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Jeux de mots
Par Myschka
Originales  -  Angoisse/Suspense  -  fr
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    Chapitre 16     Les chapitres     8 Reviews    
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Ça dépend de toi

Claimer : tout à moi.

Rating : K.

Note : bonjour. Voici le dernier défi en date. Pas grand-chose à en dire, en fait. Sans doute un peu torché sur la fin (voire pas qu’un peu), besoin d’écrire vite et sans me poser de questions. Bonne lecture.

Thème : Ca dépend de toi
Mots :
Brosse
Capharnaüm
Dysthymique
Madame
Réflexion
Perdre
Tacher

 

Ça dépend de toi

 

Personnalité dysthymique : se dit d’une personne présentant des troubles dépressifs chroniques légers, caractérisés par de longues périodes d’impotence fonctionnelle.

C’est ce que raconte le dictionnaire médical que j’ai trouvé dans la bibliothèque de tante Judith. C’est moi – c’est forcément moi, tout comme je suis aussi probablement paranoïaque, maniaco-dépressive ou atteinte de troubles obsessionnels compulsifs. J’ai remarqué que si on avait le malheur d’ouvrir un dictionnaire médical, surtout aux pages traitant de pathologies mentales, on trouvait toujours une ou deux névroses qui semblent nous aller comme un gant. J’adore lire ce genre de trucs et m’imaginer, avec une fascination morbide, que je souffre de tout un tas de maladies plus ou moins graves – j’ai un côté hypocondriaque assez développé, en plus de tout le reste.

Evidemment, c’est une excuse formidable pour ne rien faire de ma vie. C’est tellement plus confortable de se complaire dans la souffrance, réelle ou non – comme on dit, ceux qui ne font rien ne risquent pas de commettre d’erreurs, c’est du moins la réflexion que je me fais régulièrement, lors de mes phases de lucidité. Inutile de dire que généralement, je replonge aussitôt dans un épisode dépressif, ou que je somatise suffisamment pour tomber malade et me remettre en arrêt maladie – et ainsi éviter toute prise de risque. Je ne me rappelle pas avoir travaillé plus de deux mois sans interruption depuis que j’ai arrêté mes études – sans les terminer, bien évidemment. Pour risquer d’être confrontée à l’échec ? Plutôt mourir. Ai-je oublié de préciser que j’avais également de fortes tendances à la procrastination ?

C’est comme pour mon travail – je suis employée à la mairie de ma ville, dans une section inutile, à faire un boulot inutile et totalement improductif. J’y suis entrée par piston, en commençant par être vacataire (il ne me serait même pas venu à l’idée de tenter d’entrer dans la fonction publique par concours), puis je suis passée contractuelle, toujours par piston. Je suppose qu’avoir son père au conseil municipal est un atout non négligeable. Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais eu à me mettre en danger ni à faire le moindre effort pour bénéficier d’un emploi garanti à vie. Un emploi que malgré tous les arrêts maladie que je cumule depuis que j’ai commencé à faire semblant de travailler, je ne pourrai jamais perdre. Quand on connaît mes résultats à l’école et mon quotient intellectuel, on se dit pourtant immanquablement que j’ai commis un véritable suicide social et professionnel en m’enterrant de cette façon.

Depuis une semaine, je suis en convalescence chez tante Judith. Elle possède une grande maison à la campagne, et mon médecin a jugé bon de m’envoyer faire un séjour la-bas lorsque j’ai mentionné y avoir été invitée, plutôt que de m’envoyer une énième fois en maison de repos pour une cure de sommeil qui ne me sera comme d’habitude d’aucune utilité. Ma dernière bêtise avec des antidépresseurs et de l’alcool se solde donc par une mise au vert, ce qui m’arrange plutôt – car j’ai beau m’inventer toutes les maladies du monde, paradoxalement, il n’y a rien que j’exècre plus que les hôpitaux.

J’adore tante Judith. Plus encore, je suis amoureuse de sa maison, une espèce de ruine moitié de briques délavées par la pluie, moitié de pierres blanchies par le soleil, avec une cour aux dalles disjointes et un jardin envahi par les mauvaises herbes – exception faite du potager et du verger, rigoureusement entretenus par leur excentrique propriétaire. De même, l’intérieur de la maison est dominé par un désordre indescriptible, hormis l’immense cuisine dont l’étincelante propreté est une publicité éhontée pour les produits ménagers multi-usages dont Judith est friande : le cuivre des casseroles pendues aux murs est tellement brillant que je me sentirais presque obligée de porter des lunettes de soleil pour les regarder. Je me suis toujours dit que j’aimerais vivre dans une maison comme ça, plus tard. Un jour.

La pièce que je préfère est située sous les combles : une espèce de capharnaüm à mi-chemin entre le grenier et l’atelier d’artiste – en plus d’avoir la main incroyablement verte et d’être une cuisinière hors-pair, tante Judith est également peintre à ses heures et fabrique des poteries qu’elle vend dans sa boutique au village. Je pourrais passer des heures à l’observer, dans sa vieille salopette maculée de taches de peinture, ses mains pétrissant la terre glaise avec le même amour que lorsqu’elle pétrit une miche de pain. Le soleil qui entre par la lucarne près de laquelle elle travaille forme comme un halo de lumière autour d’elle, et fait briller ses cheveux cendrés, qui deviennent alors plus blonds que gris. Elle ne paraît jamais plus jeune que lorsqu’elle monte au grenier.

Deux jours après mon arrivée ici, elle en a eu assez de me voir assise dans un coin, à la regarder sans rien faire. Elle s’est alors arrêtée brusquement, en plein milieu de la fabrication d’un vase pour sa voisine, et m’a lancé, avec ce pétillement dans l’œil qu’elle a toujours eu du plus loin que je me souvienne :

« Au lieu de me fixer avec un air de mérou dans son aquarium, pourquoi est-ce que tu n’essaierais pas, toi aussi ? Je suis sûre que ça t’amuserait – à moins bien sûr que tu n’aies peur de tacher ta belle robe… »

Elle a dit ça pour me provoquer, bien entendu – et évidemment, ça a marché, alors je me suis levée et je suis allée m’installer derrière le deuxième tour de potier. J’ai fait n’importe quoi, et j’ai effectivement ruiné ma robe – mais j’ai adoré ça. Elle avait raison, ça m’a amusée. Tellement que j’ai recommencé le lendemain, puis le jour d’après, et encore celui qui a suivi. Aujourd’hui, ça fait une semaine que je suis chez Judith, cinq jours que j’ai commencé à faire de la poterie avec elle, et j’ai enfin réussi à faire un truc qui ressemble à quelque chose – c’est bête à dire, mais je crois que je n’ai jamais été aussi fière de moi. Et je crois que Judith aussi est fière de moi. Parce que pour la première fois depuis des années, même si c’est insignifiant, j’ai entrepris quelque chose, au risque d’échouer. Parce que je me suis effectivement plantée mais que ça ne m’a pas découragée pour autant et que j’ai persévéré.

Et que j’ai envie de continuer.

Aujourd’hui ça fait une semaine que je suis chez Judith et je suis censée rentrer chez moi dans deux jours. Il est bientôt minuit et je suis assise face à la coiffeuse en chêne près de la fenêtre de ma chambre. J’ai pris mes antidépresseurs et je me brosse les cheveux avant d’aller me coucher. Et je repense à ce que Judith m’a proposé ce soir au dîner :

« Pourquoi est-ce que tu ne resterais pas ici ? Mets-toi en disponibilité, voire démissionne carrément, et installe-toi à l’étage. Il y a largement assez de place pour deux, ici. Tu pourrais travailler au magasin : Madame Rayaud va prendre sa retraite dans six mois, tu pourrais la remplacer, et même m’aider pour les poteries, plus tard, si tu veux. »

Je n’ai pas su quoi répondre. C’est trop tôt, c’est trop brusque. Ça me fait peur, c’est trop de changement d’un coup – c’est trop de risque. Ce serait sans doute la meilleure chose qui puisse m’arriver. Elle a ajouté :

« Je ne te force à rien. Tu n’es pas obligée de répondre tout de suite, mais réfléchis-y : ça ne dépend que de toi. »

Je ne sais toujours pas quoi répondre.

Mais elle a raison : la décision ne dépend que de moi.

 
 
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