Ce soir-là Nathan put s’endormir sans trop de difficultés. Ce qui le changeait de ses nuits passées à trop réfléchir sur sa nouvelle colocation. La rencontre s’était plutôt bien passée et il trouvait son colocataire assez sympathique après leur toute première conversation. Une seule conversation c’est assez peu pour se faire une idée sur quelqu’un mais pour le moment ça lui allait. Il pouvait cesser de s’angoisser pour rien. Une semaine se passa tranquillement, Andy était rarement là le soir, et Nathan rarement là la journée, ce qui ne leur permettait pas réellement de se connaître. Il se réveilla relativement tôt ce matin-là, il voulait optimiser son temps pour ranger les affaires qui traînaient encore dans l’appartement mais aussi pour faire un saut chez ses parents histoire de leur raconter son installation. Il se découvrit de ses draps, s’assit sur son lit et prit une grande inspiration. Il n’était vêtu que d’un simple boxer et d’un t-shirt. Il se leva et se dirigea vers la grande fenêtre de sa chambre qui donnait sur la rue principale et l’ouvrit. Les rayons du soleil agressèrent ses yeux mais il fut content de constater que le ciel était dégagé et d’un bleu intense, ce qui eut pour effet de dessiner un sourire sur ses lèvres. Il laissa sa fenêtre ouverte, laissant le vent jouer avec ses rideaux et s’en éloigna pour se diriger vers la cuisine. Il chercha de quoi prendre un petit déjeuner dans les placards, se fit un café et s’installa sur un des tabourets hauts. Il apprécia les bruits qui lui parvenaient de la rue tout en dégustant son petit déjeuner, seul. Une fois fini il descendit de son tabouret afin de laver la vaisselle qu’il venait d’utiliser. Il s’arrêta un instant. Il aimait être seul, cependant, s’il avait choisi de vivre en colocation c’était aussi pour partager quelque chose avec quelqu’un d’autre. Mais voilà, son colocataire était absent. Cela commençait à devenir habituel pour le jeune homme, même si ça le dérangeait. Andy allait de soirées en soirées, ne rentrant qu’au petit matin. Il cessa d’y penser et s’attela au rangement du contenu de chaque carton restant qui lui appartenait puis nettoya l’appartement enfin libéré de tout ce qui recouvrait son sol. Au bout de deux heures de tâches ménagères le jeune homme se décida à aller se doucher. Il entra dans la salle de bain, se dévêtit du peu de vêtement qu’il portait, ouvrit le jet d’eau de la douche puis s’y glissa. Peu de temps après le loquet de la porte de l’appartement se fit entendre. Nathan, se laissant aller sous l’eau chaude, était cependant coupé du monde. La porte s’ouvrit et laissa passer une tête blonde. Andy rentrait enfin de sa soirée de la veille. Malgré le fait que la matinée était bien avancée Andy affichait une petite mine et semblait être encore en train d’émerger, ses cheveux étaient ébouriffés et ses gestes lents. Il referma la porte derrière lui, posa ses clés sur la table basse et passa la porte de la salle de bain sans prendre la peine de frapper. Au même moment Nathan posait un pied hors de la douche, encore humide et, surtout, nu. Il leva la tête et s’aperçut que son colocataire le fixait, ses joues se teintèrent d’un rouge vif, son rythme cardiaque s’accéléra. Il se hâta d’attraper sa serviette et l’enroula autour de sa taille. - « Andy ! s’exclama-t-il. » Andy leva lentement la tête pour plonger ses yeux dans le regard bleu de son colocataire, l’état second dans lequel il semblait se trouver l’empêchait de réfléchir correctement. En voyant le visage rouge de Nathan et son regard fuyant, ses joues elles aussi devinrent rouges. Une gêne s’installa entre les deux garçons. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux avant de s’excuser. - « Euh… excuse-moi Nathan je…désolé. » Il quitta la pièce plus ou moins précipitamment, titubant légèrement. Une fois sorti de la salle de bain il s’adossa à un mur, son cœur battait à une allure vive. Il ferma les yeux et revit mentalement le corps mince mais musclé de Nathan, sur lequel perlaient des gouttes d’eau. Ce qui le rendait diablement sexy, Andy essaya d’effacer cette image de son esprit et de faire cesser la course folle qu’avait entreprit de faire son cœur. Cette vue enchanteresse eut pour effet de le réveiller une fois pour toute, il fut alors pris d’un mal au crâne : le contrecoup d’une soirée bien arrosée. Nathan sortit de la salle de bain quelques minutes après. Il était encore quelques peu gêné que son colocataire l’ai vu entièrement nu mais, le voyant assis sur un tabouret, la têtes à même la surface froide du bar, il se posa des questions. Il hésita un moment puis se lança. S’il hésitait à parler à celui avec qui il allait désormais vivre cela risquait d’être plus que difficile. - « Ca va ? questionna-t-il. » Andy émit un gémissement, tout en relevant lentement la tête pour s’appuyer sur la paume de sa main. - « Plus ou moins, lui répondit-il sans vraiment y croire. - Je vois ça, ironisa Nathan, je crois que j’ai de l’aspirine, je reviens » Il le quitta une minute et revint avec le tube tant attendu, et lui servit un verre d’eau pour ingurgiter la solution. - « Bonne soirée sinon ? continua-t-il. » Andy vida le contenu de son verre non sans une grimace de dégoût. - « Oh…Oui, des filles, de l’alcool, de la musique et…des filles. - Il ne te faut pas grand chose pour que tu passes une bonne soirée toi, lança Nathan avec un sourire. - Le strict minimum, ni plus ni moins ! répondit-il en se redressant. Au fait, excuse-moi pour tout à l’heure, je ne savais pas que tu… - Ce n’est rien, vu ton état je peux comprendre que tu n’aies pas percuté tout de suite. » Andy le fixa. En vérité il avait été soufflé par le spectacle qui s’offrait à lui dans cette salle de bain, mais ça il ne l’avouerait jamais. Il se tut alors et se concentra sur son verre vide. Les battements étranges de son cœur reprirent. Nathan quitta l’appartement sur les coups de 14h, il marcha jusqu’à la gare où il prit le train pour se rendre chez ses parents. Une fois arrivé à destination, il grimpa dans un bus. Ses parents habitaient à quinze minutes en voiture de la gare. Nathan ne les avait pas revus depuis la fin des cours de sa deuxième année. En effet, ses parents étaient souvent en déplacement à cause de leurs métiers respectifs. De plus ces derniers avaient décidé de partir un mois en vacances, ses parents étaient encore très amoureux l’un de l’autre, et ceci exaspérait quelque peu Nathan parfois. Mais, au fond, il se réjouissait qu’ils soient aussi démonstratifs, il préférait cette situation plutôt que d’avoir des parents qui ne peuvent pas se voir en peinture. Une fois arrivé devant le pavillon de ses parents il prit une inspiration et poussa un des battants du portail pour s’avancer jusqu’à la porte de la demeure. Ce dernier grinçait toujours autant depuis qu’il était parti. Il n’eut pas le temps de frapper que la porte s’ouvrit, laissant place à un jeune homme d’assez grande taille, les cheveux châtains, longs attachés en queue de cheval. Il le toisait de ses yeux verts. - « Tu n’as pas prévenu que tu viendrais. - Toujours aussi accueillant Ellya, répondit Nathan dans un soupir. Ai-je réellement besoin de prévenir qui que ce soit chaque fois que je viens ici ? Je crois que c’est encore un peu chez moi non ? - Ouais…répondit-il sans conviction. - Moi aussi je suis ravi de te voir, ironisa Nathan. - Qui est-ce ? retentit une voix assez stridente au loin. » Ellya se retourna pour répondre sans pour autant lâcher la porte d’entrée. - « Oh personne Charlie ! Juste mon cher jumeau ! - Charmant… je peux quand même entrer ? » Ellya se dirigea vers la cuisine en traînant des pieds, dans ses pantoufles qu’il ne quittait presque jamais, laissant entrer son frère sans même prendre la peine de lui répondre. Nathan le suivit sans broncher, il était habitué à ce genre de comportement. Ellya et Nathan étaient jumeaux, et malgré les apparences et des centres d’intérêts divergents ils s’entendaient plutôt bien. Les deux frères se ressemblaient tant au niveau caractériel que physique, leurs seules différences restaient leurs yeux et la longueur de leurs cheveux. Les yeux de Nathan étaient bleus et ceux d’Ellya verts, les frères étaient tous deux calmes, sérieux et plutôt silencieux. Ils avaient tous deux une certaine beauté, et leur popularité auprès des filles pouvait en témoigner. Nathan, lui, ses cheveux châtains étaient courts et en bataille. Il avait un caractère assez naïf, il ne semblait pas se rendre compte du charme qu’il dégageait, et les filles ne l’intéressaient pas plus que ça. Ellya, lui, en avait pleinement conscience mais cependant, il ne s’intéressait à personne d’autre qu’à sa petite amie. Ellya et Charlotte sortaient ensemble depuis bientôt deux ans. Les deux amoureux étaient pourtant radicalement opposés. Charlotte était plus jeune qu’Ellya de deux ans, c’était une fille assez naïve, plus qu’expressive, lascive et surtout, elle parlait trop. Elle était toute en rondeurs et d’assez petite taille, de longs cheveux bruns ondulés encadraient son visage. Elle n’était pas réellement jolie mais avait un éclat dans les yeux et des pommettes légèrement roses qui la rendaient rayonnante. - « Nathan ! l’accueillit la jeune fille. - Enfin quelqu’un qui sait recevoir les gens ici ! » La brunette le prit dans ses bras et le serra contre elle. - « Hum…n’en faisons pas trop cependant, hein ? S’il te plaît… Charlie ? - Comment vas-tu ? lança-t-elle joyeusement après l’avoir finalement lâché. - Ça va, ça va, je passais voir si les parents étaient là, mais bon je vois que ce n’est pas le cas. Je pensais qu’ils rentreraient hier, non ? - Oh ils ont appelé pour nous prévenir qu’ils prolongeraient leurs vacances, lui répondit la jeune fille en souriant. - Pourquoi cela ne m’étonne-t-il pas ? se questionna le jeune homme. - Tu aurais quand même pu le deviner Nath… Les connaissant c’était presque évident. Décidément ton manque de logique m’étonnera toujours autant, s’enquit de répondre son frère qui était assis à la petite table qui se situait au milieu de la cuisine, les bras croisés sur son torse et un air narquois sur le visage. » Nathan soupira, rien ne servait de s’énerver contre son frère. Ils finiraient par se taper dessus et pourtant dieu seul sait que l’envie ne lui manquait pas. À chacune de leur bagarre les parents GUÉRIN finissaient toujours pas donner raison à Ellya, qui ne se privait pas de narguer son jumeau comme un gamin de cinq ans. Nathan ne resta pas longtemps dans la demeure familiale, ceux pour qui il était venu étaient absents. Il ne voyait donc aucune raison de rester plus longtemps à supporter les sarcasmes de son frère et la voix perçante de sa petite amie. Les deux à la fois c’était juste trop difficile à supporter. Il arriva en début de soirée à l’appartement, s’attendant à voir Andy. Il s’étonna de trouver l’appartement vide. Décidément créer un lien avec le blondinet allait s’avérer être plus difficile que prévu. Il dîna, seul, puis s’installa dans le canapé rouge afin de regarder un film. Nathan avait l’impression d’être de nouveau dans son ancien appartement, à la différence que celui-ci était bien plus grand, et par conséquence il lui semblait encore plus vide. Il ne tarda pas à s’endormir devant l’écran de télévision. Il se réveilla difficilement le lendemain matin, dormir sur un canapé et sans couverture n’était pas réellement agréable. Il éternua tout à coup, espérant ne pas avoir attrapé froid puis se leva pour se diriger vers la salle de bain. Il poussa la porte de cette dernière avant de subir une agression auditive. Il referma vivement la porte, l’esprit encore brumeux, il eut un temps de réflexion avant de comprendre ce qui se passait. Il se dirigea alors d’un pas rapide vers la chambre d’Andy, il ouvrit la porte à la volée. - « Andy ? dit-il d’un ton menaçant. » Il n’eut pour réponse qu’un simple gémissement. Andy se retourna dans son lit sans pour autant ouvrir les yeux. Nathan s’approcha du lit de ce dernier et le découvrit d’un geste vif. - « Andy ! cria-t-il au blond à la fois énervé par son attitude mais aussi pour le sortir de son sommeil apparemment un peu trop profond » Le blond se réveilla avec sursaut, il ouvrit les yeux subitement et découvrit un Nathan aux joues rouges d’énervement ou de gêne il ne savait pas trop. Car en effet, après une nuit d’activité intense, le blondinet n’avait pas pris la peine de se revêtir. - « Habille-toi, lâcha-t-il en détournant le regard, le cœur battant à une allure un peu trop rapide. Je crois qu’une petite discussion s’impose. - On ne peut pas l’avoir ici cette discussion ? C’est dur de se faire réveiller aussi violemment. - Tu…tu te fiches de moi ? demanda Nathan, surpris de l’absence de pudeur de son colocataire. » Andy s’assit en tailleur fixant Nathan comme si de rien n’était. - « Oh si c’est la nudité qui te dérange ça peut s’arranger, dit-il en ramenant la couverture sur ses jambes. » Cette attitude nonchalante qu’il savait si bien adopter avait le don d’augmenter l’énervement de Nathan. Il se frotta l’arête du nez nerveusement pour ensuite dire ce qu’il avait à dire à son très cher interlocuteur. - « Que fait cette fille dans ma salle de bain ?? - Notre salle de bain, rectifia le blond. - Passe encore que tu sortes tous les soirs, que tu rentres à des heures indues ou que tu me réveilles au milieu de la nuit grâce à ta discrétion indéniable en matière d’entrée dans l’appartement. Mais j’aimerais, si c’est possible, ne pas avoir à subir des agressions de tympans à mon réveil ! Aux dernières nouvelles je suis chez moi ici ! Si profiter de la vie fait partie de tes priorités…enfin que dis-je ? Si c’est ta seule et unique priorité, libre à toi ! Mais ne ramène pas tes conquêtes aussi nombreuses soient-elles à l’appartement ! - Et pourquoi pas ? » Nathan eut un temps d’arrêt. Il secoua la tête et reprit. - « Je sais pas…question d’intimité ? Ou du moins j’aurais aimé que tu me préviennes que je risquais de trouver une folle furieuse un beau matin dans la salle de bain. - Alors je m’excuse Nathan. À partir d’aujourd’hui, je te préviens, que tu risques de trouver des filles ici et là dans l’appartement, lança le blond avec un sourire. » Nathan resta bouche bée devant Andy. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Il faisait face à un Andy qu’il ne connaissait pas encore. Nathan quitta la chambre marchant rageusement, se dirigeant vers la cuisine il croisa la grande brune qui lui avait brisé les tympans dix minutes auparavant. Son énervement reprit de plus belle, il serra les dents, et lui lança un regard meurtrier. Une question d’habitude ? La tâche allait être plus difficile que prévu. |