Toi et Draco, vous êtes âmes sœurs. Âmes sœurs. Deux mots. Deux êtres. Liés. À jamais.
- Professeur, je ne suis pas sûr de bien vous suivre, avoua Harry.
- En fait, la signification moldue du terme « âme sœur » est assez proche de la signification sorcière, sans toutefois réussir à l'équivaloir. Draco et toi êtes unis par un lien si fort que même la mort ne peut le briser. Un lien tissé par la haine, l'amitié ou l'amour voire les trois à la fois. Durant vos vies antérieures vous avez toujours été ensemble et pendant vos existences futures vous le serez aussi, tenta d'expliquer le vieil homme.
- Ce n'est pas vrai, protesta le blond. Certaines âmes peuvent être sœurs des milliers d'années avant de devenir de parfaites étrangères l'une pour l'autre.
- C'est exact. Sauf si...
- Non, souffla le Serpentard qui venait de comprendre. Ce n'est pas possible.
- Je crains que si Draco. Quand vous étiez Gao et Tshi, vous étiez jumeaux.
Le masque d'indifférence de Draco éclata en morceaux. Il se prit la tête entre les mains et, comme en transe, ne cessait de répéter « Je vais me réveiller, ce n'est qu'un mauvais rêve, je vais me réveiller... ».
Harry se fit soudain impatient.
- Quelqu'un aurait-il l'amabilité de m'expliquer la situation, demanda-t-il d'une voix doucereuse mais pleine d'une tension palpable.
Le Serpentard tourna la tête dans sa direction, l'air totalement désemparé il lui répondit, presque dans un souffle.
- La gémellité chez les âmes sœurs ne peut avoir qu'un seul sens : nous sommes d'une complémentarité parfaite. Si on appliquait la phrase « Ils sont faits l'un pour l'autre » à notre cas, ce serait un vulgaire euphémisme. Nous sommes les deux uniques pièces d'un tout. Si l'un de nous venait à se faire prendre son âme, l'autre ne deviendrait qu'une coquille vide. Notre relation n'a rien à voir avec la notion de choix, d'envie ou de besoin, c'est bien plus que ça. Chacun de nos pas nous rapprochent plus l'un de l'autre, quoi que nous fassions. Nous ne pouvons pas lutter contre « ça ».
Il détourna la tête, fixant un point invisible pour quiconque autre que lui-même et se mura dans un profond mutisme comme s'il regrettait de s'être montré si proche de son ennemi. Mais étaient-ils encore ennemis ?
Le Gryffondor l'avait senti. Il avait senti ce lien alors que Malfoy lui expliquait ce qu'il ignorait. Ce lien qui lui avait fouillé les entrailles alors que le Serpentard lui laissait pour la première fois plonger ses yeux dans les siens sans qu'il y découvre de la haine. Ce lien qu'il avait, en fait, toujours su enfoui en lui. Il ne savait plus où il en était. Il secoua la tête comme pour chasser ses pensées.
- Pourquoi nous dire tout ça maintenant Monsieur ?
Le Serpentard releva la tête, intrigué. Dumbledore les regarda tour à tour, l'air grave.
- De terribles événements sont sur le point de se produire. Voldemort cherche à détruire l'essence de ton être Harry, quelle que soit ton enveloppe charnelle. Et pour réussir, il va envoyer deux de ses Mangemorts à l'époque de Kioud pour vous ramener, Draco et toi, sous la forme de Gao et Tshi. Puis il prendra soin de vous arracher lui-même vos âmes, de manière à vous détruire à tout jamais.
- Et nous sommes censés retourner dans le temps, combatte deux Mangemorts puis sauver nos nous antérieurs ainsi que le futur, tout seuls ? gémit Draco, inquiet.
- Il n'y aura pas pas que des Mangemorts. Dans l'ancien temps existaient des lieux empreints d'une magie jeune, aussi puissante que destructrice. Dans l'ancien temps vivaient des créatures que vous ne pouvez oser imaginer. Dans l'ancien temps l'ordre de la Rose sévissait encore. Et ni moi ni personne ne peut vous accompagner. La vieille magie ne permet qu'aux âmes sœurs de retrouver leurs âmes sœurs et seulement si celles-ci sont menacées, Voldemort utilisera la magie noire pour y envoyer ses acolytes, et rien ne dit qu'ils y survivront.
Draco frémit, plus dépité que jamais.
- Qu'est-ce que l'ordre de la Rose Professeur ? interrogea le Survivant.
- L'ordre de la Rose est la façon dont s'appelait les partisanes de Coa, donc Voldemort. Elles étaient de redoutables guerrières. Faîtes toujours en sorte de rester loin d'elles. Vous les reconnaîtrez à la rose qui orne l'arrière de leur oreille droite.
Il sortit un petit objet noir d'un tiroir de son bureau.
- Voici un traverseurdetemps. Je l'ai ensorcelé de façon à ce qu'il vous amène à l'époque de la création de l'objet avec lequel vous le mettrez en contact. Ainsi, dès que vous toucherez à la fois la jupe et le traverseurdetemps vous voyagerez dans le temps. Cependant, vu le nombre d'années que vous devrez remonter, vous resterez absents de l'école pendant une semaine entière. Du moins, jusqu'à ce que vous reveniez pour repartir.
Il leur fit un clin d’œil complice.
- Pour revenir, il vous faudra toucher à nouveau ces deux objets en murmurant la formule « temporo inverso ». Il est essentiel qu'ils restent en votre possession, continua-t-il, l'air grave.
Donnant la jupe à Harry et la pierre noire à Draco, il leur fit une dernière mise en garde.
- Personne n'est au courant que vous vous trouverez aussi là-bas, l'effet de surprise jouera donc en votre faveur. Néanmoins, ne sous-estimez pas vos adversaires. Et si vous pouvez en éliminer un en versant du poison dans son verre ou en l'attaquant par derrière, faîtes-le !
Les deux adolescents hochèrent frénétiquement la tête.
- Maintenant, prenez-vous la main.
- Il n'est pas question que...
Les derniers mots d'Harry s'évanouirent, le Serpentard venait de lui saisir la main. Ils avaient disparus.
- Bon voyage, souffla le vieil homme. Nous nous reverrons dans une semaine. Du moins, je l'espère, ajouta-t-il plus bas.
* * *
1er jour d'absence du Prince et du Survivant, coïncidant avec le 1er jour de cours
Le Grand Hall pendant le petit déjeuner
Ron touchait à peine à son assiette, lui qui d'habitude se resservait plusieurs fois avec une joie non-dissimulée. Il jouait avec sa fourchette, tournant et retournant son bacon qu'il n'arrivait décidément pas à se résoudre à porter à sa bouche. Les poches légèrement violacées qui alourdissaient ses yeux et sa mine morose témoignaient de son manque de sommeil. Il s'inquiétait. Il n'avait pas vu Harry depuis que ce dernier avait été convoqué par le directeur. Il jeta un coup d’œil à celle qui était en face de lui. Hermione se trouvait dans un état d'agitation qu'elle n'adoptait normalement qu'à l'approche des examens. Elle tiquait au moindre bruit et lançait des regards désespérés en direction de l'entrée. Leurs regards se croisèrent, leurs yeux parlant pour eux, chacun ressentant ce que l'autre éprouvait.
Dans la même salle, à une autre table, une scène similaire était en train de se produire.
Un observateur non-averti n'aurait rien remarquer de suspect dans le comportement des Vert et Argent. Et pourtant, Blaise et Pansy qui discutaient en apparence de banalités sans le moindre intérêt avaient recours à leur fameux code.
- Mais il est où le pot de confiture cassis ? Je le voudrais.
- Je n'en sais rien. T'as qu'à prendre abricot. Ton goût stupide pour ces baies rouges devient inquiétant.
- T'as pas dormi avec ton clown toi, tu serais plus souriant. Mais qu'est-ce qu'il me veut lui ?! S'indigna Pansy en foudroyant du regard un première année qui n'en menait pas large.
- Non, il a disparu. Aucune idée.
(1)
Ils furent interrompus par Dumbledore qui venait de se lever, ils se turent, chacun observant un instant le reflet de leur propre inquiétude dans les yeux de l'autre avant de prêter toute leur attention à leur directeur.
- Il n'est pas coutume de faire un discours aussi tôt le matin, d'autant plus que c'est le premier jour de cours. J'ai pourtant une annonce à vous faire concernant l'absence de M. Potter et de M. Malfoy. En effet, ils sont actuellement au Ministère de la magie pour effectuer un stage qu'ils ne pouvaient se permettre de refuser et ne seront donc pas de retour avant une semaine. Vous n'avez donc pas à vous inquiétez. Je vous laisse retourner à vos assiettes !
- Quelque chose ne va pas... murmurèrent sans le savoir quatre voix à l'unisson.
(1) Pour les profanes, voici l'explication du code utilisé ici par Blaise et Pansy mais aussi connu de Draco, les trois Serpentards l'ont mis au point pour pouvoir discuter de sujets personnels sans que quiconque n'y voit autre chose que des futilités. Ce codage du langage consiste à ne prendre en compte que les quatre premiers mots du dialogue ainsi que le dernier. A noter : il peut arriver qu'on n'utilise qu'une syllabe seulement du dernier mot, d'où l'importance de l'intonation.
Le dialogue décodé :
- Mais il est où Dray ?
- Je n'en sais rien. Inquiétant.
- T'as pas dormi avec lui ?!
- Non, il a disparu. Idée ?
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