Chapitre III

Il avait promis, pour une raison qu’il ignorait, d’arranger le coup avec Malfoy. Pour un fait qui restait obscur à son esprit, Hermione tenait à ce qu’il fasse en sorte que le blond ne se sente pas en territoire hostile. Débrouille-toi comme tu veux, avait-elle hurlé, mais je veux que cela s’arrange avec Malfoy.

Après avoir interrogé les Aurors, et certaines personnes qui lui avaient servi d’indics au temps de la guerre, il avait dû se rendre à l’évidence : aucune trace de Malfoy en Angleterre. Il n’était pas réellement surpris, quand ils s’étaient revus dans ce bar, le blond avait sous-entendu qu’il ne vivait pas dans leur pays. Mais où vivait-il ? Que faisait Malfoy dans la vie ?

La dernière image qu’il gardait de lui, était celle de Poudlard dans la Salle sur Demande. C’était au temps de leur jeunesse, au temps de la bataille finale…Instinctivement, la main d’Harry se posa sur sa poitrine, tremblant légèrement. Surtout ne pas penser à la bataille finale s’enjoignit-il. Il devait se focaliser sur Malfoy, ne penser qu’à lui.

Il se rappelait encore parfaitement, leur course pour échapper au feu, Malfoy collé à lui, ses bras autour de sa taille. Un corps fin et musclé tremblant contre lui…Oui c’était la dernière image qu’il avait gardé de lui, avant de le revoir dans ce bar, toujours aussi fin, toujours aussi musclé, toujours aussi…

Poudlard lui manquait, ce petit crétin et leurs disputes lui manquaient. Leurs disputes, leurs confrontations, c’était ce qu’il chérissait le plus du temps de ses études. Il les provoquait sciemment, les attendaient avec patience. Oui Malfoy, lui avait manqué. C’était effrayant à admettre. Il n’en avait pas eu conscience avant d’embrasser le blond, ce fameux 25 Décembre. Surtout ne pas penser au baiser se gronda-t-il.

« Harry ? » S’étonna Hermione.

Sortant de ces pensées, Harry entra dans la salle de cours à présent vide de son amie. S’asseyant sur un coin du bureau d’Hermione, Harry observa la pile de copies amassées, attendant visiblement qu’on s’occupe d’elles.

« Je peux faire quelque chose pour toi ? » S’enquit la jeune femme.

« Pourquoi tiens-tu tant qu’on fasse la paix avec Malfoy ? C’est pour Blaise parce que… »

« Ce n’est pas pour Blaise » Le coupa Hermione.

« Alors pourquoi ? »

« Parce que Malfoy est quelqu’un de bien… »

Harry éclata de rire, des larmes pointant au bord de ses cils. Voyant qu’Hermione l’observait parfaitement impassible, il tenta de s’arrêter en inspirant profondément.

« Attends tu es sérieuse ? » Demanda-t-il encore légèrement secoué par son rire.

« En neuf ans, il a eu une conduite exemplaire… »

« Je te connais Mione, tu me caches quelque chose. »

Hermione garda le silence, retirant ses lunettes qu’elle laissa retomber sur son bureau. Bien sûr qu’elle cachait quelque chose à Harry. Elle avait promis de ne rien dire, seulement il y avait d’autres éléments en jeu maintenant. Il y avait les sentiments, ils étaient bel et bien là… Des sentiments, oui mais lesquels ?

Drago n’avait rien laissé transparaître quand il avait revu Harry. Pas une seule émotion, comme toujours, le masque avait été parfaitement en place. Quant à Harry, elle avait bien vu qu’il n’était pas insensible au charme du blond. Oui mais voilà, jamais il ne l’admettrait même s’il était sur le point de mourir.

Il y avait une attirance physique entre eux, ou du moins du côté d’Harry. Mais quel sentiment primait ? L’amour ? La haine ? Probablement les deux.

Harry allait haïr Malfoy de lui inspirer de l’amour, et Malfoy allait aimer détester Harry. Aussi complémentaire que la glace et le feu, ils étaient aussi très différents.

« Mione ? » La rappela Harry.

« Tu te souviens de Brown ? »

« Bien sûr, tu étais toujours sur les nerfs quand je venais te voir. »

« C’est parce que j’avais peur que tu croises Malfoy… » Avoua faiblement la brunette.

Hermione put voir les muscles du dos d’Harry se tendre, et ses poings se fermer presque instinctivement.

« Malfoy était dans la même université que moi. » Expliqua-t-elle plus pour meubler le silence qu’autre chose.

« Pourquoi n’avoir rien dit ? » Demanda Harry où la colère vibrait avec intensité dans sa voix.

« Il ne voulait pas te voir… » Harry reçu cette confession comme un poignard dans le cœur. « Alors j’ai promis de ne rien te dire… »

Elle s’en souvenait encore de cette promesse. Encore trop surprise de sa rencontre avait Malfoy, elle avait promis de se taire, tout en restant sur ses gardes. Les semaines étaient passées et son regard avait changé. Elle appréciait Drago de par ses silences. Avec lui, elle ne parlait pas de la guerre, ni du passé. Juste de l’avenir. Cela l’avait profondément étonnée, pouvoir parler avec l’ex-serpentard sans essuyer d’insultes. Les mois s’étaient enchaînés, la fatigue accumulée et Drago avait appris qu’Harry venait la voir.

Hermione frissonna légèrement.

L’éclat des yeux de Drago ce jour-là la hantait encore. Il n’avait pas peur d’Harry. C’était Malfoy après tout. Mais il avait peur des répercutions que cette rencontre aurait sur son avenir. Alors il lui avait rappelé sa promesse, celle de se taire. Et c’est ce qu’elle avait fait. Elle avait gardé le silence. Aujourd’hui alors qu’elle révélait la vérité à Harry, elle avait l’impression de trahir Drago. S’il advenait à l’apprendre, il ne lui pardonnerait pas. Mais c’était un risque à courir. Elle l’appréciait tellement. Ils étaient amis. Pas la même amitié qu’elle pouvait entretenir avec Harry, Ron ou Ginny, mais une amitié à part. Une amitié qui n’appartenait qu’à eux et si elle pouvait l’aider à être heureux.

« Tu aurais dû me le dire… » Trembla Harry.

« Pourquoi ? » Demanda Hermione après quelques minutes de silence. « Pourquoi t’aurais-je dit qu’il était là alors qu’il souhaitait repartir à zéro ? Pourquoi Harry ? »

« Parce que c’est Malfoy ! » Lâcha Harry quittant précipitamment la salle de cours.

Oui les sentiments étaient là…

oOo

« Aristo viens ici ! » S’exclama Drago exaspéré. « Il me semblait t’avoir déjà dit que si tu étais amené à croquer des oiseaux ou autres, je ne voulais pas les voir dans la maison ! » Gronda le blond.

Aristo se coucha, ses oreilles se couchant sur sa tête, un petit miaulement d’excuse retentit dans la cuisine, faisant soupirer Drago.

« La prochaine fois, tu dormiras sur le canapé pendant une semaine, on est d’accord ? » Demanda-t-il plus du tout en colère.

Aristo poussa un nouveau miaulement, prouvant qu’il avait parfaitement compris.

« Allez viens voir papa. » Ordonna le blond se penchant pour prendre son chat dans ses bras.

La petite boule de poil se mit à ronronner bruyamment, frottant sa tête contre le torse de Drago.

« J’ai acheté un nouveau tableau à Drew » Lui apprit Drago. « Je te rassure, il ne s’est rien passé, on a juste déjeuné ensemble. » Continua le blond déposant Aristo sur son fauteuil personnel.

Allant chercher la toile protégée par du papier Kraft, Drago la déballa, avant de la poser au milieu du mur en brique de son salon.

« T’en penses quoi si je la mets là ? » Demanda le blond. « Oui c’est bien ce que je me disais. » Confirma Drago après le miaulement du chat. « C’est parfait ! »

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