Ce chapitre n'est pas vraiment une suite. Il s'agit de la vie de Daniel.
N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé.
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La vie de Daniel
Daniel était né le deux mars 1960 dans une petite ville de France. Son père, Jacques, dirigeait plusieurs employés dans une mine de charbon alors que sa mère, Nicole, comme la plupart des femmes de l'époque, restait à la maison afin de préparer les repas et faire le ménage.
Il sortit peu de la demeure familiale, une vieille grande maison en pierre qui appartenait à ses aïeux depuis plusieurs générations, durant son enfance. Sa mère lui donnait des cours à domicile afin qu'ils puissent reprendre le travail de son père lorsqu'il serait en âge de le faire. Il pouvait néanmoins jouer dans le jardin lorsque le temps le permettait.
Il accompagnait sa mère lorsque celle ci devait faire des courses au marché ou au commerce du village. Il y allait soit à pied où sur une petite charrette tirée par des chevaux dont il aimait s'occuper. Les nourrir et les monter était une activité qu'il appréciait particulièrement. Tous les dimanches, il se rendait à la messe avec ses parents.
Sa vie changea le jour de ses seize ans. Son père le convoqua dans son bureau, le fit asseoir et prit aussitôt la parole :
"Mon fils, tu as aujourd'hui seize ans. Tu deviens un homme. Il est temps pour toi de prendre la relève de la famille. Ta mère te trouve encore trop jeune mais tu es assez vieux. Dès demain, tu viendras avec moi à mon travail. Je t'apprendrai tout ce que tu dois savoir pour diriger correctement l'entreprise que tu pourras reprendre à ma mort."
Daniel ne bougeait pas, comme toujours en face de son paternel. Jeune, il avait appris à ne pas le contredire et à lui obéir sans contester. Après une pause de quelques secondes, l'homme reprit :
"De plus, je t'ai trouvé une fiancée. Elle s'appelle Brigitte. Son père dirige une entreprise avec qui j'ai signé un contrat il y a quelques temps. Je te donnerai plus de renseignement sur celle ci dès demain. Le mariage est fixé au cinq février. Tu peux retourner à tes occupations maintenant. Soit à l'heure demain." La discussion fut close. Après un dernier salut, Daniel quitta la pièce tout en réfléchissant à ce que serait son avenir. Il n'y avait jamais réfléchi avant ce jour.
Les jours suivants furent très difficile pour Daniel. Son père lui donna tous les détails qui concernaient l'entreprise et dont il ignorait la plupart. Il rencontra également différents membres du personnels ainsi que des dirigeants d'entreprises associées dont son futur beau père. Il s'agissait d'un homme à la carrure impressionnante, carrée, au visage fermé, brun aux yeux marrons. Le discours concernant les affaires fut froid et rapide.
Les semaines passèrent rapidement, tous plus terne les unes que les autres pour Daniel. Il rencontra, pour la première fois, sa future épouse un samedi du mois de juillet. Ses parents vinrent diner à la maison de la famille de Daniel afin d'effectuer les présentations. Il s'agissait d'une jeune femme qui allait bientôt fêter ses seize ans, grande brune aux yeux bleus clairs sans expression. Elle savait ce qu'elle voulait et avait des avis bien définis mais ne pouvait s'opposer à son paternel. Les pères discutèrent ensemble une bonne partie de la soirée alors que les femmes parlaient entre elles avec leurs enfants. Aucune autre rencontre était prévue avant le mariage.
La vie repris son cours comme précédemment. Daniel suivait toujours son père. Mais un évènement marqua les esprits début décembre.
La mère de Daniel, Nicole, fut soudain prise de céphalées, sa température augmenta brutalement, des douleurs apparurent dans tout son corps. Son état se dégrada de jour en jour malgré la venue du médecin qui ne put rien faire. Le matin du huit décembre, Jacques vint annoncer à son fils la mort de sa femme. Daniel venait de perdre sa mère, il en fut très secoué, contrairement à son père qui n'exprima aucune émotion. Il s'enferma toute la journée dans sa chambre afin de pleurer tranquillement.
L'enterrement eut lieu deux jours plus tard dans le cimetière du village. Peu de monde fut présent. La messe fut dite rapidement et la mise en terre ne fut pas longue. Jacques retourna travailler le jour même. Daniel dut faire de même alors qu'il n'aimait pas ce qu'il faisait. Faire l'hypocrite avec des directeurs d'entreprises et donner des ordres à des employés ne lui plaisaient guère.
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Le cinq février eut lieu le mariage de Daniel et Brigitte. Quelques collègues furent présents ainsi que des personnes hautement placées et des membres des deux familles. Le prêtre prononça la messe après que le couple soit passé à la mairie afin d'unir les jeunes mariés. Une grande réception eut lieu dans le jardin de la demeure familiale du père de Daniel. Les invités parlèrent ensemble toute l'après midi avant de retourner chez eux.
Le soir, Brigitte et Daniel passèrent leur première nuit ensemble alors qu'ils ne s'étaient vu qu'une seul fois avant ce jour là. Le lendemain matin, ils partirent en voyage de noce grace à la calèche louée pour l'occasion. Bien vite, Les jeunes mariés se rendirent compte qu'ils ne pouvaient pas s'apprécier. Brigitte n'écoutait pas son conjoint qui devait faire ce qu'elle voulait. Le séjour dura une semaine, Daniel la jugea la plus longue de sa vie. Il en voulait beaucoup à son père pour ce qu'il lui faisait subir en ayant arrangé son mariage. Il aurait bien aimé se marier avec une femme qu'il aimait et avoir des enfants avec, vivre une vie heureuse. Et cette semaine était tout sauf heureuse.
Le voyage toucha finalement à sa fin. Durant celui ci, le couple avait pu visiter quelques beaux lieus. À leur retour, ils purent s'installer dans une petite maison neuve avec jardin. Elle était moins grande que celle de leur parent mais déjà assez spacieuse pour contenir trois chambres, une cuisine, une salle de bain et une salle à manger, tous de taille raisonnable.
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La vie repris son cours : chaque matin, Daniel partait travailler et il rentrait le soir retrouver sa femme, qui restait au foyer tous les jours sauf lorsqu'elle se rendait au marché ou dans sa famille. Deux semaines après leur emménagement, un vendredi soir, le couple qui habitait la maison voisine vint voir les jeunes mariés afin de se présenter. Ils s'étaient mariés il y a neuf mois, l'homme avait joué de sa notoriété afin de pouvoir épouser la femme qui parla peu durant le repas. Elle regardait souvent ses jambes et intervenait uniquement lorsque son mari lui demandait. Ses longs cheveux bruns empêchaient tout le monde de voir correctement son visage. La soirée passa rapidement et les voisins rentrèrent chez eux sous l'ordre de l'homme fatigué.
Lorsqu'il rentrait le soir, dans les semaines suivantes, il n'était pas rare que Daniel aperçoive la femme, occupait à nettoyer sa cuisine ou dans son jardin, depuis sa fenêtre. Elle semblait triste. Jamais, ils ne se parlaient. Jusqu'au jour où il la vit en train de pleurer sur le banc devant sa maison seul, alors qu'il revenait de son travail. Son mari ne semblait pas être présent.
Il s'approcha donc d'elle et s'assit à coté. Il lui demanda ce qui se passait. La femme resta quelques minutes silencieuses, mais ses sanglots se tarirent peu à peu lorsque Daniel eut placé un de ses bras autour d'elle. Elle se mit doucement à parler de ses problèmes : son mari qui ne l'aimait pas et qui se plaisait à la rabaisser dans tout ce qu'elle faisait, ainsi que sa famille qui l'obligeait à rester avec cet homme qu'elle haïssait tant. Il se promit de la protéger alors qu'il repartait vers son domicile où sa femme l'attendait. Celle ci lui demanda ce qu'il avait fait pour rentrer si tard. Il ne lui avoua pas qu'il était avec leur voisine, elle était déjà assez en colère ainsi.
Dès le lendemain, Daniel prit l'habitude de passer quelques minutes chez Thérèse, la voisine, chaque jour en rentrant de son travail, avant que son mari ne rentre. Il veillait également à ce que sa femme ne le voit pas.
De jour en jour, ils apprenaient à mieux se connaître. Elle lui parlait de sa vie et lui de la sienne. Un jour, un peu plus de deux mois plus tard, alors que Thérèse et Daniel discutaient ensemble, comme à leur habitude, côte à côte, le garçon se pencha vers la fille et l'embrassa. Il en avait déjà eu envie plusieurs fois auparavant mais avais toujours résisté jusqu'à présent. La fille était perdue mais avait quand même répondu au baiser. Elle était démoralisée avant sa discussion avec le garçon, à cause de son mari qui lui demandait de faire trop de chose qu'elle n'était pas capable de faire. Ils se séparèrent rapidement, chacun s'excusant. Daniel regagna rapidement sa maison par la suite alors que Thérèse se dépêchait de préparer le repas. Le lendemain, Daniel ne rendit pas visite à sa voisine.
Il y retourna néanmoins le jour suivant. La femme lui manquait. Il l'aimait. Il ne savait pas depuis quand exactement mais le fait était là. Il était tombé amoureux de sa voisine alors qu'il était marié et que cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Elle lui manquait. Il fallait qu'il la revoit.
Il toqua à la porte et Thérèse lui ouvrit aussitôt, le laissant entrer. Ils furent gênés quelques instants mais ils commencèrent à parler de leur journée, ce qui les rendit plus à l'aise. Trente minutes plus tard, le sujet eut fini d'être abordé. Tout avait été dis. Daniel allait retourner chez lui avant que sa femme s'inquiète. Celle ci s'était habituée à voir son mari rentrer à cette heure là. Mais avant de franchir le seuil de la porte, il se retourna, plus déterminé que jamais, et s'exclama :
"Je ne sais pas ce que tu en as pensé, mais je ne regrette pas ce qu'il s'est passé avant hier. J'y ai beaucoup réfléchi et qu'importe ce que tu pourras dire, jamais je ne regretterai parce que je t'aime, malgré que je suis marié à une autre."
Thérèse resta muette quelques secondes, et fini par réagir alors que l'homme avait sa main sur la porte, s'apprêtant à sortir :
"Je n'ai pas de remords non plus et je n'en aurais jamais. Je t'aime également. Je ne devrais pas, je suis mariée."
Il se prirent un instant dans les bras l'un de l'autre. Après un chaste baiser, ils se quittèrent en se promettant de se revoir le jour suivant.
La vie reprit son cours. Daniel supportait de moins en moins sa femme et aimait de plus en plus sa voisine. Jamais, ils avaient été surpris, que ce soit par Brigitte ou le mari de Thérèse. Jusqu'au jour où ce dernier rentra plus tôt que prévu de son travail et les surpris debout, sortant habillé de la chambre en train de rire. Rire qui se coupa net aussitôt. Daniel se mit à paniquer. Il salua l'homme et lui expliqua qu'il était venu prendre des nouvelles d'eux. Il allait justement repartir après les avoir invité à prendre le souper la semaine suivante.
Il rentra chez lui, la mort dans l'âme, il savait que son amie n'allait pas passer une bonne nuit. Il avait appris, il y a quelques semaines, que son mari n'hésitait pas à la frapper lorsqu'elle ne faisait pas assez rapidement ou correctement quelque chose qu'il lui demandait ou lorsque l'envie lui en prenait. Ce soir, il ne devait pas avoir beaucoup apprécié de la trouver avec son voisin en train de rire.
Il ne put la revoir le lendemain soir. Son mari étant présent.
Mais ses craintes se confirmèrent quatre jours plus tard, lorsqu'il la vit. Elle avait des hématomes supplémentaires au niveau des jambes et des bras, ses membres étaient toujours douloureux. Il ne put lui parler avant qu'elle ne vienne chez lui en compagnie de son mari, à la date qu'ils avaient convenu une semaine plus tôt. Le repas passa rapidement, les hommes discutant de leur travail respectif.
Ils ne purent se voir qu'une fois durant les deux semaines qui suivirent.
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Il fut surpris en rentrant chez lui, un soir de cette période là. De nombreuses personnes étaient devant la maison adjacente à la sienne. Il s'approcha. Tout le monde parlait en même temps sans lui accorder la moindre importance. Il entra dans la maison. Franchit la porte de la cuisine. Et là, il la vit. Son amour. Allongée sur le sol, inconsciente, la tête sur le coté, les yeux ouverts, un bras au dessus de la tête et l'autre perpendiculaire au corps, les jambes écartées formant un angle bizarre.
Une chaise était renversée sur le sol, juste à coté. Tout prouvait qu'il s'agissait d'un accident. Elle était tombée de la chaise en faisant les poussières du lustre. Mais Daniel douta : Pourquoi son mari semblait-il joyeux ? D'accord, il savait qu'ils ne s'aimaient pas, mais pas à ce point là. Savoir qu'il battait sa femme et qu'il était peut-être au courant de sa liaison renforçait ses soupçons. Ce n'était pas un accident mais un assassina. Il rentra chez lui, plus triste que jamais, tout en sachant qu'il ne pourrait jamais rien prouver.
Ce soir là, il vida une bouteille complète d'alcool fort qu'il avait trouvé dans sa cave. Lui, qui d'habitude buvait peu, battu presque un record. Il fut en retard, pour la première fois, le lendemain à son travail. Son père lui passa un savon magistral, mais celui ci eut peu d'effet car durant la semaine qui suivi, un nouveau rituel se mit en place : tout les soirs, en rentrant, il vidait minimum un bouteille sans que rien ne puisse l'en empêcher, ni sa femme, ni son père.
Ce dernier décida de prendre les choses en main. Son fils arrivait tous les jours en retard, dans un état prouvant son ivresse nocturne. Il lui donna une semaine de vacance pour qu'il puisse se remette les idées au clair.
Pendant ce temps là, Brigitte avait fait le lien entre la mort de sa voisine et l'état de son mari. Elle le rencontra donc avant que son mari rentre du travail, et il lui avoua qu'il avait surpris une fois Thérèse et Daniel en train de rire sur le pas de la porte de la chambre. Elle voulut en parler le soir même à son mari mais ne le put pas, car il lui apprit que son père lui avait donné une semaine pour remonter la pente.
Durant les sept jours suivant, Daniel mangea uniquement par nécessité, tout comme pour prendre ses douches. Il se vêtit uniquement de pyjama durant ce moment sous l'air dédaigneux de sa femme.
Lorsqu'il dut retourner à son travail, il arriva cette fois là à l'heure. Le fait que ce soit son père qui soit passé le chercher joua beaucoup dans cela. Mais il n'était pas coiffé et ses yeux étaient cernés. Avant qu'ils partent, Brigitte héla son beau père et l'informa de ce que son voisin lui avait dit quant à la possible liaison de son fils et de son vœux d'en informer sa famille car elle ne supportait plus son mari. Le père réussi à la raisonner mais se promit de passer un savon supplémentaire à son fils dès qu'ils seraient seul au bureau. Mais cela ne servit à rien car il ne réagit pas. La semaine de repos avait servi à rien.
Durant les semaines suivantes, la situation ne s'arrangea guère. Brigitte, lassée, avait prévenu sa famille et celle ci avait entrepris des démarches afin de rompre le contrat liant les deux familles. Elle était retournée vivre chez ses parents. Daniel vivait donc seul chez lui lorsqu'il n'était pas à son boulot.
Son père prit toutes les bouteilles qu'il trouva afin de les emmener chez lui. Le lendemain, il se présenta sobre à son travail. Travail qui n'aimait pas du tout, et de moins en moins. Il se sentait plus seul que jamais.
Son père ne supporta pas son fils longtemps. Un jour, il ordonna une action à un des employés, ce qui eut de grave répercussions financières sur l'entreprise. Son père le licencia après s'être énervé. Son fils n'arrivait pas à la hauteur de ces espérances.
Il passa une semaine chez lui, seul, sans rien faire avant de se décider à chercher un autre travail. Il fallait bien qu'il gagne de l'argent pour pouvoir vivre convenablement.
Il chercha donc dans les entreprises près de chez lui. Il ne trouva rien le premier jour. Le second pareil. Le troisième identique. Le quatrième, on lui proposa un entretien qu'il passa durant l'après midi. Mais à la fin de celui ci, on lui dit qu'il ne correspondait pas aux critères requis pour le poste. Il retourna donc, déçu, chez lui. Il ne trouva rien le lendemain.
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Le surlendemain, un grand homme en costume cravate vint le voir à son domicile. Daniel le fit entrer et s'installer dans un fauteuil. L'homme n'alla pas par quatre chemins. Daniel devait quitter sa maison. Son contrat avait été résilié et il n'avait plus l'argent pour payer le local sans travail. Il avait donc une semaine pour se trouver une autre habitation. Et vu la façon dont il s'était séparé avec son père, celui ci ne l'aiderait pas. Il devrait donc se débrouiller seul. L'homme le salua avant de quitter la maison laissant Daniel seul avec son désespoir.
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Dès le jour suivant, il s'attela à la tache de se chercher un logement. Il n'avait pas les moyens de s'en payer un dans la partie riche de la ville. Celle de classe moyenne ou le bidonville convenait mieux à ses ressources. Heureusement pour lui, trois jours plus tard, il trouva un petit appartement dans le bidonville, pas trop cher et assez grand pour lui. Il était composé d'une salle de bain, d'un toilette, d'une cuisine, d'un petit salon et d'une chambre. Tout était peu meublé et dans des tons sombres.
Il put travailler dans un petit magasin. Il devait accueillir les clients et les servir.
Cela dura plusieurs mois. Il vivait sa vie tranquillement. Il avait appris à connaître beaucoup de ses voisins qui fréquentaient le magasin. Il aimait bien partager un verre avec l'un d'eux, le soir en sortant du travail.
Mais malheureusement le commerce qui l'embauché dût fermer. Il était en liquidation. Il n'y avait pas assez de bénéfice par rapport aux pertes financières. Ainsi, il se trouva, une fois de plus, sans emploi. Et là, se fut la déchéance. Tout s'enchaina rapidement.
La perte de son emploi lui fournissait plus de temps libre. Il en profitait pour rester avec les connaissances qu'il avait rencontré dans le quartier. Afin de se retrouver tous ensemble, ils passaient de nombreuses heures quotidiennes dans un bar du quartier.
Il n'avait plus confiance en lui. Il se sentait inférieur. Il ne savait pas à quoi sa vie servait sur la terre, mais restait sur celle ci, trop lâche ou trop courageux pour la quitter.
Lorsque son anniversaire arriva, le quartier se regroupa dans la rue afin de lui souhaiter un joyeux anniversaire. La soirée passa rapidement, tous parlaient et rigolaient joyeusement. Et c'est heureux qu'ils allèrent se coucher à l'aube.
Malgré ses connaissances, sa vie n'était pas facile. Et ses conditions de vie ne s'arrangèrent pas lorsque son propriétaire vint le voir pour lui dire que s'il ne pouvait plus payer, il devait quitter son logement. Et c'est ce qu'il dût faire. Il avait aucun lieu où aller. Ses amis ne pouvaient pas l'héberger. Il partit donc à la recherche d'un foyer d'accueil pour la nuit. Il en trouva un. Une petite chambre de trois lits, déjà occupée, avec un tapis dégarni composé la pièce. Il put manger un petit repas avant de se coucher. Il dormit bien, mais dut quitter le foyer dès le lendemain matin. Il passa la journée en ville.
Le soir, il ne put récupérer sa place de la veille au foyer. Il se réfugia donc dans le seul endroit où il ne dérangerait pas et pouvait vivre sans se faire virer, soit l'église de la ville où il allait depuis son plus jeune âge, église qu'il avait continué de fréquenter après son départ de la maison familiale. Il avait apporté avec lui le peu d'affaire qu'il possédait.
Plus les jours passaient, plus le monument religieux devenait la demeure officielle de Daniel, lorsque le crépuscule arrivait. Il n'avait plus d'autre maison. Il ne pouvait pas avoir une place toutes les nuits dans les foyers d'hébergements. Au fur et à mesure que le temps s'écoulait, tous apprenaient où ils pouvaient trouver Daniel, en cas de besoin.
La nourriture devenait de plus en plus rare. Vu qu'il ne pouvait avoir un toit chaque jour, les douches qu'il prenait s'espaçaient. Il était donc de moins en moins propre.
Il ne se sentait plus en sécurité. Tout le monde pouvait le voir à tout moment de la journée, notamment lorsqu'il dormait. Il avait peur du lendemain.
Il mit du temps à s'habituer à sa condition. Mais finit par le faire. Il passait sa journée à déambuler dans la ville à la recherche d'un travail, d'un foyer ou de nourriture. Il aidait des personnes lorsque l'occasion se présentait. Il retrouvait régulièrement les connaissances qu'il avait dans le village, mais il ne pouvait plus autant consommer qu'auparavant.
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Une vingtaine d'année plus tard, Daniel avait beaucoup changé physiquement : ses yeux étaient cernés, son teint était pâle, il avait perdu du poids, on voyait ses côtes ressortir sur son thorax et ses vêtements étaient plus sales et usés qu'avant. Mais il n'avait pas réussi à se trouver un emploi, et vivait toujours dans l'église où il lui arrivait de demander l'aumône, de plus en plus souvent. Il apercevait, de temps en temps, son père lorsque celui ci venait à la messe dominicale.
Ce fut à cette période qu'il rencontra, Marc : un jeune homme qui venait de perdre son emploi et son logement. Il n'avait plus de lieu où dormir. Daniel prit sous son aile cette personne, en qui il se reconnaissait, à quelques différences prêt.
Il lui expliqua tout ce qu'il devait savoir. Les lieux où il pouvait trouver de la nourriture et se doucher. De nombreux conseils lui fut prodigués.
Ils vécurent ensemble quelques temps dans l'église. Mais rapidement, Marc choisit de vivre sa vie de son coté, lassé du monument. Ils continuèrent de se voir régulièrement, par la suite.
Il fut inquiet de ne plus avoir de ses nouvelles, à un moment.
Mais il le revit une dernière fois, vivant dans une maison de riche, méconnaissable. Cette fois là, il lui dit tout ce qu'il pensait. Il avait souhaité faire le tour de la ville une dernière fois. Il se savait condamné. Il était plus fatigué qu'auparavant, ces derniers temps. De l'ascite, un liquide, était présent dans son abdomen. On avait découvert que c'était dû à une cirrhose. Il n'avait pas les moyens de se payer le traitement adéquat. Il se préparait donc à mourir.
La mort résonnait à ses oreilles comme une délivrance. La fin de tout ses soucis. Elle ne lui faisait pas peur.
Et c'est le sourire aux lèvres, qu'il s'endormit pour ne plus jamais se réveiller, un soir d'été, dans l'église qui l'avait hébergé durant une grande partie de sa vie. |