« Enfin je t’ai retrouvé…

Tu m’as abandonné, il y 5 ans maintenant. Tu nous as laissé seules, maman et moi… L’histoire habituelle, un fait divers comme un autre. Un jour, tu es sorti, tu es partit acheté des putains de clopes, et tu n’es jamais revenu. C’est effrayant de banalité. Tu n’es qu’un cliché. Et ce cliché de merde a détruit ma vie. Tu as détruit ma mère, connard !

Je revois les images de cette époque, où on était tous les trois… D’accord, ce n’était pas parfait, mais on était une famille… On était ensemble ! J’étais bien.

Petite, je t’adorais. Tu me paraissais être l’homme le plus fort du monde… Mais au final, tu n’es qu’un lâche.

Dit, pourquoi tu es partit ? Pourquoi tu nous as laissé ? On n’était pas assez bien pour toi ? Je n’étais pas assez intelligente ? Pas assez jolie ? Qu’es-ce qui s’est passé ? On a fait quelque chose de mal ? C’était de notre faute ? De ma faute ?... Tu ne réponds pas… T’as rien à dire !

Pourquoi je n’ai pas eu le droit d’avoir un vrai père ? Tu sais, le genre qui m’aurait empêché de sortir le soir, qui aurait repoussé tous les garçons qui m’approchaient, à qui j’en aurais voulus, puis qui serait venu s’expliquer et qui m’aurait conseillé… J’aurais juste voulu que tu t’occupes encore un peu de nous, que tu me protèges un peu… Tu sais, nous, on avait besoin de toi !

Tu sais, après ton départ, maman… elle a pleuré. Elle n’a pas arrêté de pleurer, de crier, de t’appeler. Comment as-tu pu lui faire ça ? Elle t’aimait tellement ! Et puis, tu lui avais promis d’être là, non ? Pour le meilleur et pour le pire ! Jusqu’à que la mort vous sépare ! Menteur ! Lâche ! Traitre ! Elle a arrêté de se lever. Elle en voyait plus l’intérêt ! Elle voulait mourir parce que tu n’étais plus là. Et tu sais où elle est maintenant ? Elle est là où tu vas aller ! Parce qu’il faut que tu sois avec elle, il faut que tu te fasses pardonner…

Elle m’a détesté… quand j’ai appelé les secours! Mais je n’avais pas le choix, merde ! Elle saignait tant… Elle s’était coupé les veines, avec le couteau, tu sais, que tu aimais bien. C’est celui que tu utilisais tout le temps… Elle a voulu mourir, alors ils l’ont internée… Ils ont dit que c’était le mieux pour elle, qu’ils pourraient la guérir. Et moi, ils m’ont placé dans une putain de famille d’accueil. Je voulais juste retrouver ma famille. Je voulais juste être avec toi et maman…

Les docteurs disaient qu’elle allait mieux, qu’elle pourrait bientôt sortir ! Mais elle a réessayé de mourir, et elle a réussis cette fois ! Merde ! Elle est morte à cause de toi ! Tu as tout détruit. J’ai plus de vie, plus de famille, plus rien… à cause de toi. Pourtant, je suis ta fille, hein ? Ça ne signifie rien pour toi ? Je suis quoi moi ? Je suis quoi…

Ça va faire plus d’un an que je te cherche et je t’ai enfin retrouvé. Et je t’ai vu hier, avec ta blondasse… C’est à cause d’elle que tu es partie ? Tu me dégoute ! Salop !

Mais ne t’inquiètes pas, tu vas te faire pardonner…T’es d’accord, hein ? »

Elle s’avança vers son père, un homme aux cheveux grisonnants et au visage carré. Il était attaché à une chaise, ballonné. Sur le coté droit de sa tête du sang coulait. Et il pleurait.

Elle s’approcha de lui, et sortit un mouchoir. Elle essuya ses larmes, et l’embrassa sur le front.

« Tu sais, je n’ai pas le choix… Hein, tu comprends pourquoi je fais ça ? C’est la seule solution comme ça, vous allez être réunis… Vous allez être tous les deux, comme avant. Parce qu’il faut que tu lui dises que tu regrettes, que tu l’aimes encore. Et puis, il faut que tu payes, on n’abandonne pas sa famille sans conséquence… »

Elle sortit un revolver de son jean, et le pointa sur lui.

« Désolé. Tu m’y as forcé ! Tu n’aurais jamais du  nous laisser ! »

Et elle tira. Deux fois. Dans le cœur.