J’ai envie de toi.
J’ai envie de tes bras autour de moi. J’ai envie de t’entendre me murmurer que tu m’aimes, sans cesse, sans raison. J’ai envie de me blottir contre toi, d’imaginer que rien ne m’arrivera, jamais, que tu me protégeras toujours.
J’ai envie de ton corps contre le mien, la nuit, pour m’offrir cette chaleur que je n'ai jamais possédée. J’ai envie de tes mains sur moi, de tes lèvres découvrant les miennes, du poids de ton corps sur le mien. J’ai envie de faire l’amour avec toi, encore et encore, de perdre pieds et de t’aimer.
J’ai envie de sentir ta main dans la mienne, de voir nos ombres se confondre sous le soleil. J’ai envie de me dire qu’à chaque instant, jour et nuit, qu’à chaque minute, chaque seconde, tu penses à moi, tu rêves de moi, tu as envie de moi. J’ai envie de me mentir, de croire en toi... En nous. Même si c’est abscons. Même si c’est ridicule. Même si c’est impossible…
J’ai envie de toi. Juste de toi.
Dommage, tu ne veux pas de moi. Dommage, j’aurai toujours froid. Toujours l’impression de mourir tout doucement.
Je suis vide. Je ne suis qu’ombres. Il fait si sombre…
Si seulement tu m’aimais, Draco. Si seulement…
Je déchire ce semblant de lettre, ce pâle reflet de mes pensées… Ce parchemin sur lequel mon âme s’est dévoilée. Je t’aime. A en crever. Et toi, tu m’ignores. Je sais que si je t’envoyais cette lettre, tu la parcourrais. Une lettre du célèbre Harry Potter, même toi, tu la lirais… N’est ce pas ? Tu la lirais, laisse-moi y croire. L’espoir me fait vivre… Tu es mon espoir, tu le seras une fois de plus. Une fois de trop, peut-être… Peu m’importe, ce que tu ignores ne peut te nuire. Alors tu lirais ces mots. Tu n’as pas le choix, c’est moi qui décide, pour une fois. Tu n’es même pas là… Tu lirais ma lettre… et puis tu sourirais. Peut-être. J’aimerais que ce soit de joie. Mais ce serait ce sourire haïssable qui se dessinerait sur tes lèvres si douces. Enfin, que j'imagine douces, car elles me sont interdites... Ironie et froideur, indifférence et faux semblants. Ce n’est pas toi, je le sais. Ce n’est que ton personnage. Ton rôle. S’il te plait, dis-moi que ce n’est pas toi… Dis-moi que celui que j’aime existe, derrière ton masque hautain… S’il te plait… S’il te plait… Je suis pitoyable. Tu serais face à moi, là, tout de suite, je sais que tu m’observerais avec dégoût, avec mépris. Oui, mais tu n’es pas là. Et je me meurs, sans toi.
Dis, Draco, que ferais-tu de ma lettre, ensuite ? Tu ne peux pas me faire du mal, tu sais, on ne fait du mal qu’aux vivants. Et moi, je ne vis plus, depuis longtemps. Depuis que je n’existe plus pour toi, je n’existe plus tout court. Tu as réussi, finalement. Je ne suis plus le Survivant. Je survis, mais sans majuscules. Ma vie n’est que minuscules… Je ne suis presque plus rien. Rien de plus qu’une ombre. Aussi léger, aussi fragile, aussi éphémère…Perdu dans un noir sans fond. J'ai essayé de m'en sortir, vraiment... Mais je n'ai plus la force de faire semblant. Alors je tombe. Encore et encore. Et je ne touche toujours pas le fond. Jusqu'à quel point peut-on tomber amoureux, dis ? Tu pourrais me faire revivre, tu sais… Si tu le voulais. Si tu me voulais. Mais voilà, tu t’en fous. Tu me souhaitais mort, tu vas être servi. Un Malfoy obtient toujours ce qu’il veut, non ? On peut mourir d’amour, Draco, et je te le prouverai. La mort n’est qu’une suite, à ce qu’il paraît… Je vais faire semblant de croire en ce mensonge. Peut-être m’y aimeras-tu, dans cette suite. Ou peut-être pas. Peu m’importe, je veux juste que cela cesse. Je voudrais tant que cela cesse… Mais cela ne cessera pas. Je vais déchirer cette lettre, comme les précédentes. Et puis je vais en écrire une autre. Une de plus. Je vais continuer à faire semblant, à jouer à vivre. Pour eux. Pour ceux qui m’aiment. Pour tous les autres. Et puis, peut-être, au fond, pour toi. Pour celui que tu es dans mes rêves. Mais mes rêves ne comptent pas. Mes rêves, ils se brisent et s’effacent, ils deviennent des cauchemars. Un cauchemar. Ma vie est un mauvais rêve, et je ne me réveille pas… Tu sais, si tu m’aimais, je ne ferais plus semblant. Tu sais, si je me taisais, je me sentirais moins con. Tu sais, si je ne t’aimais, le monde deviendrait plus beau… Mais voilà, tu ne m’aimes pas, je t’aime, et le sol est couvert de lambeaux de feuilles, comme autant de grains de poussière. Les restes de mes plus beaux rêves. Les prémices de mes cauchemars. Si tu savais comment tu es, dans ces rêves. Si tu savais…
Aujourd’hui, j’ai mal. J’ai froid. Tu n’es pas là et je n’en peux plus. Je ne sais même plus faire semblant, Draco. A quoi bon… A quoi bon laisser passer les heures, les jours, les mois et les années ? Sans toi, je ne les verrai pas, elles ne compteront pas. Je ne verrai que ce brouillard glacial, opaque, sans début ni fin, qui m’éloigne de tout. De toi. Je vais tout t’envoyer. Toutes ces lettres que je t’écris depuis des années… J’ai des mornilles à gaspiller... Pourquoi pas en papier ? Il faut bien que Survivre ait des points positifs, non ? Je ne te reverrai pas, je ne serai plus là. Je vais partir, loin, si loin… Tu n’entendras plus parler de moi. Tu pourras m’oublier. Si ce n’est déjà fait… Adieu, Draco. Pense à moi, parfois. Moi je ne t’oublierai pas. Adieu. Je t’aime. A Dieu… Ou à jamais.
Harry Potter. |