AVERTISSEMENT : Cette histoire traite explicitement de rapports amoureux et sexuels entre hommes. Si cela vous dérange, merci de quitter cette page.
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Auteur : Origine
Pairing : Harry x Draco
Rating : Interdit aux moins de seize ans.
Première publication : courant 2005 sur le site Internet fanfiction.net
Note : Attention, ce texte a écrit AVANT la sortie des tomes 6 et 7.
Résumé : La guerre est finie mais Draco attend toujours les réunions de l’Ordre du Phénix avec impatience. Juste pour avoir l'occasion de revoir Potter et, peut-être, avec un peu de chance, d'entendre le son de sa voix.
Avertissements : vocabulaire adulte, gros mots, scène de sexe, obsession pour la voix d'Harry Potter par un Draco qui a le fantasme facile.
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Bonjour,
Allez, je ressors cette fic des placards poussiéreux de mes débuts dans la fanfic HP. J'espère que malgré le fait qu'elle ne prenne pas en compte les tomes 6 et 7 vous l'apprécierez. Même si, j'avoue, elle a un peu vieilli... mais elle est une déclaration d'amour, avant tout.
L'histoire comportait initialement 4 chapitres + 1 prologue + 1 épilogue.
Cependant, je pense transformer l'épilogue en chapitre et écrire un épilogue inédit. Mais bon, je pense que personne ici n'a lu la version originale écrite en 2005 donc peu importe! ;-)
Bonne lecture !
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Prologue: Les mots qui prennent toute la place…
"Les mots qui prennent toute la place ne sont en général pas les nôtres." (François Bon)
- Point de vue de Draco Malfoy -
J'ai toujours adoré énerver Harry Potter.
J'ai toujours adoré énerver Harry Potter car il est de ces personnes qui partent au quart de tour quand on les attaque. Seulement, Potter n'a que faire des attaques directes, n'importe quel sorcier qui l'aura provoqué une fois dans sa vie pourra vous le dire.
Avec Potter, il faut faire preuve de subtilité et de vice. Avec Potter, il faut savoir qui attaquer.
A ceux qui douteront, je peux donner en gage les sept années de scolarité que j'ai passées avec lui.
Je ne crois pas mentir en avançant que je connais les colères d’Harry Potter mieux que personne. J'en ai été le témoin bien des fois et, bien des fois, j'en ai été l'investigateur.
Pour énerver Harry Potter, c'est à sa famille qu'il faut s'attaquer.
A sa famille directe ou à sa famille d'adoption. Qu'importe, c'est à elle qu'il faut s'attaquer.
Potter est un gars altruiste, c'est un gars qui ne connaît pas sa valeur, c'est un gars qui aime croire que tout le monde est au-dessus de lui et placer sa foi en son improbable normalité. C'est un gars qui croit qu'il ne mérite pas tout ce qui lui arrive, le bon, comme le mauvais.
Quelque part je suis d'accord avec ce point de vue. Il n'a pas mérité d'être orphelin ou d'être poursuivi Voldemort. Il n'a pas mérité de connaître deux amis si formidables ou de devenir à vingt ans seulement le sorcier le plus puissant de la terre.
Potter n'avait rien mérité puisque toute sa vie s'est écrite pour lui à l'âge d’un an ; et moi-même, Draco Malfoy, je peux sincèrement concevoir qu'un gosse d'un an est encore assez stupide (certains diront innocent) pour n'être méritant de rien.
Mais peu importe, c'est cette caractéristique même de Potter – le fait d'être un orphelin et un héros – qui l'a toujours rendu intéressant lors de ses colères.
Il m'avait toujours suffit de dénigrer le Weasley et l'autre Sang-de-bourbe de Granger pour qu'il rentre dans la bataille, pour qu'il plisse ses yeux verts et les fassent étinceler de rage.
A l'époque, je croyais que j'attaquais la fierté de Potter et qu'il défendait ses deux amis comme je défendais mon père. Oui, j'ai été fier de mon père et ce plus qu'il n'était valable. Je l'ai toujours défendu des insultes et de tout ce que l'on pouvaient trouver à redire sur sa personnalité, ses activités ou son comportement.
A l'époque, je croyais bien des choses, et nombre d'entre elles étaient fausses.
Par exemple, je ne savais pas que Potter défendait ses amis par amour fraternel. Et je peux vous assurer que cet amour-là n'a rien avec l'amour, filial, que je portais à mon père…
Non, quand j'attaquais ses amis je ne blessais pas l'orgueil de Potter, je blessais sa chair. Je blessais ce lien invisible à l'œil nu qu'ils avaient tissé ensemble à force de camaraderie et d'aventure.
Comprenez bien la différence.
Quand on attaquait Lucius Malefoy, c'était mon rang, mon nom, ma fierté que l'on attaquait. Mais quand j'attaquais Weasley, quand j'attaquais Granger, quand j'attaquais Dumbledore même, c'était son cœur – cette chose qui devait alors lui permettre de battre plus tard le Seigneur des Ténèbres et mériter pleinement son statut de héros national – que j'attaquais.
Cette étrange distinction je ne l'ai comprise que plus tard. Bien plus tard.
Je m'étais toujours dit que Potter et moi nous ressemblions plus qu'il n'était acceptable.Malheureusement j'avais tort.
Nous n'étions pas identiques. Nous n'étions pas non plus symétriques comme les deux faces d'une même pièce, d'une même guerre, d'un même monde. Nous étions seulement une partie de ce monde, deux pions de cette guerre ou deux pièces complémentaires de ce puzzle.
Nous étions à côté, proches par la vie et le jeu que nous menions mais éloignés par nos choix et toutes sortes de particularités propres.
Parmi ces particularités, ces choses qui nous différenciait et nous différencient encore, il y a la voix.
La mienne traîne, incise, découpe, distille, infuse.
La sienne crache, éructe, siffle, déchire, hurle.
La mienne est ponctuée, précise, chirurgicale.
La sienne est violente, saccadée, débordante.
Et si j'ai toujours adoré énerver Potter c'est aussi pour cela. Pour l'entendre déchiqueter son souffle en rugissant.
Potter ne maîtrise plus rien quand il est en colère. C'est cela que j'aime. Cette sauvagerie. Cette violence naturelle. Cette rage qui suinte de ses pores et englue l'atmosphère.
Lorsque Potter s'énerve la magie crépite.
Je ne sais pas si vous avez déjà vu cela.
Je ne sais pas si vous savez combien soudainement l'atmosphère s'échauffe, s'assèche puis s'effrite une fois la tension retombée.
Je ne sais pas si avez déjà assisté à ce terrible et fascinant spectacle.
Mais parfois, hélas, Potter décide de garder le silence et là, je le déteste plus que jamais. Je déteste sa raison qui l'intime de se calmer. Je déteste sa bouche entrouverte qui se referme soudainement. Je déteste sa pomme d'Adam qui ne bouge plus.
Je déteste ces moments de silence parce que quand Potter hurle, quand Potter crie, quand Potter gueule, la magie explose. Elle jaillit en gerbes imperceptibles et pourtant tellement réelles.
C’est dans les colères d’Harry Potter que la magie prend vie, que la magie existe.
Je me souviens que, souvent dans ces moments-là, à Poudlard, ma peau me brûlait. Le contact avec cette magie qui n'obéissait qu'à lui m'était douloureux. Cette magie était au service d’Harry Potter et moi j'étais contre son maître. Je souffrais dans ces moments-là, mais aussi, dans ses moments-là, je me sentais plus fort et plus nécessaire que jamais.
Ma peau frissonnait. Mes poils s'hérissaient. Mes yeux piquaient.
Je sentais en moi courir la magie. Et, avec ironie, c'était Potter le demi-sang qui me l'insufflait…
Mais plus fou que les colères de Potter, il y a ses chuchotements, phrases dites dans un murmure derrière un passage secret, sous une trappe, à l'ombre d'un bosquet.
Avez-vous déjà vu Potter chuchoter? Ses cils fins recouvrant à demi des yeux verts, son menton tiré en avant, ses dents bordées de deux lèvres roses…
Avez-vous déjà entendu Potter chuchoter? Il a une façon très personnelle de faire rouler les mots inaudibles contre son palet et de pencher la tête sur la gauche pour mieux s'approcher de votre oreille.
Non, Potter ne m'a jamais rien chuchoté, mais je l'ai vu faire tant et tant de fois… Je l'ai vu courber son front au milieu de la table des gryffondors pour partager un secret. Je l'ai vu surveillant d'un regard vigilant les alentours. Je l'ai vu articuler une phrase furtive, dissimulé par une statue et mouvoir avec langueur l'ourlet délicat de sa bouche. J'ai vu tout cela. Et bien plus encore.
Comme cette fois où Potter s'est transformé en orage. Sa voix était basse, grondante, sourde. Elle était comme une vague s'écrasant et roulant contre des galets de pierre polis. Mais il ne criait pas. Je me rappelle encore parfaitement aujourd'hui combien cette colère silencieuse m'avait fasciné, combien j'avais observé la scène me gavant de l'ambiance étouffante, de la peur de celui qu'il menaçait, de cette sorte de puissance primaire qui se dégageait…
Mais Harry Potter n'est pas seulement une arme. Il n'est pas seulement une arme qui sait dompter la magie et la faire crépiter. Harry Potter n'est pas seulement un espèce de sort furtif et honteusement curieux qui sait effrayer d'un murmure. Harry Potter est aussi un grelot.
Un grelot qui cliquette, qui sonne, qui chante, qui rit. Car Harry Potter sait rire. D'un rire franc, d'un rire fort, d'un rire brut.
C'est un son net qui ressemble à celui d'un enfant qui monte pour la première fois sur un balai magique.
Car quand Harry Potter rigole, le monde s'arrête. Le monde s'arrête, oui, et le monde contemple.
Je le contemplais aussi. Je regardais sa gorge vibrer, ses yeux se fermer, ses cheveux tressauter. Je l'observais, moi-même immobile, retranché derrière un masque d'indifférence et de dédain.
J'aurais voulu pourtant rire avec lui. Rire de lui. Rire pour lui aussi.
J'aurais voulu partager cette intimité que je ne connaissais pas. Celle d'une tolérance et d'une camaraderie tellement sincère qu'elle autorise moquerie, malices et toutes autres bagatelles.
J'aurais voulu régler mes cordes vocales sur les siennes. Un instant devenir l'ingrédient clé de l'étrange alchimie qui régnait entre lui et ses amis.
Hélas, Potter ne riait plus souvent durant les derniers temps où nous partagions encore les mêmes lieux. Certes il riait mais son grelot était faux, éraillé, teinté de jaune, teinté de cette amertume, de cette fatalité qui continuait de marquer sa vie.
Je ne sais pas s'il rit un peu plus aujourd'hui. S'il rit de ce qu'il lui ait arrivé, de ce destin incroyable qui est le sien, de sa vie qui lui échappe, de cette magie qui glisse sur lui sans jamais y jeter l'ancre...
Mais s'il ne rit pas, Harry Potter ne doit pas pleurer non plus.
Je ne crois pas qu'il fasse partie de cette catégorie d'homme.
Potter n'a pas pleuré le jour de la mort du Seigneur Sombre. Il n'a pas pleuré lorsqu'il enjambait un à un les corps de tous ces sorciers morts au combat. Il n'a pas pleuré et il ne pleurera pas. Ou alors pas tout de suite. Sa victoire est encore récente et s'il pleure un jour, s'il pleure et inonde ses joues de chagrin, j’implore Merlin qu’il m’autorise à être là, à le contempler une fois de plus. Oui, que je sois là à écouter la nuance de sa voix brisée, de sa voix tremblante, de sa voix dénudée.
J'imagine combien ce spectacle inédit sera sensationnel… J'imagine ses pupilles vertes vaciller et se recouvrir de larmes brillantes. J'imagine les rivières de perles salées ruisselant le long de l'arête de sa mâchoire. J'imagine aussi le timbre cassé et enroué de ses sanglots.
Pourtant je ne m'imagine pas étirant mes lèvres dans un rictus moqueur. Je ne m'imagine pas verser une nouvelle carafe de souffrance sur son visage.
Je ne m'imagine pas autrement qu'assis près de lui, les plis de velours de ma robe recueillant sa douleur et ma main accueillant la sienne.
Je ne saurais pas vous dire quand tout a changé. Quand j'ai commencé à penser à lui autrement qu'en tant que foutu sauveur de l'humanité bon à rien d'autre qu'à s'attirer des ennuis.
Non, je ne sais pas quand tout ceci a commencé. Cela a dû se faire progressivement ; très lentement même. La seule chose certaine c'est que je m'en suis aperçu tard. Trop tard. Désormais la voix d’Harry Potter, et par conséquent son être tout entier, est une composante obligatoire de ma vie. Je dois l'entendre. Je dois le voir. Je dois le sentir.
Pourtant, notre dernière rencontre remonte à trois mois. Trois longs et misérables mois. Cela fait un total exact de douze semaines et cinq jours.
Je m'interroge encore sur l'endurance dont j'arrive à faire preuve. J'admire aussi ma mémoire qui se souvient avec une fiabilité sensationnelle de tous les détails de sa vie.
Je me surprends parfois même à penser à lui. Penser à lui sans raison, uniquement assis dans un fauteuil ou plus stupidement lors du chemin qui sépare la porte du Manoir et la limite anti-transplanage jadis apposée par mon père aux limites du domaine.
Parfois, j'ai l'impression de tout connaître de Potter et parfois, j’ai l’impression de ne pas le connaître. Je ne connais que la partie émergée de l'iceberg, cette face blanche, brillante, lisse exposée à l'air libre. Je ne connais pas la partie immergée, cette face grise, éraflée, suintante dissimulée au monde.
Et surtout, je ne sais pas si dans les mystères d’Harry Potter il figure un nom dont l'unicité me rendrait fou: un nom de femme.
Souvent, je m'amuse à croire qu'il pourrait s'agir d'une sorte de jalousie. Vous savez ce genre de sentiment impulsif qui vous donne envie de vous battre. Mieux, envie de mordre.
Je n'ai jamais tenté d'essayer de comprendre cette attirance que j'ai développée. Je crois seulement qu'il n'y a rien à comprendre. Ce sont des choses qui arrivent. Celle-ci m'est tombée dessus… j'aurais tomber sur bien pis. Quelque chose comme Pansy ou Millicente. J'aurais pu tomber sur une fille aux allures de garçon. J'ai simplement eu droit à un vrai garçon. Un jeune homme. Puissant, célèbre, altruiste et foutument sensible.
Vraisemblablement que cette sensibilité m'a attiré. Je l'avais prise alors pour une caractéristique générique présente chez tous les gryffondors, adeptes reconnus d'une sensiblerie sucrée.Mais ce n'est pas exactement le cas.
Ce que je détestais chez Potter était aussi ce qui m’attirait chez lui. Tandis que moi je me déguisais, empoisonnant mon entourage, il offrait son visage et ses émotions aux autres.
D’ailleurs, quant au sujet de mon inclination pour lui, je crois qu'il ne se doute de rien. Comment saurait-il?
Et s'il savait, comment agirait-il ? Refuserait-il de me voir? Refuserait-il de venir aux réunions trimestrielles que l'Ordre du Phénix continue de tenir?
Refuserais-tu, Harry?
Je pense que non. Tu viendrais tout de même, forçant un peu plus ton sourire ce jour-là et évitant mes yeux au lieu d'éviter, comme toujours, les immenses portraits de mes ancêtres qui ornent le petit salon de l'aile droite du Manoir. Tu as toujours détesté venir chez moi depuis le début, depuis que le Manoir est devenu un point de rassemblement de la Résistance.
Tu as toujours été trop silencieux comme si à tout moment tu pourrais perdre le contrôle de tes actes ou de tes paroles. Merlin j'aurais adoré ceci! Revivre l'une de tes colères et voir la magie de ma demeure ramper docilement jusqu'à toi.
Non, tu n'aurais pas refusé de venir. Peut-être viendrais-tu seulement par curiosité afin de voir si mes gestes ou mes mots me trahissent. Qu'importe le pourquoi de ta visite, le principal aurait été que tu viennes. Que je te vois. Que je t'entende.
De toute façon, tu sais si peu de choses de moi que cette chose-là en est une parmi toutes celles que tu ignores à mon sujet.
Sais-tu que ma voix sait chuchoter, hurler, pleurer?
Sais-tu que je préfère manger deux toasts natures plutôt que du bacon le matin?
Sais-tu que la recherche absolue de mon existence est de découvrir quelle musique formerait mon prénom s'il était composé par ta langue quand la mienne explorerait ton corps?
Parce que je te laisserai me baiser, Harry.
Parce que j’ai tellement envie de toi et que c’est tellement inconcevable que je pourrais en rire en public.
Oui, j'ai envie d’Harry Potter. Un homme que je reverrais dans deux jours et qui, négligemment, retiendra, contre ses incisives, ses insultes, sa rancœur et ce qui m'a fait tomber ridiculeusement amoureux de lui: sa voix.
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Merci d'avoir lu jusque-là.
N'hésitez pas à me donner votre avis sur ce prologue. Dans le prochain et premier chapitre, l'arrivée d'Harry et toujours plus de pensées de Draco !
A bientôt,
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