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au 31 Mai 21 :
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Eater Memories
Par Wazah-Bii
Originales  -  Drame  -  fr
2 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 2     Les chapitres     0 Review    
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...On se doit de franchir la dernière ligne droite

Quelques jours plus tard, nous te voyons de nouveau. Tu étais entre trois planches, la quatrième ne tardera plus. Toutes les personnes les plus proches de toi sont présentes, elles pleurent, le cœur inondé de peine et de douleur. C’est la dernière fois que ton visage voit le jour, c’est la dernière fois que nous te voyons fait de chair et d’os. Et quelle est la dernière chose que l’on peut faire pour toi ? Nos larmes ne servent plus à rien. La seule chose qu’il nous reste à faire, c’est de te regarder partir et d’introduire quelques objets dans ta nouvelle demeure. Si on le pouvait, Claire et moi on y laisserait notre cœur. A la place, nous en avons fabriqué un en papier mâché, gorgé de sang et de larmes, que nous avons fait sécher.
Tu étais si pâle, les yeux fermés, tu ne bougeais plus. Tu étais froid comme la glace, si froid que lorsque je déposai mes lèvres sur ton front, j’ai cru qu’elles ne se décolleraient plus jamais. A ce moment, une larme alla se déposer sur le creux de tes yeux endormis.

C’était nos adieux. Une fois que tout le monde eut déposé ses offrandes, Claire et moi avons glissé, ensemble, une rose noire entre tes mains délicatement disposées. Quatre hommes en costumes noirs arrivèrent, ils tenaient entre leurs mains la dernière pièce du puzzle, celle qui te séparera de nous pour l’éternité… « Je la déteste, je la déteste, je la déteste ! » Claire me tira brusquement hors de la salle et me prit dans ses bras. Mes yeux laissèrent des torrents d’eau dévaler sur mes joues. Ils ont détruit les derniers brins d’espoir qui restait sur mon visage. Elle se mit à me serrer très fort. La porte était désormais fermée, on entendait derrière celle-ci le bruit assourdissant des instruments métalliques qui sonnaient comme la plus grande des tortures. D’un seul coup, plus aucun bruit, un silence perçant traversa la pièce. On entendit les hommes s’éloigner.

Ca y est, ton cercueil est scellé, tu es parti pour le grand voyage, dans ce noir omniprésent. Plus aucun son, plus aucune couleur, plus d’odeur, plus rien, plus rien du tout. Ton âme a sombré dans les abysses des dévoreurs de souvenirs. Ne nous oubli pas, nos souvenirs seront ta mémoire.

Nous sommes sur le chemin pour aller au cimetière, cette forêt de pierres anciennes, tristes et désolées… parfois même abandonnées. Avec ta mère, nous avons trouvé l’endroit où tu pourrais être le plus en paix. Tout au fond du cimetière, dans l’herbe aux reflets émeraude, tu es sous un saule-pleureur que nous avons-nous-même planté, et durant tout ce trajet, pas un seul mot se fit entendre. Une fois arrivées sur ta prison de pierre, Claire et moi t’avons préparé un poème.
Les quatre corbeaux arrivèrent, portant chacun un bout de Matt sur son épaule. Leur pas est lent, si lent j’ai l’impression de mourir, comme si ca ne s’arrêterai jamais, qu’on me plantait un couteau en plein dans le cœur et qu’on s’amusait à le faire pivoter, à le charcuter dans tous les sens. J’aurais tellement aimé qu’ils fassent demi tour, qu’ils se rendent comptent que ton corps enfermé dans cet infâme cageot bougeait encore. Je n’arrive pas à me faire à l’idée que je ne verrais plus, plus jamais, on ne se verra plus jamais tous les trois. Lorsqu’ils arrivèrent près de ce trou sans fond, ils déposèrent délicatement le cercueil sur le sol humide. Une femme récita des poèmes et quelques prières… A présent, c’est notre tour :

« Il nous a suffit d’un jour pour se rencontrer,
D’un jour pour se lier,
Mais même une éternité ne suffirait pas pour oublier
Ces rires, ces pleurs, ces larmes, ces joies…
Tous ces souvenirs que l’on voudra garder à jamais.

Chaque journée était spéciale en ta compagnie,
Tu étais la personne la plus fantastique qui puisse exister,
Tu étais toujours là pour les autres.
Personne ne méritait la vie plus que toi !

On ne te remerciera jamais assez d’avoir été présent dans nos vies.
La seule chose que l’on peut espéré maintenant, c’est que tu ne souffres plus. »

Une fois notre récitation achevée, mon cœur explosa. Je réalise que c’est définitivement fini, plus jamais de toi, de nous. Des souvenirs me reviennent petit à petit.

Je me souviens de ce jour où je m’étais écorchée les bras à coup de rasoir, les tâches sur mes manches m’avaient trahie. Nous étions dans les bois, c’était en automne. Le sol était recouvert de feuilles mortes, quelques rayons de soleil transperçaient les dernières feuilles encore suspendues aux branches. Tu m’avais fusillé du regard, un regard emplit de colère et de tristesse. Des larmes prenaient formes au bord de tes yeux. Tu m’as laissé tomber, tu es parti. Il pleuvait à petites gouttes. Tu es revenues quelques heures plus tard, tu t’es assis à côté de moi, on est resté plus d’une heure assit l’un à côté de l’autre sans dire un mot. Puis tu m’as pris le bras, tu avais ramené un bandage et du désinfectant. Tu as soulevé ma manche. Tu détestais la vue du sang, et pourtant… Une fois la charpie finie, tu m’as prise dans tes bras en me demandant ce qui n’allait pas. On en a parlé pendant un long moment. J’avais l’impression que tu ne te lasserais jamais de m’écouter. Les mots de Claire résonnaient dans ma tête : « Ne te laisse pas abattre, jamais, par qui que se soit ! Reste forte. Lorsqu’on est tous les trois, plus rien ne peut nous atteindre. ».

On s’est ensuite retrouvé le soir, pour me dire que tu ne voulais plus jamais avoir à faire ce que tu as fait ce jour là, à soigner mes blessures , à voir mon sang couler de nouveau, quelque en soit la raison. Je t’ai alors promis de ne plus jamais recommencer.
C’est malheureusement de ça que j’ai envie en ce moment. Voir mon sang couler sur ta tombe pour partager la douleur. S’il te plaît, veille sur moi, empêche mes mains de prendre tant de plaisir à la boucherie. On a encore tellement besoin de toi.

Deux hommes en noirs prirent des cordes pour les enroulée autour du cercueil. Ce cercueil qui, dans quelques minutes, sera avec toi six pieds sous terre. Ils te descendent posément. Plus les secondes passent, plus tu t’éloignes. Lorsque le bruit du bois heurtant le bitume se fit entendre, je n’ai pas pu me retenir plus longtemps. Je me jetai dans les bras de Claire, criant mon désespoir je te regarde sombrer à jamais. Notre dernière rose noire fut jetée sur ta tombe. Je suis restée bloquée, tétanisé lorsque j’ai vue à quoi ressemblait ta nouvelle demeure. Mon corps ne répond plus, mes jambes tremblent. J’ai une envie ineffable de te sortir de là. Claire m’a pris par le bras, elle a besoin de réconfort elle aussi après tout.

Les quatre hommes armés de leur pelle vinrent ensevelir ton cercueil… et on devait rester là, à les regarder faire. Je veux fuir, partir en courant tellement mon cœur me fait souffrir. Comme si une main cherchait à l’étouffer.

Je ne me contrôle plus. Les poings serrés, le corps tremblant, je regarde ton âme s’envoler.

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