Ron se réveilla sur les coups de onze heures, sans qu'aucun cauchemar n'ait troublé sa nuit. Son premier geste fut de regarder Hermione qui dormait paisiblement à ses cotés. Il sourit et remit la couette sur elle.
Sans un bruit, il se leva pour préparer du café. Il regarda la pièce comme s'il la voyait pour le première fois. Rien n'avait vraiment changé, enfin rien de matériel. Le reste... Depuis deux ans, Ron ne s'était pas sentit aussi heureux. Hermione l'aimait, il avait retrouvé ses amis, il verrait sa famille le jour même... Il lui semblait que plus rien n'irait jamais mal.
Cette nuit, pour la première fois depuis des semaines, voir des mois, il n'avait pas rêvé du moment. Il n'avait pas rêvé de Harry ou Hermione alors qu'il quittait la tente. Il avait rêvé d'une petite fille, une petite fille brune avec de grands yeux bleus. Et il l'avait trouvée charmante. De loin, dans une sorte de jardin, elle semblait lui crier quelque chose, mais il n'entendait rien. Il était tellement loin de la petite fille.
Maintenant, à la table du petit déjeuner, en se remémorant son rêve, Ron comprit qui était cette petite fille, et ce qu'elle avait dit. « Papa, papa! ». Il la revoyait presque trop nettement, avec deux couettes brunes et de grands yeux bleus. Il revoyait sur ses lèvres le sourire d'Hermione. Il avait rêvé de sa fille, la fille qu'il voulait. Doucement, il caressa son bol en répétant : « Papa, papa! »
Il sursauta légèrement lorsque les ressorts du lits couinèrent et qu'Hermione apparut dans l'encadrement de la porte. La voir ce matin, dans un de ses vieux tee-shirt trop grand, ses cheveux bruns lâchés en cascade lui porta un coup au cœur. C'était comme s'il n'avait jamais tout abandonné, comme s'il avait vaincu Voldemort avec les autres.
Ron, perdu dans ses pensées, n'entendit pas Hermione et le jeune femme dût s'y reprendre à deux fois pour poser sa question.
« -Cette photo, près de ton lit... Ça fait longtemps que tu l'as?
-Deux ans, à peu près. Je te trouve très jolie dessus. »
Hermione ne répondit rien, rougissante, et Ron sourit. Il traversa rapidement la longueur de la cuisine et prit la jeune femme dans ses bras. Lorsqu'elle ne bougea pas et qu'elle lui rendit son étreinte, il comprit qu'elle acceptait tout. Qu'elle acceptait qu'il soit parti, ce soir-là, mais également qu'il soit revenus. Et elle acceptait aussi d'être avec lui, comme cela, et c'était peut-être ceci qui le rendait le plus heureux.
Enfin, il la lâcha un peu, et reprit la parole :
« -A quelle heure devons-nous être chez mes parents?
-Vers midi, je crois... Pourquoi?
-Parce qu'il est déjà onze heure quarante-cinq et que nous risquons d'être en retard. »
Cette déclaration n'eut pas l'effet escompté. Au lieu de bondir partout en hurlant qu'il fallait faire vite, ce qu'elle aurait fait quelques années en arrière encore, Hermione releva juste la tête et sourit à Ron.
« -Et bien, quitte à être en retard, nous pouvons bien l'être un peu plus, non? »
Ron sourit de plus belle et sortit de la cuisine avec Hermione.
Ils arrivèrent vers une heure au Terrier. Ron appréhendait ce moment, d'abord parce qu'il savait qu'Harry s'était arrangé pour que tout le monde, y comprit George, vienne au déjeuner, et qu'en plus il avait une peur bleue de la réaction de sa mère.
Le portique grinçait toujours un peu. Il s'approcha lentement, laissant son regard vagabonder sur la surface de la maison. Comment avait-il fait pour tenir deux ans loin d'ici? Il ne se souvenait pas. Il avait l'impression que chaque endroit était imprégné de milliers de souvenirs. Là-bas, la mare et ici, le jardin où ils s'amusaient, lui et ses frères, à envoyer balader les gnomes. Puis l'été où Harry était venu, et tous les autres étés au Terrier avec lui et Hermione qui avaient suivit.
Plus il s'approchait de la porte de la maison, plus les voix se faisaient présentes. Il sentait la peur, mêlée d'excitation, qui montait au creux de son ventre. Mais il ne pouvait pas s'enfuir, cette fois, pas encore une fois. De toute façon, il n'en avait absolument pas envie. Il regarda Hermione un instant et celle-ci lui fit un sourire encourageant, avant de lui prendre la main et de l'entrainer au dedans.
Ce qui frappa Ron, ce fut le silence qui suivit leur entrée. Un silence lourd, pesant. Un silence qu'on ne pouvait pas percer, de peur de faire une gaffe. Un silence affreux. Harry et Ginny virent se placer à ses cotés, comme pour montrer qu'ils l'avaient pardonnés. Le silence persista encore un instant, puis George s'approcha de lui et le pris dans ses bras. Alors, tout le monde se mit à se bousculer pour approcher Ron, pour le voir. Cette masse se poussait des coudes et, pendant un moment, la famille Weasley ne fut plus qu'un tas informe. Ron souriait jusqu'aux oreilles.
« -Mais où étais-tu? Oh, mon chéri, nous avons eu si peur! Nous ne savions même pas si tu étais encore en vie...
-C'est vrai, ta mère a raison, pourquoi ne nous as-tu pas... Fait un signe, quelque chose?
-J'avais trop honte, souffla le concerné. »
Sa mère, son père, ses frères bien sûr, tous ses frères, même Percy, et toutes les autres personnes qu'il avait envie de voir, et le reste de la maison. La cuisine de sa mère. Plus d'une fois, Ron cru qu'il allait encore pleurer, mais il se retint. Il ne voulait rien gâcher de ce moment qu'il partageait enfin, après deux ans d'absence, avec sa famille.
Hermione glissa discrètement au jeune homme qu'on avait pas eu un repas de famille aussi joyeux depuis la victoire il y avait deux ans. Le repas fut animé, cela riait dans tout les coins, on s'embrassait, on parlait de tout et rien et au milieu de tout cela, Ron était encore plus heureux que quelques jours au par avant, lorsque Hermione était venu le chercher.
Il se traita mentalement d'idiot une bonne vingtaine de fois de n'être jamais revenu alors qu'il en avait eut l'occasion. Il parla un peu de Fred avec George et les autres, voulant tout savoir, et pleura un peu sur son frère. A un moment, il se dit qu'il avait été cruel de ne pas être là pour sa mère et son père alors que Fred n'était plus là. Puis la pensée s'envola dans un tourbillon d'éclat de rire.
Une fois le repas fini, Ron monta dans sa chambre. Elle était exactement comme il l'avait laissée. Les posters couvraient encore les murs, et, en s'allongeant, il vit que son lit était toujours trop petit pour lui. Cala ne l'étonna pas, il n'avait certainement pas rétréci en deux ans. Il sentit soudain une espèce de lassitude bizarre l'envahir, et lutta un instant pour que ses yeux ne se ferment pas, pour qu'il puisse profiter encore et encore de chez lui. Puis il se fit la promesse de revenir le plus vite possible, et dans le confort heureux de son ancienne chambre, il s'assoupit.
Hermione entra quelques instants après et le trouva sur ce même lit, endormit. Elle sourit et vint se blottir contre lui. A travers le sommeil, il la sentit et reconnu son odeur, ses cheveux qui la chatouillaient. Il passa un bras autours de son corps et sourit en se rendormant plus profondément. Il était bien.
« -Allez, dit Harry, tout le monde a bien compris? On entre, on stupéfie tout le monde, on les ligote et on attend les renforts du Ministère. »
Ils se trouvaient devant une porte. Derrière, les dernière représentants extrémistes tenaient leur dernière réunion. C'était le but final de la mission, enfin. Tous ces jours attendu pour cela, seulement cela. L'appréhension, la peur tenait tout le monde en haleine, tous se cherchant du regard pour voir si leurs partenaire souffrait de la même terreur muette de perdre. De se perdre.
Ron était moins inquiet, désormais. Il avait vu sa mère, il avait vu son père. Il avait informé Harry qu'après la mission, si ce dernier le voulait bien, il comptait suivre une formation d'Auror pendant quelques mois et puis ils les rejoindrait, reprenant ainsi le poste d'Hermione. Harry avait semblé étonné en apprenant qu'Hermione voulait partir, mais il n'avait rien dit, se contentant de hocher la tête. Il avait l'air heureux.
Alors, comme il savait que Ron allait désormais travailler régulièrement avec eux, il lui avait tout raconté. Le groupe qu'ils allaient combattre n'était pas seulement composé d'extrémistes étranges qui prônaient la vengeance et faisait la peau aux moindres prétendu Mangemorts qu'ils croisaient, c'était également un groupe terroriste. Plus d'une fois, il avait tenté de tuer les Aurors, notamment les filles, et Hermione, suite à la réception par hiboux d'une lettre piégée, avait mêle dû déménager. Cela avait rendu Ron furieux. Elle ne lui en avait pas parlé.
Puis Harry lui avait dit que l'espion qu'ils employaient était Blaise Zabini, et Ron n'en était pas revenu. Puis il avait trouvé cela presque normal.
Une fois de plus, devant la porte, Harry répéta le programme, tirant ainsi Ron de ses pensées. Il avait peur, désormais. A qui pouvait-on faire confiance? Et si derrière cette porte, il y avait un groupe de malade mentaux prêt les tuer dès qu'ils franchiraient la porte? Il avait peur pour Hermione.
« -Harry, attends, chuchota Ron, je vais prendre la place de Zacharia. Je vais passer en premier.
-Tu es sûr?
-Oui, oui. »
Ron tenait la main d'Hermione étroitement serrée, ne voulant qu'une chose, la retenir au maximum. Maintenant qu'il avait gouté au bonheur de l'avoir, il ne voulait pas que cela se termine ainsi. A contre-coeur, il lâcha la main douce et chaude de la jeune fille, pensant à juste titre qu'il ne ferait que la ralentir dans sa lutte, et prit la place de Zacharia, qui le remercia d'un signe de tête.
Il se plaça devant la porte, entre ses amis et les extrémistes. Si quelqu'un devait faire cela, c'était bien lui, pensa-t-il. Ron ressentit un frisson de peur et d'excitation mêlées, et eu un dernier regard pour Hermione avant qu'Harry n'ouvre la porte. Il y eu alors un éclaire blanc, et plus rien.
« -Ron! Ron, réveille-toi! Tu m'entends? Allez, ouvre les yeux, s'il-te-plait... »
Ron entendait cette voix, elle était si proche. C'était Hermione, il le savait. Il n'avait pas envie d'ouvrir les yeux, il ne le voulait pas, mais pour Hermione, il pouvait bien mettre sa paresse de côté. Pourtant, il était si bien, dans le noir, hors de lui même. Mais la voix de la jeune femme était si implorante...
Il ouvrit un œil, puis l'autre. Ce qui le frappa, avant tout, fut la douleur. Le coma l'en protégeait, et la reprise avec la réalité était dure. Puis, il vit Hermione, sur une chaise, ses yeux dans le vague, à coté du lit dans lequel il était couché. Il reconnu immédiatement l'endroit. Il se trouvait dans une des nombreuse chambres de l'hôpital St Mangouste. Ron voulu parler mais un son incertain et guttural sortit de sa gorge, et lui rappela le mal dont il souffrait. Il se contenta donc de lever un bras pour attirer l'attention de la jeune femme qui, patiemment, attendait un signe prouvant qu'il était toujours en vie.
« -Ron, tu es réveillé! J'ai crus que tu... Enfin. Les extrémistes nous attendaient, quelqu'un leur avait dit que nous viendrions. Tu étais juste devant la porte et... Tu as pris un sort de plein fouet. En un sens, cela nous a été bénéfique, parce que nous avons réussit à les maitriser, mais tu es ici depuis une semaine. J'ai eu peur, tu sais... »
Ron ne répondit pas. Elle avait passé la semaine ici, cela se voyait. De long cernes bleus soulignait ses yeux, et ses cheveux, en temps normal déjà en bataille, étaient encore plus désordonnés. Sa robe de sorcière grise, qui appuyait son teint terne à cause des jours de veilles, était fripée, comme si l'on avait dormi trop longtemps dedans. Depuis combien de temps n'était-elle pas rentrée chez elle?
« -Pourquoi je ne suis pas mort? demanda doucement le jeune homme.
-Je ne sais pas, répondit honnêtement Hermione. Je crois bien qu'il a essayé de te tuer mais tu as ouvert la port trop doucement, et le sort a dû ricoché sur la porte. Après seulement, je pense qu'il a dû vouloir t'assommer. »
Ron sourit douloureusement, même ses joues lui faisaient mal. Pourtant, il se sentait heureux. Un coup de chance, il avait juste eut un coup de chance.
« -Et Zabini? ajouta-t-il
-C'est sans doute lui qui les a prévenu. Il était mort depuis déjà trois jours lorsque nous sommes allé l'interroger. Visiblement, ils l'ont torturé. »
Il regarda la jeune femme qui pleurait à son chevet, se remémorant les événements qui avaient suivit la mission. Elle avait l'air d'en avoir bavé.
Ron se dit qu'elle avait bien dut passer la semaine à l'attendre. Ses membres étaient encore engourdis mais il parvint tout de même à attraper la main d'Hermione et la serra un peu. Il se sentait sale, fatigué. En cet instant, Ron n'avait qu'une envie : rentrer dans son appartement avec Hermione. Il ne voulait pas la quitter, c'était évident.
« -Hermione... Je t'aime. »
Dix-sept ans plus tard, à la gare de King's Cross, quai des sorciers. Une fillette de onze ans tient fermement la main de son père, se cramponne même à lui. Elle est adorable, avec ses longues couettes brunes, aux reflets roux, et sa robe à rayure multicolores fraichement acheté. Ses grands yeux inquiet scrute les visages de ses parents et ceux présents dans la foule, comme si elle cherchait quelqu'un qu'elle ne connait pas encore. C'est sa première rentrée à Poudlard, la célèbre école de sorcellerie, et, en ce moment, Rose Weasley est morte de peur.
Depuis qu'elle est minuscule, on lui rabâche les succès de sa mère et son père à l'école, et l'année dernière, son cousin James lui à décrit la Répartition d'une façon qui fait froid dans le dos. Elle est réfléchie, elle sait bien qu'on ne lui ferait jamais combattre un gnome alors qu'elle vient d'acheter sa baguette, mais quant même, elle angoisse un peu. En plus, elle sait très bien pourquoi. Son père a bien envie qu'elle aille à Griffondor, elle aussi, comme toute la famille Weasley. Sauf que Rose n'a pas très envie, elle préférerait de loin Serdaigle, cette maison où travailler est le mot-clé.
Elle se tourne vers Ron et Hermione, ses parents. Elle a les yeux du premier et la bouche du second, et à chaque fois qu'elle les regarde ainsi, ils croient chacun voir l'autre et sont tout attendrit, de vraies guimauves.
« -Papa, maman...dit-elle d'une voix mal assurée, c'est grave si je ne vais pas à Griffondor? »
Comme d'habitude, sa mère répond que non, bien sûr que non. Mais Rose à besoin d'entendre son père, pour une fois, de savoir ce que lui en pense.
« -Hermione, tu nous attends? Et regarde Hugo, il est avec Lily, je crois qu'il veulent mettre des pétards dans la valise de James.
-Il tient vraiment de tes frères, celui-là! marmonne Hermione à l'intention de Ron, avant de filer récupérer son second enfant qui commence, du haut de ses neuf ans, à faire son « jumeau Weasley ».
-Rose, reprend Ron, écoute-moi bien. Tu crois que j'ai toujours voulu que tu aille à Grinffondor, mais ce n'est pas exactement ça. En fait, moi-même, j'ai de merveilleux souvenirs de cette maison, j'y ai rencontré Harry, ta mère... J'y ai vécu de superbe années, et c'est cela que je veux pour toi, c'est tout. Je sais par expérience que pour cela, Griffondor est la maison parfaite. Mais si toi, Rosie, tu trouve cela dans une autre maison, alors je serai content aussi. Il n'y a pas d'histoire d'honneur ou quoi que ce soit. Tu comprends, ma chérie?
-Oui... souffle la fillette. Merci Papa. »
Sans ajouter un mot, elle file retrouver son cousin Albus, qui comme elle entre à Poudlard cette année. De loin, elle entend son père lui parler.
« -Voilà donc le petit Scorpius, murmure Ron. Arrange-toi pour toujours être meilleure que lui en classe, Rosie. Dieu merci, tu as hérité de l'intelligence de ta mère.
-Ron, pour l'amour du ciel, dit Hermione, moitié sérieuse, moitié amusée, n'essaye pas de les dresser l'un contre l'autre avant même qu'ils aient commencé l'école!
-Tu as raison, admet Ron. Désolé. Mais ne sois quand même pas trop amie avec lui, Rosie. Grand-père Weasley ne te pardonnerait jamais si tu épousait un Sang-Pur. »
Rose a un petit sourire. Pour l'instant, le fils de Susan et Zacharia, Elliot, un grand garçon aux cheveux brun cuivré d'un an de plus, avec des yeux d'un vert magnifiques, lui semble beaucoup plus attirant que l'espèce d'albinos qu'elle aperçoit au loin. Mais cela, elle ne le dira jamais à son père.
Le train s'ébranle et Rose fait des signes de la main en direction du couple qui se tient la main, ainsi qu'à son frère qui joue avec Lily.
« -Alors, Hermione Weasley, j'ai été bon?
-Parfait, Ronald.
-Ne m'appelle pas comme ça, je déteste... J'espère quant même qu'elle n'ira pas trop fricoter avec le gamin Malefoy, je crois qu'en fait ce ne sera pas mon père mais moi qui ferait une attaque, réalise-t-il, les eux écarquillés. Quand je pense qu'elle travaille encore plus que toi, je n'aurai jamais pensé que ça puisse être possible!
-Tu exagères! Dit Hermione, un petit sourire aux lèvres. Tu te rends compte, ça fais déjà onze ans...
-Et toi, tu te rends compte depuis combien de temps je suis amoureux de toi? »
Hermione se cale un peu mieux dans les bras de Ron et ensemble, ils regardent le train qui s'en va, il est déjà loin et bientôt on ne verra plus qu'un point.
Et Ron est heureux, plus encore que le jour où Hermione est venu à la Grande Bibliothèque, plus que le jour de leur mariage. Plus que tout, en fait. |