Dans la grande cuisine, Sophie préparait des crêpes pour tous ses petits pensionnaires. Elle y mettait tout son amour, pour combler ceux qui aujourd'hui étaient sa vie, sa joie, son amour... Lorsqu'elle repensait à son passé, elle se disait que la chance l'avait vraiment comblée.
Quand elle était très jeune et que son petit ami de l'époque en avait eu assez de la rouer de coups, elle s'était retrouvée livré à elle-même, avec ce vide pesant qui tourmente ceux à qui ont à tout pris. Elle avait tenté d'appelé au secours. Mais ses parents, blessés dans leur orgueil que leur fille soit partit avec un voyou avaient refusés de lui pardonner. Sa mère l'avait rabessée en mots choisis et son père n'avait pas même dénier la voir. Et contre toutes attentes, c'est sa gouvernante, Ida, qui a pris la peine de la sauver.
-Allo?
-Sophie?
-Oui? Elle avait reconnu la personne au bout du fil, et avait tout de suite sentit que ses mallheurs étaient terminés.
-C'est moi, Ida. Tu sais, la "vieille conne" à qui tu as craché au visage lorsqu'elle t'as mit en garde contre ton motard de petit ami!
-Oh, Ida! Je suis désolée.
-Alors, n'en parlons plus!
Ida n'était pas femme à se répendre en sentiments, elle n'était donc pas rancunière.
-Alors, il parrait que ce monsieur t'as mit dans un sacré pétrain!
-Oh, oui Ida! Si tu savais! Il m'a tant fait soufrir, je n'ai plus rien! Je...
-Taratata! Cesse de chouiner, veux-tu? Conduis-toi en adulte pour une fois!
-Je suis désolé. Ida, tu ne vas pas me laisser tomber, toi! Tu pourrais m'héberger quelques temps?
-Non.
-Non?
-Non, je regrette, je ne peux pas. Tes parents m'ont donné la petite maison de leur propriété, et tu sais que tu n'as plus le droit de venir. De plus, il ne me verse qu'une toute petite pension, je n'ai pas assez pour t'aider.
-Alors, tu vas me laisser mourir! Toute seule!
-Sur un autre ton, jeune fille! Sache que je ne te dois rien! C'est toi qui t'es mise dans ce pétrain, c'est toi qui doit t'en sortir!
-Mais puisque je te dis que je n'ai plus rien! Il m'a tout pris!
-Faux! Tu lui as tout donné!
Elle se tu. Bien sûr que c'était entièrement de sa faute, mais elle voulait tant reprendre sa vie d'autrefois, comme si rien ne s'était passé! Mais à l'entente de ces mots, elle comprit que cela n'arriverait jamais.
-Ecoute, je t'ais élevée comme ma propre fille. Je n'ai pas l'intention de te sauver, mais je vais tout faire pour t'aider. Bien, de quoi as-tu besoin?
Une question simple, qui lui demanda cependant un temps de réflexion.
-Je voudrais une maison, un train de vie, et de l'amour.
-Parfait ma chérie! Tu deviens résonnable! Ida est fière de toi!
La vieille femme réfléchit pendant une seconde.
-Tu vas trouver du travail.
-Mais, je suis trop jeune! Et j'ai arrêté mes études!
-Et oui. Tu fais désormais partie des rebus de la société, des punits de la vie. Ceux que l'on ne veux pas voir. C'est une chance! Tu vas t'occuper de ceux que l'on ne veut pas voir.
-Qui?
-Ceux qui t'apporteront de l'amour: les orphelins. Tous ces enfants de drogués, de prisonniers, ceux qui sont considérés comme attardés, les punits de la vie! Aucune qualification pour cela. On te donnera même de l'argent pour que tu les en débarasse! Avec un enfant, cela compterait comme une aide, mais si tu en fais ton train de vie, tu pourras en faire un métier, qui devrait te rapporter assez pour que tu puisse t'offrir une maison.
Les années ont passées. Cette conversation est gravée dans son coeur, comme si elle avait eu lieu la veille. Les choses n'avaient pas toujours été facile, mais elle s'en était sortis, grâce à Ida. Elle avait commencé par deux frères jumeaux, des enfants dont le père avait tué la mère. Gagné leur confiance n'avait pas été facile, et leur affection encore moins. De plus, avec deux enfants, ses revenus ne lui permettaient qu'un petit studio dans une cité mal famée. Ces années avaient été les plus merveilleuses de sa vie, car malgré leur rudesse, chaque seconde passée avait été une victoire. Les jumeaux avaient grandis, les enfants avaient défillés, les logements s'étaient agrandis.
Lorsqu'elle avait finalement acheté cette maison, ses parents moururent, et toute leur fortune reveint à ses cousins qui chassèrent Ida de la propriété. Consciente de lui devoir toute sa vie, Sophie l'avait acceuillit chez elle, où elle l'avait aidée dans sa tâche jusqu'à sa mort. Ce fût le jour le plus triste de sa vie.
Aujourd'hui, à 52 ans, Sophie avait sa maison, son solide train de vie et ses 14 adorables petits pensionnaires qui la comblait d'amour. Elle déposa l'assiette pleine de crêpes sur la grande table. Puis, elle monta doucement les escaliers, laissant ses souvenirs s'évaporer.
Elle ouvrit la porte à droite, où dormaient les garçons, puis celle de gauche, où dormaient les filles. Puis, elle mit la chaîne hi-fi en route. La douce méllodie sortit lentement les enfants de leur someil, ils se frottèrent les yeux et s'assirent sur leur lit.
-Allé tout le monde, debout! Vous allez être en retard en classe!
Un à un, les enfants se levèrent et vinrent l'embrasser. Quand ils furent tous descendu, Sophie remarqua que comme d'abitude, le petit nouveau ne s'était pas levé.
Cet enfant, d'environ 15 ans, lui avait été amené il y a deux mois, le soir du nouvel an. D'après le dossier qu'on lui avait présenté, il avait été retrouvé errant dans les rues, blessé, et couvert de sang, mais pas tout à lui. D'après l'expertise, il y avait le sang d'une vingtaine de personnes au moins impreigné dans ses vêtements. Toutes les familles d'acceuiles et tous les orphelinas l'avaient refusé, pensant qu'il s'agissait d'un meurtrier. Mais Sophie avait signé sans hésiter. C'était ça devise: ne jamais laisser tomber personne.
Le jeune garçon n'avait pas prononcé un mot depuis qu'il était ici, et malgré la peur qu'il inspirait aux autres enfants, il n'y avait jamais eu le moindre incident avec personne. Il se contentait d'être logé, d'aller à l'école, d'en revenir, de faire ses devoirs et de monté sur le toit, les yeux dans le vague, perdu dans ses pensées.
Elle s'approcha du lit. Comme d'habitude, il était déjà coiffé et maquiillé, assit sur son lit. Elle s'assit près de lui, mais il ne releva même pas la tête.
-Alex...
Comme le garçon n'avait même pas ouvert la bouche pour dire son prénom, les services sociaux l'avaient temporairement appelé Alex Panadero, hommage à son côté hispanique.
-Il faut que tu viennes prendre ton petit déjeuné, autrement tu auras trop faim ce midi.
Encore une chose qe cet enfant ne faisait pas: manger. Elle avait eu beau lui proposer des plats de toutes les origines, de tous les goût, de toutes les sortes, il n'y touchait jamais. Même les services de cantine de son collège l'avaient appelé pour prévenir qu'il ne venait pas à la cantine. Mais comme il n'était pas faible et que sa minceur ne s'aggravait pas, elle espérait secrètement qu'il aille s'acheter des cochonneries à midi qui lui coupaient l'appétit pour le reste de la journée.
-Alex? appela-t-elle fermement.
Il tourna ses yeux bleus rieurs vers elle.
-Descends, et essayes de manger un petit peu, s'il te plait.
Il la regarda, droit dans les yeux. Sophie se sentit glacée d'horreur. Ses yeux étaient d'un bleu si clair et sa peau si blanche qu'un frisson courru sur ses épaules. Mais le pire, c'est ce qu'elle y voyait. Tout d'un coup, son monde sembla s'effondrer, elle se sentit nue face à ce regard d'acier. Le corps de l'adolescent était figé telle une statue, une statue indestructible, mais surtout invincible. Toute cette violence... la seule chose qui senblait empêcher cette créature de mettre la planette à feu et à sang était cet habit charnel trop pâle pour être vrai. Si le démon parvenait à sortir, plus aucune force ne pourrait l'arrêter. Et le simple fait qu'il existe, remettait en questions toutes les forces en lesquels elle croyait.
Tout d'un coup, l'enfant tourna le regard et la libéra de cette emprise angoissante. Puis, il se leva sans un mot et se rendit dans la cuisine. Sophie resta sur le lit, les yeux affolés et le souffle coupé. Il fallait que cet enfant s'en aille! Mais, elle avait juré d'ouvrir sa porte à qui y frapperait. Que faire...
-Sophie? SOPHIE!
Elle sursauta et se tourna vers le petit Aurélien qui l'appelait. Il avait ses vêtements, son manteau, ses chaussures et son sac.
-Oui mon ange? Qu'est-ce qu'il y a? Quelle heure est-il?
-Il est presque 8h30 Sophie, on est en retard à l'école! Les grands sont déjà partis!
Sophie eu une dernière pensée sur le fait qu'elle était restée presque deux heures sous le choc, puis, elle se reconcentra pleinement sur son train de vie. Elle se demanda même ce qui lui avait pris d'avoir peur d'une paire d'yeux bleu.
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