Ceci est ma 1ère fic originale. Il n'y a, pour le moment que 2 chapitres finis et un 3ème en cours d'écriture. Je tiens à préciser que les 2 premiers chapitres ont été écrit il ya plusieurs années. Le début du 3ème aussi, maintenant que j'y pense... il n'est pas terminé mais je le ferai quand je le posterai.
Donc tout est à moi, même les prénoms (si, si, j'ai posé un brevet dessus, lol)
La 1ère fois que...
La première fois qu’elle a fugué, elle avait neuf ans. C’était un samedi et ça a duré une semaine. Je m’en souviendrais toute ma vie, parce que c’était aussi la première fois qu’elle faisait quelque chose sans moi.
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- Ylann ! Ouvre immédiatement ! Ylann !
La jeune fille jeta un œil éteint à cette porte sur laquelle tambourinait son père depuis dix minutes et revint à son reflet dans le miroir de sa coiffeuse. Elle avait les traits tirés et des cernes commençaient à apparaître. Une sale gueule, vraiment. Elle se dirigea vers sa chaîne hi fi et mit le son à fond puis alla s’effondrer sur son lit, toute habillée, les yeux rivés au plafond.
Son père, au bout d’un moment, cessa de hurler. Elle soupira et tenta de trouver le sommeil. Il fallait qu’elle dorme. Elle avait passé la nuit dehors. Encore. C’était devenu une habitude. Elle passait le maximum de temps hors de cette maison, le plus loin possible de cette famille.
Un coup discret la sortit de sa torpeur.
- Ylann ? C’est moi. Je peux entrer ?
Elle se leva de son lit, alla éteindre la musique et se dirigea vers la porte. Elle l’entrouvrit et s’appuya au chambranle, les bras croisés sur sa poitrine en une attitude plus que contrariée. Elle observa un instant son frère, Djestevan, son double angélique dixit leur entourage, son jumeau maléfique dirait Maxence.
- Qu’est-ce que tu veux ? lui demanda-t-elle, la voix pâteuse, le regard méprisant.
- Tu viens pas en cours ?
Elle eut un sourire ironique. Elle se redressa, posa une de ses mains sur la poignée de la porte et la claqua au visage de son frère. Il avait sa réponse.
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Pourquoi était-elle partie ? Pourquoi ne m’avait-elle pas amené avec elle ? J’avais fait quelque chose de mal ?
Pendant cette interminable semaine, j’ai pleuré. Je dormais dans son lit, j’y restais constamment, refusant d’en sortir même pour aller à l’école. Maman a fait venir le médecin parce que je ne mangeais rien. Il l’a rassurée : c’était normal comme réaction. Surtout chez des jumeaux. Perdre une sœur est difficile et quand c’est votre jumelle… Ca ajoute un aspect fusionnel à la perte. Enfin, c’est ce qu’il a dit. Moi, j’avais mal et peur. Je voulais qu’on me rende ma sœur. On avait toujours tout fait ensemble. Si on avait deux chambres, c’est parce que nos parents le voulaient. Ca se fait pas qu’un frère et une sœur dorment ensemble à nos âges, paraît-il. Moi, je m’en fichais. Elle me manquait. Son odeur de fille, sa peau douce de poupée, son rire si semblable au mien. Quand je la regardais, c’était moi que je voyais. La perdre, c’était me perdre un peu moi-même.
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- Ylann ! Attends ! lui cria la voix de son frère.
La jeune fille s’arrêta au milieu de l’allée, son sac en bandoulière négligemment posé sur sa hanche droite. Elle commença à taper du pied en signe d’impatience.
- Qu’est-ce que tu veux, encore ? lui demanda-t-elle, quand il arriva à sa hauteur.
- Juste savoir où tu allais comme ça.
Elle reprit sa marche sans répondre, énervée. Il la suivit, un peu en retrait. Evan observa la silhouette qui avançait devant lui.
Sa sœur. Sa sœur jumelle. Ils étaient nés à trois minutes d’intervalle, lui en premier et elle après.
Leur gémellité aurait dû les rapprocher, les rendre complices. Mais non, ça n’était pas le cas. Plus depuis qu’ils étaient adolescents. Avant oui, quand ils étaient encore enfants, qu’ils jouaient dans la campagne perdue. Mais quelque chose avait changé,elleavait changé. Et aujourd’hui, ils étaient aussi différents que deux inconnus.
Il soupira. Ca pour être différents, ils l’étaient ! D’ailleurs, jamais personne ne les avait pris pour des jumeaux, à peine des frères et sœurs. Elle était aussi brune que lui était blond, avait les yeux marrons et lui vert. Il était grand, elle petite. Lui, svelte et sportif et elle plutôt ronde. Bref, des antithèses. Et leurs différences ne s’arrêtaient pas au physique. Ils avaient aussi des caractères très opposés. Quant lui était un élève studieux, faisant la fierté de ses parents… deleursparents… elle était dissipée, totalement incontrôlable.
Il la rattrapa en quelques enjambées.
- Tu seras là, ce soir ? l’interrogea-t-il.
- Qu’est-ce que ça peut te foutre ?!
Il ne répondit pas à cette provocation, la dernière d’une longue liste. Il reprit, persévérant :
- Maman se sent seule, tu sais…
La jeune fille leva les yeux au ciel.
- C’est vrai ! Maman est dépressive, ironisa-t-elle.
- Tu sais bien qu’elle va mal, en ce moment, insista l’adolescent.
Elle se tourna vers lui, un petit sourire aux lèvres.
- Tu n’as qu’à lui tenir compagnie, en ce cas, suggéra-t-elle, en lui tapotant sa joue.
Il sentit la colère lui brûler l’estomac.
- Mais t’es vraiment qu’une égoïste !
Elle s’arrêta net et se tourna brutalement vers lui. Elle sembla vouloir dire quelque chose mais, finalement, se ravisa et ce fut avec un sourire encore plus narquois qu’elle finit par lâcher :
- T’avais pas encore remarqué ?!
Au même moment, un scooter s’immobilisa à leur hauteur. Le conducteur enleva son casque, laissant ses longs cheveux châtains clairs tombés librement sur ses épaules : Maxence, sonmec. Il sourit aux deux adolescents près de lui :
- Ylann, je t’amène ? proposa le jeune homme après un rapide coup d’œil au frère de la jeune fille.
Elle acquiesça, et sans plus un regard pour son jumeau, grimpa sur le scooter et disparut au coin d’une rue.
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Et puis, on l’a retrouvée. Un pécheur l’avait surprise dans son cabanon, au bord de la plage, avec Maxence. Quand j’ai appris ça, j’ai été anéanti. Ainsi donc, ma sœur s’était enfuie avec notre meilleur ami sans même m’en parler. Nous étions pourtant le trio infernal, celui qui ne se quittait jamais. On nous appelait même les triplets ! Et là, là, vous m’avez mis de côté, ignoré. Vous vous êtes enfuis… sans moi et loin de moi.
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Appuyé au rebord de la fenêtre, Maxence avait une vue imprenable sur le jardin et observait avec un certain intérêt les trois adolescents qui s’y trouvaient. Depuis la chambre d’Ylann, il les voyait s’ébrouant dans la piscine, s’amusant à se noyer. Leurs éclats de rire résonnaient dans tout le jardin et montaient jusqu’au premier étage de la maison.
Maxence soupira. Soupir qui fut intercepté par sa meilleure amie. Elle s’approcha du jeune homme et s’appuya à son tour au rebord, observant, elle aussi, le spectacle.
- Tu les envies ? lui demanda-t-elle, en le regardant de biais.
- Un peu. Cette insouciance, cette joie de vivre… J’aimerais ça aussi, lui répondit-il, amer.
Elle baissa la tête, repartant dans la contemplation de son frère et de ses deux copains.
- C’est pas ce que je voulais dire…
- Je sais ce que tu voulais dire. Et c’est oui. Je les envie. Pouvoir le toucher, rire, parler même ! Oui, je les envie, répéta le jeune homme. Pas toi ?
Elle eut un sourire un peu triste.
- J’ai perdu ce droit, il y a longtemps…
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Comme explication officielle, la romance entre deux gamins fut celle qui eu le plus de succès. Comme c’était mignon, deux enfants qui s’aiment et qui ne veulent pas se séparer ! Prêts à tout pour être ensemble, prêts à s’enfuir. Oui, c’était beau… beau à en vomir ! Dans leur belle histoire d’amour, ils avaient oublié leur frère d’arme, le troisième, la roue de secours, celui dont on se passe… Ils m’avaient oublié, moi. Je leur en ai voulu. Et puis je me suis rendu compte qu‘ils s’en fichaient. Ils étaient bien tous les deux. Sans moi. Je les regardais ensemble, emmurés dans leur silence face aux policiers qui leur demandaient pourquoi cette fugue. Je n’avais plus ma place avec eux. C’était fini le temps des trois mousquetaires.
Je me suis détaché petit à petit, créant mon propre groupe d’amis, les laissant en autarcie. Et c’est pour ça que je n’ai pas réagi quand elle a fugué, à nouveau, deux ans plus tard. C’est pour ça aussi, que je n’allais pas la consoler quand je l’entendais pleurer dans sa chambre. Et c’est pour ça aussi qu’aujourd’hui, nous sommes deux étrangers vivants sous le même toit.
Djestevan, 15 ans et quatre mois |