Claimer : les personnages et les idées sont à moi. Ouais, bon, c’est pas une gloire non plus, hein…
Rating : T, pour l’ambiance générale.
Note : bonjour. Ceci est le troisième défi qu’on m’a lancé, avec pour contrainte supplémentaire d’essayer de ne pas parler de rugby. Comme de toute façon je n’avais pas spécialement envie d’en parler, ça ne m’a pas trop dérangée, à la base, sauf que sorti de ce contexte et de celui plus classique de la mythologie, c’était assez difficile de faire quelque chose d’original. D’ailleurs je ne suis pas vraiment certaine d’avoir réussi, mais enfin, au moins j’ai respecté les contraintes. Bonne lecture.
Thème : les dieux du stade
Mots :
Excrément
Paume
Chacal
Eventrer
Virtuose
Montagneux
Epistolaire
Les dieux du stade
Ça commence toujours comme ça : une excavation un peu plus large dans la roche, un cirque au détour de la paroi du canyon, comme une sorte de clairière sableuse au milieu d’une forêt de cailloux. Sofia ne sait plus très bien depuis combien de temps durent ses errances dans le désert, sans doute quelques mois, peut-être un an ou deux. Ça correspond sans doute au moment où elle s’est mise à réellement s’intéresser à la Grèce. Ses racines, comme dit son père – mais lui-même n’en a jamais entendu parler qu’au travers d’une vague relation épistolaire poussivement entretenue avec de la famille restée au pays. Des cousins, ou un oncle éloigné, Sofia ne sait plus exactement.
Sofia, elle, préfère rêver. Elle sait que la réalité la décevra – forcément, après toutes les fadaises mythologiques que son père lui a lues depuis qu’elle est toute petite. Alors, elle rêve, en s’imaginant que le relief montagneux qui l’entoure ressemble un peu à celui de là-bas, que le canyon qu’elle arpente durant des heures est en réalité le défilé des Thermopyles. Elle s’imagine Spartiate, virtuose de la lance ou de l’épée, ou encore déesse athénienne fantasmée d’un stade légendaire et imaginaire. Un endroit où les hommes rivalisent avec les dieux et peuvent devenir des héros. Sofia a besoin de héros dans sa vie – pas d’un père à moitié alcoolique et qui vit depuis des années dans le passé, depuis la mort de sa mère, en fait. Alors, elle marche, encore et encore.
Sur sa droite, du coin de l’œil, elle aperçoit le cadavre déjà putréfié d’un chacal. L’odeur est insoutenable, mais Sofia a l’habitude. C’est sans doute quelqu’un qui l’a éventré d’un coup de fusil, ou bien encore un vautour qui l’a dépecé alors que la bête était encore agonisante après un combat contre plus fort qu’elle. Malgré tout, malgré elle-même et la répugnance que la charogne lui inspire, Sofia s’approche de l’animal, près à l’en toucher. Le dégoût se mêle toujours de fascination.
Les excréments qui se sont déversés de ses entrailles ont déjà séché au soleil. La chaleur est étouffante, c’est sans doute pour ça que la puanteur persiste. Le sang aussi est séché, et forme une croûte brunâtre sur les pourtours de la blessure. Sofia applique sa paume sur la déchirure, en regrettant un peu que sa main ne se teinte pas de rouge. Elle aimerait pouvoir tracer des signes sur son visage avec le sang de l’animal, les arborer comme des peintures de guerre comme elle l’a vu sur certaines photos d’indiens quand elle allait encore à l’école.
Finalement, elle se dit que, plutôt que d’être un dieu du stade, elle se préfère encore chasseresse à demi-sauvage, telle Artemis à la lueur de la lune rousse.