Claimer : tout à moi. Rating : K+ ou T, je sais pas trop. Note : celui qui m’a lancé le défi s’attendait probablement à une réponse du style révolution industrielle anglaise du XIXème siècle. J’aime bien les contre-réponses, en ce qui me concerne. Thème général du texte : Les orphelins de Liverpool Mots : Guépard Tatoué(e) Vomir Rouillé(e) Lupanar Juif/Juive Amputé(e) Les orphelins de Liverpool Shaun regarda le contenu de son estomac qu’il venait de déverser sur le sol bétonné et sale du trottoir. Il avait l’habitude de vomir : cela lui arrivait presque tous les week-end, alors qu’il rentrait du pub après une soirée bien arrosée. Ce soir était différent – ce n’était pas le week-end, et surtout, il n’avait pas bu. Un poids s’abattit sur son épaule et Shaun releva difficilement la tête, suffisamment pour apercevoir le propriétaire de la main qui le secouait – Carey, une espèce de géant aux bras entièrement tatoués. Son plus vieil ami, qui le fixait d’un air hagard, comme si le monde venait de s’écrouler. Peut-être bien que c’était le cas. Shaun lui-même avait l’impression que le ciel lui tombait sur la tête. « Putain. Je crois que je vais être malade », bredouilla Carey en chancelant sur ses jambes immenses. Shaun s’essuya la bouche d’un revers de la main et se redressa péniblement en s’appuyant sur son ami. « En ce qui me concerne, c’est déjà fait, alors te gêne surtout pas », grogna-t-il. « Je vais chez Helena, tu viens ? » « Ta copine qui tient un restau polonais, c’est ça ? » bafouilla stupidement Carey – comme s’il n’avait pas déjà posé la question au moins cent fois depuis qu’ils se connaissaient. « Un restau juif, abruti. » Laissant là Carey, il s’éloigna d’une démarche mal assurée, en direction de sa camionnette – une vieille guimbarde rouillée et à la peinture écaillée, qui roulait encore il ne savait comment, et dont il avait pensé en faire son lupanar personnel lorsqu’il en avait fait l’acquisition. Jusqu’à présent, elle n’avait servi qu’à transporter ses copains les soirs de match, et les packs de bière les jours où le pub était fermé. Shaun ne se souvenait pas d’y avoir fait monter la moindre fille à l’arrière – à l’avant non plus, s’il réfléchissait bien. Lorsque Carey finit par le rejoindre, Shaun avait la tête appuyée sur le volant, et elle lui semblait si lourde qu’il avait l’impression qu’il ne pourrait plus jamais se relever. Son regard erra brièvement sur le biceps impressionnant de son meilleur ami – il avait un tatouage représentant un guépard, qui paraissait presque prêt à bondir quand Carey faisait rouler ses muscles. Mais aujourd’hui le guépard était comme mort, et Carey ne roulait plus rien du tout, pas même un joint – Shaun se dit qu’ils en auraient pourtant bien besoin, là, tout de suite. Il avait beau se dire que ce n’était qu’un jeu, que l’année prochaine tout recommencerait comme avant, qu’ils avaient encore une chance…Oui, il avait beau se dire tout ça et se le répéter comme un mantra, comme pour se persuader lui-même, ça ne fonctionnait pas. Ce soir, Liverpool avait perdu la finale de la Ligue des Champions contre Barcelone, et comme tous les supporters de son équipe, Shaun se sentait comme amputé d’une partie de sa fierté. |