Stellane.

Auteur : haniPyanfar

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Deuxième partie : Stellane et Harry Potter

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Chapitre 11 : La mémoire perdue de Yann Kerrye.

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Lundi 23 juillet 2007, fin d'après-midi. Dans le train entre Penzance et Londres.

Harry et Yann étaient assis face à face dans un compartiment du Penzance Londres. Ils étaient silencieux et faisaient semblant de regarder défiler le paysage. Ils ne pouvaient se parler comme ils l'avaient fait une bonne partie de la journée car ils n'étaient pas seuls. Ils réfléchissaient intensément, chacun de leur côté.

Harry se disait que pour le moment, tout se passait relativement bien. Ma Kerrye avait tenu sa promesse. Elle avait parlé à celui qu'elle continuait à considérer comme son fils. Yann avait accepté la situation avec beaucoup de difficulté mais il voulait bien essayer, - il précisait bien essayer - de rechercher le souvenir de son passé. Il n'avait mis qu'une condition, qu'on continue à l'appeler Yann. Il trouvait le prénom " Draco " trop original et de toute façon, il ne se reconnaissait pas en lui.

Harry avait bien préparé son entrevue avec le jeune serveur de la Sardine. Il avait emporté les photos qui se trouvaient dans la cassette des sœurs Black, cassette qu'il avait conservée puisque Narcissa n'avait toujours pas repris ses esprits. Elle coulait une vie paisible au manoir Malfoy en compagnie de l'elfe Poky, avec sa dentelle et les visites de ses anciennes amies. Harry avait aussi pris des papiers officiels qui confirmeraient ses dires mais ce n'était pas ça qui allait réveiller les souvenirs de Yann.

Alors, il avait été chercher dans son coffre l'ancienne baguette magique de Draco, celle qu'il lui avait prise quand il était prisonnier avec Ron et Hermione chez les Malfoy, celle qui lui avait servi pendant le duel avec Lord Voldemort. Il l'avait portée au département des Mystères et avait demandé aux Langues de Plomb de la débarrasser de tous les mauvais sortilèges qui y étaient encore attachés. S'il voulait ranimer la magie de Draco, autant le faire avec sa propre baguette.

Mais il ne l'avait pas emmenée à la Sardine. Révéler son état de sorcier sans précautions au jeune homme l'aurait bouleversé, affolé peut-être. Harry se souvenait de son étonnement quand Hagrid lui avait apporté la lettre de Poudlard et quand il était allé pour la première fois sur le Chemin de Traverse. Yann était fragile et sans doute se méfiait-il de lui.

Ce serait plus facile quand ils seraient enfin arrivés Place Grimmauld. Ces voyages moldus n'en finissaient pas !

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Yann était partagé entre deux sentiments contradictoires. Harry lui faisait un peu peur. Enfin pas Harry lui-même, le changement que l'arrivée de Harry provoquait dans son existence. En trois ans, depuis sa sortie de l'hôpital de Truro, il s'était accoutumé à sa nouvelle vie. Il avait tout redécouvert, des parents, des amis, un travail, un environnement. Il s'était réhabitué à son corps, à sa sexualité, à ses réactions face aux autres en diverses circonstances, en particulier à ses trous de mémoire concernant d'anciennes connaissances. Il était parvenu à un certain équilibre. Et voila que tout était remis en question.

D'un autre côté, il se sentait en confiance avec Harry. Ce jeune homme brun à la fois énergique et réservé lui plaisait. Il se sentait assez attiré par lui. Il l'avait remarqué la première fois qu'il l'avait vu au pub mais les clients allaient et venaient. Il y avait beaucoup de touristes l'été à Penzance. Il ne pouvait s'attacher à tous les beaux bruns de passage.

C'était le type d'homme qui l'attirait le plus, les bruns aux yeux clairs qui n'essayaient pas de le draguer dès qu'ils avaient deviné son orientation sexuelle. Bien sûr, il avait eu quelques aventures mais ça n'allait jamais bien loin. Des flirts, des baisers, des caresses ... Sauf en deux occasions. Deux ans auparavant, un jeune vacancier l'avait séduit plus que les autres et lui avait fait découvrir les vrais plaisirs du sexe entre hommes.

Il était expérimenté et il l'avait initié avec assez de douceur et d'attention pour que l'expérience soit plaisante. Mais malheureusement, cela n'avait duré que le temps des vacances. La seconde fois avait été décevante. Le brun aux yeux bleus que Yann avait choisi avait juste songé à se satisfaire lui-même sans faire grand cas de son partenaire. Du coup, le jeune homme n'avait pas récidivé, se contentant de flirts plus ou moins longs et sans conséquence.

Quand il y repensait, Yann se disait que pour tout ce qui touchait au sexe, il n'avait pas eu à redécouvrir les choses, comme pour tout ce qu'il avait été obligé de réapprendre. C'était différent. Il ne savait pas pourquoi mais il en était pratiquement sûr. " Avant " il n'était pas homosexuel. Il avait certainement eu des aventures avec des filles. Mais maintenant, elles le laissaient indifférent. Il les trouvait banales et sans éclat. A croire qu'il avait connu une femme exceptionnelle qui éclipsait toutes les autres, même après son amnésie.

De toute façon, il n'était pas là pour la bagatelle. Harry voulait lui présenter des gens qu'il avait connus autrefois, il devait l'emmener dans certains lieux, en particulier dans un hôpital où des spécialistes de la mémoire lui feraient passer des tests. C'était ce que Yann appréhendait le plus. Il en avait soupé des médecins !

Mais Harry avait dit qu'il serait toujours libre d'accepter ou de refuser ce qu'on lui proposerait et il le croyait. Il connaissait ce jeune homme depuis très peu de temps mais il avait confiance en lui. Il ne savait pas trop pourquoi. Une impression, presque une certitude : Harry était incapable de lui faire du mal.

Il regardait le paysage sans le voir et rêvait. Se pourrait-il que le mur opaque qui entourait son passé s'entrouvre et que ses souvenirs reviennent ?

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On approchait de Londres. Ils étaient de nouveau seuls dans leur compartiment mais ils n'échangeaient que quelques mots sans importance. Harry se demandait s'il n'avait rien oublié, si toutes les précautions avaient bien été prises pour que Yann se sente à l'aise au 12 Place Grimmauld.

Il avait laissé la façade de la maison apparente, la protégeant seulement d'un sort d'Aveuglement pour les Moldus. Il n'y avait rien à craindre, l'époque n'était plus dangereuse comme autrefois. Il ne pouvait pas commencer les débuts de Yann par un sortilège somme toute assez impressionnant. Il avait demandé à Kreatur et à Mimsy de ne pas se montrer au jeune visiteur tant qu'il ne les appellerait pas. Les elfes de maison étaient des créatures magiques assez bizarres pour effrayer les Moldus.

Le plus difficile avait été de convaincre Stellane d'aller passer une quinzaine de jours dans la Chaumière aux Coquillages, chez Bill et Fleur. La fillette les aimait beaucoup. Victoire leur fille était pour elle comme une sœur. Mais elle voulait à toute force voir " son père " avant de partir. Elle avait pleuré, elle s'était mise en colère. Pour la première fois depuis très longtemps, elle avait failli se transformer en Vélane Primaire.

Harry comprenait son désir mais il hésitait. La toute jeune fille saurait-elle se dominer face à cet homme qui ressemblait tant à son père mais qui ne se souvenait absolument pas d'elle ? Il avait transigé en faisant appel à sa " raison ". Elle serait là à leur arrivée. Elle avait juré sur sa couronne de Vélane de ne rien dire et de ne rien faire qui puisse inquiéter le visiteur. Elle et Gabrielle lui seraient présentées comme des parentes éloignées et elles iraient chez Bill et Fleur le soir-même " quoi qu'il arrive ".

Gabrielle devait ensuite partir pour la Bulgarie. Elle était invitée par la Première à passer un mois dans la Forêt pour mieux connaître ses parentes lointaines. Si l'expérience était concluante, peut-être pourrait-elle être adoptée par son deuxième peuple. C'était ce qui avait été proposé à Stellane le jour de son anniversaire : vivre moitié en humaine, moitié en Vélane. Gabrielle était enchantée. C'était son désir le plus cher.

Les lumières de Londres annonçaient l'arrivée en gare. L'aventure sur le chemin des souvenirs commençait pour Yann comme pour Harry, aussi incertaine pour l'un que pour l'autre.

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Mardi 24 juillet, place Grimmauld, 8 heures du matin.

Harry s'activait dans la cuisine. Le thé et le café étaient prêts. Les toasts n'attendaient que leur garniture de confiture d'orange. Les œufs au bacon grésillaient doucement dans la poêle. Yann devait arriver d'un instant à l'autre. Encore une ressemblance avec Malfoy : le jeune homme était très soigneux de sa personne et avait besoin de temps pour se préparer.

Mimsy risqua un œil par la porte de l'arrière-cuisine. C'était autrefois une petite pièce qui servait de débarras. Harry y avait fait aménager deux chambres pour les elfes, avec des meubles à leur taille. Kreatur qui logeait autrefois sous la cheminée dans un galetas malodorant n'avait même pas pensé à dire merci mais Mimsy s'était montré plus démonstrative. Quand elle était chez ses mauvais Maîtres, elle avait tout juste droit à une paillasse dans le grenier. Elle était ravie d'avoir récupéré sa petite chambre depuis qu'elle ne dormait plus dans celle de Stellane.

" Maître Harry n'a pas besoin d'aide ? couina-t-elle en regardant le jeune homme sortir la vaisselle et les couverts.

-Non Mimsy, je vous appellerai tout à l'heure pour débarrasser.

L'elfe referma la porte juste à temps. Yann arrivait à la cuisine. Harry fut de nouveau frappé par la ressemblance du jeune homme avec Draco. Stellane devait avoir ressenti la même chose la veille. Mais elle avait tenu parole. Elle n'avait pas bronché. Au moment de partir avec Gabrielle, elle avait seulement glissé à l'oreille de Harry :

-C'est mon père, j'en suis sûre. Je t'en prie, aide-le à retrouver la mémoire.

Les larmes brillaient dans ses yeux mais ni elle ni son accompagnatrice n'avaient usé de leurs pouvoirs de Vélanes. Elles avaient occulté leurs regards de séductrices et pour la fillette, ça avait été très dur. Mais depuis la cérémonie, elle se montrait plus mûre que les enfants de son âge. Harry lui avait promis de lui envoyer souvent des nouvelles.

Encore une chose qu'il avait fallu dissimuler. Sérafine, la chouette de Harry, était enfermée dans sa cage, en haut, dans la chambre du jeune sorcier. D'habitude, elle était libre de se déplacer à sa guise mais Yann se serait certainement demandé ce qu'une chouette faisait à l'intérieur d'une maison. C'était un animal sauvage quand il n'était pas magique. Du coup Fine s'était fâchée et avait pincé le doigt de son maître. Enfin celui-ci pensait avoir une conversation explicative avec son invité juste après le petit déjeuner.

- A qui parlais-tu ? demanda Yann en s'asseyant à table.

Ils avaient décidé de se tutoyer mutuellement. Pour Harry, c'était facile mais Yann n'en avait pas l'habitude. Au bar, il devait garder ses distances vis à vis des clients trop entreprenants.

-A personne, répondit Harry. Je jetais un sortilège sur les œufs pour qu'ils ne brûlent pas. Je suis sorcier figure-toi.

Il avait dit cela sur le ton de la plaisanterie mais il guettait l'effet de ses paroles sur le visage de Yann. Celui-ci se mit à rire.

-Les sorciers, ça n'existe pas. Pour les œufs et le bacon, fie-toi au bruit qu'ils font dans la poêle. C'est ce que dit toujours ma mère ...

Il s'arrêta brusquement. Ma Kerrye n'était pas sa mère. Il soupira et tendit la main vers un toast.

-Tu te débrouilles bien, ajouta-t-il. Tu n'as pas d'employé de maison ? Je croyais que tous les gens riches d'Angleterre avaient au moins un majordome et une cuisinière. C'est très grand ici et tout est nickel. Je sais ce que ça demande comme boulot. A la Sardine, les employés ne chôment pas, tu peux m'en croire.

Entendre Draco parler travail était encore surprenant pour Harry mais ce n'était pas Malfoy qui se servait une tasse de thé en bavardant, c'était Yann. Et c'était plus difficile à admettre dans cette maison qu'à l'auberge. Ils discutèrent de choses et d'autres. Le jeune homme voulait savoir dans quel hôpital ils avaient rendez-vous l'après-midi pour les fameux tests de mémoire.

-A Sainte Mangouste, répondit Harry qui n'aimait pas mentir.

Devant l'air étonné de Yann, il ajouta :

-C'est une clinique privée. Peu de gens la connaissent. Mais les médecins sont très capables. Ils pourront te dire tout de suite si ta mémoire peut revenir et dans quelles conditions. Ne t'inquiète pas. A propos de ta question, tout à l'heure, oui, j'ai des employés de maison. Je voudrais te les présenter. Mais ils sont un peu ... spéciaux. J'ai avant quelques explications à te donner.

Ils avaient fini de déjeuner. Harry émiettait le dernier toast en pensant à sa chouette en colère. Yann était détendu, son séjour à Londres s'annonçait bien. Mais la petite phrase de Harry réveilla ses craintes obscures. Qu'est-ce qu'il faisait là au lieu d'être à Penzance à écouter au loin le bruit des vagues contre les rochers ?

-Cette maison appartenait autrefois à la famille de ta mère, poursuivait Harry. C'est un hasard si j'en ai hérité. Elle est comment dire ... particulière. Je suis vraiment sorcier Yann. Et mes employés sont des elfes de maison. Je vais les faire venir. N'aie pas peur, ils sont inoffensifs. Kreatur ! Mimsy !

Les deux petits êtres magiques entrèrent. Mimsy pinça sa robe et fit une révérence mais Kreatur se jeta à genoux à côté de Yann et s'inclina jusqu'à terre en balbutiant :

"Maître Draco ! Enfin un membre de la famille Black qui revient à la maison de ses ancêtres ! Kreatur est tout au service de Maître Draco ! Que désire le Maître ?

Yann avait sursauté en voyant les elfes arriver dans la cuisine. Il regarda Harry d'un air affolé et jeta ensuite un bref coup d’œil vers la porte, comme s'il voulait prendre la fuite. Le mot " sorcier " prenait tout à coup son véritable sens. Mais ce n'était pas possible n'est-ce pas ? Les sorciers n'existaient pas ! Harry avait l'air d'un jeune homme tout à fait normal. Pas de chapeau pointu, pas de longue barbe, pas de robe parsemée de symboles diaboliques, pas de baguette magique ...

Bien sûr ! C'était une plaisanterie ! Mais alors, ces créatures ? Et celui-là, si vieux qu'il tremblait un peu, qui l'appelait Draco et avait l'air de bien le connaître ? Est-ce qu'il rêvait ou était-ce la réalité ? Yann pâlit et se leva brusquement, faisant tomber la chaise derrière lui. Harry lui fit des deux mains un signe d'apaisement.

-Laissons les elfes faire leur travail. Viens avec moi au salon. Je vais tout t'expliquer.

Yann le suivit sans trop savoir ce qu'il faisait. Arrivé à la porte, il se retourna. Le vieil elfe se relevait difficilement mais l'autre débarrassait déjà la table en claquant des doigts. Les tasses et les couverts volaient dans les airs directement dans une grand cuvette. Un feu s'allumait dans la cheminée sous une grosse marmite. Un chiffon regroupait les miettes de toasts et les faisaient tomber sur une assiette ...

Dans le couloir qui menait au salon, Yann chercha des yeux la porte d'entrée de la maison, là où la veille il avait accroché sa veste en arrivant. Mais il n'y avait plus de porte ! Juste un mur avec le portrait d'une vieille dame à l'air sévère. Curieusement, il eut l'impression qu'elle lui souriait.

Mais il se sentit tout à coup prisonnier de cette maison. Pas de sortie ! Aucun moyen de s'échapper ! Un frisson glacé parcourut son dos. Oui, il avait peur ! Des images violentes traversaient son esprit. Les séries policières qu'il avait regardées à la télé lui revenaient en mémoire. Assassins et victimes ! Il était tombé dans un piège et il allait mourir !

Il s'était arrêté et regardait le tableau avec des yeux exorbités quand il sentit qu'on le tirait par le bras. Harry ! Harry était un monstre sanguinaire ... " un sorcier" qui allait lui faire du mal ... Mais non ! Impossible ! Il souriait ! Sa main était tiède et son regard pétillait de malice. Il le conduisait jusqu'à un fauteuil du salon et le poussait un peu pour le faire asseoir.

-Pas d'angoisse, Yann ! Je sais que c'est difficile à avaler mais c'est vrai. Je suis un sorcier, un bon sorcier. Ecoute-moi quelques minutes et ensuite, si tu veux partir, tu pourras le faire. La porte est cachée par un simple sortilège. Je ne pouvais pas te dire tout ça de but en blanc hier au soir. La magie existe réellement. C'est un monde à part, dissimulé aux yeux des non-sorciers, des Moldus comme on les appelle. J'en fais partie et toi aussi, probablement. Regarde !

Harry ouvrit une boîte longue posée sur la table basse. Il en sortit un morceau de bois d'une bonne vingtaine de centimètres.

-Ma baguette magique, ajouta-t-il. Et voilà le premier sortilège qu'on m'a enseigné. Wingardium Leviosa !

La boîte se souleva dans les airs, flotta quelques instants puis retomba doucement à sa place.

-Mon ami Ron, tu sais, le garçon roux qui est venu lui aussi à la Sardine, hé bien il a assommé un troll avec ce simple sort. J'en connais plein d'autres. Je les ai appris à Poudlard, l'école de sorcellerie où nous sommes allés. Toi aussi, tu y as été élève, la même année que nous mais pas dans la même Maison. Nous étions à Griffondor, toi à Serpentard. Ces mots éveillent-ils des souvenirs dans ta mémoire ?

-Non aucun ... Une école de sorcellerie ? Je ne te crois pas ! Ça n'existe pas, ça ne peut pas exister ! Je veux partir d'ici !

-Un instant encore. Je voudrais vérifier quelque chose.

Harry ouvrit un tiroir de son secrétaire et en sortit une deuxième boîte semblable à la première. Dedans, il y avait l'ancienne baguette de Draco, débarrassée de tous les mauvais sorts qui y étaient attachés.

-C'est la tienne, expliqua-t-il. Je te raconterai plus tard comment elle est entrée en ma possession. Prends-la simplement en main et agite-la. Voyons ce que ça donne.

Yann prit le morceau de bois avec précaution, comme s'il allait tout à coup prendre feu entre ses doigts. Il traça un vague rond en l'air mais il ne se passa rien. Harry était déçu. Il avait espéré que la baguette reconnaîtrait son maître. Puis il se souvint de quelque chose. Il reprit le morceau de bois de la main de Yann et dit avec autant de gravité que possible :

-Ça ne marchera que si tu me prends la baguette de force. Elle obéit à celui qui la domine. Vas-y ! Vole-la moi !

-Ça va pas non ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Tu me fais marcher ! Laisse-moi partir !

-Attends ! Il faut essayer sinon on ne saura jamais si toi aussi tu es sorcier. Je t'ai jeté un sort de révélation à la Sardine. Il n'a pas fonctionné, ton amnésie est trop forte, elle a effacé ta magie comme le reste. Mais d'après ce qu'on m'a dit, tu as tout redécouvert petit à petit. Ça aussi tu dois le réapprendre. Mais pour ça, il faut que la baguette t'accepte comme maître. Tu sais, cette baguette, je te l'ai volée ! Je me suis battu avec toi pour te la prendre ! Si tu la veux, il faut me l'arracher de force. Allez ! Nous étions ennemis autrefois. Il y a eu la guerre chez les sorciers et nous n'étions pas dans le même camp ! Vas-y ! Venge-toi ! Viens récupérer ton bien ! Montre que tu es un homme, pas un dégonflé ! Allez Malfoy ! Attaque !

Yann était cloué dans son fauteuil par la stupeur ! Harry était debout devant lui et agitait le bout de bois sous son nez en le narguant ! Comme un gosse de quinze ans ! Mais en même temps, la colère commençait à monter en lui. Pas pour cette absurde affaire de baguette mais parce qu'il voulait partir d'ici au plus vite. Harry était fou, fou à lier, voilà tout. Le seul moyen de s'enfuir était de lui sauter dessus et de l'obliger à ouvrir cette foutue porte.

Yann savait se battre. Il était souple et bien entraîné. Il fallait veiller à décourager au plus vite les bagarres à la Sardine, lors des fins de soirée trop arrosées. Il se leva d'un bond, attrapa les bras de Harry qui se défendit mollement et le poussa dans un fauteuil. Pour plus de sécurité, il lâcha un bras et saisit le morceau de bois d'une main ferme. Aussitôt la pointe se mit à briller et quelques étoiles vertes en sortirent.

-Ça a marché ! Bravo Draco ... pardon, bravo Yann ! C'est gagné. La baguette t'a reconnu ! Tu es sorcier !

Harry n'avait pas l'air vexé ou désolé. Au contraire, il jubilait. Yann regardait d'un air un peu stupide les étoiles vertes qui scintillaient toujours. Il recula et se rassit, trop surpris pour protester. Sa tête tournait un peu. Quelque chose palpitait en lui. Il ne savait pas quoi mais c'était surprenant.

Il eut brusquement l'impression de se retrouver à l'hôpital, quand le jeune infirmier lui réapprenait les gestes les plus simples de la vie quotidienne ou quand Ma le faisait lire et écrire. Il " savait " toutes ces choses, il suffisait de les réveiller et ça allait très vite ! Se pourrait-il que ...

-C'est impossible, murmura-t-il. Je suis normal. Je ne suis pas fou. Les sorciers n'existent pas. C'est un tour de passe-passe, comme dans les spectacles de féeries. Il est venu une fois un magicien à la Sardine. Lui aussi faisait apparaître ou disparaître des choses, des colombes, des lapins, un bocal avec un poisson rouge ... Ce sont des truquages. Tu es con Harry ! Allez, ça suffit ! Laisse-moi partir. La plaisanterie a assez duré. Tu vois bien que ça ne marche pas avec moi. Tiens, reprends ton bout de bois et adieu ! Je rentre chez moi en Cornouailles !

-Hé bien pars si c'est ce que tu désires. Pour ouvrir la porte, tends la baguette devant toi, ferme les yeux, visualise la rue et prononce le mot : Operire ! Pour la refermer, c'est : Closam ! Si c'est ton choix, tu peux t'en aller mais tu seras à peine dehors que tu le regretteras.

Cette réponse était aussi bizarre que le reste. Mais Yann ne vit là que le moyen de quitter cette maison au plus vite. Il courut vers la porte d'entrée et cria :

-Operare ... Non ... Operire !

Mais la porte ne s'ouvrit pas.

-Il faut le vouloir vraiment et surtout, il faut y croire, dit la voix de Harry derrière lui.

Yann respira un bon coup, ferma les yeux et répéta :

-Operire !

Il visualisait la rue devant lui, c'était la sortie, la délivrance, le chemin vers la normalité ... Et la porte s'ouvrit lentement en grinçant un peu. Il allait se précipiter dehors mais avant, il se retourna. Harry était appuyé au chambranle du salon et souriait. Soupçonneux, Yann grogna :

-C'est toi ! C'est toi qui as ouvert !

-Non, Yann, c'est toi. Regarde, je n'ai pas ma baguette, elle est restée sur la table du salon. Ne pars pas, nous devons parler.

Mais Yann avait eu trop peur. Il s'avança jusqu'au seuil et regarda à gauche et à droite. Un couple de jeunes gens enlacés passa juste devant lui sans lui jeter un coup d’œil. Exactement comme s'il n'existait pas ou qu'ils ne le voyaient pas. Mais sur le terre-plein, au milieu de la rue, il y avait un drôle de spectacle.

Deux superbes roulottes attelées à deux animaux qui ressemblaient à des chevaux noirs mais avec des ailes y stationnaient. Et devant, se tenaient plusieurs personnes, dont un garçon aux jambes trop courtes, assis dans un fauteuil roulant, qui le fixait d'un étrange regard. Une image se forma dans sa tête. Stellane, la fillette que Harry lui avait présentée la veille. Une sorte d'interrogation : Etait-elle là ? Il fit signe que non de la tête.

Qui étaient ces gens ? Que voulaient-ils ? Les bizarreries continuaient. Yann commençait à avoir le tournis. Harry le tira doucement en arrière et fit face aux visiteurs. La même question lui fut posée. Il visualisa à son tour la fillette au bord de la mer et il répondit à haute voix :

-Elle est en vacances chez des amis.

Il fit un signe vers le lointain. L'enfant médium comprendrait. Il montra ses deux mains puis une seule.

-Quinze jours. Revenez plus tard.

Le jeune garçon hocha la tête. Il se tourna vers les hommes et les femmes qui l'entouraient et leur communiqua mentalement la nouvelle. Ils remontèrent tous dans les roulottes et au grand effroi de Yann, les " chevaux " déplièrent leurs ailes et s'envolèrent, entraînant les voitures derrière eux. En quelques instants, ils avaient disparu.

-Rentre, Yann, tu vois bien que nous devons parler, reprit Harry. Ferme la porte d'un Closam, elle restera apparente à l'intérieur. Dehors, les Moldus ne la voient pas. Comme ça, tu seras libre de partir si tu le souhaites, mais au moins, écoute-moi avant. Ne crains rien, je ne te veux aucun mal.

A contrecœur, Yann prononça le sortilège. La porte lui obéit mais avec des à-coups, comme si elle comprenait mal ce qu'on lui demandait. Le jeune homme regagna le salon, prêt à s'enfuir s'il le fallait. Mais Harry s'était rassis et le regardait patiemment.

-Ces gens que tu viens de voir, ce sont des sorciers voyageurs, des Fils et Filles du Vent. Tu t'es sans doute rendu compte que le jeune garçon était médium. Ils s'intéressent à Stellane. Je ne sais pas trop quoi en penser. Mais c'est une nouvelle preuve que le monde de la magie existe et que même si tu n'y crois pas, tu en fais partie. Du moins tu en faisais partie autrefois. Si tu me fais assez confiance pour m'écouter, je peux tout te raconter.

Yann s'assit au bord du fauteuil, prêt à bondir, mais sa curiosité était éveillée. Il se souvint de quelque chose.

-Tu as parlé d'une guerre. Tu as dit que nous étions ennemis, que nous nous étions battus. Qu'est-ce que ça veut dire ?

Harry poussa un soupir de soulagement. Les explications pouvaient commencer. Il se reprochait d'avoir fait à Yann des révélations trop rapides. Mais maintenant, en choisissant bien ses mots, il pouvait rattraper son erreur. La conversation prit toute la matinée, Yann se détendit peu à peu et accepta la situation, mi réticent, mi convaincu. La visite à Sainte Mangouste l'après- midi serait éclairante sur plusieurs points, du moins il l'espérait.

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Mardi 24 juillet, place Grimmauld, dix heures du soir.

Harry était seul au salon. Yann, épuisé par sa longue journée de découvertes diverses, s'était retiré dans sa chambre de bonne heure. Le jeune Auror referma le " Catalogue des Sortilèges Noirs " qu'il consultait depuis un moment. Il n'y avait trouvé aucun réconfort, aucun espoir. Le sort qui avait touché Yann était de la catégorie la plus sombre.

Un Ante Memoria ! Comment Nott avait-il pu lancer un tel sortilège sur son ancien camarade d'école ? Quelle haine l'y avait poussé ? Ou alors il ne s'était pas rendu compte de ce qu'il faisait. Un peu comme lui autrefois, quand il avait jeté sur Malfoy un Sectum Sempra qui avait failli le tuer.

Le médicomage spécialiste des troubles de la mémoire les avait reçus, lui et Yann, avec bienveillance. Il avait commencé par énumérer les sortilèges d'oubli selon leur gravité. D'abord le Confusio qui n'effaçait rien mais brouillait les souvenirs. C'était un sort basique que même les adolescents savaient utiliser. Les élèves de Poudlard ne s'en privaient pas. Nott l'employait contre Millicent, il ne voulait pas endommager son cerveau. Manifestement, cela ne concernait pas le patient venu en consultation.

L'Obliviate non plus. Le sorcier qui lançait ce sortilège ciblait un événement en particulier, généralement quelque chose de court, de délimité. Dans ce cas précis, la mémoire effaçait définitivement le moment visé. Cela faisait comme un petit trou dans la continuité des souvenirs. Généralement, ceux qui recevaient ce sortilège ne s'en apercevaient même pas.

Par exemple, Gilderoy Lockhart était le spécialiste de l'Obliviate. Il demandait à des héros anonymes de lui narrer leurs aventures, souvent dangereuses et glorieuses, puis il lançait le sortilège et ses interlocuteurs perdaient tout souvenir de leurs exploits. Lockhart les racontait dans ses livres : Promenades avec les loups-garous, Randonnée avec les Trolls ou Vadrouilles avec les goules en s'attribuant les mérites des véritables héros.

Il avait été puni par où il avait pêché. Il était toujours à Sainte Mangouste et se rappelait vaguement qu'il était célèbre Mais pourquoi, il l'ignorait. L'Obliviate qu'il avait lancé avec la baguette défectueuse de Ron lui avait explosé à la figure et avait creusé un grand trou dans sa mémoire. C'était un cas extrême. D'habitude, ce sortilège n'était pas dangereux à condition de ne pas en abuser.

Ensuite venait l'Amnésia. Les souvenirs n'étaient pas effacés, seulement occultés sur une période donnée, plus ou moins longue. Ils étaient remisés dans un coin de la mémoire, scellés à triple tour par un code que le lanceur de sortilège était le seul à connaître. Trois mots généralement assez simples pour qu'on s'en souvienne facilement. Pour les trouver, il fallait chercher le plus souvent dans les rapports entre l'ensorceleur et l'ensorcelé.

D'autant que si on avait de la chance, on pouvait deviner les mots un à un. Ils apparaissaient brièvement quand on se concentrait fortement sur la recherche, soit sur une page qu'on était en train de lire, soit sur un autre support. Le tout était d'être très attentif. Cela demandait du temps mais c'était faisable. Il y avait aussi les miracles comme pour Millicent qui avait vu apparaître les trois mots simultanément.

Harry avait espéré que c'était ce sortilège-là que Nott avait utilisé contre Draco. Par des conversations, des lieux, des personnes, il pourrait trouver la faille et ressusciter Malfoy en annulant l'Amnésia. Mais ses espoirs avaient été déçus. Ante Memoria ! Un sortilège de Magie Noire qui effaçait absolument tous les souvenirs de celui qui le recevait. Le malheureux régressait jusqu'au premier stade, la mémoire primaire ou serpentine, qui ne laissait que les réflexes naturels d'un bébé à sa naissance. C'était exactement ce qui était arrivé à Draco Malfoy, ce qui l'avait transformé en Yann Kerrye.

Le spécialiste ne l'avait pas dit explicitement. Mais Harry venait de trouver la confirmation dans le Catalogue. Il n'y avait aucun espoir de guérison. Le livre parlait même de destruction totale de la mémoire. Le médicomage avait seulement dit qu'à sa connaissance, aucune personne atteinte d'Ante Memoria n'avait guéri. Mais sait-on jamais ? Le fait que le patient réapprenne très vite ce qu'on lui expliquait ou ce qu'on lui montrait était encourageant. En fait, il ne voulait pas désespérer le jeune homme qui attendait visiblement beaucoup de cette consultation. Mais lui n'y croyait pas.

Yann avait passé de multiples tests qui tous révélaient la même chose : Ante Memoria. Curieusement, ça n'avait pas paru le désoler plus que ça. En fait le jeune homme était tellement habitué à sa vie à la Sardine qu'il n'avait pas vraiment envie de redevenir ce Draco Malfoy dont parlait Harry. Cette autre face de lui-même ne lui plaisait pas.

Enfin, peut-on réellement s'appeler Draco ? A quoi avaient pensé ses parents en lui donnant ce prénom ? Il n'avait rien d'un dragon ! Il en avait ri avec Harry qui était d'accord là-dessus. Yann était mince, souple et rieur. Rien à voir avec Malfoy, au maintien raide et au caractère froid et hautain. Sauf la blondeur et les traits du visage évidemment.

Le soir, tout en dînant dans la cuisine accueillante, servis par les elfes pas si bizarres que ça finalement, Yann et Harry avaient discuté de la suite à donner à l'expérience. C'était au jeune serveur de la Sardine de décider. Voulait-il rester et continuer à redécouvrir son côté Draco ou souhaitait-il comme il l'avait répété une partie de la matinée rentrer en Cornouailles ? Harry penchait pour la première solution. Il pensait à Stellane qui serait cruellement déçue une nouvelle fois si " son père " abandonnait ses recherches. Et puis il trouvait agréable la compagnie de son visiteur.

Yann avait dit qu'il réfléchirait et donnerait sa réponse le lendemain puis il s'était retiré dans sa chambre.

Harry referma le Catalogue des Sortilèges Noirs, soupira et monta se coucher à son tour. La nuit leur porterait conseil à tous les deux.

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Yann ne dormait pas. Il occupait l'ancienne chambre de Régulus Black. Harry avait tenu à lui conserver les couleurs de Serpentard. Les tentures et le ciel du lit à baldaquin étaient d'un vert tendre. L'armoire, la commode et le bureau en chêne clair avaient été cirés et frottés avec soin. La tapisserie était d'un gris très doux à petits motifs argentés, avec juste sous le plafond une frise ornée d'un feuillage vert foncé. Le même décor se retrouvait sur le tapis de laine posé sur le plancher lui aussi ciré. Le lustre et la lampe de chevet en fer forgé arboraient également des vrilles et des feuilles vertes.

C'était une pièce agréable qui embaumait la cire et la fougère des sous-bois. Elle était située au deuxième étage, en face de la salle de bain. La fenêtre était ouverte car il faisait chaud mais les volets étaient clos. On n'entendait pas les bruits du dehors. C'était un endroit confortable et tranquille, Yann s'y sentait bien.

La présence d'une cheminée l'avait un peu étonné. Ce genre de chauffage était abandonné depuis longtemps mais c'était peut-être juste un décor. Une autre chose l'avait surpris le premier soir : l'absence de la télévision. Harry avait dit d'un air un peu gêné qu'il n'aimait pas ça. Maintenant, Yann comprenait un peu mieux les bizarreries de cette maison habitée par un sorcier. Qu'aurait-il dit s'il l'avait vue avant sa rénovation !

Quand son mariage avec Ginny Weasley avait été décidé, Harry s'était adressé à Anthony Goldstein, un ancien camarade de Serdaigle, qui venait de créer une toute nouvelle entreprise. Il installait les inventions modernes dans les maisons sorcières ou au contraire, il adaptait les maisons moldues à un environnement magique. Il employait des ouvriers cracmols qui connaissaient donc les deux mondes et des elfes de maison libres, très qualifiés, qu'il payait bien.

Harry avait fait installer l'électricité. Au début, Kréatur et Mimsy en avaient peur mais ils trouvèrent rapidement agréable d'allumer ou d'éteindre les lampes en appuyant sur un bouton. Par contre, ils refusèrent de se servir du téléphone. Ils préféraient les bonnes vieilles méthodes de la cheminée ou des hiboux. Mais Ron et Hermione, Justin, Luna et quelques autres avaient aussi opté pour la modernité et les échanges entre amis étaient facilités.

Harry avait aussi fait nettoyer toute la maison qui en avait bien besoin. Puis il avait fait installer des toilettes et des salles de bain à chaque étage. Il avait fait repeindre et tapisser toutes les pièces. Les vieux meubles avaient été décapés et cirés. Il en avait acheté d'autres plus modernes en particulier pour sa chambre, celle qu'avait autrefois occupée son parrain Sirius.

Il avait décoré la maison avec goût, il avait même fait réparer la tapisserie avec l'arbre généalogique des Black. Tout était prêt pour le mariage mais Ginny s'était enfuie avec Blaise Zabini et un temps, Harry avait songé à vendre la maison et à s'installer ailleurs. Mais finalement, il était resté et s'en trouvait bien. C'était chez lui, même si dans l'entrée, le tableau de Walburga Black le narguait un peu. Il avait tout de même réussi à la faire taire.

Tout cela, Yann l'ignorait mais cette maison était accueillante et pourquoi se le cacher, le propriétaire lui plaisait. Cette journée un peu affolante l'avait vu passer par des états d'esprit divers. Il avait eu peur le matin, ça c'était sûr, mais Harry avait réussi à le rassurer, il l'avait même fait rire malgré ces histoires de sorcellerie et de mémoire perdue qu'il ne comprenait pas encore très bien.

Devait-il rester pour éclaircir les choses ou devait-il reprendre le train pour Penzance ? De quoi avait-il envie ? Rester, il pouvait. Ma Kerrye lui avait trouvé un remplaçant pour un mois. Depuis trois ans, il n'avait pas pris de vraies vacances, juste quelques jours par ci par là. Ce serait amusant de visiter Londres. Avec Harry.

Et puis, ce serait intéressant de découvrir le monde magique caché aux non sorciers. Harry devait l'emmener demain sur le Chemin de Traverse. Il lui promettait monts et merveilles, des boutiques étonnantes et les glaces de Florian Fortarôme ! Il l'avait présenté à sa chouette Fine et avait dit qu'un magasin en vendait, ainsi que d'autres animaux magiques. Se promener chez les sorciers ! Par une belle journée d'été ! Avec Harry comme compagnon ! Magique non ?

Yann ne pouvait se le cacher. Il avait nettement un coup de cœur pour son hôte. Il le trouvait séduisant. Il aimait ses yeux, il avait découvert qu'ils étaient verts et non d'un bleu pâle comme il l'avait cru au premier abord à cause des lunettes. Ses cheveux étaient toujours un peu en bataille mais ça lui donnait beaucoup de charme. Il était grand, mince et certainement sportif.

Et puis son sourire ! Assez rare pour être remarqué quand cela arrivait. Un sourire qui illuminait tout à coup son visage et qui donnait envie de ... De quoi ? ... De le capturer dans un baiser peut-être ... Hola ! Ne laisse pas tes rêves galoper trop loin Yann ! Harry n'est pas gay. Au contraire ! Est-ce qu'il ne faisait pas du charme à la blonde infirmière de cet hôpital sorcier ?

Mais il avait une grande maison et manifestement pas de femme. Ah si ! Gabrielle ! Il n'était pas amoureux d'elle, ça se voyait, et elle ne l'aimait pas non plus autrement que comme un parent éloigné ... Et la petite fille ? Qui était sa mère ? Une ancienne fiancée ? Une relation privilégiée ? En tous cas, elle avait des yeux magnifiques ! Et ce regard étrange qu'elle lui avait lancé ! Il y avait lu une sorte d'appel et aussi du chagrin. Mais elle avait rapidement détourné son regard ...

Yann décida de rester quelque temps. Il était libre de partir quand il le voudrait, Harry l'avait rassuré sur ce point. Son séjour ne posait pas de problème. Le jeune sorcier avait manifestement les moyens de l'héberger puisqu'il était assez riche pour avoir deux serviteurs. En plus il était en vacances et pouvait lui consacrer tout son temps. C'était ce qu'il avait dit. Il lui avait aussi promis de lui enseigner comment se servir de sa baguette magique, comment lancer des sortilèges. Merveilleux non ? ... Quoique Yann n'y croyait pas encore vraiment ...

Le sommeil le gagnait. Il tendit le bras gauche vers la lampe de chevet. Le tatouage à la tête de mort le fit grimacer. Harry lui avait expliqué son sens : c'était la Marque de Lord Voldemort, le puissant Mage Noir qui avait déclenché la fameuse guerre entre sorciers. Draco Malfoy était dans son camp, il avait donc été l'ennemi de Harry. Mais c'était du passé et d'ailleurs, lui, Yann, ne s'en souvenait absolument pas. Il voulait plutôt être très ami avec Harry ...

Harry ... Comme c'était agréable de s'endormir avec ce nom au bord des lèvres ...

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Fin de la deuxième partie

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A suivre dans la troisième partie : Yann Kerrye et Harry Potter.