Murmures.

Des ombres et des lumières.

Un mouvement sur la droite, un entassement devant l'un des escaliers qui refusait de venir embarquer l'amas d'élèves qui patientait tant bien que mal devant le vide créé par le monstre de marches.

Le sourire sur le bout des lèvres, Edward laissait son regard courir dans les entrailles du château, enregistrant chaque détail, s'étonnant parfois un instant avant de se retrouver rassuré le suivant.

Tout cela était à la fois si semblable aux descriptions de son père, et à la fois si différent, si… réel. Rien n'est pareil lorsqu'on le vit personnellement, le jeune homme s'en rendait bien compte, mais nulle place pour le doute ou les questions, seul les possibilités avaient droit d'asile. Lui qui avait toujours vécut dans sa famille, lui qui avait toujours écrasé de par son nom les villageois aux alentours du manoir et effectué sa scolarité sous la baguette de sa grand-mère et de précepteurs triés sur le volet, avait rarement été mis en contact avec tant de gens… autant de gens aussi différents et indépendants qui ne tournaient pas autour de son propre monde.

°°Pas encore. Mais tout vient à point à qui sait attendre…huhu...°°

Rassuré, un sourire un peu plus arrogant, la flamme du doute et de l'inconnu écrasée bien profondément, le nouveau Serpentard s'engouffra à la suite des Premières Années guidées par leur préfet dans les méandres du château vers leur salle commune.

De prime abord, Ed n'avait put s'empêcher de plisser du nez lorsque son père lui avait rapporté ce détail sur le lieu de villégiature des si dignes Fils de Salazar. Un lieu froid, glissant et nauséabond. Et paumé. Quel manque de classe ! Sans parler de l'apparence ! Comment pouvait-on blâmer les autres maisons de froncer le nez et de considérer les Dignes Serpentards comme de la vermine ? Personne ne connaissait donc l'importance des apparences ?

Les dernières marches, sommes toutes plus agréables que prévuet la voix du Préfet ramenèrent Ed à la réalité, alors que le 5e année terminait d'expliquer tous les petits détails à ne pas oublier, dont le mot de passe, l'étrange amalgame de mots sans sens aucun d'après Edward, qu'il fallait susurrer à une étrange gargouille au sourire peu recommandable…

 ...................................................................................................................

« Et un partout ! »

Un rugissement de rage surpassant l'éclat de rire qui avait point se fit entendre, le tout accompagné d'un oreiller volant et de sa compagnie de plume aérienne. La masse de tissu s'écrasa sans classe aucune sur le mur à côté du garçon qui riait aux éclats.

« Hey là ! Tu triches Taeg' » !

Tout en continuant de rire, le jeune garçon aux mèches de toutes tailles et tous couloris parfaitement ébouriffés tâcha tant bien que mal de se protéger de la cohorte de plume du défunt oreiller qui, par un mouvement habile de leur Saint-Maître Taegan, avaient finit leur course aléatoire en piquant férocement sur leur victime, tel l'hippogriffe sur le malheureux lapin.

« Je ne triche pas, j'utile mes capacités magiques hors du commun pour bouter le mal hors de ce Saint lieu ! »

« Capacités magique de mon --- teuf-teuf ! Tu aurais au moins pu les rendre mangeables Taeg..»

« Promis j'y penserai la prochaine fois Kév' »

Un grand sourire provocateur s'étirait sur les lèvres dudit Taegan qui avait croisé ses bras sur son torse, surplombant son meilleur ami de toute sa hauteur alors que trois autres oreillers et leurs compagnies de Plumes lévitaient tranquillement autour de lui.

Recrachant une plume ou deux de plus, Kevin répliqua d'un énorme sourire jovial avant d'hausser les épaules tout en rangeant un oreiller sous son aisselle.

« Kay kay, tu gagnes le premier match. Et si on rejoignait les autres dans la salle commune maintenant que tu as bien foutu la pagaille dans notre dortoir ? »

Taegan sourit de plus belle avant d'annuler son sort et de commencer à rejoindre l'escalier qui menait vers le salon des Gryffondor. Que cela faisait du bien de se retrouver ici, ça lui avait vraiment manqué mine de rien.

« Par contre, il va vraiment falloir que tu m'apprennes ce nouveau tour avec les plumes en escadron. Tu l'as trouvé où ? »

«Tu ne voudrais vraiment pas savoir, mon petit Kevin… »

Lui rétorqua Taegan d'un sourire faussement innocent, avant de se jeter dans les escaliers pour rejoindre les autres. Il y avait tant de choses à raconter, tant de monde à revoir, de Serpentards à remettre à leurs places et les entrainements de Quidditch qui allaient reprendre… Ho oui, Poudlard lui avait manqué…

..........................................................................................................................

La Salle était… Etrange.

Aussi belle et classieuse que ce à quoi il s'était attendu, mais à la fois un peu trop et pas assez, différemment. Une impression étrange. Peut-être le fait de savoir qu'il allait passer ici tout le reste de l'année, que ce lieu serait dorénavant un abri, une retraite, un endroit sûr, un QG. Car c'était bien cela, non ? Eux, les Serpentards contre eux tous, tous les autres, les maisons inférieures. Comme son père le lui avait fait comprendre, comme il s'en était bien rendu compte plus tôt et comme il se ferait une joie d'entrer dans le jeu maintenant millénaire. Des centaines de cibles avec qui jouer sur tellement de plans ! Un véritable paradis rien que pour cet aspect là ! Edward en frissonnait presque de plaisir anticipatoire.

Mais revenons donc à cette fameuse salle.

Malgré l'amas de premières années qui venait d'y pénétrer juste avant lui, cette dernière était presque vide, deux clampins près du feu, un assit sur le rebord de la fenêtre et une demoiselle avachie dans l'un des fauteuils. Une fort jolie jeune fille d'ailleurs. Un sourire d'une autre nature naquit sur les fines lèvres du Serpentard alors qu'il s'avançait nonchalamment vers elle, visant le frère de son fauteuil. Relevant d'un doigt fin l'une de ses étranges mèches violette qui lui tombait sur le visage -cacher ses magnifiques yeux pourpres aurait été fort dommage de son point de vue...- il se laissa glisser dans le fauteuil en cuir vert sans quitter la jeune fille du regard…

Brune avec des formes vraiment agréables, un corset simple mais au combien intéressant et une bouche pulpeuse comme il les aimait… Un frisson lui chatouilla l'échine alors qu'elle daigna croiser son regard. Un regard de braise. Son propre sourire se fit plus malicieux et confiant. D'un geste bref de la main, il toucha légèrement son front pour la saluer, tels les romains de l'Antiquité.

« B'soir. »

Un bref hochement de tête comme toute réponse. Etait-elle timide ? Indifférente ? Un instant, Edward faillit se sentir vexer. Il n'avait pas l'habitude qu'on l'ignore, encore moins de la part d'une simple fille, aussi Serpentarde soit-elle. Mais à nouveau monde, nouvelles règles. Laissant le silence s'égrener quelques secondes alors il la détaillait sans aucune ambigüité avant de prendre la parole.

« Hum, tout dans ton attitude semble être un panneau indicateur « attention danger, ne pas approcher », dois-je aussi le prendre comme tel ? »

Le regard de la jeune femme se fit plus intéressé alors qu'un léger sourire grignota son pâle visage.

« Tout dépend dans quel rang de victime tu souhaites t'aligner. Moi, c'est Mirage. »

Ah tiens, la communication semblait établie. Un début de victoire ? Ou juste une ouverture ?

« Mc Cowell, Edward Mc Cowell. Ravie de faire ta rencontre, Mirage. »

S'agissait-il là d'un vraiment prénom ou d'un pseudonyme ? Lui demander aussi directement et aussi tôt dans leur relation serait une erreur, mais Edward gardait cette question muette pour plus tard.

« Etrange que nous soyons aussi peu alors qu'il est encore bien tôt… »

« Le dressage. »

La voix cynique de la demoiselle et sa réponse particulière étonnèrent le jeune homme. Que voulait-elle dire par là ?

« Pardon ? »

« Le dressage. Comme tout bon petits Serpentards au sang-pur bien élevés, la pluparts ne trainent pas trop tard dans la salle commune et rejoignent le Seigneur Morphée pour leur mort éphémère. »

Aoutch. Elle était plutôt étrange cette fille. Edward arqua un sourcil avant de sourire de plus belle.

« Et tu es donc une petite Serpentarde mal-élevée ? »

Question risquée, elle pouvait être fort mal prise. Mais si lui était habile dans l'art de la manipulation, celui de la provocation lui plaisait bien aussi. Et qui ne tente rien n'a rien. Et ne rien avoir, c'est être vraiment pathétique.

D'ailleurs, la jeune Mirage ne fit que sourire davantage, un sourire bien mystérieux, un tantinet provocateur aussi. De quel genre en particulier ? Le mettait-elle au défi ? Jouait-elle ? Edward était le Serpentard parfait, d'après son point du vue, plutôt grand et des muscles fins bien dessinés même s'il était loin de pouvoir se vanter d'être un dieu du sport et des efforts physique, un physique des plus avantageux et un regard aux couleurs particulières, au combien mystérieux auquel s'accordait avec grâce ses cheveux d'un violet agréable, subtile mélange de sortilège capillaire et d'hérédité. Quant à son mental, il se savait intelligent et rusé, possédant une aura charmeuse qui ne laissait aucune fille de glace. Pourquoi celle-ci ferait-elle l'exception ? Mais il devait avouer qu'à par sa grand-mère, il avait rarement rencontré de membre du sexe faible capable de lui tenir tête voir de l'égaler. Etait-ce là la force de Serpentard ?

Amusé, il ramena une autre mèche folle derrière son oreille avant de laisser glisser quelques paroles.

« Hum... Je sens que l'on va bien s'entendre tous les deux. Tu me plais. »

« Et bien amusons-nous alors. »

La voix de la demoiselle était au combien douce et sensuelle, mais dangereuse aussi. Ses sous-entendus n'en étaient pas, difficile de ne pas s'en rendre compte. Ed ricana un instant. S'il ne l'a mettait pas dans son lit, l'avoir comme amie pourrait s'avérer ô combien utile aussi, peut-être même plus. Même si...

« Je viens seulement de rejoindre Poudlard cette année, crois-tu que tu pourrais répondre à quelques unes de mes questions ? »

« Volontiers. »

Souriant doucement, Edward décida donc de passer sa première nuit au château avec cette intrigante jeune femme. Les prochaines heures promettaient d'être fort intéressantes. La poche de pâtes de fruits qui dépassait de son sac serait probablement grignotée durant la soirée, bien que Mirage refusa poliment la première offre, targuant qu'elle n'était pas très sucreries.

..................................................................................................................................

« Et d'ailleurs, tu ne crois pas si bien dire ! Quand je pense que les Drakes ont été battus une nouvelle fois cet été… »

« M'en parle pas, j'y suis allé avec mon père, un vrai carnage ! »

« Dire que tout le monde pensait que leur nouveau Capitaine Early allait faire des miracles... »

« Y a pas à dire, qu'est-ce qu'ils attendent pour nous recruter qu'on foute des coups de pieds au cul de leurs adversaires une bonne fois pour toute ? »

Un énorme sourire accompagna l'insolente déclamation : une ombre cernée de la lueur du feu venait de s'abattre sur le duo de supporteurs de Quidditch. Ladite Ombre salua le premier d'une vive accolade tout en ébouriffant affectueusement les cheveux du second. Les protestations et éclats de rire tintèrent dans la pièce qui réunissait un petit paquet de Gryffondor, nouveaux et anciens en cette première soirée de rentrée.

« Nous aussi tu nous as manqué, Jenkins. Ravis de te revoir en un seul morceau. »

Taegan souriait de toutes ses dents, ravi de retrouver toute sa petite troupe d'amis. Après avoir esquivé avec plus ou moins de talent la contre attaque simultanée des deux jeunes hommes, il se fit un devoir de se remettre à jour des dernières news sportives avant d'en venir sur celles les concernant plus particulièrement, avec les Equipes de Quidditch de Poudlard.

« Alors Jenkins, prêt à mettre leur raclée aux Serpents cette année ? »

« Plus que jamais Dubois ! Ils vont en avoir mal aux fesses pendant des mois entiers… »

« Ce serait bien que cette fois on se les fasse vraiment, ils commencent véritablement à prendre la grosse tête à force de remporter la coupe et rien que de passer devant le couloir des trophées me rend malade...»

« Rien que des coups de chance et de triche, tu le sais aussi bien que moi. Qu'ils savourent leurs victoires passées, cette fois leur dernière heure est venue ! »

Un énorme sourire plein de dents pour ponctuer le tout, un rire franc. Chacun voulait y croire, cette fois ce serait la bonne, ils remporteraient la victoire et la Coupe des Quatre Maisons.

« Et ça ferait foutrement plaisir à Charlie, pour sa dernière année parmi nous. »

« Vrai qu'il se tire l'année prochaine… »

Un voile sombre prit un instant possession des yeux violet foncé de Taegan, avant qu'un grand sourire presque carnassier ne vienne fleurir sur ses lèvres. Se rapprochant légèrement de ses deux autres compères, il se courba quelque peu dans une attitude parfaitement serpentarde de franche manipulation : un complot allait s'ourdir. La lueur du feu de cheminée de la Tour de Gryffondor hasardait de monstrueuses ombres animées sur les murs rouges et or de la salle.

« Et si par le plus grand des hasards, il loupait ses ASPICS ? Il resterait une année de plus, non ? »

«Oui, effectivement. Mais j'ai un gros doute, c'est un bosseur le Weasley. »

« Peut-être, mais tout peu arriver, il suffit parfois de bien peu de choses. Ma sœur Leeloe a bien sauté une classe, le mécanisme inverse ne doit pas être bien difficile... »

« On peut savoir à quoi tu penses, Jenkins ? »

Une voix sensiblement amusée venait de se joindre à eux, suivit d'un grand sourire et des fines mèches rousses virevoltants non loin, les poings ancrés sur les hanches dans une attitude mi-téméraire, mi-attaquante.

« Hey salut Charlie, ça faisait une paye, non ? »

« Salut Olivier, passé de bonnes vacances ? Thomas ? Et toi Taegan ? »

Taegan lui répondit par l'un de ses habituels grand sourire innocent sans aucun sous-entendu ou presque. A quoi avait-il pensé ? Oh, trois fois rien. Un incident est si vite arrivé. Tout le monde peut tomber malade, non ? Après en potion, suffit d'une fenêtre ouverte, d'une feuille qui se glisse par inadvertance vers le chaudron et paf la potion et paf la note associée ! Et il n'y avait pas une rumeur comme quoi quiconque se faisait prendre avec une antisèche était privé d'exams pendant 5 longues, très longues années ? Bon d'accord 5 ans c'était peut être un peu exagéré, il faudrait trouver une idée intermédiaire d'ici là.

« Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, l'rouquin, comme toujours ! »

Pas rancunier pour un penny, Charlie Weasley salua chacun des garçons de sa maison et équipe d'un sourire éclatant et d'une poigne de fer. Leur ami à la chevelure de feu était l'énergie incarnée, une flamme virevoltante que bien peu parvenait à arrêter, un peu niais d'après certains mais d'une amitié énorme qu'il donnait sans compter et ne reprenait que rarement.

La discussion s'amplifia rapidement autour des quatre garçons, divers points des matchs passés revenant, des décisions à prendre, des proches sélections à venir et donc du potentiel des 2nd années, de la possible passation des pouvoirs de Capitaine à Charlie –qui ne semblait guère intéressé- et de tant d'autres choses. Les Gryffondors n'avaient vraiment pas l'air pressés de rejoindre leurs dortoirs respectifs tout à la joie de leurs retrouvailles et bonnes habitudes.

.....................................................................................................................................

« Un journal, tu dis ? Et de quoi est-il fait ? »

La voix suave et pleine de curiosité du jeune Mc Cowell s'était élevée encore une fois, face aux dires de la gente damoiselle, dans l'obscurité tamisée de la Salle Serpentarde.

« Tu ne devineras jamais, il est de papier, d'un peu d'encre et d'un chouilla de magie ! »

Répliqua la demoiselle de vert vêtue, un sourire mi-ironique mi-charmeur sur ses fines lèvres rougies.

« Ah oui ? »

Arquant un sourcil amusé, Ed sourit doucement devant cette petite moquerie au coin du feu, avant de reprendre et d'exprimer plus clairement sa pensée et désidérata, bien qu'il était clair au regard de la jeune femme qu'elle avait parfaitement comprit.

« Je te remercie pour ta précision matérielle. Et qu'en est-il pour ce qu'il a dans le ventre ce ptit bout de parchemin ? Quels sont les rubriques et thèmes traités, leurs qualités ? »

Une vague idée commençait à prendre forme dans son esprit, tout d'abord sous une forme des plus insaisissables, ce que lui-même qualifiait d'idée conceptuelle, une pensée qui se diffusait dans son esprit en utilisant sentiments, impressions et contextes des plus vagues. Tous ses projets et intentions démarraient souvent ainsi, avant de prendre petit à petit la forme souhaitée, l'utilité définitive.

Depuis qu'il était entré dans la Salle commune des Serpy, celle-ci avait commencé à germer, se nourrissant au fur et à mesure des diverses informations que le jeune homme ingérait, de ses conclusions et hypothèses nouvelles. Et cette histoire de journal de l'école était vraiment précieuse. Quel meilleur moyen pour avoir la main mise rapidement sur tout le château ? Se faire connaitre et manipuler les élèves à sa convenance ? Les apprivoiser en masse ?

Bien sûr qu'il savait écrire. Il lisait beaucoup, des livres très diversifiés et même nombres d'œuvres romancés, parfois même moldues au grand damne de sa famille, alors écrire pour un papier étudiant ? Facile. Forcément.

« Toujours un plaisir que d'aider un camarade Serpentard. Quant à ce torchon… Je te déconseille vivement de perdre ton temps avec ça, un ramassis d'articles plus insensés et inutiles les uns que les autres, le tout géré par un groupe de bouseux, je te laisse imaginer. »

« Humm. »

Se repositionnant un peu mieux dans le confortable fauteuil, une jambe nonchalamment passée par-dessus l'un des accoudoirs – Edward, veux-tu bien te tenir convenablement !? la voix acide de sa grand-mère raisonna un instant dans son esprit – le jeune homme glissa sa main dans sa poche, en ressortant une chocogrenouille. Il s'amusa quelques secondes à la voir se tortiller avant de croquer dans le tendre chocolat. Il déposa la carte de Sorcier qui accompagnait la sucrerie sur le deuxième accoudoir, n'ayant nullement l'envie de la découvrir de suite. Il s'agissait probablement d'un énième Dumbledore ou autre sorcier qu'il avait déjà en 100 exemplaires. Ne pouvaient-ils donc pas rééditer un peu leurs cartes ? Quel manque d'originalité !

Il laissa son regard d'un violet atypique parcourir la salle quelques instant, effleurer les tableaux mouvants et les lourdes tapisseries, se laissant bercer par les douces couleurs de Salazar Serpentard.

« Et Dumbledore ? »

Sa voix suave et doucereuse avait pénétré le silence agréable de la pièce telle la caresse d'un amant. Ils étaient dorénavant seuls en cette heure tardive, probablement près de minuit, les derniers retardataires ayant rejoint leurs édredons et l'ami Morphée.

« Tu sais des choses sur lui ? Autres que ce qu'on dit sur le vieux Mago à l'extérieur ? »

........................................................................................................................................

Dans l'agréable salle rouge et or, le silence s'était fait petit à petit, les plus jeunes ayant depuis longtemps rejoints leurs lits alors que leurs ainés avaient doucement commencé à leur emboiter le pas. La tiédeur de la nuit et des Marchands de Sable enveloppait doucereusement la Salle commune où quelques irréductibles Gryffondor résistaient encore et toujours à l'envahisseur par petits groupes épars, la force de l'âge leur octroyant bien évidemment quelques bonus non négligeables.

Laissons donc ces hardis gaillards à leurs occupations nocturnes pour suivre quelques notes éparses, une douce mélodie qui virevolte du côté des dortoirs des filles et voltige doucement vers une forme dissimulée par le rideau gryffondorien quelque peu modifié, d'un lit à baldaquin. Des fleurs de toutes les couleurs semblent en effet se fondre dans l'épais tissu et se mouvoir avec une grâce lente et joyeuse, changeant de temps à autre de couleur et de taille.

Approchons-nous donc de la demoiselle à qui appartient ce lit ainsi customisé façon hippie, de cette jeune fille à la chevelure aussi blonde et en désordre que les foins au beau milieu de l'été, au petit nez mutin et aux grands yeux bleus qui parcourent avec vivacité les pages d'un petit carnet de cuir alors que des doigts fins gantés de mitaines colorés encrent les pages vierges d'une écriture finement penchée.

Le 1e Septembre 1990

« Très cher journal, A Poudlard

Me voici enfin de retour au château pour la 5e fois, j'ai retrouvé ma chambre comme je l'avais laissée – ou presque- un peu de poussière en plus et mon sortilège sur le rideau du lit juste un peu fatigué. Et ça fait franchement du bien, même si laisser maman toute seule à la maison me fait un peu de peine, mais comme promis, je lui écrirai un hibou toute les semaines et cette fois je forcerai Taegan à faire de même, foi de Leeloe !!

Mais laisse-moi te raconter toute cette journée en détail avant que je ne l'oublie... »

## FLASHBACK##

Leur mère les avait levés tôt ce matin... et pour cause, ce jour n'était nullement comme tous les autres, il marquait la limite entre liberté et devoirs, entre divertissements et obligations, entre été et hiver. Du moins en théorie. Car rentrer à Poudlard ne se réduisait pas tout à fait à un dur et juste labeur pour tous…

Taegan et Leeloe Jenkins allaient entrer en 5e année.

Réveil enthousiaste pour la jeune blondinette, quelque peu plus difficile pour le grand frère, qui une fois de plus avait encore passé la nuit à l'extérieur après avoir évité de justesse leur chère mère. De toute manière, elle n'aurait en aucun cas réussit à lui refuser quoi que ce soit, comme toujours.

La couette remontée jusqu'au dernier cheveu pour échapper à l'arrogante lumière du jour, Taegan tâchait tant bien que mal de grappiller quelques précieuses secondes de plus, mais c'était sans compter sa tendre et chère sœur qui n'avait pas hésité alors à sauter sans préavis sur son lit pour lui arracher le précieux bouclier de tissu.

« Allez debout!!! Waaa !!! Ca va être terrible encore cette année je sens j'ai hâte j'ai hâte !!!!! Allez On va être en retard après !! "

« Raa…t'es chiante...y'a tout le temps...»

Lorsqu'il releva la tête sa mère et sa sœur se tenaient devant lui, le même sourire éclatant sur le visage et ce regard pétillant de malice... elles émanaient la joie de vivre. Un doux sourire effleura les lèvres du jeune garçon, qu'est-ce qu'il les aimait ces deux là !

« Raaa c'est bon c'est bon !! Je me lève… mais toi… tu vas voir ! On a pas idée de sauter sur les gens si tôt le matin... »

Soupirant alors de façon théâtrale, il empoigna délicatement sa sœur et lui coinça la tête sous l'avant bras avant de lui fourré son oreiller sur la tête ! Un faible grommellement de protestation lui parvint, étouffé par l'oreiller. Taegan éclata de rire et la lâcha, souriant jusqu'aux oreilles alors qu'il contemplait son chef d'œuvre…

« La fille épouvantail, le retour ! »

« Taegan ! Je vais devoir me recoiffer maintenant ! Pff ! »

En guise de petit déjeuner quelques vieilles céréales, tout ce que la famille pouvait s'offrir avec un peu de lait, une dernière vérification quant aux bagages et oublis potentiels et le départ était définitivement annoncé, il était temps de rejoindre l'air frais du monde du dehors et d'attraper le Magicobus.

Leur mère marchait d'un pas plutôt vif et alerte, jetant de fréquents coups d'œil à sa montre tandis que Taegan lui, marchait d'un pas souple et désinvolte, portant tranquillement les deux valises tout en finissant sa nuit - il fallait avouer que compte rendu de leurs possessions et richesses, elles étaient loin d'être très encombrantes.

Un énorme fracas plus tard, une brèche magic-saptio-temporel en sus, et le Magicobus, toujours aussi délicat se tenait devant eux, la porte s'ouvrant presque sans difficulté pour laisser apercevoir les deux joyeux acolytes qui en composaient la paire de conducteurs.

Leeloe sourit timidement aux deux chauffeurs avant de s'assoir confortablement sur un siège, trépignant sur place, alors que Taegan salua d'une franche poignée de main ses deux amis sans toutefois pouvoir s'empêcher de lâcher une pique quelque peu moqueuse sur leur façon de conduire et surtout de s'arrêter, tout en rejoignant un siège qu'il espérait bien accroché : se retrouver la tête dans le pare-brise au prochain arrêt ne lui disait rien qui vaille.

« C'eeeeeest partiiii !! »

Faisant une dernière fois sa prière à Merlin, le jeune Taegan se retourna un instant vers sa jeune sœur : celle-ci attendait ce jour avec impatience contrairement à son frère que la reprise des cours n'enchantait pas franchement. Mais râler risquerait de gâcher un peu de la bonne humeur de sa petite sœur : elle était contente, c'était ce qui lui importait, le reste... Et puis, il devait avouer que retrouver tous ses amis au château et se remettre au Quidditch sans parler de rabattre le caquet de ces satanés Serpy… Non finalement il ne râlerait peut-être pas trop, juste pour la forme…

C'est alors qu'un brusque arrêt tira le jeune homme de ses réflexion et l'envoya cogner contre une barre de métal à l'avant du bus alors qu'il mettait le bras devant sa sœur dans un reflex instinctif de protection, leur mère s'étant "ancrée" au sol par un sort habile qui avait transformé les pieds de son siège en de longues griffes acérées.

°°Raaa et nous ?°° Pesta intérieurement le jeune homme alors qu'il s'assurait que Leeloe n'avait rien.

Il était sur que leur mère avait tout simplement fait cela le plus instinctivement du monde sans s'en rendre compte. D'ailleurs cette dernière immobilisa leurs deux sièges d'un coup de baguette avant de se tourner vers sa fille, le sourire aux lèvres, devançant la question de celle-ci en lui expliquant comment pratiquer ce sort et quels étaient les avantages…
Levant les yeux au ciel, Taegan lâcha enfin sa sœur, tout en se tournant vers les chauffeurs de cette boîte de conserve :

"Bouze ! Dan t'es vraiment qu'un Véracrasse !! Même un troll conduirait mieux que toi !! Tu peux pas préven.."

Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le magicobus redémarrait en trombe, renvoyant tous les autres passagers contre le fond du bus.

Une veille dame s'agrippait à son sac, livide, mais Taegan n'avait d'yeux que pour sa sœur que la situation semblait à moitié ....amuser ?!! Il la foudroya du regard comme il fallait.

Puis revenant à ses Scrouts, il fulmina intérieurement et bondit de son siège, bien décidé à aller s'expliquer avec ce Boursouflet de Dan qui conduisait décidément comme un elfe bourré au whisky Pur Feu ! Mais lorsque sans explication aucune, ses jambes refusèrent de lui obéir, le jeune homme tourna un regard rageur vers sa mère qui le regardait en souriant calmement, baguette en main, tout en continuer d'expliquer patiemment à sa fille le moindre de ses mouvements. Ce n'était pas la première fois qu'elle utilisait la magie pour stopper les ardeurs de son impulsif de fils et ce ne serait certes pas la dernière... Mais, par le calebut de Merlin, Taegan ne s'y faisait toujours pas ! Sa sœur lui sourit timidement, se faisant quelque peu oublier pour ne pas l'énerver d'avantage alors qu'il bouillonnait intérieurement…

Tout en continuant sa cavalcade folle, Dan rit aux éclats devant la scène tant de fois jouée. Il connaissait bien la famille Jenkins, la mère se déplacent essentiellement par magico bus, fautes de moyens, et il avait déjà ramené le fils un nombre incalculable de fois lorsque celui-ci partait vagabonder un peu trop loin, dans des états par toujours convenables... Et puis il avait l'habitude de le voir s'énerver en un dixième de seconde pour tout ce qui approchait de près ou de loin sa sœur... Ha ça ! Il plaignait d'avance les futurs prétendants de la belle et leur souhaitait bien du courage... Ho oui !

Les longues minutes passèrent alors plus ou moins tranquillement, sous les cahots de l'engin et les inévitables coups de klaxons invisibles aux sens des moldus, avant de parvenir enfin aux alentours de KingCross, leur destination.

Saluant mécaniquement les deux chauffeurs, le ventre quelque peu retourné, la petite famille rejoignit le planché des vaches au beau milieu du brouhaha de la foule Londonienne matinale, Sorciers et moldus confondus.

C'était là que leur mère les quittait, son travail commençant dans une dizaine de minutes, mais pas avant de leur avoir une énième fois fournit les dernières recommandations, une énorme liste pour toute l'année écrite et orale bien évidement pour éviter à ses têtes de linotte préférées de ne rien omettre…

Elle leur demandait principalement, non pas d'éviter les âneries et autres bêtises, mais plutôt de limiter la casse les premiers jours, histoire qu'elle n'ait pas à se rendre chez la directrice dès le deuxième jour en raison de son nouveau boulot.

Puis Taegan regarda sa sœur serrer sa mère dans ses bras, les yeux brillants... Il ne dit rien et attendit patiemment son tour. Se retournant alors vers lui, cette dernière approcha alors un doigt sous son nez, faussement autoritaire, sans doute pour le menacer de quelques sorts farfelus si elle recevait une lettre le concernant dès la première semaine ou quelque chose dans le genre…

Menaces qui moururent dans sa gorge lorsqu' elle croisa le regard de son fils qui avait prit une petit moue angélique, baissant la tête et levant les yeux sur elle, se ratatinant presque pour paraître plus frêle, mais peine perdu. Et lorsqu'il esquissa un demi sourire malicieux en prenant son air de cocker battu, elle éclata d'un rire clair et franc avant de se jeter dans les bras du garnement qui l'accueillit en la portant pour la faire virevolter dans les airs, tout en mêlant son rire au sien. Comme son père l'avait fait avant lui, il y avait bien bien longtemps, dans un autre monde...

Il la déposa doucement et sa mère lui passa alors la main dans les cheveux en les ébouriffant tendrement, avant de l'embrasser et de s'éclipser rapidement, histoire de ne pas arriver en retard à son nouveau travail.

## FIN DU FLASHBACK##

« ….

Le trajet en train s'est super bien passé, comme toujours, j'ai pu retrouver mes amies et nous nous sommes conté nos étés respectifs. Elisabeth était en France avec sa sœur, à Paris, voir la Tour Eiffel et tout ça en plus de rencontrer une fille de Beauxbâtons avec qui elle correspondait l'année passée.

Elle en a de la chance, moi aussi j'aurais aimé revoir toutes mes amies de Beauxbâtons, d'ailleurs il faudrait que je réécrive à Johanna, ça fait un moment que je n'ai plus reçu de hiboux de sa part…

Comme d'hab' Taegan a encore joué son Super-Grand-Frère aujourd'hui dans le train, et un peu plus tôt avant la cérémonie. Je sais bien qu'il souhaite juste me protéger du monde entier mais quand même, je suis assez grande maintenant ! Bon, c'est vrai que c'est pratique de l'avoir avec soi dans les couloirs, comme toute à l'heure avec tous les Serpentard qui trainaient ! Mais même les Serpy peuvent parfois être sympathique avec moi. Enfin... Lorsqu'ils ne se moquent ni de mes fringues ni de ma maladresse ni de Taegan à travers moi. Mouais pas souvent en fait. Pourtant je ne les déteste pas ni ne leur porte de jugement trop hâtif sur leur extraordinaire capacité à être de parfaits crétins et hypocrites ! Heureusement que je suis bonne en sortilèges et que j'en ai toujours un ou deux sous la manche pour leur montrer que je suis loin d'être la pauvre petite fille impressionnable et maladroite qu'ils pensent voir en moi !

Quoi qu'il en soit, mon fidèle garde du corps Jenkins et moi-même avons rapidement rejoins notre table aux couleurs de Godric Gryffondor pour assister à la cérémonie. Et tu ne vas jamais me croire, Journal ! Parmi les nouveaux, il y en avait un qui n'était même pas en première année ! Un garçon aux cheveux violets –surement un sortilège capillaire- qui doit être en 5 ou 6e année ! Pas tous les jours que ce genre truc arrive… Et puis je dois avouer qu'il m'avait sommes toutes l'air plutôt mignon. M'enfin, il est allez chez les Serpentards, dommage, Gryffondor aurait été plus intéressant. Là, si jamais je veux discuter avec lui pour lui poser toutes mes questions, Taegan va me tuer, après avoir arrangé le portrait du nouveau bien sur... et pour le coup ce serait vraiment dommage !!

Il est un peu lourd parfois dans son rôle de mère-poule quand même.

Rends-toi compte, Journal, que je ne peux même pas avoir de petit ami tranquillement ! Comme je te l'ai déjà dit, il fait le vide autour de moi en foutant la trouille au plus grand nombre et dès que je commence à fricoter avec l'un des rares survivants, il le passe au crible ! Et le pire dans tout cela c'est qu'il n'a pas souvent tord lorsqu'il déclare untel ou untel autre vouloir sortir avec moi pour de mauvaises raisons...

Bon, je vais te laisser là pour ce soir, cher Journal, il faut que je sois fraîche pour la première journée de cours, on a les BUSES à passer cette année ! Et je n'aurais jamais trop d'énergie pour forcer mon imbécile de grand frère à réviser avec moi à la bibliothèque…

»