(Un grand merci pour vos reviews, ça me fait vraiment plaisir, j'espère que la suite vous plaira autant que le prologue. Merci à Kro pour m'avoir donner le courage de poster ce chapitre et un merci spécial à Jaiga qui prends la peine et le temps de me corriger, de me pousser aussi et m'encourager à continuer cette fic, qui promet d'être horriblement longue >.<)
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Le soleil était déjà bien haut en cette journée de printemps. Une douce brise caressait les versantsde la vallée. Dans le ciel courraient quelques moutons cotonneux et de magnifiques oiseaux au teintes chatoyantes qui rivalisaient de beauté, chantant à tue tête. Le fleuve s’écoulait doucement au creux de ce trou de verdure, bruissant harmonieusement avec ces chants célestes. Tout respirait la sérénité ; une nouvelle journée paisible au royaume de Keln. Kôgen, seigneur de ces terres, s’accordait quelques instants, contemplant ce paysage onirique. Son regard froid suivit une envolée d’oiseau au plumage blanc comme la neige. Tout était silencieux, pas un bruit ne venait troubler cette atmosphère quasi solennelle. Le vent, jouant dans la cime des arbres centenaires du jardin, était la seule mélodie qui accompagnait le travail du Roi. Pourtant, la vie grouillait ici, les serviteurs, les cuisiniers, les palefreniers, la garde, les soldats, les conseillers ; tous s'affairaient à leurs tâches, nettoyant, défilant, pansant, cuisinant les meilleurs mets, s’entraînant… Tous travaillaient depuis l’aube, chacun sachant quel était sa place ; une véritable fourmilière. Le monarque quitta finalement la fenêtre et retourna s'assoir à son bureau. Il croisa alors les jambes, son regard froid venant se poser sur une pile de papiers. Un léger soupir se fit alors entendre avant qu’il ne ferme les yeux. Cela faisait plus de cinq mois maintenant qu’il avait envoyé Selnir parcourir les différents royaumes qui s’étendaient au-delà de ses frontières. Celui-ci devait annoncer la naissance du prince héritier de Keln, convier chacun des souverains à la cérémonie de présentation. Cinq mois et il n’était toujours pas revenu de ce périple ; certes, les routes pouvaient être dangereuses, mais son premier conseiller était très loin d’être inoffensif…Que faisait il alors. A l’autre bout du château, Elegyr se réveillait doucement. Elle ouvrit un œil, constatant que le jour était déjà levé, les doux rayons du soleil filtraient déjà à travers les rideaux de soie lavande. Elle se redressa lentement dans son lit et s’étira longuement. Ses longs cheveux d’or cascadaient amoureusement le long de son dos, son regard azuré cherchant son peignoir. Finalement, la reine se leva et appela une de ses suivantes. Celle-ci arriva rapidement et aida alors sa souveraine à s’habiller convenablement. S’en suivit le bain de lait quotidien pour terminer par la séance d’habillage royal. Ceci fait, Elegyr et ses courtisanes se rendirent dans les appartements de la nourrice. La pièce principale était richement décorée, de magnifiques tentures piquées d’or fleurissaient le long des murs, les candélabres en argent finement ciselés brillaient sous les rayons de l’astre du jour. Les rideaux de soie blancs voletaient sous la brise printanière alors que les gazouillis d’un bébé raisonnaient gaiement. La reine s’avança noblement vers la chambre de son fils ; elle poussa la porte entrebâillée et observa les lieux. Une petite chambre magnifiquement décorée où au centre se trouvait un petit lit balançoire, au dessus duquel de fins petits rideaux pendaient délicatement. Les meubles étaient fait d’acajou rehaussé de dorures, de ci de là, quelques tableaux ornaient les murs aux tapisseries bleu pâle, elles aussi piquées d’or. Prêt d’une armoire, se trouvait la nourrice ; celle-ci se tenait devant la table à langer, terminant enfin d’habiller le bébé. L’enfant était vêtu d’un petit pantalon en lin bleu et d’un petit chemisier en satin blanc. Il portait de petites chaussettes d’où pendait un ruban de satin bleu azur. La souveraine s’approcha finalement et fixa la vielle femme de façon assez hautaine. Celle-ci lui dédia un sourire doux alors qu’elle lui tendait Hokôri. La jeune femme s’empara du nourrisson et le couvrit de baisers sous les regards attendris des suivantes. - N’est-il pas adorable ? » demanda Elegyr en montrant le bébé à ses courtisanes. - Magnifique votre Majesté. » déclara l’une d’entre elles. - Sublime vous voulez dire ! » surenchérit une autres. - Vous n’y êtes pas mesdames ! » rétorqua une troisième. « Il est absolument parfait ! Comme vos Majestés. » La reine se mit à rire doucement alors qu’elle rendait le nourrisson à sa nourrice. Elle se détourna alors d’eux et s’en retourna avec ses suivantes. Elles quittèrent la chambre et se rendirent ainsi, riant et piaillant vers le grand salon où le petit déjeuner de la souveraine les attendait. Elegyr gronda poliment les jeunes femmes quant à leurs éloges sur son enfant ; jugeant au fond que pour le moment, il n’était encore qu’un bébé. Mais dès que la cérémonie de présentation serait faite, là, elles pourraient car il serait enfin le prince du royaume. Dans la grande cour du château, un garde aperçut au loin un cheval. Celui-ci arrivait au grand galop ; aussitôt, une formation se posta à l’entrée, prêt à recevoir le cavalier. Les lances furent dressées et pointées en avant, menaçantes. Était-ce un coursier ? Un garde ? Ils l’ignoraient et ils ne seraient fixés qu’une fois l’individu à la pointe de leurs lances. Le chef d’escadron fronça les sourcils un instant en voyant enfin la silhouette à portée. Le cheval ralentit à mesure qu’il s’approchait des portes du palais pour finalement s’arrêter devant l’escouade. Le cheval s’ébroua en poussant un hennissement puissant. Les gardes ne bougèrent pas d’un pouce se campant sur leurs positions. Ami ou ennemi, ils ne savaient pas et ils ne pouvaient se permettre de laisser entrer un inconnu. Celui-ci portait une cape sombre poussiéreuse, le visage bas, masqué par sa capuche, ses mains fermement serrées sur ses rênes. Le capitaine renifla et fixa intensément le cavalier. - Qui va là ? » demanda-t-il d’une voix peu amicale. - Selnir, premier conseiller de sa majesté. » répondit aussitôt l’homme en montrant une chevalière, preuve irréfutable de son identité et remontant à peine le visage pour faire foi. - Pre… Premier conseiller Selnir ?! » fit le capitaine quelque peu surpris. - Parfaitement. » répondit froidement ce dernier. « Maintenant laisse moi passer, Sa majesté attend mon retour. » Sans attendre, le capitaine salua le conseiller du Roi ; il fit ensuite un signe à ses hommes et ceux-ci baissèrent leurs lances avant de s’écarter. Ils saluèrent à leur tour Selnir qui leur rendit un vague signe de tête. Rapidement, le cheval fila alors que la herse se levait enfin sous l’ordre du capitaine de la garde. Les palefreniers se hâtèrent autour de la monture qui venait d’arriver tandis que son cavalier descendait souplement. Sans attendre, il prit la direction du palais royal où son monarque l’attendait sûrement avec impatience. Dans l’ombre de la capuche, on semblait apercevoir alors un léger sourire. Kôgen s’était remis au travail ; il remplissait une nouvelle déclaration pour l’anoblissement d’un nouveau comte. En général, ce n’était pas à lui de rédiger cela, mais puisque son conseiller n’était pas là, il le faisait seul ; après tout, il était le Roi et ce n’était que simple formalité pour lui. Ce fut à cet instant que l’on frappa à son bureau. Il avait pourtant bien signifié qu’on ne devait le déranger sous aucun prétexte, hormis pour des questions importantes. Le brun posa un regard glacial sur la porte tandis qu’il ordonnait d’une voix sombre et froide que l’on rentre. Un valet pénétra dans la pièce, tête basse, s’inclinant respectueusement devant le monarque. Celui-ci lui annonça que le premier conseiller était enfin de retour et qu’il désirait audience. Aussitôt, le souverain ordonna de ne pas faire attendre celui-ci et de le faire entrer rapidement. Le jeune homme s’inclina à nouveau et disparut rapidement pour quérir le conseiller. Kôgen se leva alors de son fauteuil pour se placer devant la fenêtre. Son regard se posa sur la vallée, il ne se lasserait pas de contempler ce spectacle. Tout lui inspirait la paix et la sérénité, la pureté et la vie. Un grincement sortit le brun de ses pensées fugaces, il tourna lentement la tête vers l’origine de ce bruit, son regard restant inchangé. Il se tenait droit et fier, ses mains croisées dans son dos, ses cheveux tressés lâchement coulant amoureusement dans le creux de ses reins. Lentement, la porte s’ouvrit sur la silhouette de Selnir. Celui-ci s’avança calmement alors que le valet refermait derrière lui, non sans s’être incliné avant. Les deux hommes restèrent là, semblant s’observer, alors qu’un grand silence régnait dans le bureau royal. Finalement, le premier conseiller laissa glisser sa capuche le long de ses épaules larges, laissant apparaître une longue chevelure argentée. Son regard d’un turquoise profond et sans défaut sembla un instant se noyer dans un océan émeraude. Sa cape s’ouvrait sur une longue tunique de lin bleue nuit par-dessus laquelle se trouvait une aube pourpre aux armoiries de la famille royale. - Votre Altesse… » fit enfin le conseiller, brisant par la même le silence de la pièce. « Les souverains des royaumes alentours, sans exception, ont acceptés votre invitation à la cérémonie. Ils seront là à la date que vous avez fixé.» - C’est parfait Selnir… » complimenta le brun en se tournant complètement vers l’argenté.
« Donc la cérémonie aura lieu dans trois semaines. Prends un peu de repos et termine ensuite les préparatifs pour la présentation d’Hokôri. » Le conseiller s’inclina respectueusement devant son monarque, un léger sourire ourlant alors ses lèvres. Lentement, il se redressa et observa de nouveau Kôgen ; celui-ci fermant les yeux un instant. Un nouveau silence s’était installé entre eux, seul le chant de quelques oiseaux venait troubler ce calme apparent. Aucun mot n’était prononcé, pas un geste, juste deux regards qui se trouvèrent à nouveau. Une fois encore, ce fut Selnir qui brisa ce mutisme mutuel. - Il en sera fait selon votre désir Mon Roi… » répondit enfin l’argenté, un fin sourire à nouveau flottant sur ses lèvres. - Tu peux disposer maintenant » déclara le monarque en se détournant pour fixer encore la fenêtre. « Va te reposer… » - Bien votre Altesse, je m’en vais de ce pas… » Selnir fit deux pas en arrière avant de s’incliner une nouvelle fois. Il tourna les talons et ouvrit la porte lentement. L’argenté jeta un dernier regard en arrière, caressant visuellement la silhouette de Kôgen. Finalement, il s’engouffra, mais au moment de refermer la porte, la voix du brun retentit. - Je suis heureux de voir que tu n’ais rien… » déclara-t-il de façon à peine audible. Le premier conseiller ne répondit rien, il se contenta de sourire un peu plus doucement en croisant le regard de son roi. La porte se referma alors, laissant le maître de ce royaume seul. Celui-ci poussa finalement un petit soupir en fermant les yeux. Il autorisa alors un petit sourire à flotter sur ses lèvres. Son premier conseiller était enfin de retour ; sain et sauf. Selnir quant à lui, s’avança le long des couloirs. Il passa devant les appartements de Kôgen et y jeta un regard fugace, ces doigts venant au passage caresser le bois de la porte. Après quelques instants, il continua son chemin pour retourner enfin à un repos bien mérité. A suivre… |