Songfic sur la chanson "Me Taire, te plaire" de mademoiselle K. Comme d'hab, tout est à JKR et les homophobes peuvent aller se coucher. Enjoy!

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J’ai pris trop de drogue à la menthe
Moi la fille la plus décadente
Mais si je dis trop de conneries
Je veux bien me taire, rien que pour te plaire, pour te plaire
Je veux bien me taire pour tes yeux verts, tes yeux verts
Je veux bien me taire

Ca fait trois semaines que ça dure désormais. Trois semaines que je risque ma vie tous les week-ends à cause de cette saleté de Whisky Pur Feu. Non mais qu’est-ce qui m’a pris de boire autant ? Ce n’est pas comme si j’avais quelque chose à oublier, ma vie était si parfaite ! Avant de boire au point de faire ce genre de connerie, j’aimais ma vie, j’aimais être l’arrogant mais si parfait Draco Malfoy, autoproclamé prince des Serpentard. Bon, ok, je ne me suis jamais remis de ne pas avoir été celui qui avait ouvert la chambre des secrets en 2ème année, mais bon, il s’agissait de Vous-savez-qui en personne, je ne pouvais pas vraiment me revendiquer meilleur Serpentar que lui. Même si, c’est indéniable, je suis plus beau que lui. Je veux dire, moi au moins, j’ai un NEZ ! Non parce que si les choses se voient parfois comme le nez au milieu de la figure, chez lui ce qui se voit bien, c’est justement son absence de nez… Mais je m’égare ! Je disais donc que j’étais Draco Malfoy, heureux Serpentard, qui a fait lui-même basculer sa vie il y a trois semaines. Avec l’aide de l’alcool, aussi.

Être un vil Serpentar de septième année fait que quand vient le samedi soir, ce n’est pas vraiment les révisions qui nous obsèdent. Non, chez nous la coutume est plutôt de se faufiler dans les passages secrets pour rejoindre Pré-au-lard et faire un petit tour en boîte. A 17 ans, quoi de plus normal ? Alors on danse, on drague, on s’envoi quelques pintes de Biérraubeurre, puis du Whisky Pur Feu, puis des cocktails dont on en arrive à ne plus savoir prononcer le nom. Alors, parfois, je dis bien parfois, malgré ma classe naturelle et ma fierté à toute épreuve, j’en arrive à perdre un peu ma dignité. Bref, ce soir là, j’étais complètement bourré. Je ne me souviens plus très bien, il y avait une histoire de tapette, de quelqu’un d’efféminé, et de drogue à la menthe qui coulerait des yeux de Potter. Ou qui serait injectée dans les yeux de Potter, enfin je ne sais plus très bien. Et j’ai fini par faire un serment inviolable. Moi ! Un Malfoy ! La parole d’un Malfoy est toujours sacrée, mais de là à mettre ma vie en jeu ! Et tout ça pour quoi ? Pour prouver à Blaise que j’étais capable de relever n’importe quel défi.

Alors me voila aujourd’hui, à la boite du Merlin-pin-pin (ne me demandez pas qui a choisit ce nom horrible, si ça n‘avait pas été la seule boîte du coin, nul doute qu‘on aurait été ailleurs !) accoutré en fille avec une robe si courte qu’elle en ferait rougir même le maître des ténèbres. Et vu sa peau grisâtre, le faire rougir n’est pas une mince affaire. Tout ça parce que je ne peux pas refuser un défi de Blaise, et que celui-ci a trouvé amusant de me travestir. Mais mince, j’ai carrément dû me raser les jambes pour ça ! Ce qui a la base devait prouver que je n’étais pas une tapette efféminée est en train de se retourner contre moi. Je n’ai jamais eu aussi honte ! Et ce vieux pervers qui me reluque au bout du comptoir. Ca me dégoute. Ne peut-il pas ranger sa langue à sa place au lieu de la laisser pendre ainsi ? C’est immonde !

-Tenez, de la part de l’homme qui est là-bas, me dit le barman avec un regard compatissant.

J’esquisse une grimace, et me dit que je devrais refuser. Boire ne m’a rien apporté de bon la dernière fois. Mais un verre gratuit ne se refuse pas, et j’avais définitivement besoin d’oublier. Je l’avalais d’un trait.

-T’es toute seule ma jolie ? Ton Jules n’est pas avec toi ce soir ? Me dit le gros dégueulasse en lorgnant mon décolleté dans l’espoir d’apercevoir un bout de sein. Il risque de chercher longtemps.

-Désolé, je ne suis pas intéressé.

Je me trouve bien diplomate. Il aurait mérité un doloris rien que pour les regards gourmands qu’il me jette depuis 10 minutes.

-Allez, on peut discuter un peu ? Un autre verre pour la d’moiselle !

Je prends le verre tendu par le barman et l’avale de nouveau cul sec. Ce n’est décidément pas possible d’être aussi lourd, cette technique de drague lui a-t-elle valu au moins une réussite dans sa vie ? J’en doute.

-Ecoute vieux dégueux, je ne suis pas intéressé, et au fond je ne pense pas que tu le sois non plus, dis-je en soulevant ma robe juste assez pour le laisser voir mes dessous. Je vois son regard brillant s’écarquiller et devenir horrifié devant la bosse qui se trouve dans mon boxer.

-Sale pédé de mes deux ! Grogne-t-il avant de me cracher dessus.

Il part, et je sens plus que je ne vois son gros molard couler sur ma cuisse. Je sens aussi que je vais vomir. Pourquoi cette robe n’a-t-elle pas de poche pour baguette ? Pourquoi ai-je fais l’erreur de la laisser dans l’horrible manteau léopard que Pansy m’a prêté et qui est resté au vestiaire ? Je vais tomber dans les pommes. Il y a cette chose immonde qui coule sur ma cuisse !

C’est à ce moment que Blaise vient me rejoindre, tout sourire. Il doit d’abord penser que mon regard torve et mon teins blême sont seulement dus à ce pari stupide, mais il comprend vite en s’approchant. Je dois vraiment être livide. Il murmure un evanesco et me demande si ça va.

-Est-ce que ça va ? Tu me demandes si ça va ! Dis-je, ma voix déraillant dans les aigues par tant de colère, d’humiliation et de dégout mélangés. Bien sur que ça ne va pas ! Je vis la pire soirée de ma vie !

Cet abruti a la bonne idée d’avoir l’air désolé, et de m’offrir un autre verre. Je sens les deux premiers qui commencent à monter, et je ne vais certainement pas cracher sur celui-ci. L’alcool est le dernier refuge qui peut encore m’aider à supporter cette soirée.

J’ai brisé la nuque à un mec
Qui rigolait de mon serre-tête
Mais si je dis trop de conneries
Je veux bien me taire, rien que pour te plaire, pour te plaire
Je veux bien me taire pour tes yeux verts, tes yeux verts
Je veux bien me taire
Rien que pour te plaire, pour te plaire
Je veux bien me taire pour tes yeux verts, tes yeux verts

A nouveau, le reste de cette soirée fut très floue. Je crois avoir dansé. Oui, je crois même avoir dansé sur le podium. Par Salazard, non, je ne veux pas repenser à ça ! Ensuite, j’ai le vague souvenir d’un mec qui s’est foutu de ma tenu, en particulier mon serre tête. Mais qu’est-ce qui m’avait pris de laisser Pansy me coiffer ? Sérieusement, Pansy ! Comment avais-je pu lui faire confiance quand elle-même n’avait jamais eu de coupe réellement élaborée ? Parce que si la mienne semble simple, elle est très étudiée, et je paie mon coiffeur assez cher pour qu’il l’entretienne. Bref, ce mec s’était permis une remarque désobligeante, et comme je n’avais pas de baguette, et que j’étais un peu soûl, j’ai voulu régler ça à la moldu.

Moi, j’ai voulu agir comme un moldu… Si père savait ! « Un Malfoy n’utilise jamais ses poings, nous sommes bien au dessus de ça fils. Si tu as quelque chose à régler, organise un duel, c’est ton rang de sang pur qui en dépend. Utilise un impardonnable si l’affront est réellement nécessaire, mais ne t’abaisse jamais au point d’avoir à toucher quelque chose d’aussi immonde qu’un sang-de-bourbe. » Disait-il à longueur de temps. S’il savait… Je ne sais pas si cet homme était réellement un sang-de-bourbe, mais nul doute qu’il n’était pas de sang pur. Et alors que je lui écrasais mon poing sur le visage, j’ai senti sa nuque et mes phalanges craquer d’une manière assez inquiétante. C’est à ce moment là que Blaise m’a retrouvé, et qu’on s’est enfui. On est rentré en courant -pas très droit- puis c’est le trou noir jusqu’à ce matin.

Je suis devant mon bol de porridge, et ma tête me fait un mal de chien. Je sais que le mec d’hier n’est pas mort, la gazette en aurait sûrement parlé. Dans tous les cas, il l’a mérité. Et puis ce n’est pas comme si me retrouver serait une mince affaire. Ah, qu’il doit regretter de s’être fait mettre à terre par une fille ! Mais ne pas avoir commis de meurtre ne m’empêche pas de n’être vraiment pas de bonne humeur. Et tous ceux qui l’ont compris gardent sagement leurs distances de sécurité avec moi. Pourtant, j’aperçois deux Poufsouffles rire sous cape, et j’ai la désagréable impression que c’est de moi qu’elles se moquent. Je les fusille du regard, et elles sortent de la grande salle en continuant de pouffer. Seraient-elles au courant pour hier soir ? Impossible, je n’étais pas si reconnaissable, et je n’ai croisé personne de Poudlard. Blaise n’aurait tout de même pas osé balancer ?

-Pssst… Draco ! Euh…
-Quoi ? Réponds-je à mon « meilleur ami » d’un air mal famé.
-Je voulais juste te prévenir que… euh… tu as oublié de… te démaquiller un œil…

Sans dire un mot, je me frotte les yeux, et une grande trace noire de mascara s’étale sur ma main droite. Cette journée commence mal…

*~*~*

La journée continue, s’étale et s’alanguit, autant que mon mal de tête. Serait-ce si mal vu de demander une potion contre la gueule de bois à Pomfresh ? Je crois que oui. Comme quoi ma fierté et mon intégrité ne sont pas toujours des bonnes choses. Au moins ne sont-elles pas encore perdues à jamais.

Blaise a tenté plusieurs approches, mais je l’ai toujours envoyé balader. Il va me falloir du temps pour digérer ce qu’il m’a fait subir hier soir. Si je n’avais pas risqué la mort en refusant, nul doute que j’aurais préféré avouer publiquement être une « tapette efféminée » que de revivre ça. Mais mon ex-meilleur ami semble aussi accroc qu’une moule à son rocher et il continue de me tourner autour, encore et encore. Comme si ma tête ne tournait déjà pas assez bien toute seule.

-Draco, il y a quelque chose que je dois vraiment te demander !
-Vas-y, dis-je en soupirant. Autant qu’on en finisse et que tu me foutes la paix.
-Te souviens-tu de nôtre nouveau pari d’hier ?

Un pari ? J’ai refait un pari avec cet abruti ? MAIS BON SANG J’ETAIS CENSE ARRÊTER DE BOIRE!!!

-Non ! Grincé-je.
-Ah. Je m’en doutais, vu que tu n’as rien fait pour l’approcher…
-Rien fait pour approcher qui ? Et pour faire quoi ?
-Eh bien en fait, on parié que… tu séduirais quelqu’un.
-C’est tout ? Allons Blaise, tu sais que si c’est juste ça, je n’ai qu’à claquer des doigts pour avoir Pansy dans mon lit. Pas que ça m’enchante, mais s’il le faut…
-Non, en fait, on a parié que tu séduirais quelqu’un en particulier.
-Qui???

Je le sens mal. Je le sens très très très mal.

-Potter, articule ses lèvres.

Non, j’ai du rêver. Il n’a pas pu dire Potter. Et puis Potter est un mec. Au fond, Potter est un nom assez courant. Il doit s’agir d’une fille que je ne connais pas encore, et qui porterait le même nom que le balafré. C’est la seule explication !

-Quel Potter ?
-Eh bien, le Potter. L’élu, le fameux héros du monde sorcier.

Et il en rajoute une couche avec ces surnoms débiles. Si je n’avais pas encore mal à la main de la veille, je l’aurais déjà frappé. Cette fois, je ne me serais pas loupé, il serait mort, et ça aurait été la fin de ces paris stupides. Et le temps que je me rende compte que je peux aussi arriver à ce résultat avec ma baguette, il a déjà disparu. Merlin, que cette journée est longue et atroce.

*~*~*

Et voila. J’ai beau tourner ça dans tous les sens, le résultat est le même : je suis mort. Parce que c’est simple, je refuse de séduire Potter : je meurs, je tente de le séduire mais n’y arrive pas : je meurs, j’arrive à le séduire : ma famille me tue. Parce que quoi qu’on en dise, les histoires de cul du héros du monde sorcier ne restent jamais secrètes bien longtemps. Enfin, pas qu’il en ait eu des masses.

J’ignore quelle mort est la plus douce ? Je ne me suis même pas réellement renseigné sur la mort due au non respect d’un serment inviolable. Est-ce douloureux ? Non parce que dans ce cas, autant séduire Potter et mourir d’un Avada Kedavra bien lancé. Ce sera rapide, clair, net et précis.

Et imaginons que je tente de le séduire. Potter n’est rien qu’un putain d’hétéro, ça ne marchera jamais ! Je ne vois vraiment pas comment je pourrais m’y prendre. Débarquer devant lui et lui dire un truc du genre « avoue-le Potter, on se désire. Toutes ces disputes, c’était seulement de la tension sexuelle refoulée. Couchons ensemble une bonne fois pour toute, ça nous fera du bien ! » N’importe quoi. Ce truc marcherait sur un Serdaigle, eux qui cherchent toujours à tout expliquer logiquement. C’était d’ailleurs étrange qu’aucun n’ait encore émis cette hypothèse pour expliquer nos disputes. Mais pas sur un Griffondor. Potter me rirait au nez, et me répondrait que la haine n’avait rien à voir avec le sexe. Et il aurait raison.

Je pourrais me la jouer niais romantique. Fleurs, bougies, par-merlin-Potter-je-viens-de-me-rendre-compte-que-je-t’ai-toujours-aimé-comment-ais-je-pu-être-aussi-aveugle ? Ce genre de chose. Je suis un Serpentar, un vil manipulateur. Avouer un amour fictif pour arriver à mes fins ne me dérange pas. Mais tout ça, c’était bien trop Poufsouffle. Potter n’est pas une putain de gonzesse.

Il me reste le chantage. Les rapports de force ont toujours été d’actualité entre le balafré et moi. C’est une méthode très Serpentar, mais qui a fait ses preuves. Parce qu’après tout, « séduire » veut bien dire coucher non ? Il peut très bien le faire sous la menace.

Par Salazar, je viens de me rendre compte que je vais devoir coucher avec Potter. Je crois que je vais vomir.

Je veux bien me suicider à la brillantine
J’aurais voulu être ton héroïne
Mais si tous mes cracs t’indiffèrent
Je veux bien me taire, rien que pour te plaire
Je veux bien me taire pour te plaire
Pour tes yeux verts je veux bien me taire.

Maintenant une semaine que je tente de trouver l’occasion de « séduire » Potter. Mais je ne peux décemment pas lui faire de propositions si ses deux pots de colle personnels ne le lâchent pas d’une semelle. C’est plus des amis, c’est des gardes du corps ! J’en suis à tourner autours des toilettes, seul endroit où il va seul apparemment. Au moins, si une nouvelle envie de vomir me reprend, je ne suis pas loin. Je préfère éviter de penser à où tout ça va me mener.

Bingo ! Le voila qui entre aux toilettes, et seul ! Pas de belette à l’horizon ? Très bien, mission interceptons le survivant en marche ! Attendons qu‘il sorte… S’il sort un jour… Toujours pas de Potter… C’est la grosse commission ou bien?… Ah le voila ! A l’attaque, sus au balafré !

-Tiens, tiens, tiens un binoclard mal coiffé. Tu as déjà essayé de mettre de l’ordre dans tes cheveux Potter ? Tu devrais prendre exemple sur moi, après chaque shampooing j’applique de la brillantine sorcière et…
-Ta gueule Malfoy.

Eh bien, Potter et la communication…

-Oh quelle répartie, monsieur le héro du monde sorcier. J’en tremble de peur.
-J’ai dit, ta gueule. Tes produits de beauté, tu peux bien t’étouffer avec.

Elégant, tout en finesse. Si je bouffe le pot de brillantine, tu viens dans mon lit ? Ca réglerait le problème… Mais procédons par ordre.

-En parlant de héro, y a-t-il une héroïne dans la vie de monsieur Potter ? Non parce que, tu dois être frustré depuis le temps. Ca fait combien ? 17 ans ? Ah oui, toute ta vie en fait !

Sans répondre, il tente de me contourner pour partir. J’essaye de l’en empêcher, il saisit sa baguette, mais mon expeliarmus le désarme. C’est du moins ce qui était censé se passer, si j’avais su viser. Je sais pas, j’ai été déconcentré par une odeur de menthe quand il s’est approché de moi. Et à la place de sa baguette, ce sont ses lunettes qui ont volé dans le couloir. Il parle, je crois qu’il m’insulte, mais je n’écoute pas. Pour la première fois, je vois les yeux de Potter. Ses grands yeux verts, juste en face de moi, sans lunettes. Et je le regarde s’agenouiller devant moi pour les chercher.

Etrangement, le voir agenouillé devant moi comme ça, j’ai chaud. Surement de le voir en position d’infériorité…

Mais il est toujours au sol à tâtonner. Si c’est pas malheureux d’avoir été élevé par des moldus, on en prend de très vilaines habitudes. Il aurait suffit d’un accio, que je m’empresse de réaliser moi-même. C’est ridicule, mais voila ce que sera mon arme de chantage sur Potter. Ses lunettes.

-Potty, Potty, Potty. Quel effet ça fait d’être aveugle ? Je me demande ce que tu serais capable de faire pour récupérer ces lunettes…

Il se relève, et me lance un regard haineux néanmoins brouillé par sa vision. Par Merlin, ses yeux…

-Qu’est-ce que tu veux ? Grince-t-il.

J’ai eu envie de lui répondre « tes yeux ». Non mais c’est quoi cette fixation débile ? Je réfléchis comment tourner les choses. Ca m’angoisse. Moi qui suis décontracté en toute circonstance, voilà que je m’inquiète de la réaction de Potter face à mes avances ! Enfin, il faut dire que ma vie en dépend. Allez, on y va cash, histoire de finir tout ça.

-Toi.

C’est tout ce que j’ai réussi à articuler sans montrer mon angoisse. Sérieusement, je crois que je tremble. Je suis pathétique.

-Moi ? Quoi « moi », Malfoy ?
-Toi Potter. Je te veux. Je veux voir ton joli petit cul s’empaler sur ma baguette… Et je ne parle pas forcément de ma baguette magique.

C’est tout ce qui a su sortir de ma bouche. De toute façon, je ne crois pas réussir à dire autre chose que des obscénités à Potter.

-Tu es dégueulasse Malfoy. Si tu crois que je me prostitue pour une paire de lunette, tu te fourres le doigt dans l’œil. Maintenant dégage de mon chemin, je te laisse mes lunettes, tu pourras te branler en pensant à moi.

Il commence à partir, et je perds mon sang froid. C’est toute ma peur de mourir, et l’angoisse de le draguer qui lâchent d’un coup.

-Reviens ici Potter ! Parce que tu crois que tu vaux mieux que moi, à courir après la belette femelle ? Tu sais, j’ai déjà vu une photo de ta mère, c’est son sosie. Tout ça, c’est qu’un putain de complexe d’Œdipe inversé ! Alors viens pas me faire des leçons de moralité !

J’ai l’impression d’avoir fait un semi coming-out. Mais je ne sais pas, l’entendre dire que le fait que je sois gay était dégueulasse m’a fait voir rouge. Au moins, il s’est arrêté. Je le vois se retourner, et revenir devant moi. Il a les larmes aux yeux, et je ne sais pas si ce que j’ai dit l’a touché plus que je ne le pensais, ou si c’est juste une conséquence de l’absence de ses lunettes.

-Ce n’est pas une leçon de morale, et je ne dis pas que les gays sont dégueulasses. Ce qui est dégueulasse, ce sont tes mots. Tu ne sais que cracher des insultes et blesser les gens. Je ne comprends même pas comment tu peux avoir des amis, comment des gens peuvent te supporter. Tu me dégoutes Malfoy, et tout ce que je veux, c’est que tu te taises. Garde ton venin, et. Ne. Touche. Plus. Jamais. À. Ma. Mère.

Il avait dit tout ça d’un ton calme et glacial, empoignant mon cœur d’une main de glace. Il avait trouvé comment toucher un point sensible. Mais un Malfoy acculé sait trouver un minimum de courage, et je savais que si je ne saisissais pas ma chance maintenant, mon défi serait perdu, et je mourrais. Je devais réagir.

-Tu veux que je me taise ? Mais il y a un moyen très simple, que tu dois connaître Potter.

Je tente le tout pour le tout. Je commence à me sentir mal. Serais-je en train de mourir parce que j’ai échoué à le séduire ? C’est bien possible, je me sens déjà suffoquer. Je n’arrive plus à respirer, je sens un poids sur ma poitrine… Mais attendez… Ce poids, c’est une main ! Et ce qui m’empêche de respirer, c’est la bouche de Potter ! PAR MERLIN POTTER EST EN TRAIN DE M’EMBRASSER !

Il s’éloigne, et ses yeux verts se plantent dans les miens. Je ne réalise pas bien ce qui vient de se passer.

-T’es bien plus beau quand tu la fermes, et que tu débites plus tes remarques acerbes. Susurre-t-il à quelques centimètres de ma bouche. Il se retourne et s’éloigne. Estomaqué, je ne sais plus quoi dire.

*~*~*

J’ai bien dû rester dans ce couloir une bonne demi-heure, à ne faire que repenser au baiser de Potter. Je l’avais cherché, mais je ne m’attendais pas à ce que j’allais trouver. Puis j’ai été retrouver Blaise qui déjeunait dans la grande salle. Il fallait que je lui dise, après tout j’avais séduit Potter non ? Un baiser n’était-il pas suffisant ?

-Il t’a QUOI ? Glapit Pansy, devenue livide.
-C’est lui qui a fait le premier pas ? S’étonne Blaise.

J’acquiesce. Il semble vraiment surpris, il n’a jamais dû penser que j’y arriverais. Il voulait donc ma mort ?

-Blaise, ça va trop loin, arrêtons ça et dit lui tout !
-Schhht !
-Mais…
-Ta gueule Pansy !
-Blaise ? Pansy ? Il faut que vous me disiez quoi ?

Mon regard meurtrier dissuade Blaise de me mentir. Il sait que je n’aime pas les secrets.

-Eh bien, en fait… ilnyajamaiseudesermenttoutçacétaitduvent.
-Plait-il ?
-Il n’y a jamais eu de serment, tout ça c’était du vent.

Je reste incrédule. Pas de serment ? Comment ça ?

-En fait, tu étais bourré et on savait que tu ne te souviendrais de rien. Alors on a monté ce petit stratagème, tu vois, pour s’amuser… tente Pansy.
-J’ai l’air de RIGOLER ?
-Non bien sur mais…
-Draco, qu’as-tu ressentit en embrassant Potter ? La coupe Blaise.
-Quoi ?
-Est-ce que ça t’a plus ?
-Mais… mais ça ne te regarde pas ! Tout ça n’a rien à voir !
-Tu ne comprends pas, tout ces paris, c’était parce que… Mais bon sang Draco tu es gay ! C’est tellement évident, le seul qui ne s’en est pas rendu compte, c’est toi ! Tu ne te souviens vraiment pas ? Lors de ta première cuite, tu n’as fait que déblatérer sur les « magnifiques yeux vert de Potter ! Vert comme la menthe, et moi j’adore la menthe, c’est comme une drogue pour moi ! D’ailleurs Potter est une drogue pour moi ! ». Tout ça, c’était pour t’aider !

Je reste pantois. Il ment, c’est obligé. Je ne peux pas avoir dit ça. En fait, je n’ai même plus envie de parler avec eux. Je me lève, et me dirige vers la sortie au moment où Potter se décide à entrer. Aucune esquive possible, je suis obligé de le croiser. Je m’approche, me dit qu’il faut que je l’insulte, mais son regard croise le miens et plus aucun mot ne peut sortir de mes lèvres. Il me fait un clin d’œil imperceptible et me dépasse pour rejoindre ses amis. Je crois que je suis rouge. Je baisse la tête et sort de la grande salle en vitesse.

Je ne sais pas vraiment où je vais ni où j’en suis. Je devrais être furieux que Potter pense que je suis gay, mais je n’y arrive pas. Je repense à ce baiser. Bon, admettons, je l’avais provoqué. Mais ce clin d’œil ? Était-ce pour se moquer de moi ? Quelque chose qui voulait dire « je n’oublierais pas ? ». Je me perds dans mes pensées et quand je reprends mes esprits, je suis devant les toilettes où le fameux baiser à eu lieu.

-Pourquoi ?

Je sursaute en reconnaissant la voix de Potter. Il est juste derrière moi.

-Pourquoi quoi ?
-Pourquoi vouloir soudainement de moi ? On s’est toujours haïs.

Ca m’étonne presque qu’il ait cru toute cette mascarade de tout à l’heure. Justement, on s’est toujours haïs, et quand d’un coup je viens te dire « je te veux », tu tombes dans le panneau ? La naïveté des Griffondors, décidément…

Je pourrais tout lui balancer. Lui dire que tout ça n’était qu’un pari, que jamais je ne voudrais coucher avec lui. Mais je n’y arrive pas, et je me tais.

Et il m’embrasse.

Finalement, pour te plaire, il me suffisait juste de me taire. Et je sens que je vais me taire encore longtemps.

Fin