détail important : le début du chapitre qui est à la 3ème personne du sg, et au passé est évidemment un flashback voilà enjoy!! et comme d'habitude : POV d'Harry Vers la fin de l’hiver dernier, deux adolescents décidèrent de passer leur samedi soir dans un pub choisi au hasard. Sans trop d’appréhension, ils désignèrent le plus minable d’une ruelle inconnue. Ils poussèrent la lourde porte en bois avec enthousiasme. L’atmosphère parut les surprendre. Là, régnait la dépravation et ce lieu différait en tout point de ceux qu’ils avaient l’habitude de fréquenter. L’un des deux jeunes hommes, encore lucide, insista pour revenir en arrière. Mais son compagnon était déjà suffisamment saoul pour ne pas réaliser où ils étaient tombés. Il titubait, les bras ballants, pataugeant dans les vestiges de neige, d’eau et de terre. Sans concertation, ils finirent par s’avancer dans un même mouvement vers le comptoir. Le premier commanda une bière, qu’il but d’un trait. L’autre, toujours soucieux, jetait des coups d’oeils furtifs et affolés au reste de la pièce. Les murs, jaunis par la fumée, témoignaient d’une propreté douteuse. Il n’y avait presque pas de lumière, et les rares lampes clignotaient irrégulièrement. Dans un coin, une vieille radio crachotait avec difficulté du bruit ressemblant plus ou moins à de la musique. Du côté du barman, quelques affiches érotiques tentaient d’égayer l’ensemble. C'était miteux. Et glauque surtout. Il réprima un frisson. Mais ce qui effrayait le plus l’adolescent, c’était les clients. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais ils possédaient tous quelque chose de dérangeant… Des visages malsains. Ce qui l’inquiétait le plus, c’était qu’il aurait pu les connaître en dehors d’ici. Respectables face à la société, dans ce bar, ils exposaient leurs vices les plus enfouis. « Ron, putain ! » Son camarade ivre, lui attrapa violemment le bras, pour le tirer de sa contemplation. « - Quoi ? - Mais putain ! Regarde ! » Il désigna quelque chose avec un mouvement de tête. Ron suivit du regard. Au fond de la salle, un jeune homme dansait sur une table d’une façon obscène et indécente. Autour de lui, des hommes et des femmes l’acclamaient, dans un état second, en réclamaient plus. Son ami, Harry, s’approcha lentement du groupe, fasciné. La façon de se mouvoir du danseur respirait l’érotisme. Il ondulait ses hanches lascivement, incitant à la volupté. Cependant son regard, sans doute voilé par les fatigues du plaisir, attestait une cruelle impassibilité. Il regardait à la fois partout et personne, comme s'il était ailleurs. Son visage, jadis pur, paraissait vraisemblablement marqué par la débauche. À force de le regarder, Harry sentit le monde extérieur disparaître et le silence s'installer progressivement. Pourtant la radio était toujours au volume maximum, le barman rigolait toujours du même rire gras, les spectateurs s'extasiaient toujours... Il avait beau observer les gens parler, remuer les lèvres : il ne percevait aucuns sons. Il était comme anesthésié de ce qui l'entourait. Il n'y avait plus que lui et l'hypnotisant ange blond en face. Ron avait compris que le danseur ne lui était pas inconnu. Les jeux de lumières l'empêchaient d'obtenir la certitude sur son identité, mais il en était à peu près sûr. Au bout de quelques minutes de réflexion, il se décida. Avec toute la discrétion dont il était capable, il se pencha vers l'oreille d'Harry et hurla « C'est Malfoy !!! » Harry tressaillit, comme sorti d’une transe. Il cligna des yeux, plusieurs fois. Il pinça les lèvres, signe habituel qui montrait aux autres son agacement. « C'est MALFOY JE TE DIS ! » En entendant son nom, celui-ci se retourna vers eux et eut un sourire mutin, qui ne présageait rien de bon. Il descendit de sa table en un petit saut élégant pour atterrir au milieu de la foule, qui s'écarta, encore sous le charme de sa danse. Malfoy sonda rapidement son entourage pour finalement choisir quelqu'un, qu'il attrapa d'un geste autoritaire. Aussitôt il embrassa son compagnon à pleine bouche, en gardant les yeux ouverts, toujours fixés sur Ron et Harry. L’autre se laissa faire, agréablement surpris par l’audace de l’ange. De toute façon il était trop ivre pour refuser. Dire que les deux amis en face étaient sidérés serait un euphémisme. La provocation de Malfoy marcha complètement : Ron détourna les yeux et grommela quelque chose dans sa barbe inexistante. Harry était affolé par le culot de Malfoy, mais aussi d'apprendre son orientation sexuelle, d'une manière aussi brutale. Ron empoigna fermement la main d’Harry, qui n’arrivait pas à détacher son regard du blond, et essaya de le faire sortir. À ce moment-là, le blond les interpella : « J’ai quelque chose pour vous. » Harry frémit, hésitant à se retourner. Avant de savoir ce que c’était, Ron le tira vers la porte, et ils s’engouffrèrent hors du pub. Ce soir-là ils rentrèrent à l’internat en silence, avec la profonde résolution d’éviter Malfoy à tout prix dorénavant. Il était trop dangereux. « Tu veux une cigarette ? » Il me tend le paquet de Parisiennes avec compassion. « - Non merci, je ne fume pas. - Bah alors ! Détends toi je vais pas te manger ! » Il laisse échapper un petit rire, qui me donne l’occasion d’entrapercevoir sa dentition parfaite. Je déteste officiellement ce mec. Oui, Blaise Zabini à la classe. C’est plus ou moins LE mec le plus populaire de l’école. En fait c’est assez simple dans le monde de Zabini : si monsieur décide d’ignorer un nouveau, tout le lycée l’imitera. Si monsieur choisit de sécher un cours, personne n’ira. Et ainsi de suite. Toutes ces règles sont silencieuses, mais acquises par la population de l’école : il faut suivre Blaise Zabini. Il est le symbole du bon goût, de la richesse heureuse, de la beauté juvénile. Et je suis actuellement en train de lui parler. Je lance un timide : « - Qu’est-ce que tu me voulais ? - J’ai quelque chose d’important à te dire. - Toi ? À moi ? Y’a pas une erreur ? » J’avale ma salive d’un coup. « Non, non pas du tout. En fait je venais te parler de Draco Malfoy. - TU CONNAIS CE MEC ?! - C’est mon colocataire. - Oh. » Un groupe de jeunes filles passent devant nous. Elles doivent être en dernière année, et elles nous jettent des regards insistants. Zabini, excédé je suppose, mais avec une apparente décontraction, se retourne vers elles pour leur adresser un sourire charmeur. J’entends quelques gloussements. C’est incroyable l’effet d’attraction qu’il a sur les gens... « Potter, tu connais Malfoy … » Il fait craquer les os de ses doigts lentement. Un par un. À la fin, son regard glisse sur moi. « N’est-ce pas ? » Le ton de sa voix me fait comprendre que sa question n’est que purement rhétorique. « - Il m’a seulement emmerdé quelques fois. - Je vois… Ca confirme ce que je pensais... - Qu’est-ce que tu pensais ? » Pour la première fois, j’ose le regarder de face. Ses yeux pétillent d’intelligence. Le contraste entre ses pupilles vertes et sa peau chocolat est extraordinaire. Zabini possède quelque chose d’hypnotisant. Tout comme Malfoy, mais d'une façon complètement contraire... « - Je vais faire simple Potter, tu ne dois plus jamais lui parler. - Jusqu’à preuve du contraire, je ne fais pas partie de tes chiens Zabini. Alors tes putains d’ordres tu te les … - Ce n’est pas un ordre, juste une simple suggestion. » Je comprends à son sourire chaleureux qu’il ne dit que la vérité. « - Et je peux savoir pourquoi ? - Tu es son prochain jouet. Je venais juste t’avertir. - J’comprends rien… Jouet ? - Tu comprendras. Évite le si tu veux pas des ennuis. - Je… Merci - Pas de quoi ! » Il me fout une grande claque dans le dos. Et se casse avec la même démarche assurée que d’habitude. Maintenant je suis à peu près sûr que Zabini cache pas mal de trucs, derrière sa carapace de mec populaire. Je l’observe de loin. Il va rejoindre son groupe d’amis. Il commence par faire la bise à Pansy Parkinson et Millicent Bulstrode, les interrompant en pleine discussion. Elles le regardent avec amabilité et douceur. Puis il effectue une accolade affectueuse à Marcus Flint pour finalement serrer la main de Théodore Nott, mon colocataire. Au même titre que Blaise Zabini, ces noms ne sont inconnus à personne dans le lycée… Tous héritiers d’un empire colossal, renommés, aux physiques irréprochables, ayant leurs propres pages dans les magazines, possédant tout ce qu’il est possible de posséder. Les privilégiés auxquels la plèbe rêve de ressembler. Mais Zabini ne s’arrête pas là. Il passe à travers le groupe, qui s’écarte, laissant Malfoy apparaître, adossé au mur. Pas besoin d’être Hermione pour comprendre qu’il les domine tous, et avec une putain de facilité déconcertante. Mais.. qu’est-ce que possède ce gars de si spécial ? Un charisme hors du commun, un physique dérangeant, et quelque chose d’effrayant, dissimulé derrière tout ça. Je veux juste comprendre pourquoi, à chaque fois que je lance le sujet « Malfoy », les gens me jettent des regards apeurés. De comprendre pourquoi il envoûte aussi facilement les gens. De comprendre pourquoi personne ne veut que je lui parle. J’irais à son rendez-vous - qu’importe les conseils de Zabini - et je saurais ce qu’il attend de moi. Foi d'Harry Potter. « - Plus qu'une semaine ! - Déjà ? » J'observe mon colocataire s'étirer lascivement, un énorme sourire aux lèvres. « - Ca sera la soirée du mois Harry ! - ... Mouais ! - Quand je pense que j'ai réussi à t'obtenir une invitation, tu devrais me témoigner quand même un peu plus de reconnaissance... ! » Je n'ai même pas le temps de répliquer que la prof' de sport, Frau Hooch, apparaît pour nous engueuler. « Alors les pipelettes, on fait salon de thé ? » La vérité c'est que le sport, dernier cours du mercredi après-midi, est la seule matière que j'ai en commun avec Théodore. Je dois avouer qu’il m’était antipathique, avant qu’on vive dans la même chambre. Mais maintenant c’est l’un de mes meilleurs amis, même si on rechigne chacun à l’avouer, et qu’on ne se parle pas en public. Puis comme on traîne pas vraiment avec les mêmes personnes, c'est un peu le seul moment - avec ceux dans notre chambre - où on peut discuter. « Non, non madame on parlait simplement d'une stratégie secrète pour les évaluations... » lui répond Théo, moqueur On lui adresse nos plus beaux sourires hypocrites. Elle nous dévisage, partagée entre la sévérité et l'amusement. « - C'est ça, c'est ça... Et c'est quoi cette fameuse stratégie ? » - On peut pas la dire puisqu'elle est secrète ! » Frau Hooch lève les yeux au ciel, exaspérée par notre puérilité. Elle devrait quand même prendre l'habitude, depuis le temps... « Bon puisque c'est ainsi vous allez me faire 5 tours supplémentaires de terrains... » Face à son sourire sadique, je fais semblant de trépasser, la main au coeur. Les garçons derrière s'esclaffent. « Plus vite que ça Potter ! Monsieur Nott s'échauffe déjà. » Je me lève d'un coup et cours rejoindre Théo, qui m'attend aux lignes de départ. Quand j'arrive à son niveau, je murmure un « Schleimer ! » (lèche-cul) « Faut bien » réplique-t-il en haussant les épaules. Pendant ce temps là, le reste de la classe se dirige vers les vestiaires, puisque le cours est fini. Du moins pour eux. Au coup de sifflet de Hooch, on commence à courir. Je pars un peu plus rapidement que Théo, mais il me suit à une distance raisonnable. « Je t'ai... » Il reprend sa respiration et continue : «... vu parler avec... Zabini... » Je murmure avec difficulté un « On en reparle... plus tard » Effectivement... Dès la fin de l'effort, dans les vestiaires, Théo me saute dessus. Insensible à sa curiosité, j'attrape une bouteille d'eau, que je bois goulûment. « Dis moooooooi ! » s'exclame-t-il en trépignant. Je capitule, mort de rire. « Il venait me parler de Malfoy... » Le visage de Théo change brusquement. Son expression, anciennement blagueuse, devient grave. « - Pourquoi... ? - Zabini me conseillait de m'éloigner de lui. - TU LE CONNAIS ?! » Il manque de s'étrangler. Comme moi tout à l'heure... « - Je le connais un peu... On s'est parlé deux-trois fois. - Alors… reste-en là. - Mais j’comprends rien... C’est pas ton ami ? - Pas vraiment... » Théo frissonne. « - Putain ! Pourquoi est-ce que tout le monde réagit comme toi ?! Doit forcément y’avoir une raison… - Malgré toute l’amitié que j’ai pour toi Harry, j’ai pas vraiment envie de t’expliquer. » Je lève les yeux au ciel. « T’es trop nul ! ». Et – avec beaucoup de maturité – je me mets à bouder. Théo s’habille tranquillement. Au moment où il atteint la sortie, sans doute accablé de remords (hum, hum), il se retourne vivement : « On en reparlera plus tard… Dépêche-toi c’est bientôt l’heure du dîner Harry ! » Pour m’encourager à bouger, il éteint la lumière avant de partir. J’entends la porte se refermer. Je soupire bruyamment. Toujours le même problème, le même refus d’en parler. Qu’est-ce que c’est frustrant ! Je me lève, je rallume la lumière, je regarde l’heure sur mon portable. Le dîner est dans 5 minutes. Génial. Tant pis, j’y renonce, je préfère prendre une bonne douche bien chaude. J’enlève mon jogging, avec un peu de dégoût. Je le pose, en boule, sur le banc. La douche me fait revivre. L’eau brûlante ressuscite peu à peu mes muscles endoloris. Mes pensées vagabondent librement : les devoirs pour demain, mon amitié pour Théo, les Parisiennes de Zabini, le mystère Malfoy, mes projets pour la fin de la semaine… Je ferme les yeux, le temps passe. Au bout d’une demie-heure, je quitte la douche, à contre cœur. Un courant d’air froid parvient jusqu’à moi, alors que je me sèche. Je claque des dents tout en revenant jusqu’au banc du vestiaire. … Plus rien. Je me retourne précipitamment. La fenêtre est ouverte, l’une des vitres claque contre le mur, à cause du vent. Heureusement que j’avais laissé mon boxer au pied de la douche. Je l’enfile, grelottant. Enveloppé dans ma serviette, je m’évade à l'extérieur, dans le parc. Qui a fait cette blague de mauvais goût ? En face de moi, souriant, se tient Ron. Ce bouffon est tout fier et agite des vêtements sous mon nez. Je rugis et saute sur lui. « - Enfoiréééééé ! Rends moi mes fringues ! - T’aurais du voir ta tête ! C’était énorme ! » Je le fusille du regard. « - Très drôle, très mature… - Oh allez c’est bon hein… Tu m’avais bien délaissé pour le dîner. - J’avais sport. - Boude pas Harry c’était juste pour rire ! - C’est ça. » Je me rhabille, remarquant avec surprise que mon meilleur ami vient de me donner des vêtements de rechange. « J’ai mis le jogging dans le panier de linge sale. » rétorque-t-il en haussant les épaules. « Bon… on rentre ? C’est pas que j’ai froid mais juste un peu… » Il acquiesce silencieusement. Il doit être à peu près 19h, et il fait déjà nuit noire. Le parc semble plutôt vide, me rappelant le dernier samedi où j’avais surpris Malfoy. On marche, débattant sur les cours de McGonagall jusqu'à nos chambres. Il me laisse devant la mienne. « - Bonne nuit ! - Ouais, à demain ! » J'ouvre la porte brutalement, derrière Théo sursaute : « Ah ! Harry, tu tombes bien... Je voulais te parler de Malfoy. » |