Disclaimer : Les personnages m'appartiennent.
Note: Pour Grenadine.
Merci à Soizic.
A ton étoile - Noir Désir.
Il avance, depuis quelques heures déjà. Il monte par le chemin caillouteux, s'éfforce de mettre un pied devant l'autre. S'il tombe il est perdu, fini. Mais il connait, il connait chaque trou, chaque racine, chaque arbre, tout. Absolument tout. Il y est venu, souvent, avec lui. Il se mord les lèvres. Non, non, pas encore, avance. Il se sent lourd, ça cogne dans sa tête, il y voit flou. Mais qu'importe, il le faut. Encore une fois, une dernière fois. Pour lui, pour eux, pour vous, pour tout, pour prouver et aimer encore. Montrer que c'est indestructible. Qu'ils sont scellés, soudés, que rien ni personne ne pourra, que c'est comme ça. Point. Il met une main sur son coeur, le laisse aller, lui intime de se calmer. Comme s'ils étaient deux, comme si le sien avait pris place dans sa poitrine. Il respire, sourit. C'est bien, il le sait, il le sent, c'est ça. Dernier virage, il laisse ses doigts caresser le grand chêne. Il s'avance timidement, regarde autour de lui, observe et s'imprègne. Encore, toujours. L'herbe folle, les arbres protecteurs, les fleurs et les oiseaux. Les cailloux, la falaise, la plaque et l'air empli d'amour trop fort. Il s'assoit au fond, en face, là ou le sol est creusé de trop les avoir accueillit. Il caresse la place à côté de lui, peut encore sentir son odeur et la douceur de sa peau. Il ne dit rien, retient, se contente de profiter. Il enroule ses genoux de ses bras, ferme les yeux. Il essaye de ne pas réfléchir, de juste se repasser les images en boucle. Lui, son corps, ses yeux, son rire et son caractère. Son amour, sa tendresse, sa timidité et sa pudeur. Qui lui a tout donné, le plus beau des cadeaux, ses grands yeux cachés par ses cheveux, ses joues rosies et ses doigts crispés. Son sourire qui a autorisé, ses gémissements qui ont remercié, son murmure qui a aimé. L'a rendu fou, a créé un lien en fer forgé entre leur deux coeurs. Encore plus fort que leur gémellité. Stop, pas plus, pas plus. Tu vas craquer sinon, et ce sera foutu t'entends? Foutu. Il lève la tête, ouvre les yeux. Les grandes tresses qui parcourent son crâne dansent dans son dos. Il la regarde. Point brillant parmi des milliers d'autres. Le plus brillant de tous. Si, si, fermez-la. Il la regarde, son étoile, ne peut plus détacher ses yeux. Il inspire, longuement. Il la regarde, s'en imprègne. Lève la main vers elle, pourrait la toucher si ses rêves l'emportaient un peu plus loin. Le vent s'enroule entre ses doigts, joue autour d'eux. Il les regarde, comme si, s'imagine que, et aime. Il se racle la gorge. Ose un timide « bonjour » à peine audible. Le vent souffle, plus fort, comme une réponse secrète. Il sourit. Il est chez lui, dans leur monde, ici, sur leur falaise, sous son étoile, sous lui, diffusant et se shootant à l'amour. Même si. Mais plus pour longtemps, non.
Sous la lumière en plein Et dans l'ombre en silence Si tu cherches un abris Inaccessible Dis toi qu'il n'est pas loin et qu'on y brille
Sans la quitter des yeux, il fouille dans son sac et en sort une bouteille. Mélange fort et délicieux, le leur, encore un interdit. La porte à ses lèvres après l'avoir levé vers le ciel. A lui, son frère, son amour. A lui, là haut. A bientôt, mon ange.
A ton étoile
Il repense, repense à eux. Au début, aux peurs, à comment et pourquoi. Aux cris, aux larmes, puis à la compréhension. Qu'ils devaient se laisser aller, parce que c'était comme ça, passionnel, fusionnel, de l'amour à l'état pur. Il repense à lui, son petit frère, son jumeau, son Alex protégé. Il repense à la période où tout allait bien. Quand ils se sont dit oui pour la vie, entre eux, qu'ils se sont aimé, ici, et qu'ils se sont promis. Quand ils ont décidé de passer outre les autres. Les interdictions. Le dégout. Non, on s'en fout, mon ange, aime moi, s'il te plait. Je t'aime, je t'aime, regarde, sent. Il repense à après, quand il fallait sauver les apparences et dire que, ben non, on est jumeaux. Tromper les autres pour se sauver. Pour pouvoir aimer. Il repense à quand ils en riaient, parce qu'eux seuls savaient, et qu'au début c'était intense et bon. Et puis, ses sourcils se froncent. Il repense à quand tout est devenu trop dur parce qu'ils ont été découverts. A Alex qui a reçu comme une pierre en plein coeur. A leur mère qui promet de ne rien dire mais qui ne leur parlera plus. Jamais. Juste parce que l'amour, bordel! Mais non, c'est comme ça. Il ne l'a pas supporté.Alors il est parti. Loin. Pour toujours. Il a laissé un mot, à bientôt, je ne t'abandonne pas, comprend juste, tu sais, hein, tu sais comme je t'aime. Il a pardonné, oui. Il a été ravagé, bien sûr. Il en a voulu, a frappé, a pleuré, a maigri et a réfléchi. Maintenant il sait. Leur mère n'a rien dit, s'est éfforcée de tout cacher. Vas-y, vas-y. Moi je sais, et tu ne peux rien y faire.
Petite soeur de mes nuits Ca m'a manqué tout ça Quand tu sauvais la face A bien d'autre que moi Sache que je n'oublie jamais rien qu'on efface
Le liquide glisse dans sa gorge serrée. Il la regarde, lui envoie un baiser mouillé.
A ton étoile
Il regarde au loin, l'eau derrière la falaise. Le soleil a fini de disparaître mais une traînée rouge se refuse à plonger. Il rit. Oui, oui, comme toi. Il s'est battu, l'a aimé malgré tout, malgré la colère. Il l'a aimé parce qu'il n'y peut rien. Il l'a aimé parce que lui l'aime, là haut. Il le sait. Devant les yeux humides, les questions et la famille, à l'enterrement. Il a aimé, a respecté. Les a protégé et s'est tu. Ils n'ont pas à savoir. Ils l'ont tué, tué, tué. Il ne peut rien faire d'autre, juste l'aimer, encore, toujours, fort, plus fort. Pour toujours, pour la vie et même plus. Mais dans leur dos, il les plaint. Parce qu'ils n'aiment pas vraiment, eux, ils sont vides et creux, il ne savent pas. Il rit d'eux comme avant, emmerde et avance. Aime, c'est tout.
Toujours à l'horizon Des soleils qui s'inclinent Comme on a pas le choix il nous reste le coeur Tu peux cracher même rire, et tu le dois
Sa tête tourne. Le liquide coule et brûle, la bouteille à moitié vide. Il ose un « je t'aime » et les larmes se mettent à couler.
A ton étoile
Il se lève, repense à eux. Repense à leurs moments, à leur amour, à eux et à rien d'autre. Il avance. Il repense à leurs projets, à leurs discussions sans fin, à leur imagination débordante et à leurs rires grands et constants. Il boit encore, sent le moment, sourit.
A la joie A la beauté des rêves
Il repense à quand il l'a appris, son écroulement, son hurlement et son coeur qui s'est déchiré. Il repense, encore. Il lui manque, tellement, tellement. Il lève la bouteille. Les larmes innondent son visage. Il lui manque, à en crever, oh oui! Il repense à son ventre qui s'est tordu, à son coeur qui a explosé, à son sourire qui a disparu, qu'il lui réservait. A ses je t'aime emportés par le vent, qui tourbillonaient et se perdaient entre eux. À ses yeux rougis, à son coeur qui veut encore. A sa décision. Croire en eux, croire en lui. Le liquide glisse et ses jambes avancent toutes seules.
A la mélancolie A l'espoir qui nous tient
Des petits cailloux tombent et dévalent la falaise. Il porte une main à son coeur. Il le sent battre, pour lui, juste pour lui. Pour eux, leur amour. Leur amour indestructible, toujours si fort, toujours présent. Il vide la bouteille. Murmure. Pour toujours mon amour, c'est tellement vrai, tellement simple, pour toujours, dans mon coeur, dans ma peau, dans ma tête. Pour toujours, aime moi, je t'aime, pour toujours.
A la santé du feu Et de la flamme
Il lâche la bouteille. Regarde l'étoile, le regarde. Encore une fois. Lève les mains vers elle. Je t'aime, je t'aime, je t'aime. Se penche en avant. Se laisse tomber. Le rejoint, scelle leur amour une dernière fois. Au delà de tout.
A ton étoile.
A mon étoile, mon petit frère. Là haut qui m'attend. A jamais gravé dans ma peau. |