Pour ceux qui n'auraient pas compris, (je sais que je suis assez brouillon) le narrateur écrit progressivement son histoire. Il le fait au gré de ses souvenirs et parle donc successivement du passé, du présent et du futur des « évènements actuels ».
Résumé qui résume (pour changer) mais qui n'explique pas (parce que je ne sais pas le faire) : Regulus sauve Fabian d'une attaque de mangemorts durant laquelle son frère jumeau, Gidéon, est tué. Un marché est conclu : Fabian vivra mais devra - un jour - honorer sa dette. Il est envoyé provisoirement chez la principale complice de Regulus : Lysandra.
Prélude n°4 : Avant le jeu (Prae Ludo).
Alors que j'étais perdu dans ces considérations esthétiques, il m'annonce :
« Tu pars ce soir. Ta nouvelle vie va commencer. »
De but en blanc.
Il me dit ça et j'aurais du en être heureux, mais pour moi, partir, c'était surtout quitter Lys et Phil, ne pas pouvoir tenir leur futur enfant dans mes bras.
Il a du sentir ma peine à ce moment là, parce qu'il ajoute :
« Tu ne pourra pas revenir… »
Mes yeux se ferment alors.
« Mais j'ai pris des dispositions pour qu'on puisse toujours te rendre visite. Nous avons de précieux alliés dans le Bureau des Transports Magiques et la création de portoloins ne sera pas surveillée lorsqu'un déplacement sera fait jusqu'au lieu où je vais te conduire. »
Je lui souris, m'approche et le prend dans mes bras. Je lui murmure un « merci » au creux de l'oreille. Je l'ai surpris apparemment. Le fait qu'il tente de me faire croire qu'il fait ça pour lui, que ça lui sera utile plus tard et qu'il ne fait jamais rien sans intérêt ne fait qu'agrandir mon sourire. Il est tout juste adulte et tente de paraître Grand. Mais moi je les vois ses faiblesses et je me promets à cet instant de faire autant pour lui qu'il a fait pour moi, même si cela doit prendre toute ma vie.
Je ne regrette pas de m'être fait cette promesse il y a presque 20 ans. Il a disparu depuis. Aucune trace de lui, pas une lettre, pas plus de visite, mais il m'a assuré qu'il reviendrait.
Et je l'attends.
Mais nous n'en sommes pas encore là dans le récit.
Nous en sommes au moment précédant mon départ précipité.
Après notre petite discussion, il s'en est allé. La fin de la journée est passé et alors que le soleil se préparait à se coucher - le ciel rougissait légèrement sur l'horizon – il est revenu, apparaissant dans le salon alors que je discutais avec Phil et Lys autour d'un thé.
La première chose que j'ai vu c'est le noir de sa robe - il était de dos – puis, lorsqu'il a tourné la tête, le blanc de son masque et de ses mains pâles. Ce n'est que lorsqu'il a commencé à s'approcher que j'ai vu le rouge. Du sang, par terre, sur ses paumes qu'il avait jusque là tenu fermées et aussi sur la fille à ses côtés, quelques goutes sur son visage et beaucoup plus sur sa robe bleue.
A peine a-t-il fait un pas qu'elle se jette sur Regulus, le frappant, le mordant, jusqu'à ce que Phil et moi arrivions à la maîtriser, jusqu'à ce que Lysandra crie avec joie :
« Je suis si heureuse que tu sois en vie ! » avec un air plus halluciné que d'habitude.
Puis elle lui fait un baiser sonore sur chaque joue, ce qui a le mérite de la calmer, la fille. Regulus s'approche de moi, prend ma main et y dépose un objet, je tente de savoir ce que c'est quand je le vois tirer la jeune femme par le bras.
Il la tire par le bras et lui met la main dans la mienne.
« Je n'ai pas le temps de tout t'expliquer. Prend juste soin d'elle. »
Et je disparais au loin, mais je ne suis pas seul cette fois-ci. Je suis avec elle.
Comme il me l'a demandé, je prend soin d'elle depuis presque 20 ans. A moins que ce ne soit elle qui ait pris soin de moi ? Au fond je n'en sais rien et je ne veux pas savoir.
Ce que toute cette histoire m'aura appris, c'est suivre le courant, ne pas poser de question, juste vivre, être heureux, qu'on ne gagne rien à être curieux, que des emmerdes, des emmerdes et encore des emmerdes. Je vais vous les décrire, mes emmerdes. Vous me devez bien ça, cher lecteur, je vous ai montré mes souvenirs, parmi les plus intimes et vous vous en êtes sinon divertis du moins imprégnés de mes souvenirs.
Et même s'il n'y a pas de lecteur juste un journal qui finira brûlé ou existant seulement dans ma tête, je ne veux pas renoncer à cet équilibre : ce qui a donné doit être repris. Peu importent la forme et le moyen.
Mais je me perds. Et je m'égare.
Je vais vous parler de celle que j'aime, cette fille au visage constellé de taches de sang et à la robe bleue. Je vais vous parler de cette fille qui est devenue femme, ma femme et avec qui j'ai partagé ma vie et qui a partagé sa vie avec moi alors que nous étions déjà morts tous les deux.
Le chapitre suivant est presque prêt. Ce sera - si tout se passe comme prévu - le dernier des « Préludes ».
Et pour ceux qui n'auraient pas compris, le narrateur écrit progressivement son histoire. Il le fait au gré de ses souvenirs et parle donc successivement du passé, du présent et du futur des « évènements actuels ».
A bientôt ! |