Bonjour à tous !
Voici une nouvelle fiction un peu bizarre (comme d'habitude, quoi). J'espère qu'elle vous plaira ^^
Merci à tous ceux qui sont si gentils avec moi et qui me rendent plus forte.
STOP.
Le noir.
Le silence.
Intense et infini.
Si j’ouvre un peu les yeux, si j’écarte légèrement les doigts de mes oreilles, la lumière aveuglante et le bruit assourdissant m’assaillent. Ils me blessent, innombrables petites entailles superficielles. Et si ce n’est pas mon sang qui coule, c’est un peu de ma raison. Elle laisse un vide derrière elle, et je sais que la folie le comblera…
Si je ne dis pas STOP à la vie, elle est trop forte pour moi.
On m’a dit que ce n’était pas normal. On m’a répété qu’il ne fallait pas se boucher les oreilles sans arrêt. On m’a crié STOP. On m’a ouvert les yeux de force. On m’a obligé à entendre…
Mais je ne peux pas arrêter. Parce que si je ne STOP pas, je vais tomber.
« La patiente semble croire qu’elle a une hypersensibilité à la lumière et au bruit. Fréquemment, elle se bouche les oreilles et ferme les yeux. Elle est alors absente et apathique. Il est parfois nécessaire de recourir à la force pour la sortir de cet état léthargique. »
Au début, c’était juste une envie, un désir.
Quand je trouvais la rue trop bruyante, la foule trop nombreuse, le vacarme trop présent, je posais mes paumes sur mes oreilles. Ainsi, le calme apparaissait. Je pouvais remodeler ce que je voyais à ma façon. Tout semblait moins violent quand on ne l’entendait pas. Je pouvais imaginer les paroles des autres, ignorer les cris et les pleurs et emplir le monde d’amour, de joie, de paix et d’harmonie. Je recréais un monde selon mes envies, selon mon humeur. Personne n’était méchant, personne ne m’ignorait, personne ne criait.
Le monde n’était qu’un silence absolu.
« La patiente refuse tout aide pour la soulager de sa « douleur » qui est totalement fictive. Elle semble se complaire dans son état, tout en ne le supportant pas. »
Un jour où le soleil était trop fort, où le capot des voitures étincelantes me brûlait les rétines, je me suis arrêtée et j’ai fermé les yeux. C’était magique. Sous mes paupières translucides et rouges, je percevais la lumière du soleil. Je distinguais les minuscules veines qui palpitaient rapidement sous ma peau et les ombres de mon esprit.
Tout autour de moi, la rue n’était que bruits insolites et silences ambigus. Le vrombissement d’une voiture me semblait celui d’un avion ; le froissement d ‘aile d’un pigeon était le bruissement des plumes d’ange ; les voix criardes des passants, un chant céleste.
Sans la vue, je ne pouvais que deviner ce qui se passait près de moi, que supposer les situations et imaginer tout autre chose.
Le monde n’était qu’une obscurité sans fin.
« La patiente ne semble pas reconnaître sa famille ou les membres de son entourage. Son détachement de la réalité est quasi-total, et elle confond la vie réelle et la fiction. Il lui arrive régulièrement de parler de fées ou autre créature fantastique. »
Si je le pouvais, je deviendrais sourde. Ou aveugle. Ou les deux.
Ainsi je n’aurais plus à supporter la clarté insoutenable et le bruit omniprésent de la vie. Je vivrais paisiblement, sans jamais entendre ni ne voir personne. Même s’ils voudront me dire des choses que je ne veux pas savoir, me montrer ce que je ne veux pas voir, ils ne le pourront pas. Je n’aurais plus besoin de me boucher les oreilles pour me cacher. Ils s’épuiseront en vain. Et aucun d’eux ne pourra jamais me faire du mal. Puisqu’ils n’existeront pas.
Ils seront des ombres errantes, des esprits fantômes et ils ne m’atteindront jamais.
La surdité et la cécité seront mes boucliers.
« Aujourd’hui, l’infirmier de garde a surpris la patiente avec un couteau en main et l’œil en sang. Elle aurait essayé de se percer les yeux. Après lui avoir administré ses calmants, nous lui avons demandé les raisons de son acte. Elle nous a dit qu’elle avait voulu « devenir aveugle ». »
Au début, c’était juste une envie, un désir.
Puis c’est devenu un besoin.
Voilà, merci beaucoup d'avoir lu. ^^
Taion
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