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au 31 Mai 21 :
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Korth
Par SeanConneraille
Originales  -  Romance  -  fr
One Shot - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     5 Reviews    
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Note : Alors ceci est un cadox pour les 19 ans et 24 mois de JAÏGA parce que c’est son anniversaire (enfin c’est le 30, mais le 30 n’est pas encore fini aux Etats-Unis è_é) ET PARCE QU’ELLE ROXX !

 

Quiche, je voulais le poster avant minouit mais j’ai pas réussi à le finir avant :’(

J’espère que ça te plaira poulette et profite parce que je pense pas que j’en écrirai d’autre sur ce sujet-là *3*

 

Donc tout il m’appartient là-dedans. Pour les notions techniques j’ai pas inventé par contre j’ai vu ça sur wikipédia (et je sais plus quel site) et ouais j’ai même fait des recherches. Bref. Sinon je ne suis pas spécialement fan de ce sujet, mais bon c’est pour Jaïga et elle le vaut bien <3

 

Korth ne veut rien dire, j’ai vérifié avec google traduction (qui est un indicateur très fiable comme tout le monde le sait).

 

Je remercie Artoung et artemis pour leur soutien et leurs encouragements *_*

 

 

JOYEUX ANNIVERSAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIRE JAÏGAAAAAAA \o/

 

 

 

*****************************************

 

Korth

 

 

 

 

 

Le garçon approche.  

 

Elio entend ses pas légers sur les brindilles sèches, le faible crissement des gravillons sous le pied.

 

L’allure est lente mais régulière.

 

Elio bêche le jardin.

                                                               

Un fredonnement, une musique faible, étouffée.  

 

Elio s’arrête, ferme les yeux, écoute.

 

D’un instant à l’autre, le garçon arrivera sur le petit chemin de terre qui longe le jardin et passera devant lui sans le voir, comme tous ceux qui ont traversé la forêt auparavant.

 

Elio s’agenouille et plante ses tomates.

 

Il aplatit la terre noire de ses mains pâles quand le garçon apparait enfin.

 

Il se détourne de son travail pour le voir lever la tête vers un écureuil qui se précipite d’arbre en arbre.

 

Les mains dans les poches d’un jean usé à l’allure confortable, un casque vissé aux oreilles, le garçon avance d’un pas tranquille. Un t-shirt et une veste de laine toute simple complètent sa tenue. Des lunettes de soleil masquent son regard et une partie de son visage détendu.

L’ombre des feuillages s’amuse avec le soleil dans ses cheveux bruns, ébouriffés par le petit vent frais de cette fin d’avril.

 

Elio fixe le profil agréable du jeune homme, descend le long du corps et observe le mouvement souple de ses jambes.

 

Quelques mètres les séparent, pourtant l’autre ne le voit pas.

 

Une envie stupide de tendre un tuteur dans sa direction pour l’effleurer fait se crisper la main d’Elio sur le morceau de bois.  

 

Elio soupire et baisse la tête.

 

Ses yeux tombent sur l’alignement de pierre de Korth qui entoure ses terres d’une barrière d’invisibilité, le cachant du reste du monde.

 

Un bruit soudain de chute lui fait relever vivement la tête. Elio hésite un instant mais une bordée de jurons s’élève en contrebas de la petite butte de terre qui longe son jardin.

 

 « Putain ! Racine de merde ! »

 

Elio sourit, puis fronce les sourcils quand le jeune homme pousse un gémissement de douleur.

 

Le garçon se redresse difficilement et sautille sur place pour tenter de se tenir debout malgré un équilibre précaire.

 

Tellement précaire en fait, qu’il chute en arrière directement dans le jardin, traversant violemment la barrière magique.

 

Les yeux d’Elio s’écarquillent et son cœur s’arrête de battre une seconde.

 

« Bordel, c’est pas vrai ! »

 

Le garçon roule sur lui-même et prend appui sur ses mains pour se relever mais ses yeux dépourvus de lunettes –sûrement tombées lors de sa première chute- captent soudain une anomalie.

 

La butte donne normalement sur un sombre alignement d’arbres, il les a vu il n’y a même pas une minute, alors pourquoi y’a-t-il maintenant des sillons fraichement tracés illuminés de soleil en face de lui ?

 

Son regard s’agite de tous côtés et s’arrête finalement sur Elio.

 

Ses yeux noirs s’ouvrent démesurément avant de le détailler sans aucune retenue de haut en bas et légèrement derrière lui.

 

Le garçon plonge son regard affolé dans celui d’Elio, halète, déglutit, prend une inspiration tremblante et demande dans un souffle :

 

-Est-ce que vous êtes réel ?

 

Elio acquiesce d’un simple hochement de tête…et le garçon s’évanouit.

 

 

*******

 

 

Est-ce que vous êtes réel ?

 

Le garçon a dit cela sans montrer de peur ni d’horreur, simplement un étonnement total devant une chose que l’on ne pense jamais voir un jour de ses propres yeux.

 

C’est la réaction la plus agréable qu’Elio ait eu jusqu’à présent et il en est presque content.

 

Il s’approche doucement du jeune homme inconscient pour le voir papillonner des yeux et froncer les sourcils.

 

Ses yeux se fixent une nouvelle fois aux siens et il se redresse un peu trop rapidement. Il porte la main à son front, pris de vertige.

 

-Oulah !

 

-Asseyez-vous lentement, je vous apporte un verre d’eau.

 

Quand Elio revient le jeune homme est assis et sa tête vole de tous côtés, observant les lieux avec curiosité.

 

Il accepte son verre d’eau et le boit sans se poser de question. Il dévisage une nouvelle fois Elio de la tête aux pieds alors Elio attend.

 

-Excusez-moi, je peux vous poser une question ? Elle va sans doute vous paraître bizarre, hésite le garçon en se grattant la nuque.

 

-Allez-y.

 

-Est-ce que…est-ce que je suis en train de rêver ? Je veux dire, tout ça est vraiment vrai ?

 

Le jeune homme a l’air d’un petit garçon, c’est…attendrissant.

 

-Vous me l’avez déjà demandé tout à l’heure, lui fait calmement remarquer Elio. Non, vous n’êtes pas en train de rêver et oui, tout est…vrai de vrai.

 

Elio sourit.

 

-Oh.

 

Le jeune homme reste désarçonné un instant, le regard perdu, puis semble se ressaisir et s’installe plus confortablement.

 

-Ok. Très bien, euh vous m’autorisez à vous poser d’autres questions ? s’enquiert-il, un sourcil levé.

 

-Demandez moi ce que vous voulez, ce n’est pas souvent que j’ai un invité à la maison. Me permettrez-vous de vous interroger également ?

 

-Ah. Euh…bien sûr ! Je…évidemment ! Pas de raison après tout !

 

Elio laisse échapper un léger rire devant la réponse énergique et le garçon sourit timidement.

 

-Nous serons peut-être plus à l’aise à table. Vous avez faim ?

 

-Euh, oui.

 

Le jeune homme acquiesce avec une certaine hésitation se demandant sans doute ce qu’Elio va lui sortir d’inhabituel.

 

-Une quiche aux lardons ça vous ira ? Elle doit tout juste être cuite, propose Elio en se dirigeant vers la cuisine.

 

-Oh ! Euh, parfait !

 

L’étonnement est clairement perceptible dans le ton avec peut-être un soupçon de déception sous-jacente.

 

-J’ai mis quelques champignons aussi, j’espère que vous n’êtes pas allergique.

 

-Oh non pas du tout, je les préfère comme ça.

 

-Bien.

 

Elio sort le plat du four et retourne dans la pièce principale. Le garçon n’a pas bougé, il se triture maintenant les mains, ne sachant certainement pas comment se conduire.

 

Elio pose la quiche sur la table à côté du canapé et installe assiettes et couverts.

 

-Wouaah ! Elle est énorme cette quiche ! fait le jeune homme en s’approchant.

 

-Je suis un gros mangeur.

 

-Vous m’en direz tant. Elle sent drôlement bon en tout cas.

 

-Merci. Je suis désolé je n’ai pas de chaise, s’excuse Elio en coupant la quiche. Ça ne vous dérange pas de manger debout ?

 

-Oh non, ne vous inquiétez pas.

 

-Vous pouvez vous asseoir sur le canapé si vous préférez.

 

-Non non, c’est bon je vous assure.

 

-Alors, que souhaitez-vous savoir ? demande Elio une fois attablés et servis.

 

-Oh ch’est chuper bon ! s’exclame le garçon à la première bouchée. Pardon.

 

-Pas grave, c’est agréable de savoir que c’est suffisamment bon pour qu’on me complimente avant même d’avaler. Alors ?

 

-Je sais pas trop par quoi commencer.

 

Le garçon fait une pause pour réfléchir et Elio essaie de l’aider.

 

-La première chose qui vous vient à l’esprit ?

 

-Mmh, fait le garçon en se grattant le menton, puis il semble trouver et se tourne vivement vers Elio. Vous allez réussir à manger toute cette quiche ?

 

Elio rit doucement.

 

-Oui. Autre question ?

 

-Vous êtes vraiment…ce que je crois que vous êtes ? demande le jeune homme en faisant un geste de la main.

 

-Un centaure ? Oui, mais vous pouvez le dire vous savez, le mot ne vous écorchera pas la bouche.

 

Le garçon rougit alors qu’Elio le fixe de son regard perçant. Ils se resservent en silence puis le jeune homme reprend.

 

-Vous savez, je ne vous imaginais pas du tout comme ça.

 

-Ah ?

 

-Oui ! Dans Harry Potter par exemple, les centaures sont un peu…

 

-Shootés à la coke ? l’interrompt Elio.

 

Le garçon éclate de rire et manque de s’étouffer avec sa bouchée.

 

-Err, ouais, complètement drogués. Vous regardez pas Mars vous le soir ?

 

-Non, elle n’est pas très bavarde vous savez et puis elle est surtout très loin.

 

-Vous n’êtes donc pas devin ?

 

-Et non, pas de Madame Soleil chez nous.

 

-Oh, vous la connaissez !

 

-J’ai une télé vous savez, fait Elio en indiquant l’objet de la tête, et avant que vous ne posiez la question, oui nous connaissons les technologies humaines, nous nous en servons et nous savons les faire marcher même au milieu de la forêt. Nous sommes évolués n’est-ce pas ?

 

-Ah oui, j’avais pas vu. Au temps pour moi. Comment ça marche d’ailleurs ?

 

-J’ai des panneaux solaires sur le toit et un petit générateur à énergie magique qui permet de produire de l’électricité. Très pratique, non polluant et très peu encombrant mais le procédé est un peu long à expliquer.

 

-Et comment ça se fait que vous viviez tout seul dans le coin ? Il n’y a que vous n’est-ce pas ?

 

-Oui, je suis le seul centaure des environs. Disons que je ne descends pas de la branche principale de mon espèce et j’ai eu quelques conflits avec les autres. Je suis banni en quelque sorte.

 

-C’est triste.

 

-C’est la vie.

 

Un silence un peu triste et mélancolique s’installe dans la pièce. Elio repense à sa dernière confrontation avec le chef de son clan et se perd quelques instants dans ses souvenirs.

 

-Oh mais je ne sais même pas comment vous vous appelez ! s’exclame soudain le garçon, scandalisé, tirant Elio de ses pensées.

 

-Vous ne me l’avez pas demandé, rétorque Elio avec une certaine évidence dans la voix.

 

-Ah, oui, en effet. Et donc ? C’est quoi votre prénom ?

 

-Elio.

 

-Elio, murmure en écho le jeune homme puis plus haut, c’est très joli. C’est italien ?

 

-Je ne sais pas.

 

-Tant pis. Moi c’est Damien. Et vous avez quel âge ?

 

-Cinquante-huit ans, avoue Elio.

 

Le jeune homme ouvre de grands yeux et Elio sourit. Cet humain est vraiment amusant à observer.

 

-Ah ouais, vous les faîtes pas du tout !

 

-C’est normal, nous vieillissons deux fois moins vite que les humains.

 

-Donc si je comprends bien, en année humaine vous avez 29 ans c’est ça ?

 

Elio acquiesce d’un hochement de tête.

 

-Cool, on a que 8 ans d’écart.

 

Elio hausse un sourcil.

 

-Pourquoi ? Vous envisagez de me draguer ?

 

-Hein ! Non, nie Damien, je suis p’tet gay mais pas centaurophile ou quel que soit le nom ! Je ne sais même pas comment marche le sexe chez vous alors bon.

 

-Tu veux que je te montre ? l’interrompt Elio la voix basse et séductrice en se penchant sur la table.

 

Damien s’arrête aussitôt, totalement décontenancé, et sa bouche s’ouvre de surprise. Ses joues rougissent profondément. Elio mange, un sourire innocent aux lèvres.

 

-Vous…Vous êtes pas sérieux ? demande-t-il d’un ton incertain.

 

Elio le laisse mariner un instant, croque deux bouchées de quiche, déglutit, sourit, puis répond.

 

-Non, et tu peux me tutoyer, après tout je viens juste de le faire.

 

-Vous…Tu m’as fait peur, souffle Damien, le soulagement clairement visible sur ses traits.

 

-Vraiment ?  

 

-Ben…en fait…Damien s’interrompt.

 

Il boit quelques gorgées d’eau en dévisageant pensivement Elio, repose doucement son verre et reprend.

 

-En fait, je pense pas que j’ai eu peur. J’ai été surpris, c’est sûr, mais pas effrayé.

 

-Non ?

 

-Non. T’as l’air sympa, tu es poli, tu cuisines bien, tu t’es occupé de moi quand j’étais évanoui et t’en as pas profité pour me tuer, violer ou n’importe quoi d’autre donc j’ai pas de raison d’avoir peur. Peut-être que je suis un peu trop naïf aussi.

 

Elio hausse les sourcils. Cet humain est vraiment étrange. Il observe son visage pendant qu’il parle, ses yeux noirs, ses traits fins mais masculins, ses cheveux brun clair, la décontraction de son expression. Vraiment étrange…et très agréable à regarder.

 

-Oui.  

 

-Ah. Donc tu prévois de me tuer ?

 

-Non, bien sûr que non, mais la plupart des gens s’enfuient lorsqu’ils m’aperçoivent tu sais.

 

-Ben c’est des cons et puis c’est tout.

 

Elio éclate de rire.

 

-Quoi ! Non mais c’est vrai ! Et comment ça se fait que personne ait jamais parlé de toi dans les journaux ?

 

-C’est parce que la barrière magique efface la mémoire des humains lorsqu’ils la traversent dans l’autre sens.

 

-Quelle barrière magique ?

 

-Il y a un alignement de pierres spéciales tout autour de ma propriété, explique Elio. Ce sont les pierres de Korth. Leurs pouvoirs permettent de cacher tout ce qui se trouve au centre du cercle en créant une illusion mais aussi d’empêcher les visiteurs indésirables de se souvenir de ce qui est à l’intérieur et d’en divulguer la position.

 

-Ça veut dire que je ne me souviendrai de rien quand je partirai ? 

 

-Oui.

 

-Oh…

 

La mine déçue de Damien serre un peu le cœur d’Elio qui baisse les yeux sur son assiette.

 

-Mais ça marche pas sur toi ? demande le jeune homme avec un peu moins d’enthousiasme.

 

-Non, ça n’affecte pas la personne qui installe les pierres.

 

-Je vois. Et, par exemple, si deux personnes les mettent en place, elles gardent la mémoire toutes les deux ?

 

-Oui.

 

Un éclair d’excitation passe dans les yeux de Damien qui retrouve sa bonne humeur. Elio secoue doucement la tête, mais la joie du garçon lui met du baume au cœur.

 

-Mais ! J’ai plus mal à la cheville ! s’étonne le jeune homme.

 

-Et bien, depuis le temps que tu es debout, c’est pas trop tôt si je puis me permettre, fait remarquer Elio en haussant un sourcil narquois.

 

-Oui bah hein, proteste Damien, c’est tout de même pas de ma faute si y’a plein de trucs qui débarquent d’un coup dans ma vie hein !

 

-Certes, concède Elio.

 

-C’est toi qui m’as guéri ?

 

-Qui d’autre ?

 

-Oh ça va, je sais que je pose des questions stupides ! fait le jeune homme avec une moue bougonne. T’as fait comment ?

 

-Magie.

 

-Vrai ? s’étonne Damien en ouvrant de grands yeux de gamin. T’as des pouvoirs ?

 

-Quelques-uns, répond Elio, rien de bien extraordinaire, j’avais surtout un baume réparateur en réserve et associé à une petite incantation ça marche très bien pour soigner les foulures.

 

-Wouah ! Trop classe ! Merci ! Tu pourras me faire voir des trucs ?

 

-Après manger, si ça te dit.  

 

-Un peu que ça me dit. (1)

 

-Finis ton assiette d’abord, le gronde Elio.

 

-Oui papa !

 

Ils échangent un sourire puis Elio débarrasse le plat vide pour apporter une corbeille de fruits.

 

*******

 

Un peu plus tard, ils sont dans le grand pré derrière la maison d’Elio pour un petit repos digestif.

 

Damien est allongé de tout son long bras croisés derrière la tête. Elio est agenouillé près de lui.

 

-Ça fait longtemps que t’habites ici ? demande Damien en mâchonnant une grande herbe.

 

-Je ne sais plus vraiment, répond Elio en regardant le paysage, parfois je perds totalement la notion du temps.

 

-Je comprends, quand au milieu de nulle part on a tendance à tout oublier, ça me fait pareil quand je suis en vacances. En tout cas c’est vraiment tranquille et reposant ici.

 

-Oui, c’est sûr.

 

-Je te sens pas très convaincu.

 

Elio soupire et Damien s’assoit pour mieux le voir.

 

-Ne te méprends pas, j’aime vivre ici. Seulement…

 

-Tu es tout seul.

 

-Oui. J’ai bien quelques visiteurs de passage qui viennent m’acheter les décoctions que je prépare, les livreurs aussi tous les mois. Et puis quelques humains égarés parfois, ajoute Elio en souriant à Damien.

 

-Heureusement pour toi que je suis pas doué avec mes pieds alors.

 

Elio rit doucement. Damien sourit en le regardant.

 

Et puis il rougit.

 

Parce qu’il vient de se rendre compte qu’il fixait ses lèvres un peu trop longtemps.

 

Parce qu’il a envie de passer sa main dans les cheveux noirs du centaure.

 

Parce qu’il a envie de caresser son visage du bout des doigts pour chasser la tristesse qui ternit imperceptiblement ses traits.

 

Parce qu’il a envie, tout simplement.

 

Damien détourne le visage et se rallonge.

 

-Pas de petite-amie du coup ? demande-t-il en tentant de paraître indifférent.

 

-Non.

 

Damien n’arrive pas à retenir le soulagement qui afflue dans son corps.

 

-De toute manière je ne suis pas intéressé par le sexe opposé, ajoute Elio en plongeant ses yeux dans les siens un instant.

 

Ils se perdent à nouveau dans leurs pensées. Et puis le jeune homme parle sans faire attention comme s’il continuait une conversation qu’il a commencée dans sa tête. 

 

-Mais du coup vous faites comment ?

 

-Pardon ?

 

-Oh…merde.

 

Elio fronce les sourcils, intrigué par le rougissement sur les joues de Damien.  

 

-Ben…tu sais.

 

-Euh, non ?

 

-Pour…pour le sexe.

 

Le jeune homme cache son visage dans ses amis et Elio se retient de rire.  

 

-Je suis stupide, s’admoneste Damien, je me doute déjà de comment vous faites.

 

-Et bien en fait, commence Elio, je ne pense pas que tu connaisses absolument tout ce qu’il y a à savoir sur le sujet. Mais je dois d’abord te donner un petit cours d’anatomie sur les centaures.

 

-C’est vraiment indispensable ? demande le jeune homme avec une grimace.

 

-Plutôt.

 

-Ok, vas-y.

 

-Tout vient du fait que je suis issu d’une branche spéciale de centaures. Tu vois cette branche a muté il y a pas mal de siècles pour créer une race de centaures avec deux appareils génitaux.

 

-Pardon ? s’exclame Damien en se redressant. Deux ?

 

-Oui.

 

-Mais…comment ça deux ?

 

-Et bien, il y a l’appareil génital équin et l’appareil génital humain.  

 

-Oh. Tous les deux côte à côte ?

 

Elio éclate de rire.

 

-Non. A ton avis, pourquoi crois-tu que je suis vêtu ?

 

-Parce qu’il fait frais et que vous n’êtes pas comme dans Harry Potter ?

 

-Encore ce binoclard…il nous aura vraiment fait une vilaine réputation.

 

-Et oui…

 

-Bref, la raison pour laquelle nous sommes habillés c’est premièrement pour se protéger du froid et deuxièmement par pudeur. Nous n’apprécions pas plus que ça d’exposer notre matériel au grand air.

 

Damien rit à son tour et Elio lui fait un grand sourire.

 

-Et donc l’appareil génital équin c’est celui de tout cheval qui se respecte. L’appareil génital humain est placé vers nos pattes avant, à la jonction entre le buste humain et le corps de cheval.

 

-Oh, je vois. Donc si je te mets un coup de poing trop bas je te castre c’est ça ?

 

-Et bien il reste toujours un sexe de secours…

 

Damien pouffe.

 

 -Et comment ça marche ? Je veux dire…les filles ont deux trucs de filles et les garçons deux trucs de garçons ou c’est au hasard ?

 

-Totalement aléatoire. Il y’a même des cas où le corps humain est mâle et les deux sexes sont féminins et inversement.

 

-Ah ouais, sympa. Et…commence Damien en lançant un regard par en-dessous à Elio.

 

-Je suis cent pour cent mâle, l’interrompt le centaure.

 

Le jeune homme acquiesce silencieusement.

 

-Et c’est aussi pour ça que t’es aussi grand que moi debout ?

 

-Non, ça c’est parce que mes parents n’étaient pas très grands.

 

-Oh.

 

Deux pies passent en jacassant au-dessus de leurs têtes, les distrayant un instant.

 

-Et sinon, côté pratique…reprend Damien.

 

-C’est une obsession ou quoi ? le taquine Elio. Je vais vraiment finir par te le montrer si tu continues, ajoute-t-il en plaisantant.

 

-Vas-y…

 

-Quoi ?

 

Cette fois-ci c’est Elio qui ouvre de grands yeux.

 

Le temps s’arrête et la nature semble faire silence autour d’eux.

 

Elio fronce les sourcils.

 

-Tu es fou ?

 

-Pourquoi ? demande innocemment le jeune homme.

 

-Est-ce que tu sais que beaucoup considèrent ça comme de la zoophilie ?

 

-Et alors ? Bon ok je le pensais aussi au début, admet Damien après le regard sceptique d’Elio. Et puis j’ai discuté avec toi, j’ai appris à te connaître un peu, et ce que je sais de toi me plait. Je m’en fous des autres. Qu’ils restent chez eux et viennent pas nous emmerder. Maintenant le seul truc qui m’empêcherait de le faire c’est que tu n’en aies pas envie. Tu n’en as pas envie Elio ?

 

-Damien….

 

Elio se lève et essaie de calmer le garçon. Il ne sait pas à quoi il s’expose.

 

-Tu n’en as pas envie Elio ? insiste le jeune homme en se levant à son tour pour se placer à quelques dizaines de centimètres de lui.

 

Il s’approche encore et leurs souffles se mêlent. Elio est à peine plus grand que lui et Damien se noie dans son regard gris.

 

Elio détourne la tête et ferme les yeux. Il doit se calmer. Ne pas laisser l’autre…respirer son cou comme il le fait.

 

Il doit l’empêcher de poser ses mains sur ses flans.

 

Le retenir de les glisser le long de son torse vers le col de son vêtement pour en ôter les premiers boutons.

 

Il doit se retenir de gémir lorsque les lèvres effleurent sa jugulaire, faisant trembler ses mains comme des feuilles.

 

Il doit enlever cette main si douce sur sa joue qui l’oblige à tourner la tête pour croiser un regard sombre et déterminé.

 

Empêcher.

 

Empêcher…

 

La pression est légère sur ses lèvres. Un frôlement. Une caresse. Une torture.

 

Damien s’écarte et Elio se retrouve à quémander comme un chaton affamé.

 

Puis Damien s’avance encore un peu pour se coller contre son corps et leurs lèvres fusionnent enfin dans un baiser passionné.

 

Elio se perd et se retrouve.

 

Damien s’accroche à lui comme si sa vie en dépendait et Elio se surprend à aimer cela.

 

Il aime sa bouche qui fait l’amour à la sienne, sa langue qui caresse son palais, ses mains dans ses cheveux, la chaleur de son sexe contre le sien.

 

Les mains se font plus aventureuses et taquines.

 

Elles cajolent, caressent, pincent, effleurent.

 

Elles se pressent indécemment entre eux, s’unissent autour d’un même but, les emmènent vers la jouissance.

 

Ils s’écartent finalement à bout de souffle et restent l’un contre l’autre, front à front.

 

Damien sourit comme un dément et Elio n’est pas sûr d’être mieux.

 

Il empêche le jeune homme de prononcer la phrase victorieuse qu’il a sur le bout de la langue en lui la volant à même la bouche, étouffant son rire par la même occasion.

 

Leurs cheveux volent doucement dans le vent d’avril.

 

Les pies jacassent.

 

Les pierres de Korth brillent doucement sous les rayons du soleil.

 

Une paire de lunettes attend au milieu du chemin.

 

Un centaure et un humain s’embrassent.

 

 

 

 

Fin…(du fin, plantafin)

 

 

 

******

 

 

(1) et dimanche aussi.

 

 
     
     
 
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