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30 Seconds To Heaven
Par Mello-Ed_Cobain
Originales  -  Drame  -  fr
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    Chapitre 1     1 Review    
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(J'ai écrit cet OS-song en écoutant deux chansons de 30 Seconds To Mars. La première est The Story, dont les paroles sont en italiques dans le texte sauf pour la dernière réplique "Come break me down, bury me, bury me, I am finished with you" qui est le refrain de The Kill. Je vous invite à les écouter, elles sont vraiment magnifiques.)

  

 

[30 Seconds To Heaven]

 

 

           Elle poussa la porte de sa salle de bains. L'odeur de la javel était encore présente. Elle tourna le bouton rouge et l'eau chaude commença à se déverser dans la baignoire, tandis qu'elle enleva son grand tee-shirt blanc et sa culotte.

           Nue, elle ouvrit le placard sous le lavabo et attrapa du savon et sa ‹‹ boîte magique ››. Elle la posa et versa le savon dans le jet qui remplissait sa baignoire, pour qu'il y ait plus de mousse. Elle trempa la pointe de son pied pour vérifier la température, puis entra lentement dans son bain.

           Elle s'accroupit, reprit la boîte, la posa sur ses genoux et l'ouvrit. La grande seringue luisait sous les ampoules accrochées au plafond. La jeune fille sourit ; elle allaitenfinse sentir bien. L'aiguille transperça une de ses veines et l'héroïne commença à se propager dans tout l'organisme.

 

I've been thinking of everything, I used to want to be.

 

           Elle s'allongea, passa sa jambe gauche par-dessus le rebord, ferma les yeux, et respira lentement. L'eau ne recouvrait pas encore son corps, la mousse caressait à peine ses cuisses.

           ‹‹ Débit pourri. ››

           Dans sa tête, des images commencèrent à se former. Les premières n'étaient pas très agréables ; elle se rappelait sa vie, son enfance, son manque de confiance en elle, les railleries des autres élèves et les critiques excessives de ses parents. Elle devait bosser toujours plus, être la meilleure mais jamais elle n'avait pu jouer avec les autres enfants, qui se moquaient d'elle sans arrêt. Elle n'avait jamais aimé être un enfant, elle ne comprenait pas en quoi cette époque-là était formidable. Elle avait tout fait pour oublier cette triste époque. Et cela n’avait jamais vraiment fini, même si elle ne voulait pas y croire, elle tentait vraiment d’oublier. Malheureusement, le prix à payer pour pouvoir se droguer était de se le rappeler à chaque fois.

 

This is the story of my life, these are the lies I have created.

 

           Elle frémit et sa gorge se serra. Elle n'aimait pas ça, pas du tout.

           Elle huma l'odeur du bain moussant qui flottait dans l'air, pour se calmer. Depuis le temps qu'elle l'utilisait, l'odeur était devenue familière et synonyme de d'apaisement. Elle plongea ses doigts dans la mousse et s'amusa à s'en tartiner le tour de la bouche, comme les gamins, puis couvrit ses seins et son pubis avec ; elle détestait ces parties de son corps. Puis elle fouilla dans les divers bocaux et autres boîtes ; des billes de bain, des espèces de petites pierres bleues dont elle ne comprenait pas l'utilité, des savons de toutes les formes et un canard en plastique. Elle le prit ainsi qu'un petit savon en forme de fleur et commença à jouer avec.

           Elle se sentait bien. Elle baladait ce plastique bariolé sur la surface de l'eau et lui faisait traverser la mousse en criant "Attention aux nuages !".

           Son corps commençait à se réchauffer.

 

And I swear to god, I'll find myself.

 

           Elle eu une agréable vision. Elle était dans un immense pré, l’herbe au ras du sol et parsemée de milliers de marguerites, et au milieu de ce pré, un immense arbre qui devait mesurer au moins six mètres de haut, et de dessous, on n’en voyait pas la cime. Il projetait une immense ombre, et elle dansait et chanter. L’arbre changeait tout le temps, chêne, cerisier en fleurs, saule pleureur, pommier, au fur et à mesure de ses pas et de sa voix. C’était l’arbre d’Eden, l’arbre du paradis ; elle était une déesse. Elle était là-haut, au sommet de tout, le bonheur éternel.

           Elle sourit. L’eau atteignait presque le rebord de la baignoire, la mousse allait bientôt déborder. Son corps se baignait dans l’agréable liquide chaud parfumé.

           Elle était à présent dans le ciel. Elle planait dans l’atmosphère, descendait en piqué puis remontait, tel un aigle majestueux aux grandes ailes. Elle voyait le monde où elle vivait s’éloignait de plus en plus de sa vision, rapetissant en même temps qu’elle s’élevait toujours plus-haut. Sa maison, son lycée, le parc, les grandes rues où elle aimait se balader, le cinéma, la salle de concert… Ce n’étaient plus que de petits points lumineux. Elle volait au dessus, à travers les nuages. Des perles de pluie s’accrochaient à sa belle robe blanche et dans ses longs cheveux blond cendré. Elle réalisait le rêve de l’Humanité ; voler comme un oiseau.

 

And I swear to god, I'll find myself.

 

           Des frissons parcouraient tout son corps. Oui, elle planait, mais elle était déconnectée, elle n’appartenait plus au monde réel. Elle ne se rendait pas compte que la mousse jonchait le tapis de bain et que l’eau débordait à présent de la baignoire. Son nez était quasiment à la surface de l’eau, elle manquait presque de la respirer, de se noyer. Mais son esprit n’était pas là pour le lui dire, elle était partie dans le ciel.

 

And I swear to god, I'll find myself, in the end…

 

           Elle était arrivée devant un gigantesque portail doré. Elle avait l’impression que le sol était nuages, qu’elle marchait sur ces nuages. Soudain, les portes s’ouvrirent et un ange apparu. Il était beau, avec deux immenses ailes aux plumes immaculées qui se baladaient au gré de la légère bise qu’il soufflait. Le beau blond lui sourit Il ne parlait pas, mais il lui semblait entendre sa magnifique voix dans sa tête.Bienvenue.

           Sa tête commençait à sombrer dans l’eau savonneuse, et le robinet ne cessait de couler. Dehors, un orage grondait tout doucement. On pouvait voir à travers les stores de la fenêtre des éclairs qui éclataient, au début très espacés, et dont la fréquence augmentait rapidement. Le tonnerre hurlait presque, et la perturbation climatique faisait tressauter le filament de l’ampoule.

 

I'm in the middle of nothing, and it's where I want to be.

 

           Elle entra dans le Paradis. Elle n’avait jamais été aussi loin. Des anges l’entouraient, et certains avaient même des visages familiers.Bonjour. Elle aimait, adorait cette présence. Ils semblaient tous si doux, si gentils. Un d’eux, le plus beau garçon qu’elle n’avait jamais vu, lui prit la main. Elle le regarda dans les yeux. Elle ne connaissait. Un sourire d’enchantement s’esquissa sur leurs deux visages. Non, il n’était pas mort, il était là. Et elle aussi. Elle quittait son triste monde qu’elle ne pouvait plus supporter.

 

I'm at the bottom of everything, and I finally start to leave.

 

           Elle coula, elle se noya. L’orage frappait de plus en plus fort. La lumière s’éteignit, l’ampoule grilla, mais les éclairs éclairaient de façon saccadée la pièce. Le canard en plastique qu’elle tenait dans la main tomba par terre.Come break me down, bury me, bury me, I am finished with you.Voilà ce qu’elle aurait pu chanter au monde entier si elle en avait été encore capable. Sa haine qui n’avait jamais finit, qui l’avait poussée à se droguer, à sombrer dans un monde obscur. Leur haine, leur indifférente. Ça n’avait jamais fini. Elle avait tout essayé pour changer sa vie, mais personne ne semblait apte à l’accepter. Tant pis alors.Regardez-moi, essayez de me briser, vous ne pouvez plus, vous ne pouvez plus rien, j’en ai fini de vous, j’en ai fini de la vie, vous pouvez à présent m’enterrer.

           Elle marcha avec l’ange à ses côtés, main dans la main. Les autres autours chantaient une douce mélodie pleine d’amour et jouaient de la lyre. Au loin, un son magique de piano se promenait dans l’air. Derrière les pas de la jeune morte, on jetait des fleurs ; des roses, des tulipes, de grandes marguerites, des lys. Le soleil se couchait, et les nuages se teintaient de rose pâle. Si cela avait été possible, elle se serait mise à pleurer. C’était si beau, si magnifique, si merveilleux. Elle était au paradis.

 

 

 

 
     
     
 
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