Claimer : Tout à moi, sauf le mythe. Note : Bonjour. Un petit texte sans prétention écrit en cadeau pour Noël, et basé comme d’habitude sur un défi. Pas relu, pas corrigé, trop court, mais bon, on fait ce qu’on peut. Thème : Dyonisos Mots : Druide Marcher Mer Epoustouflant Maussade Rire Sirène Ce texte est entièrement dédié à ma sœur Léa. L’homme de l’hiver Il ignore depuis combien de temps il peut bien marcher. Des heures sans doute, peut-être même des jours – le temps n’a pas sa place dans cet endroit qui est à la fois partout et nulle part. Il ne sent pas la fatigue, ne connaît ni la soif ni la faim Le bras de sable noir devant lui et qui crisse sous ses pas semble ne pas avoir de limites, et sur sa gauche la mer s’étend partout à l’infini, jusqu’à l’horizon où il ne parvient même pas à faire la différence entre le ciel emperlé de brume et l’eau écumeuse et grise. Sur sa droite les galets luisants de pluie laissent peu à peu la place aux rochers de basalte coupants et brillants comme du verre qui s’élèvent progressivement vers un cratère encore fumant. Il ne sait pas si ce sont les émanations de cendres qui lui cachent la lueur étrangement pâle du soleil couchant, ou si le sommet trop haut occulte volontairement un jour qui ne reviendra pas avant de trop nombreuses heures. Il est arrivé avec les premiers frimas – comme chaque année depuis la nuit des temps, après de longs mois d’errance dont il ne garde encore une fois pas le moindre souvenir. Peut-être a-t-il dormi, peut-être a-t-il quitté le monde – ça n’a pas vraiment d’importance, puisqu’il revient toujours pour réchauffer le cœur maussade des hommes. Il repartira au printemps, comme chaque année, lorsque le soleil aura repris ses droits, lorsque la vie n’aura plus besoin d’éclore en secret. Cette fois-ci, c’est une confrérie de druides qu’il va rejoindre et à qui il va fournir le vin – ou bien est-ce un sabbat de sorcières à qui il apporte les baies de lierre toxiques qui les feront entrer en transe. C’est l’homme de partout et de nulle part à la fois. A ses côtés la panthère qui le suit toujours se frotte lascivement contre sa jambe, et le bouc et l’âne derrière lui se chuchotent les mystères dissimulés au creux de la nuit depuis des temps immémoriaux. Il perçoit un chant au loin, dans les vagues presque blanches contre le sable noir. Ce sont des éléphants de mer qui s’ébattent, que les mortels ivres des drogues qu’il vient leur offrir prendront pour des sirènes et qui alimenteront les légendes pour des décennies encore. Le voyageur aime entendre leurs rires qui résonnent dans l’obscurité. Il peut enfin apercevoir les ombres miroitantes jetées sur les rochers par les immenses brasiers qui semblent l’attendre depuis des jours déjà. Il presse un peu plus le pas, sort sa flûte de son long manteau et commence à jouer la mélodie dissonante qui annonce son entrée en scène . Son arrivée est comme toujours époustouflante – car c’est ainsi qu’on le souhaite, bruyant pour éloigner les morts et guider ceux qui peinent à traverser l’hiver. Ceux qui l’appellent chaque automne et qui lui ont donné des milliers de noms, auxquels il répond sans distinction parce que s’ils ont oublié son identité, ils se rappellent toujours qui il est en réalité. Il aime à penser qu’il se souviendront de lui, jusqu’à la fin des temps. Il est Dionysos, l’éternel étranger. |