Chapitre 2 : Une histoire de pari
Oui, brave chien ! Continue comme ça, dévore-le, déchire-le, déchiquète-le, détruis-le, tue-le ! Ah, y a la mère qui arrive ! Attaque, le chien ! Attaque ! C’est exactement à ça que tu sers, dans ce film ! A massacrer, sans pitié ! Je suis aux anges…
[…]
« Dan, t’as encore perdu ! T’es nul à ce jeu, sérieux ! Tu tiens tant que ça à avoir des gages ? »
Un grand groupe d’amis se rassemblait la plupart du temps, le week-end,autour d’une table se trouvant chez l’un d’entre eux. Ici, ils se divertissaient en inventant les jeux les plus invraisemblables et quelquefois même, les plus périlleux… De la simple moquerie envers le perdant, aux inlassables coups de poing s’éparpillant sur tous les visages en cas de ce que certains considéraient comme une tricherie, il s’avérait très risqué d’agir comme on l’entendait en cette brutale compagnie. Même Dan, celui à l’excentrique personnalité, avait parfois du mal à se faire imposer et à maitriser la situation. Ce dernier venait justement de représenter le dernier des derniers à la fin d’une partie.
« Oh, je déteste pas les gages, vous savez. Suffit d’avoir du cran, et surtout du culot ! Avec ça, j’suis toujours sûr de réussir !,confia le concerné, toujours avec sa pointe excessive de prétention.
- Bon ben…dans ce cas, retourne chez la zombie, ça devrait pas te poser de problèmes ! »
Le visé frissonna, le temps d’avaler ce que lui ordonnait un de ses camarades. Il ne put s’empêcher d’introduire dans son esprit cette fameuse scène qui s’était déroulée la veille. Là où un garçon, qu’il supposait n’avoir jamais rencontré auparavant, tentait de le persuader d’arrêter son harcèlement envers Nina. Seulement, le concerné n’avait jamais de sa vie prêté attention à une existence qu’il prétendait hors de sa portée, complètement inutile. L’exception, pour lui, était ce pari. Pari dont il aurait certainement été préférable de ne pas avoir lieu. Cela lui aurait permis d’éviter ce coup si débordant de colère qu’il avait reçu, sur ce qu’il jugeait comme étant un si beau visage.
Dan ne fut pas en mesure de s’égarer dans ses pensées plus longtemps ; ses copains commençaient à s’impatienter. Leur assurant alors qu’il allait, sans perdre une minute de plus, se rendre vers la demeure de la morte-vivante, le blond cendré se hâta vers sa destination prédite. Plus tard, arrivé tout juste devant la porte d’entrée de l’intéressée, il scruta d’abord les environs, afin de s’informer que personne faisant partie de ses connaissances, ne s’y promenait. Puis, il se lança.
« DRING ! »
Nina sursauta. Elle s’avérait si concentrée sur l’intrigue d’un de ses interminables programmes sanglants, que la crise cardiaque faillit se révéler au rendez-vous. Elle inspira, expira, tenta de dénicher un quelconque moyen de se détendre et d’oublier ainsi cette perturbation passagère. Sauf que ce trouble ne semblait pas aussi temporaire qu’elle le croyait…
« Ho ! Ouvre ! Dépêche-toi ! »,demanda Dan d’une manière très peu polie, et surtout, très peu appréciable.
La jeune femme en queue de cheval, assise en tailleur sur la moquette et accoudée sur ses jambes, reconnut automatiquement cette voix. Comme le jour d’avant, elle fit mine de l’ignorer, se moquant éperdument de comment pouvait réagir le concerné, si elle décidait de ne pas assouvir son désir. Elle s’esclaffa, lorsqu’elle s’imagina subitement la position du garçon, attendant désespérément qu’on lui donne le droit de pénétrer dans l’habitat. Elle eut alors un ironique sentiment de compassion envers lui.
Le surfeur dévoila sa progressive irritation, à l’aide de tambourinements successifs, provoqués par ses baskets, contre la terre. Il aurait largement préféré se préoccuper de sa passion que symbolisaient la natation et sa planche. Il ne cessait de garder les sourcils méchamment froncés. Entendre parfaitement les éclats de rire de Nina l’insupportait. Du mépris. Oui, cela ne pouvait être que du mépris, qui s’incrustait en lui. La honte le rongea de l’intérieur, jusqu’à le consumer. Ne paraissant donc pas en mesure de dompter sa haine, il se vit contraint de menacer la morte-vivante.
« Tu veux jouer à ce jeu-là ? Ok ! Mais je te préviens, j’y ai jamais perdu.
- Mais oui, mais oui, c’est ça. Va voir un psy. ,répliqua, accompagnant ces paroles d’un long bâillement, celle qui vénérait les films d’horreur. Elle avait, à vrai dire, du mal à contenir son envie de l’envoyer balader.
- Un psy, un psy… C’est toi qui en a sérieusement besoin, avec les journées que tu passes dans ce trou ! J’suis plus effrayant que tu le crois, sale zombie de mes deux !
- T’as peur de perdre ton pari, je comprends, tu sais…C’est très dur d’assumer sa défaite…
- Tais-toi ! A trois, si tu lèves pas tout de suite tes fesses, et si tu viens pas tout de suite m’ouvrir, je te jure que la porte, j’la défonce, et toi avec ! »
L’adulte enfermée hoqueta suite à la brusque énonciation de ces mots. Elle ne savait pas du tout à quoi ressemblait le concerné, cependant elle se créa facilement un aperçu à l’aide de ces dangereux propos. Elle se montra méfiante. S’il usait véritablement de la violence pour parvenir à ses fins, la vie paisible que menait Nina en compagnie de sa télévision aurait de sérieuses difficultés à préserver cette tranquillité… Pour l’instant, elle resta de marbre, surveillant les intentions de Dan. Celui-ci rejeta sèchement la patience, pour finalement faire le décompte.
« Un…Prépare-toi, sale garce…Deux…Dépêche-toi, là ! Deux et demi… »
Elle n’eut le temps que d’avaler craintivement sa salive. L’instant d’après fut rythmé par l’arrivée brutale du blond cendré, définitivement déterminé à tenir sa promesse. Celle de réussir son gage, afin d’impressionner ses camarades, mais surtout, de les remettre momentanément à leur place. Et pour obtenir ce résultat, il ne devait absolument pas effectuer machine arrière. Car après tout, il se rapprochait très rapidement de son objectif… La jeune femme en queue de cheval écarquilla son regard, lorsque la silhouette du garçon méprisable apparut instantanément sous ses yeux.
« Alors, surprise ? Ca t’apprendra à me saouler quand j’suis pas d’humeur ! T’inquiète, j’ai peut-être défoncé la porte, mais j’vais pas te frapper, t’as eu peur ?
- Va…Va tout de suite appeler un réparateur. Vite, avant que je ne pète un câble. Et bien sûr, tu payes les frais, hein.
- …Pardon ? »
Ebahi par la réaction morne de l’intéressée, Dan resta figé, bouche bée. Peu après quelques secondes d’inspection, il fut également abasourdi vis-à-vis de la beauté anormale de son visage. Malgré sa peau effroyablement pâle, il percevait une certaine innocence, une certaine sensibilité. Malgré sa longue frange, il arrivait sans problème à observer au travers de cette dernière et à surprendre ainsi son regard vert, telle une large forêt. Mais dans ces yeux avait l’air de se dissimuler une profonde mélancolie… Peut-être ne s’agissait-il que d’une hallucination. Tout du moins, il l’espérait.
Il se ressaisit. Il ne devait surtout pas sympathiser avec une adulte de cette étrange et repoussante nature. Non seulement sa réputation serait ternie à cause de vilaines rumeurs qu’auraient faites circuler ses propres amis, mais de plus, s’il fréquentait quelqu’un comme elle, cela ne se révélant pas son genre d’occupations, il ne se reconnaitrait plus… Il se força à sembler indifférent vis-à-vis elle. Et puis, suite à une réflexion selon lui plutôt convaincante, il se dit qu’il y avait très peu d’intérêt à s’intéresser à elle, et qu’elle ne s’avérait pas du tout attirante, dans tous les sens de ce terme. Un sourire se fit indiscrètement remarquer à cette pensée, qu’il jugeait rassurante par rapport à sa véritable personnalité.
« Bon. Tu l’appelles, ce réparateur ? A moins que tu ne veuilles que je porte plainte pour harcèlement sexuel. Comme tu veux.
- Harcèlement sexuel…C’est très recherché, mais non, laisse tomber, ma vieille ! Tu crois sérieusement que je me démènerais autant pour quelqu’un comme toi ?,répondit le visé, d’un air douteusement malicieux, tel le visage d’un enfant intelligent.
- Ben…T’as bien défoncé ma porte. Pour que tu souhaites absolument voir mon visage, ça doit sûrement être pour une raison de ce genre, non ?
- Mais ouais, mais ouais…C’est beau de rêver, mais j’préfère être seul plutôt que me retrouver avec une timbrée qui passe ses journées et ses nuits devant sa télé ! Va l’appeler toi-même, ton réparateur. Au moins, moi, j’aurais réussi mon pari, hein… »
Et il s’en alla, sans se retourner, sans donner d’excuses. Nina vitupéra, critiquant son intempestive naïveté. Plus l’écart entre elle et Dan se creusait, plus la crainte se formait en elle. La crainte que l’on découvre son secret, son identité. La crainte que l’on se moque d’elle, que l’on ne respecte pas son mode de vie. La crainte de se noyer dans une spirale infinie… Avant même qu’elle ne s’en rende compte, d’énergiques battements faisaient subir une intense douleur à sa poitrine. Pourquoi personne n’acceptait son enfermement, son isolement ? Pourquoi tout le monde souhaitait à tout prix la mettre dans l’embarras comme le blond cendré, de cette détestable façon ? Des maux de tête firent tomber à genoux la jeune femme, troublée par la posture dans laquelle elle venait à peine de se trouver.
A présent, elle n’avait plus le choix. Faire face aux imposants rayons de soleil s’avérait quasiment obligatoire. L’extérieur. Deux années qu’elle n’avait pas franchi un pas, un seul pas, un unique pas, dedans. Elle rejetait néanmoins le sentiment de nostalgie à l’égard de cet « autre monde ». Il se révélait hors de question pour elle de faire entrer au moins un souvenir à ce sujet dans son âme. Pour une raison qu’elle n’avait pas non plus envie de se remémorer. Un long soupir passa le seuil de ses lèvres. Dehors.
[…]
Munie d’un décolleté savamment mis en valeur, d’un short en jean troué, et d’espadrilles à talons noires, Megan ensorcelait tous les hommes qu’elle croisait lors de sa virée en ville. Elle faisait vivement tournoyer son petit sac à main, tout en s’extasiant devant les bijouteries et diverses boutiques de vêtements. Ses yeux remplis d’un sombre bleu illuminaient suffisamment la gente masculine pour que l’idée d’infidélité à leur femme ou amante leur effleure l’esprit. Certains pouvaient presque qualifier la jeune adulte aux cheveux acajou comme une machiavélique magicienne, capable de manipuler les sentiments de ses victimes. Malheureusement, pour les nombreux individus intéressés par cette beauté, celle-ci était accompagnée d’un grand et charmant jeune homme. Brun au regard ténébreux, au teint légèrement mat. Il tenait Megan par la taille et narguait ainsi ceux qui étaient susceptibles d’aborder la concernée. Et visiblement, l’heureux élu ne paraissait pas représenter Dan…
« Comment tu peux être aussi belle…Ca peut pas être naturel, une beauté pareille ! ,demanda ironiquement le garçon, avec un sourire qui seyait parfaitement au visage de tous les séducteurs…
- Eh bien, désolée de te décevoir, Nick, mais c’est le cas ! Mais…tu préfères sans doute celles qui vivent en fonction de la chirurgie esthétique ?
- Bien sûr que non, tu me prends pour qui ? Et toi, tu traines toujours avec mon crétin de petit frère, je suppose !
- Ah, Dan ? Oh, je m’amuse simplement avec lui, c’est juste pour le fun ! Toi, tu es bien plus mature que lui…Je te l’ai déjà dit cent fois !
- J’dois prendre ça comme un compliment ?
- Comme tu veux…»,répondit Megan, tout en concluant ces propos à l’aide d’un langoureux baiser déposé sur les lèvres du visé, aux anges.
Ne cessant de flatter les compétences de Nick en matière de preuve d’amour tel que ce geste, la jeune femme prit l’initiative, quelques secondes après, de lui rendre la pareille, en mieux. Une foule de regards se révélaient centrés sur ce couple, tous jaloux de leur fougue. Les deux amoureux ne se préoccupaient pas de ces personnes, et poursuivirent donc l’acte sans se poser de questions. Lorsque le brun proposa à Megan de l’emmener chez lui, cette dernière accepta volontiers l’invitation…
[…]
Ne s’étant pas avérée en mesure de prendre l’air plus longtemps, Nina avait préféré retourner se réfugier auprès de sa télévision. Comme à son habitude. Certes, la porte d’entrée était en piteux état et n’importe qui était capable de pénétrer à l’intérieur de sa demeure. Cependant, mieux valait que ce type de situation se produise plutôt que de se faire ridiculement remarquer à l’extérieur. Cela lui semblait plus judicieux.
Jouissant à nouveau des affreuses scènes qui s’enchainaient à toute allure, la morte-vivante n’entendait pas les pas feutrés d’un certain énergumène se permettant de s’introduire dans sa maison à l’improviste… Elle ne pouvait s’arrêter de centrer son champ de vision vers l’écran. Impossible. Sauf lorsqu’elle crut ouïr des mots lui étant destinée…
« Alors hier, c’était la porte qui était ouverte, et maintenant, voilà qu’elle est défoncée ! Décidément, la chance me sourit ! Demain, ça va être quoi ? »
Nina se retourna. Cette voix ne la séduisait guère. Celle d’un petit impertinent qui se donnait, quand il voulait, le droit de pénétrer dans sa demeure en prétendant désirer lui venir en aide. Eprise d’une fureur se manifestant intérieurement comme une véritable tempête, l’adulte en queue de cheval décida d’hausser le ton afin de faire comprendre qui était la patronne dans ce lieu.
« Pars. Maintenant ! Mais qu’est-ce que vous avez tous ? C’est quoi votre problème ? Je ne vous ai jamais rien fait, jamais rien dit ! Pourquoi vous viendrez tous me déranger comme ça ? C’est un crime, que je reste tout le temps chez moi ? C’est un crime, que je ne sois pas comme les autres ?
- Attends, t’énerves p…
- Ne pas m’énerver ? Moi ? Après la visite de deux mecs comme toi et l’autre, là, qui ne se bougent que pour réussir un fichu pari, un maudit pari, tu veux que je reste calme ?
- Une minute, deux mecs ? Un pari ? Ne me dis pas que…
- Quoi ? Tu le connais, l’espèce de blond excentrique ? C’est ton copain ? Ca, c’est la meilleure ! Manquait plus que ça !
- Le salaud…Il a encore recommencé…C’est donc lui qui a mis ta porte dans cet état…Je lui avais dit de s’abstenir ! Il va le regretter, ça je le jure !
- Non, c’est toi qui va regretter d’être revenu ici…Si tu…
- C’est bon, c’est bon, je m’en vais ! Mais je vais revenir !
- NON, tu ne vas pas du tout revenir, sale manipulateur ! Allez, dégage !
- Manipulateur ? C’est méchant, ça… »
Contrait d’obéir, le jeune homme partit. Le caractère de sa protégée paraissait aussi venimeux que les pinces d’un scorpion. Si l’on s’approchait impétueusement d’elle, elle sortirait sans aucun doute ses griffes, de façon rébarbative. Ce fut pour cette raison qu’il décida que la prochaine fois serait la bonne, s’il procédait étape par étape avec elle, tout en douceur.
[…]
Le lendemain, à l’université de la ville.
Riley possédait tout d’un garçon sage, sans soucis. Ses notes correctes, son attitude très attentive en cours… Il ne portait pas de lunettes rectangulaires, ni de vêtements à l’aspect professionnel, mais par sa démarche, on était en mesure d’appréhender son intelligence, sa maturité. Ses cheveux bruns frisés, même si se focaliser sur le physique ne semblait pas une preuve très satisfaisante, accentuaient cette impression.
Il avait tout d’une personne raisonnable, appréciable. Seulement, il ne faisait que profiter des avantages qu’il pouvait tirer à l’aide de cette personnalité artificielle… Grâce à ses compétences intellectuelles, il épatait les professeurs ainsi que le directeur, et était, ainsi, facilement capable d’amadouer ces derniers, de les pousser à établir des sanctions pour certains individus. C’était pour cela qu’il avait un peu mal réagi lorsque quelqu’un le pointait du doigt, la veille, tout en le traitant de manipulateur. Néanmoins, généralement, il persuadait les enseignants par rapport à ce genre de choses pour la bonne cause… Au final, il se rangeait plus du côté des gentils que des méchants.
Apercevant un blond cendré dont il n’approuvait guère la présence, Riley eut la subite envie mettre définitivement les points sur les i. Dan, surpris par la vitesse avec laquelle le brun se dirigeait vers lui, souhaitait éviter le contact avec celui-ci. Cependant, il refusait qu’on le considère comme un poltron si jamais il essayait de prendre la poudre d’escampette. Il se força donc à ne pas faiblir face au concerné et se résigna à perdre son précieux temps avec lui.
« C’est bon ? T’es content ? T’as fait ce que t’avais à faire ?,démarra, d’un air naturellement irrité, le jeune homme doué dans toutes les matières.
- Salut. Ouais, moi ça va très bien, et toi ?
- Je prends ça pour un oui, évidemment. Dis…t’en as pas marre avec tes foutues conneries ?
- Mmh…De quoi tu parles, Einstein ?
- Arrête de détourner le sujet ! Tu sais très bien que je parle de Nina, celle dont tu prends plaisir à l’énerver !
- Nina, qui c’est, elle ? Non…me dis pas que c’est cette cinglée, quand même…Mais comment tu connais son prénom ? Elle a jamais causé à personne, cette fille ! T’es son petit ami ? Haha, allez ! Encore une belle rumeur à faire circuler !
- Je te conseille de la fermer à ce sujet, si tu veux pas que je te dénonce au principal…Même si je ne suis vraiment pas son petit ami, comme tu dis… »
Le surfeur subit de gênants tremblements à ces derniers mots. Il aimait bien plaisanter, cependant se retrouver banni de l’université à cause de cette pure rigolade ne lui plairait certainement pas. Il ne répondit pas à Riley, mais celui-ci devina qu’il se résolvait, à compter de ce moment, à se faire plus discret au niveau de ses actes. Un craintif avalement de salive se manifesta. Une fois que le brun s’éloignait - enfin - de lui, Dan tenta de se ressaisir et de faire en sorte de passer une bonne journée en compagnie ses camarades, malgré cette embarrassante confrontation. Il déambula dans les couloirs, à la recherche du détail qui serait apte à lui remonter le moral. Il se trouvait abusivement pitoyable à cet instant, au point d’en vaciller, telle une balançoire ne parvenant plus à se stopper dans son élan. Tout ce cinéma à cause d’ « elle »… Qu’est-ce qu’elle avait de si spécial pour qu’on la défende de cette façon ? S’il s’agissait uniquement de la laisser en paix afin que lui aussi obtienne la tranquillité, il le ferait bien volontiers. Mais plus on lui déconseillait de rendre visite à Nina, plus sa curiosité s’éveillait… Il donna un puissant coup de pied au mur, presque dégouté de lui-même. Il abhorrait ce sentiment. |