Stellane

Auteur : haniPyanfar

Déclaration : La plupart des personnages de cette histoire appartiennent à Madame Joanne K. Rowling. Je la remercie d'avoir bien voulu me les prêter pour quelque temps, même si c'est à l'insu de son plein gré. Je promets d'en faire bon usage et de les rendre ensuite en bon état de marche.

Stellane et quelques autres sont à moi. Ils sont comme ces inconnus qui se glissent parmi les célébrités et brillent par ricochet de leur éclat. J'espère que vous les aimerez et que vous suivrez leurs aventures avec intérêt.

Les reviews sont les bienvenues. Un grand merci à toutes celles qui m'en ont envoyées pour la première et la deuxième parties.

Merci aussi à celles et ceux qui ont mis cette histoire dans leurs favoris ou dans leurs alertes. Fendez-vous en plus d'un petit message ! Ça fait toujours tellement plaisir !

Personnages principaux : Stellane, l'enfant à demi Vélane, Draco Malfoy / Yann Kerrye et Harry Potter. Vous l'avez compris, ceci est un Drarry, on ne se refait pas.

Classification évoluant de K+ à T au cours de cette troisième partie. Je préviendrai au moment du changement de catégorie.

Résumé : Stellane, l'enfant hybride, mi humaine, mi Vélane, est le lien entre Harry Potter, son parrain et tuteur, et Draco Malfoy, disparu il y a quatre ans sans laisser de traces et récemment retrouvé sous les traits de Yann Kerrye, jeune homme gay totalement amnésique. Va-t-il retrouver la mémoire? Bonne question. Lisez, vous aurez la réponse.

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Troisième partie : Yann Kerrye et Harry Potter

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12 : Comment séduire Harry Potter ...

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Mercredi 25 juillet 2007, le matin, square Grimmauld.

" Stellane est ma fille ? "

Ils se trouvaient tous les deux devant l'arbre généalogique des Black. Harry sourit en voyant l'air estomaqué de Yann. Il avait fait ajouter la fillette près du nom de son père sur la tapisserie. Il venait d'expliquer au jeune homme sa filiation côté maternel sans trop entrer dans les détails. Il lui parlerait ensuite de sa parentèle côté paternel. Il fallait que le jeune homme connaisse son ascendance sorcière car les gens qu'il allait rencontrer le considéreraient comme Draco Malfoy et non comme Yann Kerrye.

-Je suis marié ? ajouta Yann d'un ton inquiet.

-Non, répondit Harry en souriant toujours. Viens au salon. Je vais te montrer quelques papiers officiels qui feront le point sur ta situation.

Il avait apporté le coffret des sœurs Black et en sortit la déclaration de naissance de Stellane qu'il y avait rangée. Il fallut expliquer plusieurs choses : la Bulgarie ...

-Tu as travaillé comme bibliothécaire chez le Comte Borodisov. C'était après la guerre. Tu avais été condamné à l'exil pour cinq ans. Tu as vécu pendant tout ce temps sans avoir le droit de pratiquer la magie. C'est pour ça que tu as pu récupérer très vite le mode de vie des Moldus. Si je te dis " da " ou " né " ou " zdrave " ou " blagodaria " est-ce que ça t'évoque un souvenir ? Ce sont les seuls mots de bulgare que je connaisse grâce à Stellane.

-Pour les deux premiers je devine. Il y a souvent des étrangers à la Sardine. Mais les autres ne me disent rien. Donc, je ne suis pas marié mais j'ai une fille née en Bulgarie. Sa mère est morte à sa naissance. Qui est cette Zinellane Vîîla ? Pourquoi est-il précisé qu'elle fait partie du peuple Vélaa ? Est-ce une ethnie bulgare particulière ?

-Pas tout à fait. Les femmes Vélanes et les Vélaa leurs compagnons sont des êtres magiques formant une sorte de grande tribu. Ils vivent à l'écart des humains dans une Forêt Magique proche du château Borodisov.

-J'ai séduit une de ces femmes et je lui ai fait un enfant ? Je n'arrive pas à y croire !

-C'est toi qui t'es fait séduire ! Les Vélanes sont de redoutables enchanteresses ! D'après ce que je sais, la jeune Zinellane avait flashé sur toi. Au cours d'une fête, elle t'a ensorcelé et vous avez passé une nuit ensemble. Tu ne l'as revue qu'à la naissance mouvementée de Stellane. Il paraît qu'une Vélane enceinte d'un humain ne survit pas à l'accouchement la plupart du temps. Tu n'as rien à te reprocher dans cette histoire.

-Ah tant mieux ! Je trouvais bizarre d'avoir été attiré par une femme. Tu t'en es sans doute rendu compte, mais je suis gay. Je ne trouve guère d'intérêt aux filles, enfin au niveau sexuel. J'ai de bonnes copines, la chanteuse de notre groupe de musique par exemple. Elle est vraiment sympa. Mais je préfère les hommes. Est-ce que c'était aussi le cas pour Draco Malfoy ?

Yann parlait de son double à la troisième personne. Il ne sentait guère d'affinités avec cet autre lui-même.

-Hé bien non. Il ... enfin tu étais hétéro dans ta jeunesse. Tu étais même plus ou moins fiancé à une camarade de classe. Ou alors, comme beaucoup de gens, tu étais bisexuel sans le savoir. On a tous à un moment ou à un autre des tendances homos. Enfin c'est ce que dit Hermione, l'épouse du grand roux que tu as déjà rencontré. Elle est médicomage et elle a sur tout des théories bien arrêtées. Mais c'est une fille formidable. Tu feras bientôt sa connaissance.

" Bisexuel ? pensait Yann. Si seulement Harry pouvait l'être aussi ! "

-Pour en revenir à Stellane, reprit-il, pourquoi est-il précisé qu'elle est hybride ? Elle ressemble à toutes les petites filles et elle a des yeux superbes.

-Tu as mis le doigt sur une de ses particularités, la puissance de son regard. Comme toutes les Vélanes, même si elle ne l'est qu'à moitié, Stellane est une séductrice née. Elle aurait pu t'enjôler d'un simple battement de paupières. Gabrielle, qui a aussi du sang vélaa dans les veines, lui a appris à contrôler son don. Je l'ai envoyée en vacances chez des amis. Elle n'aurait pas supporté de te côtoyer chaque jour sans que tu la reconnaisses pour ta fille. Elle aimait beaucoup son père ... enfin elle t'aimait beaucoup. Et toi, as-tu ressenti en la voyant une sensation particulière ? Une attirance ? L'impression que tu la connaissais déjà ?

-Non ... Je mentirais en disant le contraire. Je l'ai trouvée très jolie, mais un peu triste. Je comprends maintenant pourquoi. A-t-elle d'autres particularités ?

-Oh oui ! Sous l'effet de la peur ou de la colère, elle peut se transformer en Vélane Primaire ! Son visage se pare alors d'un bec d'oiseau et dans son dos, ses ailes se déplient. Mais je te rassure, cela arrive très rarement. C'est une petite fille comme les autres. Enfin presque.

Harry soupira et baissa les yeux. Draco Malfoy, pourtant fier de son Sang Pur, avait accepté la petite fille hybride et l'avait aimée de tout son cœur. Qu'en serait-il pour Yann ? N'allait-il pas considérer l'enfant comme une sorte de monstre ? Allait-il la rejeter avec dégoût ? Si cela était, il aurait mieux valu ne pas réveiller cette histoire ancienne et oublier Draco Malfoy.

-Tu dois savoir une dernière chose, reprit-il après un silence qui lui parut pesant. Ta fille, si tu l'acceptes en tant que telle, ne s'appelle pas Stellane sans raison. Elle porte au milieu du front une petite étoile, quatre traits qui se croisent. A cause de ce symbole, plusieurs peuples s'intéressent à elle. Les Fils et Filles du Vent que tu as vus devant la porte par exemple. D'autres aussi. C'est dur de porter un signe distinctif qui a pour beaucoup un sens particulier. J'en sais quelque chose.

-A cause de la cicatrice en forme d'éclair que tu as aussi au front ? Tu m'en as parlé à propos de cette guerre. Ce devait être un fardeau lourd à porter ... Maintenant que tu me le signales, j'ai vu en effet l'étoile sur le front de Stellane. A un moment, elle a écarté d'un revers de main la frange qui la cache. C'était sûrement volontaire. Elle a dû être déçue que je ne réagisse pas ... Je n'y peux rien ... C'est pour moi une étrangère ... Plus encore maintenant que tu m'as révélé ses particularités ... Elle est vraiment bizarre ... Un bec d'oiseau m'as-tu dit ?

Harry leva les yeux. Yann croisa son regard. Ce qu'il y lut lui pinça le cœur. Son hôte avait visiblement de la peine. Il ne souriait plus et le sourire manquait à son visage. Yann reprit très vite :

-Ne te méprends pas Harry. J'ai parlé sous l'effet de la surprise. C'est beaucoup de nouvelles à la fois. J'ai encore du mal à me croire sorcier. Tu m'apprends que j'ai une fille et qu'elle est différente des autres enfants. Laisse-moi le temps de m'habituer à tout ça. Tu le sais bien, la nouveauté fait peur, elle choque même la première fois qu'on est en contact avec elle. Toi-même, as-tu accepté Stellane sans te poser de questions ? Tu n'es pas son père et je te le dis franchement, moi non plus. Son père, c'est Draco Malfoy. Lui seul peut l'aimer sans détour. Me comprends-tu ?

Harry soupira et détourna de nouveau les yeux. Yann n'acceptait pas encore son ancienne personnalité alors que lui n'avait qu'à le regarder pour retrouver celui qu'il avait côtoyé à Poudlard pendant toute sa scolarité. Lui avait des souvenirs, Yann n'en avait pas. C'était toute la différence. Il répondit :

-Oui, Yann, je comprends ce que tu veux dire. Bien sûr, tu n'es pas obligé d'aimer Stellane comme ta fille. Essaye seulement de ne pas lui faire de mal quand tu la reverras. Elle ne revient que dans quinze jours, peut-être même trois semaines si elle se plaît en vacances. Tu as le temps de te préparer à son retour. Laissons cela pour l'instant. Il faut maintenant que je te parle de ton compte à la banque sorcière ... "

Plus tard, Harry devait repenser à cette conversation avec Yann. Il y vit une nouvelle preuve de son identité malfoyenne. Yann-Draco avait réagi en Serpentard, en réfléchissant avant d'agir, en pesant le pour et le contre. Un Griffondor aurait accepté la fillette tout de suite, quitte à se poser des questions après. Lui-même n'avait pas hésité une seconde avant de la prendre en charge. Il est vrai qu'elle avait usé sur lui de ses pouvoirs de jeune Vélane. Il avait foncé d'abord, réfléchi ensuite. Yann avait suivi son instinct de Serpentard. C'était dans ses gènes. L'Ante Memoria n'avait pu effacer cet héritage ancestral.

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Samedi 28 juillet 2007, aux environs de Londres, fin d'après-midi.

Assis sur un gradin dans le stade de Quidditch proche de Londres, Yann regardait avec admiration l'équipe nationale d'Angleterre qui évoluait au-dessus du terrain. C'était un entraînement en vue du prochain match contre la France. Harry, qui avait ses entrées dans le stade, l'avait emmené découvrir ce jour-là le sport national des sorciers.

Le jeune homme voyait pour la première fois le vol fulgurant des joueurs et il était stupéfait par leur adresse et leur vélocité. Harry lui avait expliqué les règles du jeu mais tout allait tellement vite qu'il n'y comprenait pas grand chose. Enfin c'était beau à voir et on avait envie d'applaudir à tous les exploits réalisés par les joueurs.

Chaque jour, Harry lui faisait découvrir quelque chose de nouveau. Tous les matins, ils s'entraînaient ensemble à réaliser divers sortilèges, non sans quelques catastrophes ! Mais Yann apprenait très vite. Réapprenait très vite ! Il suffisait de lui montrer une fois comment faire et il mémorisait aussitôt la bonne technique. Du coup, cela entretenait les espoirs de Harry. Il n'admettait pas que l'Ante Memoria soit irréversible. Il avait toujours un minuscule espoir dans la guérison de Yann. Aussi se donnait-il de la peine pour lui rappeler l'époque Malfoy.

Il lui avait montré comment voyager à la manière sorcière. D'abord avec la poudre de Cheminette. Ils s'en étaient servis pour aller au Ministère. Là, de nombreuses personnes avaient reconnu en Yann le fils Malfoy. Avec surprise et même avec effroi pour certains. En particulier pour Hamish Pritchard qui l'avait croisé à la sortie d'un ascenseur et qui était devenu tout pâle. Il avait remboursé sa dette envers la famille Malfoy mais il avait tout de même eu peur. Il était marié à son amoureuse qui le tenait fermement en laisse et l'empêchait de retomber dans le démon du jeu. Mais les mauvais souvenirs ne s'oubliaient pas.

Pour aller sur le Chemin de Traverse, ils étaient passés par le Chaudron Baveur. En voyant Yann, Tom avait failli tomber à la renverse. Il s'était précipité vers lui et lui avait serré les mains avec émotion. Le jeune homme avait eu un mouvement de recul mais Harry lui avait expliqué pourquoi le propriétaire du bar était aussi bouleversé. C'était lui qui l'avait vu en dernier lors de sa disparition, enfin il avait vu son sosie mais il ne le savait pas. Ils étaient ensuite passés par la cour et son mur de briques magiques.

Harry avait remarqué que son invité prenait souvent un air assez distant vis à vis des personnes qu'il rencontrait. Il ne savait pas trop si c'était de la timidité ou de l'appréhension mais il en venait à se demander si ce n'était pas en réalité l'attitude un peu hautaine propre aux Malfoy père et fils.

Plus le temps passait, plus Yann ressemblait à Draco mais il ne s'en rendait pas compte. Seuls les autres le ressentaient et Harry en particulier. Il en serait presque venu à se disputer avec son invité, pour rien, comme autrefois à Poudlard, juste pour le provoquer et raviver sa mémoire. Mais ça ne servait à rien. Yann restait Yann. Pas la moindre lueur de Draco dans son regard.

La veille, ils étaient allés à Gringott. Ragnok, le chef des gobelins, s'était montré réticent au départ. Mais puisque Harry Potter se portait garant de Yann Kerrye et le reconnaissait comme le fils Malfoy, il n'y avait pas de problème. Ils étaient tous les trois descendus dans les souterrains par les wagonnets et Yann avait eu la peur de sa vie dans les descentes et les virages. Un nouveau dragon veillait sur les coffres et ça aussi c'était impressionnant ! Mais hélas, pas au point de raviver la mémoire de Draco.

Yann était resté muet de surprise en entrant dans la chambre forte de Narcissa Black. Toute cette fortune amassée et bien rangée sur des étagères ! Tous ces bijoux et ces pièces d'orfèvrerie précieuses ! C'était comme dans ces films où des adolescents cherchaient des trésors extraordinaires et les trouvaient après bien des aventures. Ça n'avait pas l'air vrai. Yann flottait constamment entre imaginaire et réalité.

Cependant, de retour dans le bureau du gobelin, il avait catégoriquement refusé de retirer de l'argent sur son compte personnel. Cela ne lui appartenait pas, affirmait-il. Il gagnait bien sa vie. Il désirait seulement changer des livres anglaises contre de la monnaie sorcière. Ces gallions, mornilles et noises l'amusaient. Les Moldus ne se servaient plus de pièces d'or ou d'argent depuis longtemps, ils avaient des chéquiers et des cartes bancaires. C'était plus pratique !

En sortant de la banque, il était passé sans même y jeter un coup d'oeil devant le bar l'Estaminet où il avait été attaqué par Nott et Goyle. Harry avait été déçu une fois encore. Mais foi de Griffondor, il ne renoncerait pas.

Il revenait sur les gradins du stade en portant sur l'épaule un balai qu'il avait emprunté au coach de l'équipe, Olivier Dubois. Il proposa à Yann une petite balade dans les airs. Le jeune homme n'était pas rassuré. Harry dut lui démontrer qu'il maîtrisait le vol sur balai à la perfection.

"Allez, lui dit-il en redescendant sur la pelouse, grimpe derrière moi et tiens-toi à ma taille. C'est un balai d'entraînement costaud, il peut nous porter tous les deux sans problème. Je vais juste te faire faire le tour du terrain, pas très haut et à petite vitesse. Nous étions tous les deux attrapeurs dans nos équipes respectives à Poudlard. On était toujours en compétition.

-Et qui gagnait ?

-Hé bien moi la plupart du temps mais c'était de ta faute. Tu ne pensais pas au jeu, tu essayais juste de me battre par tous les moyens, même par des coups tordus. Tu étais trop égocentrique pour jouer dans une équipe. On aurait dû faire de la boxe plutôt que du Quidditch. Tu aurais eu ta chance. Allez, monte !

Un peu crispé, Yann s'installa derrière Harry et dès que ses pieds quittèrent le sol, il se cramponna à sa taille et posa sa joue sur son épaule. Les minutes passèrent et il se détendit. Un vent léger soulevait ses cheveux. Le sol défilait doucement en dessous d'eux. C'était agréable. Mieux, c'était magique !

Harry ne faisait pas de mouvements brusques. Pas question pour lui d'affoler son compagnon ! Il voulait juste lui faire plaisir. Le corps collé contre son dos était doux et les bras nus qui enserraient sa taille ne le gênaient pas . Au contraire ! Il se sentait bien protecteur tout à coup. Protecteur de Malfoy ! Un comble ! Non, protecteur de Yann, c'était différent.

Derrière lui, le jeune homme soupirait d'aise. Plus le temps passait, plus il se sentait attiré par Harry. Il respirait dans son cou l'odeur boisée de son eau de toilette et la trouvait enivrante. Il avait toujours aimé les parfums et associait souvent les gens à leur odeur, qu'elle soit agréable ou non et dans ce cas, la personne avait peu de chance de le séduire.

Mais chez Harry tout lui plaisait, son visage avenant, son caractère réservé et pourtant cordial, son sourire, même sa façon décontractée de s'habiller sans se préoccuper de la mode, et maintenant son parfum. Appuyé contre son dos, les bras croisés sur sa taille, il se sentait si bien qu'il décida tout à coup de tenter l'aventure : séduire Harry Potter même si celui-ci était hétéro au premier abord.

Son corps réagit instinctivement à son désir et Harry sentit dans son dos se former une bosse dure. Entre ses mains, le balai eut un sursaut et pencha brusquement à gauche. Mais déjà, Yann s'était reculé et Harry crut avoir rêvé. Il se posa sur l'herbe et regarda avec un peu de curiosité le visage de son partenaire. Il n'y découvrit qu'un air ravi. De son ascendance Malfoy, bien qu'il l'ignore, Yann avait hérité la faculté de dissimuler ses sentiments intimes.

"C'était magnifique Harry, dit-il sincèrement.

-Tu veux essayer tout seul ? C'est facile. Tiens, je vais te donner ta première leçon de vol sur balai, la même que celle que tu as eu autrefois à Poudlard. Je pose l'engin à côté de toi, tu tends la main et tu dis " Hop ! ". Avec conviction pour qu'il accepte de t'obéir. C'est comme pour la baguette magique. Ensuite, tu l'enfourches, tu donnes un léger coup sur le sol avec ton talon et tu décolles. Vas-y, je te surveille.

Comme pour tout ce que Yann entreprenait pour récupérer sa magie, la première fois fut un peu laborieuse mais très vite, le jeune homme fut à l'aise et se permit même quelques fantaisies, une descente rapide et un passage en rase-mottes. Malfoy était doué, Yann l'était aussi. Il se posa à côté de Harry et dans un élan de joie très bien calculé, il le prit dans ses bras et le serra un instant contre lui en lui murmurant merci à l'oreille. Il le lâcha très vite et détourna les yeux. Agréablement surpris, Harry lui répondit :

-Mais de rien ! Si tu veux, tu pourras t'acheter un balai quand nous retournerons sur le Chemin de Traverse. Tu avais autrefois un Nimbus, le meilleur et le plus cher des engins, mais il y en a à tous les prix. En attendant, je t'en prêterai un et nous irons nous entraîner sur un terrain magique réservé aux sorciers, invisible pour les Moldus. J'en profiterai pour t'apprendre à transplaner. Il faut de l'espace pour les premières fois. Je n'ai pas envie que tu te désartibules !

Ils rentrèrent par la Cheminette. Yann maîtrisait parfaitement la technique. Il avait des idées de séduction plein la tête. Mais caractère dissimulé oblige, il n'en montra rien à son hôte. Il calculerait bien son coup et prendrait son temps.

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Mardi 31 juillet 2007, square Grimmauld, fin d'après-midi, après le travail pour plusieurs participants.

Toujours guidé par l'idée de réveiller la mémoire de Malfoy, Harry avait invité les mêmes personnes que quatre ans auparavant à son goûter d'anniversaire. Ils étaient tous un peu plus mûrs sauf Justin et Luna, un peu plus gros comme Seamus et Neville, toujours aussi liés qu'avant par des souvenirs communs et une amitié indéfectible. Seule Stellane manquait à l'appel. Rose Weasley qui fêterait bientôt ses quatre ans tenait sa place.

Mimsy avait confectionné le même gâteau. Il y avait du champagne et ils étaient tous installés au hasard dans le salon de Harry. Yann avait pris place sur le même fauteuil que Draco la première fois. Harry lui avait raconté qu'il était arrivé par la Cheminette de la cuisine, sa fille dans les bras, et qu'il avait ce jour-là créé la surprise. Il lui avait donné des détails précis, guettant l'étincelle du souvenir sur le visage de son invité mais sans résultat.

Le Griffondor était têtu. Rien ne l'arrêtait dans son obstination à vouloir réveiller la mémoire de Yann-Draco. La plupart des gens se seraient découragés. Pas Harry. Il ne savait pas très bien pourquoi il s'accrochait ainsi, pour Stellane certainement mais pas seulement. Il appréciait vraiment sa nouvelle relation avec son ancien ennemi, sans vraiment démêler ce qui appartenait à l'ancien Draco et ce qui avait façonné le nouveau Yann. Ce fut d'ailleurs le sujet d'une discussion entre les invités.

"Tu es un Malfoy beaucoup plus sympathique qu'à Poudlard, commença Parvati qui ce jour-là ne flirtait pas avec Harry mais avec Justin, l'ex-époux de sa sœur Padma.

-Mais est-il encore un Malfoy ? poursuivit Seamus. Je me demande ce qu'en penserait un jury s'il y avait contestation. As-tu déjà essayé de signer de ton ancien nom ? Une signature fait foi généralement.

-Non, je n'ai pas essayé. J'aurais l'impression de commettre un faux. Ma main écrit Yann Kerrye sans même que j'aie à y penser.

-La signature est un caractère acquis, pas un caractère inné, reprit Harry. De Draco Malfoy, après l'Ante Memoria, tu as juste ce qui existe spécifiquement dans tes gênes. D'abord ton aspect physique. Tu as les yeux gris et les cheveux blond pâle de ton père. Je ne connais pas assez ta mère pour savoir si tu tiens les traits de ton visage de ton ascendance Black. Tu as peut-être des airs de mon parrain Sirius.

-En tous cas, heureusement que tu ne ressembles pas à sa cousine Bellatrix Lestrange ! ajouta Luna. C'était une démone cette femme !

-Oui, tu avais mauvais caractère mais pas à ce point-là ! rigola Hannah. D'accord, en tant que Serpentard, tu méprisais les élèves des autres Maisons, en particulier les Griffondors, mais ça venait de ton éducation. La preuve, Yann Kerrye est plutôt ami de Harry Potter. C'était impensable à l'époque !

"Puisses-tu dire vrai, pensa fugitivement Yann."

-Il y a quand même des traits de caractère qu'on hérite de sa famille, reprit Ron. C'est pour ça que le Choipeau nous met souvent dans la même Maison que nos parents ou nos frères et sœurs.

-Pas toujours, reprit Parvati. Padma était à Serdaigle et moi à Griffondor. Mais imagine le scandale si Draco Malfoy avait été envoyé à Pouffsouffle !

-Tu sais bien que le Choipeau tient compte de nos désirs.

-Cela nous ramène aux caractères acquis, en particulier dans notre prime jeunesse, intervint Hermione. On nous fourre un tas d'idées dans le cerveau dès notre plus jeune âge. Nous ne sommes pas libres de choisir nos vies, à moins d'être des rebelles. Cette histoire de Sang Pur qui a déclenché la guerre en est la preuve. Si on est imprégné dès l'enfance d'un sentiment de supériorité sur les autres, on peut difficilement lutter contre et admettre l'égalité entre tous les sorciers. Même maintenant, certains d'entre nous se vantent de leur arbre généalogique pur et sans mésalliances. C'est l'un des côtés sombres de l'âme humaine renforcé par l'éducation familiale.

-Par contre, renchérit Justin qui comme Hermione était né Moldu, ça donne un autre regard sur le monde à tous ceux qui se découvrent sorciers à onze ans, au moment où ils reçoivent la lettre de Poudlard. C'est tellement merveilleux de découvrir ses dons après des années d'enfance perturbées par une magie qu'on ne contrôlait pas. Tu en sais quelque chose Harry. Je me souviens de notre étonnement quand nous avons découvert Poudlard et son enseignement. Toutes nos idées reçues en prenaient un coup.

-Tout comme celles de Yann quand je lui ai expliqué qui il était, reprit Harry. Sa mère de substitution avait implanté des faux souvenirs dans son cerveau vide. Je ne la blâme pas, elle croyait bien faire. Mais la magie est un caractère inné. On ne devient pas sorcier, on naît sorcier, ou moldu, ou cracmol. Il a suffi de réveiller ses dons pour que Draco ... pour que Yann récupère sa puissance magique. Il ne lui manque que ses souvenirs.

Depuis un moment, Yann ne participait plus à la conversation. Il écoutait et observait. D'ailleurs les autres ne s'adressaient plus à lui. Ils parlaient entre eux d'une autre personne, son double Malfoy en qui il ne se reconnaissait toujours pas. Il restait donc en retrait et regardait surtout Harry. Il était beau quand il parlait ainsi avec une sorte de passion.

-Tu devrais te faire aider par des créatures magiques, dit tout à coup Luna. Quand Stellane doit-elle voir les Vélanes ? Draco a eu des relations avec l'une d'elles. Elle a peut-être laissé des traces dans son cerveau. Mon père avait publié un article dans le Chicaneur. Il expliquait qu'un homme ayant connu charnellement une Vélane ne pouvait jamais l'oublier et même qu'il ne s'intéressait plus aux autres femmes. Elles sont puissamment attractives ! Tu te rappelles l'anniversaire de Stellane ?

-Ou bien emmène-le à Poudlard et montre-lui les acromantules, rigola Justin. Une bonne petite couvée d'araignées géantes. Il y a de quoi réveiller quelques neurones.

-Non, ajouta Neville. J'ai mieux. Ce qu'il faut à Draco, ce sont des Détraqueurs. Eux peuvent agir sur le cerveau. Si Malfoy a des souvenirs, ils se chargeront de les extirper de sa mémoire, surtout s'ils sont mauvais. Il doit en avoir pas mal avec cette guerre.

Il y eut un silence. Tout le monde se tourna vers lui. Harry le regarda d'un air étonné et reprit :

-Mais c'est une excellente idée Neville ! Je n'y avais pas pensé. Les Détraqueurs ! Bien sûr ! Ces horreurs pourraient enfin servir à quelque chose ! Je vais faire une demande pour aller à Azkaban. Draco pourrait rendre visite à son père. Il y a droit maintenant.

-Et sa mère ? As-tu déjà emmené Malfoy au manoir ? L'amour maternel, ça peut faire des miracles ! Aussi bien pour lui que pour elle !

-Et Pansy Parkinson, sa presque fiancée ? Oui je sais qu'elle est mariée à ce sorcier gallois dont j'ai oublié le nom. Mais ils fricotaient ensemble pendant notre sixième année. Elle tenait beaucoup à lui. Les premières fois, ça ne s'oublie pas.

-Après une Vélane, Parkinson ne fait pas le poids, sauf en termes de kilos, pouffa Hannah. Si ça se trouve, Draco ne s'intéresse plus aux femmes. Encore un joyeux célibataire dans notre équipe !

Il y eut une sorte de toussotement. Yann s'était redressé dans son fauteuil. Il n'avait pas l'air très content. Il en avait assez qu'on parle de lui en le prenant pour ce Malfoy qui lui était étranger.

-Détracteurs ? Azrahan ? Une presque fiancée ? Et puis quoi encore ? Les Démons de l'Enfer ? Je ne comprends rien à ce que vous dites. Et je ne suis pas votre Draco Malfoy. Tenez-vous le pour dit !

Il avait levé haut l'un de ses sourcils et les regardait froidement, le visage fermé. Il ressemblait tellement au Serpentard qu'il était à Poudlard que c'en était presque irréel. Surtout après ce qu'il venait de dire.

-Oh que si ! murmura Parvati en aparté. Malfoy tu es, Malfoy tu restes ! Que tu le veuilles ou non !

Mais sa voix fut heureusement couverte par celle de Harry.

-Il reste du champagne. Qui en veut ?

Rose fit une bonne diversion en échappant aux bras de Mimsy et en réclamant :

-Moi z'en veux. Z'ai soif et ze veux aussi du gâteau !

Ils se mirent à rire un peu nerveusement. Elle était mignonne avec ses boucles rousses et son minois réjoui. Ron la prit dans ses bras et lui frotta le cou avec son nez. Hermione pinçait un peu les lèvres mais elle ne dit rien. L'intervention de la petite avait changé l'ambiance. La fête pouvait reprendre.

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Même lieu, onze heures du soir.

Les invités étaient partis d'assez bonne heure. Harry et Draco étaient restés seuls. Après avoir rangé le salon, les elfes avaient déposé un petit en-cas sur la table basse et s'étaient retirés. Les deux jeunes hommes avaient discuté un bon moment. Harry avait expliqué à Yann ce qu'étaient Azkaban et les Détraqueurs.

Le monde sorcier était en général exemplaire mais la prison et ses gardiens n'étaient pas ce qu'il avait de meilleur, de l'avis de beaucoup de monde, de l'avis de Harry en particulier. Et malgré les réticences de Yann, il avait aussi fallu parler de Lucius et de Narcissa Malfoy.

Quelques verres de whisky pur feu avaient fait passer les nouvelles peu agréables. Ils s'apprêtaient à monter dans leur chambre. Demain, ils avaient prévu des leçons de transplanage. Harry se demandait si Yann serait assez sûr de lui pour aller jusqu'au manoir, au moins pour le regarder à travers les grilles. Lui ne pouvait y entrer, sachant qu'en le voyant, Narcissa risquait de faire une crise.

Ils étaient debout, côte à côte et soudain, Yann dit :

-Tu n'as reçu aucun cadeau d'anniversaire, à part les fleurs et les chocolats apportés par Rose.

-Nous n'en faisons plus depuis longtemps. A force, nous ne savions plus quoi offrir. Nous avons décidé ça il y a quelques années. Mais samedi, nous serons quelques-uns à sortir ensemble. Je t'emmènerai dans une boîte de nuit sorcière, tu verras, c'est spécial. Mes amis me paieront quelques tournées de boisson, ça servira amplement de cadeau.

-Mais moi, je voudrais t'offrir quelque chose.

Il regardait Harry avec un léger sourire aux lèvres et une étincelle de malice dans les yeux. Il y pensait depuis un moment. L'anniversaire était une bonne occasion, et aussi une bonne excuse. Un baiser. Il voulait embrasser Harry et voir l'effet que cela ferait, des deux côtés, pour son partenaire comme pour lui. Ce serait une tentative hardie mais qui ne risque rien n'a rien. Et le risque était minime.

Il fit un pas, entoura la taille de Harry de ses bras et l'attira vers lui. Il posa ses lèvres juste au coin de sa bouche et y déposa un baiser léger. Voyant que le jeune homme ne réagissait pas, il glissa jusqu'à la lèvre inférieure et la suçota un peu puis de nouveau, il l'embrassa mais sans essayer de forcer la barrière de ses dents.

Un baiser d'adolescent à sa première fois. Tendre juste ce qu'il faut pour ne pas effrayer l'autre. Des bras qui entourent sans serrer, avec douceur. Deux corps qui se touchent à travers des vêtements légers, sans manifester un brusque désir sexuel. Un joli moment d'émotion, un peu plus qu'amical, un peu moins qu'amoureux. Yann était un expert. Il recula un peu, pencha la tête de côté et murmura d'une voix câline :

-Bon anniversaire Harry.

Le jeune sorcier ne bougeait pas tant la surprise avait été grande. Au bout de quelques instants, il repoussa doucement Yann qui lui souriait des lèvres et des yeux et décida de prendre l'incident avec indulgence.

-Merci, répondit-il. C'est un cadeau dont je me souviendrai.

Ils montèrent les escaliers. Harry s'arrêta au premier et regarda Yann continuer vers le deuxième étage. Le jeune homme ne se retourna pas. Pour la première fois, le Griffondor s'aperçut de son charme, de l'aisance de sa démarche, de l'harmonie de sa silhouette. Il n'avait jamais regardé un homme de cette façon, seulement les femmes.

Cette vue le troubla. Puis il secoua la tête et reprit ses esprits. Yann lui avait dit qu'il était gay. C'était pour ça qu'il l'avait embrassé de cette façon. Il ne fallait pas chercher plus loin. Ce n'était pas une tentative de séduction, juste un original cadeau d'anniversaire.

Harry raisonnait avec simplicité. Sa préférence allait vers les filles. Il ne pouvait s'imaginer ce que Yann avait en tête. Allez, une bonne nuit de sommeil lui ferait oublier tout ça. Il eut pourtant du mal à s'endormir.

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Il ne fut pas le seul. Yann passa un bon moment à peaufiner son plan. Les leçons de transplanage seraient sources de rapprochement des corps. Il pouvait prétendre qu'il n'osait pas s'envoler tout seul. Et puis toutes les autres occasions seraient bonnes. Il suffisait d'agir en douceur, avec tact et délicatesse. Harry n'était pas juste un jeune homme quelconque, une passade de quelques heures ou quelques jours. Pas question de lui sauter dessus ou de lui faire du rentre-dedans ! Du calme Yann ! De la maîtrise !

... Du pur esprit Serpentard, Draco, même si tu l'ignores !

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A suivre.