Viens là, j’ai quelque chose à te montrer… » Draco Malefoy se réveilla le lendemain avec une migraine impossible. Il atteignit difficilement la salle de bains, et se regarda dans le miroir. Il frotta plusieurs fois ses yeux et se passa vigoureusement de l’eau sur le visage. Même en y regardant bien, la trace était toujours là. Il avait bien à la base du cou une marque rougeâtre, qui ressemblait vaguement à… Il se changea immédiatement et courut vers les couloirs sans saluer ni Crabbe, ni Goyle, ni Pansy, ni personne. « -Bonjour… » Il en resta stupéfait pendant trente secondes et eut un sourire faible. « -Alors ce n’était pas un rêve ? -Non, fit l’autre, moqueur. » Il admira ses cheveux roux, le regarda avec une mine semi admirative, semi « amoureux transi ». « -C’était trop réel pour être un rêve, n’est-ce pas ? -Je le pensais aussi… mais c’était trop irréaliste… tout ça, répliqua Draco d’une voix qui se voulait indifférente. » Les élèves de Serpentard sortirent en les observant du coin de l’œil, d’un air méprisant. Ron sourit et, s’avançant, serra Draco contre lui. « -Peu importe ce que je devrais endurer, le regard des autres, ou les idées de mes amis. Je serai ton calice. Tu n’auras plus besoin d’autre personne que moi. Et moi non plus je n’aurais plus besoin de personne d’autre à part toi. -Oui, murmura Draco en l’enlaçant. Personne… » |