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L'Outre-Monde
Par Elfy
Originales  -  S-F/Fantaisie  -  fr
2 chapitres - Complète - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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L'éveil

Chapitre I : L'éveil

        Il devait continuer à pied. Jetant un dernier regard au corps sans vie de la monture qui l'avait mené de villages en villages au cours des derniers mois, Jahlsim soupira. La mort de son cheval venait d'entamer sérieusement ses chances de trouver le réceptacle à temps, malgré le fait que celles-ci aient été quasi inexistantes depuis le début de son voyage. Heureusement, il n'y avait pas eu de tempête de neige au cours des deux derniers jours, il pouvait donc avancer d'un pas relativement assuré, la neige déjà tassée après deux jours passés à être balayée par les rafales de vent.
Malgré les couvertures qui l'entouraient, il n'avait pas trouvé de trop de rajouter en plus la selle, le cuir ayant au moins le bénéfice de couper quelque peu le vent. A mesure qu'il avançait vers l'Est, les conditions se faisaient plus dures, et les arbres plus rares. Même les sapins, encore moqueurs quelques jours plus tôt, ne gardaient ici que quelques épines. Le paysage était mort. Et Jahlsim se demandait combien de temps il lui restait avant de faire partie de celui-ci. Plongé dans ces pensées moroses, il ne prit pas le soin de s'assurer que la neige était ferme sous son pied. Celle-ci se déroba lorsqu'il pesa de tout son poids, l'entraînant quelques mètres plus bas. Les rares rochers présents attrapèrent quelques couches de vêtements, ou les déchirèrent. Jahlsim jura à voix basse, d'autant plus lorsqu'il découvrit que son genou droit ne répondait plus correctement. Malgré tout, il se releva, rattrapa dans un frisson les vêtements que le vent n'avait pas encore emporté, puis reprit sa route.

Le souffle glacé du pruga1 avait redoublé d'intensité. Il peinait à garder les yeux ouverts, mais continuait d'avancer. Pour éviter de revenir sur ses pas, il avait préféré retrouver la trace de ses derniers pas avant sa chute, pour ensuite reprendre dans la même direction.

Le temps semblait figé, le paysage ne changeant que très peu à mesure de sa lente avancée. Il prenait maintenant bien soin de vérifier que la neige sous ses pieds était stable, ce qui le ralentissait d'autant. Après ce qui lui sembla être plusieurs heures, Jahlsim ne voyait toujours aucune lumière se dessiner à l'horizon. Pourtant, il était certain d'aller dans la bonne direction. Depuis quelques temps, déjà, il sentait la présence de celui qu'il cherchait se faire plus forte, preuve qu'il approchait de son but. Cependant, comme cela faisait plusieurs jours déjà, et que les variations étaient légères, il ne pensait pas pour autant être proche. Mais s'il continuait, il y arriverait.

Il sortit de l'une de ses poches une boussole. Il allait toujours en Est-Nord-Est. Alors qu'il tentait de la remettre dans sa poche, sa jambe droite lâcha. Il ferma les yeux, tentant de réprimer la douleur. Puis son esprit vacilla.

 

 

Il se réveilla dans un soubresaut, sans pour autant parvenir à ouvrir les yeux. Ceux-ci étaient collés par le froid. Il n'était donc pas mort. Ou bien elle ne ressemblait en rien à ce qu'il avait pu imaginer. Le vent semblait être tombé, et il sentit que son corps était maintenu sous d'épaisses couches de tissus. Il bougea difficilement un bras, pour porter sa main, relativement chaude, jusqu'à ses yeux. En quelques secondes, les flocons de gel fondirent, lui permettant de les ouvrir. Lentement. La première chose qu'il vu fut les couvertures. Pas les siennes. Il avait donc été ramassé par quelqu'un. Ensuite, luttant contre la douleur sourde dans sa nuque, paralysée par le froid, il tourna la tête. De nombreux bagages l'entouraient. Et le paysage défilait devant lui. Il tenta de se redresser, mais son genou le lança violemment. Tout à l'heure, il n'avait qu'assez peu ressenti la douleur, tout engourdit par le froid. Mais maintenant que le sang circulait à nouveau, et que ses nerfs fonctionnaient, il lui apparaissait clairement que la rotule avait due casser.
Dans une large grimace, il se tourna sur le côté, renversant quelques couvertures. Il faisait froid, mais l'absence de vent rendait le tout supportable. Une tête de cheval lui apparut. Les cahots provenaient donc du pas lent et régulier de l'animal. Autour du chariot, il en aperçut d'autres. Apparemment, il s'agissait d'une migration. Il avait entendu que, quelques jours après son départ de l'ouest, un coup d'état avait eu lieu. Des réfugiés politiques ?

 

« Как у Вас дела? »

 

Jahlsim pencha la tête vers l'arrière. L'homme qui conduisait le chariot semblait lui adresser la parole. En Russe, de toute évidence. Il se maudit une fois de plus de ne pas avoir pris le temps d'apprendre un minimum la langue. Certes, il était pressé... Mais il aurait pu en apprendre les rudiments, alors qu'il voyageait. L'homme sembla réfléchir.

 

« Vous parlez français? Or maybe English ? »

 

L'homme semblait apte à parler plusieurs langues. Un lettré, de toute évidence, et à y réfléchir, Jahlsim avait vu de nombreux livres dans le chariot.

 

« Un peu de français, oui.

- Bien ! Au moins, vous pouvez répondre. Ça va ? »

 

Jahlsim réfléchit quelques instants.

 

« Je pense, oui. A part mon genou.

- Ah... On verra ce qu'on peut faire. Je crois qu'on a un docteur. Vous verrez avec lui... »

 

Le silence retomba. Puis Jahlsim reprit :

 

« Vers où nous dirigeons nous ?

- L'Est. Nul part en particulier. Loin des bolcheviks. »

 

Jahlsim avait donc vu juste. Nouveau silence, dont il profita pour tenter de retrouver la présence du réceptacle. Il s'était considérablement approché.

 

« Depuis combien de temps m'avez-vous trouvé ?

- …Environ une demi-journée, je pense. Vous deviez être au milieu de la route depuis moins d'une heure.

- Je vois...

- Et vous, une destination ?

- Je ne sais pas encore. Vers le Nord-Est. »

 

L'homme lui sourit. Ils continuèrent de discuter quelques minutes, et Jahlsim accepta d'aller jusqu'au village suivant avec la caravane. La discussion retombant, Jahlsim décida de récupérer encore un peu et se rendormit.

 

Il fut réveillé lorsqu'il sentit le convoi s'arrêter. Il se redressa tant bien que mal, avant de descendre du chariot. Ils n'étaient pas encore arrivés à un quelconque village, mais la lune montait, et il avait donc été décidé de passer la nuit à l'abri d'une cavité rocheuse.

L'homme avec qui il avait discuté le réprimanda fortement de s'être levé malgré l'état de son genou. Il l'obligea à s'asseoir avant de courir chercher un médecin. Celui-ci arriva bientôt, examina pendant quelques minutes l'articulation, avant de se reporter sur la rotule. Une douleur sourde s'éveilla dans la cuisse de Jahlsim, et le médecin conclut que la rotule avait été déplacée. Sans prévenir, il la remit en place d'un geste rapide et assuré. Malgré l'intensité de la douleur, Jahlsim n'émit pas un bruit. Il avait appris, à l'époque où il faisait partie de l'armée du Roi, à ne pas laisser transparaître sur son visage les afflictions dont il pouvait souffrir. Quand ses nerfs ne lâchaient pas.

Dans les minutes qui suivirent, il arrivait à se tenir debout et à marcher sans que son genou ne proteste. Il remercia maladroitement le docteur dans un russe très approximatif, puis se mit en quête d'une tâche à accomplir pour aider à la mise en place du campement.

 

Lorsque tout fut prêt, l'ensemble des occupants de la caravane se retrouvèrent autour de plusieurs feux.

 

 

 

« Vous êtes nombreux...

- La nouvelle politique n'est pas favorable à tout le monde... A commencer par les lettrés.

- Mais les dictatures ne durent pas. »

L'homme réfléchit quelques instants avant de lui répondre. 

« C'est vrai. Mais j'espère que celle-ci durera le temps de ramener un peu de gloire à notre pays. Le régime précédent n'était pas suffisamment solide pour nous porter... La guerre l'a montré. »

Jahlsim n'avait eu que peu de temps pour se renseigner sur les affaires de la Surface, avant de partir. Il savait juste qu'une guerre majeure avait éclaté, entraînant l'ensemble d'un continent dans la guerre.

Après, il avait pu entendre quelques nouvelles. Celle-ci se poursuivait encore, mais l'armée russe s'était retirée des conflits, pour s'occuper de ceux qui minaient l'intérieur du pays. Une révolution s'était mise en branle, menée par un orateur charismatique. Un coup d'état avait eu lieu, à la suite du quel s'en était suivi une vague de liesse dans l'ensemble de la Russie. C'était les dernières nouvelles qu'il avait, loin du théâtre des opérations.

La soirée se poursuivit dans un mélange de présentation et de réflexions sur l'état du monde et de la Russie. Apparemment, Ilitch – l'homme qui l'avait sauvé, donc – vouait une certaine admiration à ce révolutionnaire, malgré qu'il l'ait obligé à s'exiler. Il voyait en lui le seul homme capable de ramener la Russie au rang de véritable puissance mondiale, tant sur le plan intellectuel que militaire ou économique.

 

« Même s'il pousse les hommes de sciences à s'exiler ?

C'est un choix. Et il doit le faire pour éviter une insurrection. Tout le monde ne le porte pas dans son cœur. »

 

Ils continuèrent leur discussion jusqu'à ce que la lune entame sa lente descente. Tous ou presque étaient alors couchés, et Ilitch estima que s'ils voulaient reprendre la route au lever du soleil, il leur faudrait éviter de passer une nuit blanche. Jahlsim acquiesça et tous deux retournèrent au chariot, où ils partagèrent la place et les couvertures, coincés entre les quelques biens d'Ilitch.

 

 

 

 

Le lendemain, ils ne furent pas réveillés par les rayons du soleil mais par le retour cruel du vent, accompagné par de violentes chutes de neige. Malgré le ciel couvert et menaçant, le convoi reprit son avancée, cependant freinée par le déchaînement des éléments. Les chevaux, des traits russes pourtant habitués au froid mordant des plaines de Russie, peinaient à trouver la force d'avancer, et malgré ses nombreuses couvertures et l'habitude qu'il avait acquis au fil des jours passés en Sibérie, frissonnait.

Lorsque le soleil approcha de son paroxysme, la tempête se calma, permettant aux hommes de se réchauffer et aux chevaux d'avancer. Vérifiant sa boussole maintenant qu'il arrivait clairement à voir, Ilitch cria quelques instructions en russe aux autres caravaniers, et ils rectifièrent leur trajectoire. Jahlsim jeta un œil à la carte épinglée sur la petite barrière où ils posaient les pieds, étonné qu'elle ne se soit pas déchirée malgré la force du vent. S'il avait bien compris, ils n'étaient plus qu'à quelques heures du village suivant.

Et en effet, vers les deux tiers du jour, ils arrivèrent dans une petite ville de quelques milliers d'habitants, Degtyarsk. Alors que les gens du convoi partaient refaire des provisions, Ilitch vérifia la suite de leur itinéraire. Ils étaient remontés de Nizhniye Sergi en seulement deux jours, parcourant près de cinquante kilomètres malgré les aléas du temps. Ils comptaient continuer tout droit, en évitantIekaterinbourg, jusqu'à Bogdanovich. De là, ils devaient aviser. Jahlsim se concentra. Son cœur sauta un battement. Il se trouvait à une quarantaine de kilomètres au Sud-Ouest de celui qu'il cherchait. Il fit rapidement part à Ilitch de son besoin de se diriger vers Iekaterinbourg. Celui-ci fronça les sourcils, avant d'hausser les épaules. Il se tourna, et alla chercher de la nourriture dans son chariot, qu'il donna à Jahlsim. Il s'excusa de ne pas pouvoir lui donner de cheval, ceux-ci étant trop précieux pour le convoi. Puis, ils se dirent adieu, et il partit bien avant le coucher du soleil.

 

Revigoré de savoir qu'il approchait tant du but, il parcourut avant la tombée du jour plusieurs kilomètres. Il dut cependant s'abriter lorsque de la grêle commença à tomber. Il ne trouva rien de mieux qu'un léger creux dans un rocher, et il attendit là que la glace cesse de s'écraser au sol. Il observa avec quelle délicatesse la neige arrêtait ces cailloux de glace, pourtant gros comme un poing d'enfant, et qui auraient pu briser en quelques impacts ses os. Le temps ne s'améliora pas en plusieurs heures, et Jahlsim finit par s'endormir. Il se réveilla cependant quelques heures après, alors que le soleil n'avait pas encore entamé sa course autour de la Terre. La lumière des étoiles, nombreuses en cette nuit glaciale, suffit à lui permettre de se guider tant bien que mal vers le Nord-Est. Lorsqu'enfin dardèrent les premiers rayons, il ne se trouvait plus qu'à une dizaine de kilomètres de la ville.

 

De fait, il arriva aux portes de la cité industrielle peu de temps avant midi. Il entra sans difficulté, la garde s'étend relâchée lorsque le pays avait mis fin au conflit l'opposant à l'Allemagne. Là, il vagabonda dans la ville, observa longuement les hautes cheminées de l'usine qui la surplombait. Il décida que, s'il devait agir, il devrait le faire de nuit. Il repéra la maison dans laquelle résidait l'enfant qu'il cherchait, celui qui servirait de réceptacle au Prince. Lorsqu'il fut sûr de pouvoir s'infiltrer sans problème dans la maison, il se prépara à effectuer une liaison avec son Roi. D'habitude, il aurait été trop tôt, car il ne contactait jamais le Palais avant vingt heures, lorsque la plupart des domestiques ne déambulaient plus dans les couloirs, et qu'il ne craignait donc pas d'être interrompu. Mais, étant donné le fait qu'il avait trouvé le réceptacle, mais surtout dû à ce qu'il n'avait pas pu le contacter les deux jours précédents, il estima qu'il devait s'en occuper de suite.

Il s'isola du mouvement quasi perpétuel des habitants en montant sur un toit. Là, il traça une croix, posa le dispositif de communication en son centre, puis en relia chaque branche dans un cercle. Touchant celui-ci, il laissa glisser une partie de son énergie pour ouvrir le portail de communication. Le dispositif crépita, puis la salle du trône lui apparut2. Il vit le Roi sursauter de son siège, puis se précipiter vers le portail qui venait de s'ouvrir. Avant même de s'adresser à Jahlsim, il se retourna, courut jusqu'à son trône, et appuya sur un bouton situé sur l'accoudoir de celui-ci, faisant savoir à la Reine qu'elle devait venir au plus vite. Puis, il se rapprocha du portail, son visage bleuté par la transmission apparaissant à Jahlsim.

 

« Tu... L'avez-vous trouvé ? »

 

Jahlsim réprima un sourire devant les formalités du Roi. Ils se connaissaient depuis de nombreuses années maintenant, et ils avaient passé un accord tacite sur le ton à employer lorsqu'ils s'adressaient l'un à l'autre. En public, le vouvoiement était de mise, mais entres eux, ils se tutoyaient comme les vieux amis qu'ils étaient. Pourtant, le Roi peinait parfois à respecter cette règle, et Jahlsim lui faisait rapidement comprendre d'un ton piqué de sarcasmes.

 

« Oui votre Divine Altesse. »

 

Le visage du Roi s'empourpra, alors que le bruit d'une porte ouverte à la volée retentissait jusqu'aux oreilles de Jahlsim. La Reine venait d'entrer. Elle parcourut rapidement la salle, chose impressionnante au vu de l'ample robe qu'elle portait. Il l'accueillit avec un large sourire, et la mine affolée de sa Reine s'illumina alors.

 

« Je suis à quelques dizaines de mètres du réceptacle. Quel est l'état du Prince ?

- Il empire, répondit la Reine, de jour en jour.

- Les médecins pensent qu'il ne tiendra pas plus d'une semaine... Mais Hémonis soit louée, il sera libéré dans quelques heures !

- Je me rendrai aux côtés du réceptacle dans la nuit. Comme nous le pensions, au vu des signes vitaux que je perçois, il s'agit d'un enfant. Je n'en sais pas plus.

- Bien, reprit la reine, j'espère que tout ira bien...

- Il n'y a pas de raison. Je vous ferai un rapport dès que tout ceci sera réglé. »

 

Après de rapides échanges de nouvelles, il rompit la liaison. Il devait conserver ses forces pour la nuit, et maintenir la communication drainait ses réserves vitales à grande vitesse, étant donné la distance entre les portails.

Il décida de dormir jusqu'à ce que la nuit tombe, et de ne passer à l'action qu'une fois la lune suffisamment avancée dans le ciel.

 

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Le Roi convoqua sur l'heure plusieurs domestiques, pour qu'ils préparent le retour de leur Prince comme il se devait. La Reine, elle, s'empressa de retrouver le docteur royal, pour que tout soit prêt pour son réveil. En effet, même s'il allait être libéré, son énergie passant en un flux continuel dans le futur réceptacle, il faudrait veiller à ce que la fatigue de l'après maladie ne laisse pas d'autres virus s'installer. Effectuant une dernière prise de sang, il vérifia qu'aucun facteur pathogène ne se trouvait dans son corps, changea les bandages, puis avec l'aide de la Reine, prépara les objets nécessaires au rituel de liaison avec le réceptacle. Une partie de son âme serait transplantée dans son hôte, via son sang et un objet au quel il tenait particulièrement que Jahlsim avait amené. Ce dernier allait devoir diriger l'énergie du Prince de son corps jusqu'à celui du réceptacle, et il fallait lui faciliter la tâche pour être sûr que tout se passerait bien.

Après quelques minutes, le médecin décida de congédier la Reine, qui ne parvenait pas à rester lucide à l'idée de retrouver son fils. Elle le gênait donc plus qu'elle ne l'aidait.
En fin d'après-midi, tout était prêt. Et un grand banquet se préparait. Le palais reprenait vie, les serviteurs se bousculant dans les grands halls.

Rasiel fut le dernier avertit de la bonne nouvelle, isolé dans le temple d'Hémonis. Les domestiques n'avaient d'abord pas osé le tirer de sa transe, mais après plusieurs heures, n'y tenant plus, ils allèrent le secouer un peu, agaillardis par le retour du Prince. Il s'était alors levé sans un mot, un sourire aux lèvres, puis avait filé dans l'aile opposé du bâtiment, dans son labo, d'où il ne ressortit qu'au bout de plusieurs heures, chargé d'équipement pyrotechnique. Ce soir, le plafond du Dédale brillerait de mille feux.

Lorsqu'enfin tout fut prêt dans le Palais, le bruit des pas redescendit alors que celui des murmures et des excès de joie allait bon train. Il ne restait plus qu'à attendre que Jahlsim réussisse.

 

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La nuit arriva rapidement, les jours n'ayant commencés à rallonger que depuis quelques semaines. Il guettait les différentes fenêtres de la maison, attendant que toutes soient éteintes. Comme il s'y était attendu, ce ne fut pas le cas avant que la lune n'atteigne le quart de sa course.

Il s'approcha alors en silence de la porte principale. Il avait, plusieurs fois dans l'après-midi, repasser le chemin à parcourir pour arriver au plus vite dans la chambre de l'enfant. Les parents de l'enfant devaient être de ces koulaks, la maison étant plus grande que celles alentours, et la porte faite de sapin, d'une épaisseur confortable qui devait arrêter aisément la plupart des courants d'air.

Jahlsim fit fondre la serrure en remerciant Rasiel de lui avoir donner un moyen d'entrer en toute discrétion dans le domicile.

Il ouvrit délicatement la porte, vérifiant qu'elle ne grinçait pas, puis se faufila par l’entrebâillement. A l'intérieur, il n'y avait pas un bruit. Le silence semblait lourd, oppressant, et il n'osait qu'à peine respirer. La chambre était à l'étage. A l'instant où il y posa le pied, il pria intérieurement Hémonis que le plancher de l'escalier ne craque pas. Une mince plainte s'échappa du bois, brisant le silence malgré le peu de son produit. Pas suffisant pour réveiller qui que ce soit. Ou tout du moins, Jahlsim tenta de s'en persuader. Il continua son ascension en grimpant à pas feutré les marches, chose rendu difficile par sa grande taille et son poids proportionnel. Mais la déesse ne l'abandonna pas, et il arriva finalement en haut de l'escalier. Il se dirigea vers la porte de gauche, vérifia qu'il n'avait réveillé personne, puis entra en fermant la porte derrière lui. Il la scella en faisant fondre légèrement la poignet, qui fusionna la porte et son battant. Puis, il se dirigea vers le lit. Il fit deux pas, puis releva la tête, jetant un œil à la fenêtre. Là, il vit deux yeux qui le fixaient. Sans qu'il sache pourquoi, il frissonna et sentit son cœur accélérer. La créature le suivait du regard, alors même qu'il avançait vers le lit, et donc vers la fenêtre. Lorsqu'il arriva à quelques pas de celle-ci, l'animal s'envola à tire d'ailes, manquant de rentrer en contact avec la vitre. Lorsqu'il sortit du champ de vision de Jahlsim, il poussa un cri sinistre et strident. Il aurait juré que l'oiseau était un énorme corbeau, bien trop gros pour être une créature ordinaire. Mais, il décida qu'il avait d'autres préoccupations plus importantes, et se tourna vers l'enfant. Il fut frappé par la ressemblance invraisemblable de celui-ci avec le Prince. Certes, les réceptacles étaient à l'image de leur source, mais leurs traits étaient rarement aussi similaires.

Il s'attela à déballer ce dont il avait besoin. D'abord, la petite fiole contenant le sang du Prince, qu'il avait pris soin d'entourer de plusieurs peau et fourrure pour ne pas qu'elle casse. Puis, une pierre-image3, où était enregistrée une scène où la Reine le berçait alors qu'il n'était encore qu'un nourrisson. Enfin, il étala cinq pierres-portail4 autour du lit, puis traça un pentagramme les reliant. Tout était prêt.

Il posa la main sur le tracé, sentant son énergie couler dans les pierres, chercher l'essence du Prince pour l'emmener dans le corps du réceptacle. La tâche se révélait ardue. En effet, il devait trouver l'élément, dans la vaste énergie du Prince, qui permettrait de le relier à son hôte. Il n'aurait pas dit que c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, mais l'image s'en rapprochait. L'énergie du Prince était dense, et donc difficile à explorer. Les forces de Jahlsim l'abandonnaient petit à petit. Alors que la majorité de celles-ci s'étaient évaporées, il trouva enfin ce qu'il cherchait. Il tendit la main qui ne touchait pas le pentagramme, comme pour attraper un fragment de l'âme du Prince. Se faisant, il compacta d'une seule main cette énergie, sous la forme d'une petite balle. Puis, il se leva

– posant le pied sur le cercle avant d'en enlever la main, pour ne pas briser le lien – et se positionna au dessus du lit. Là, il apposa sa paume sur la poitrine du garçon, et enfonça d'un coup sec la boule d'énergie. L'enfant tressauta, tous ses membres tendus, alors que Jahlsim reprenait sa position à l'extérieur du cercle, paume posées sur le pentagramme, tentant de réguler le flux vital qui se déversait dans la poitrine du jeune garçon tel un torrent. Un équilibre s'installa bientôt entre l'énergie contenu dans le corps du Prince et celui de son réceptacle. Il ne restait plus qu'à finaliser le sceau. Jahlsim se leva, tremblant sous l'effort. Il ne lui restait plus que quelques gouttes d'énergie, mais il devait terminer. Du bout des doigts, il traça l'Ophiuchus5. Lorsqu'il eut terminé, la lumière s'échappant des pierres-portail se ternit, avant que celles-ci s'effritent en une fine poussière et il recula. Ses jambes se dérobèrent sous son poids, et ses genoux tapèrent contre le sol.
Il voyait son essence se dissiper dans l'air. Et en regardant ses mains, il se rendit compte que celles-ci commençaient à s'effacer. C'était donc la fin pour lui.
Il sourit, alors qu'il entendait des pas se précipiter vers la chambre. Il se rappela alors qu'elle était fermée, maintenue par une coulée de fer. Dans un dernier effort, il bloqua le briquet que Rasiel lui avait offert sur sa position d'ouverture, celui-ci commençant à faire fondre la plaque de fer.

Lorsque la porte s'ouvrit enfin, son corps s'était entièrement dissolu dans l'air, et il ne restait rien de lui que quelques couvertures, et un briquet.

 

 

 

 

Attendant au chevet de leur fils, le Roi et la Reine virent les pierres-portail crépiter, signe que Jahlsim avait amorcé le rituel. Pendant plusieurs minute, il ne se passa rien, et ils craignirent qu'il n'arriva pas à créer de lien. Mais, finalement, ils virent s'élever une fantastique quantité d'énergie de la poitrine du Prince, qui se stabilisa rapidement. Il était lié au réceptacle. Très vite, il reprit des couleurs, et le masque de la maladie sembla quitter son visage. Ses parents retinrent leur respiration, jusqu'à ce que, finalement, il ouvre les yeux et se redresse lentement, le linge sur son front tombant mollement sur ses cuisses. Ils virent apparaître point après point la constellation de l'Ophiuchus, et lorsqu'elle fut complétée, la Reine s'élança vers son fils.

Mais alors que celui-ci essayait de se défaire de son étreinte, le Roi tomba de sa chaise, pris d'une douleur au cœur. Il suffoqua quelques secondes, sa femme s'étant retournée vers lui pour savoir ce qui lui arrivait. Les larmes lui montèrent aux yeux, alors qu'il ouvrait la bouche.

 

« Jahlsim... Est mort... »

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1. Vent résultant du déplacement de l'air froid descendant du flanc des montagnes dans les régions à haute altitude. Ils peuvent souffler à plus de 110 nœuds à l'heure.

2. On pourrait associer l'image qui apparaît à un hologramme. Le principe est relativement le même, les informations de son et d'image sont relayé jusqu'à l'appareil, qui les transmet.

3. Petite pierre pouvant enregistrer des images pour les retransmettre indéfiniment par la suite, comme un caméscope. Elles sont rares et donc chères et précieuses.

4. Pierres utilisés pour communiquer à distance. C'est grâce à elle que le dispositif de communication évoqué plus tôt peut fonctionner. Elles sont toujours trouvées par paire, et permettent de recevoir les informations environnant leur pierre jumelle. Le dispositif les retransmets alors en images et en sons.

5. Ou Serpentaire. Constellation représentant un homme portant un serpent à bout de bras, divisant ainsi la constellation du serpent en deux.

 

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Premier chapitre qui a dû être entièrement refait... Doit rester des fautes, je m'en excuse :o! 

 
 
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