Une silhouette. Blanche, pâle, ethérée. Légère, rapide, virevoltante. Attirante, menaçante, fascinante. De mémoire d'élève, il y a toujours eu des fantômes à Poudlard. Anciens professeurs, ex-étudiants, tous ceux qui n'ont pas eu le courage de continuer leur route après leur mort sont revenus dans l'école de sorcellerie. Ils sont d'une compagnie étrange, pas toujours très agréable, mais il peuvent apprendre énormément de choses à ceux qui prennent la peinde de les écouter. Il faut dire qu'être transparent et pouvoir passer à travers les murs est un grand avantage pour celui qui veut connaître secrets et potins du château. Et, de mémoire d'élève, il y a toujours eu une règle. Une règle immuable, qui n'est pas écrite dans le règlement, mais que tout le monde respecte. Une règle tacite, dont on ne parle pas, mais que personne n'est censé ignorer. Quelle que soit l'occasion - Noël, Fête, Halloween... - , personne ne doit, jamais, singer les fantômes. Personne ne doit, jamais, essayer, par un déguisement ou un sortilège, de ressembler à un fantôme.Quiconque ferait cela annoncerait clairement son envie de mourir. Et pourtant, elle est là. Cette silhouette, au visage masqué. Cette silhouette transparente qui tournoie dans la Grande Salle. Cette silhouette que tout le monde observe à la dérobée. Cette silhouette que personne n'ose regarder en face, mais autour de laquelle tournent toutes les conversations. Cette silhouette qui dérange, qui choque, qui fait peur. Mais qui peut avoir envie de mourir ? Voldemort est mort, ses disciples en prison. Les étudiants, dès le lendemain, feront leur entrée dans leur nouvelle vie d'adulte. Leur chemin est clair, débarassé de l'ombre du mage noir. L'avenir s'annonce radieux. Et pourtant, elle est là. Harry l'observe, un étrange sourire aux lèvres. Lui, il sait. Pourtant le déguisement est parfait, le sort magnifiquement exécuté, l'illusion est totale. On ne peut pas connaître l'identité du fantôme, c'est impossible. Mais il sait. Il a passé de trop nombreuses heures à l'espionner pour pouvoir faire semblant de ne pas le reconnaître. Et pourtant, ce serait tellement plus simple... Le fantôme, dans un tourbillon, se rapproche du gryffondor. Celui-ci l'attrappe par le bras, et le plaque contre son corps. Il est chaud. Ils dansent, collés l'un contre l'autre. Ils dansent, jusqu'à se perdre. Ils dansent, ignorant les regards des autres. Ils dansent, oubliant qu'il y aura un lendemain. Ils dansent, et sont enfin eux-même. Harry danse. Harry s'envole. Mais à présent, il a envie de s'envoler plus haut, plus loin. De partir ailleurs. De s'en aller. De tout oublier. Alors il entraîne son partenaire hors de la salle surchauffée, loin de tous les regards qui les jugent, loin du bruit étouffant de la joie. Loin... |